Le soleil se lève #3 : Les Suns ont imposé le respect aux Lakers

Le soleil se lève #3 : Les Suns ont imposé le respect aux Lakers

Phoenix Suns - Los Angeles Lakers - Chris Paul - Devin Booker - LeBron James - Anthony Davis

Après six matchs d’une série à couper le souffle. Les Phoenix Suns ont confirmé les promesses de la régulière en terrassant les Lakers 4-2, après des matchs 5 et 6 maitrisés de bout en bout. Phoenix créer la sensation, tout en ayant appris aux Lakers les bonnes manières. Question d’honneur.

Dès l’échauffement du Match 5 à Phoenix, le décor était planté. Devant une foule de 16 000 personnes prêtes à exploser, les Suns avaient repris la tête dans cette série avant de finir le travail au Staples Center, dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette victoire des Suns, c’est l’histoire d’un groupe soudé qui aura toujours cru en lui dans une série où tout le monde les donnait perdants. Les médias se sont trompés, et la logique de la saison régulière a bien été confirmée comme c’est souvent le cas dans ces duels déséquilibrés entre second et septième d’une conférence. S’il est difficile de parler d’exploit une fois ce constat en tête, il faut tout de même insister sur le fait que ces Suns aux nerfs solides ont réalisé une performance XXL. En éliminant les Lakers champions en titre au premier tour, les joueurs de The Valley ont fait bien plus que remporter leur première série de playoffs depuis 2010. Ils ont imposé à l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, LeBron James, sa première défaite au premier tour des playoffs en carrière, après 14 succès consécutifs à ce stade. Mais encore une fois, on n’en attendait pas moins du second bilan NBA cette saison (7ème attaque, 6ème défense), qui a terminé le travail au Staples Center en respectant dignement leur statut de meilleure équipe à l’extérieur cette saison en NBA, aussi oui. Ça valait bien une petite fête.

 

 

Pour faire la différence dans cette série, les Suns sont passés par deux derniers matchs inoubliables où ils ont infligé à deux reprises une véritable leçon de Basekt aux Lakers. Lors du Match 5 à Phoenix d’abord, les Suns ont prouvé qu’ils étaient prêt à satisfaire leur brillant public, prêts à rentrer dans ce que Chris Paul et Monty Williams avaient annoncé comme un ‘’combat de chiens’’. C’est ainsi que dès le premier quart-temps, Phoenix a collé un run de 16-0 aux Lakers, la porte d’entrée de la boucherie. Puis dans le second quart-temps, les Suns ont sans doute déroulé leurs 12 plus belles minutes de la saison, en collant un 32-10 aux Lakers, portés par deux dynamites. Devin Booker et Cam Payne ont planté 31 des 36 premiers points de Phoenix dans ce match, comme si cette performance leur tenait encore un peu plus à cœur, eux qu’on a toujours senti très impliqués émotionnellement depuis le Match 1.

 

 

De cette façon, les Suns ont collé 30 points d’avance dès la mi-temps du Match 5, poussant les Lakers à égrener tous leurs temps-morts ainsi qu’à vider leur banc, en vain. Cet écart est le plus grand retard connu par LeBron James à la mi-temps d’un match en playoffs dans toute sa carrière ! Pour retrouver des Lakers menés de 30 points à la mi-temps, il fallait revenir en 1992. Très rares ont été les défaites aussi violentes que celle-ci dans l’histoire de ces Lakers si réguliers au plus haut niveau. Mais cette fois, ils sont tombés sur plus fort, et n’avaient pas de solution à apporter en l’absence de Anthony Davis, sachant que la tâche n’était déjà pas aisée en sa présence. Comme un symbole, LeBron James a quitté ses coéquipiers et le terrain 5 minutes avant la fin du quatrième quart-temps au terme d’une seconde mi-temps de gestion. Le leadership a parfois ses raisons que la raison ignore, le goût amer de la défaite aussi.

 

 

Mais pour que leur bonheur, ou même que leur euphorie soit complète, les Suns devaient finir le travail sur la route au Staples Center. La tâche ne s’annonçait pas simple, tant LeBron James a toujours été monstrueux dos au mur en playoffs. Pourtant, ce match a presque vu se produire un bis repetita du Match 5. D’emblée, Phoenix a collé un 14-5 à Los Angeles à 4/4 à trois points. Puis, le show Devin Booker a commencé. L’homme qu’on décrivait comme un perdant, celui qu’on a tant traité de tous les noms, clamant à tort et à travers qu’il était incapable de faire gagner une équipe a fermé la bouche de ses détracteurs, tout simplement. Si aujourd’hui il est l’affiche de tous les grands médias américains, c’est à la force d’un travail acharné, avec un mental de tueur qui lui aura permis de venir à bout de toutes ses mésaventures passées. Comme un symbole, ce très bon shooter a par exemple profité de ce Match 6 si important pour enfin venir à bout du signe indien, et dépasser son record en carrière de 6 tirs à trois points réussis dans un match ! Dans la forme des très grands soirs, il a marqué son 7ème dès la première mi-temps, lui arrachant après coup un sourire jusqu’aux oreilles.

 

 

Devin Booker a tout simplement réalisé un Match 6 légendaire, comme le passage de relai d’un roi déchu vers un jeune insouciant affamé. Sur une autre planète, Devin Booker a terminé son one man show à 47 points (15/22) et 11 rebonds. Il ne termine qu’à 7 unités du record de la franchise, établi par Charles Barkley contre Golden State en 1994. Il a permis aux Suns de s’envoler avec 26 points d’avance dès le second quart-temps, faisant revivre le même cauchemar à des Lakers frustrés, avant d’assurer la victoire en seconde mi-temps. Devin Booker est le premier joueur depuis Amar’e Stoudemire en 2010 à réaliser un double-double à plus de 40 points et 10 rebonds à Phoenix. Encore plus fort ? Il entre dans le club très fermé des 4 joueurs à avoir marqué plus de 45 points en playoffs en tentant moins de 23 tirs, avec Dirk Nowitzki (2011), Michael Jordan (1989), et Bob Cousy (Préhistoire).

 

 

Alors que retenir de cette série dominée d’une main de maître par des Suns surprenants pour certains, à la hauteur de leurs ambitions pour d’autres ? D’abord que les Suns ont dominé cette série dans les 3 aspects les plus importants du Basket moderne à savoir la conquête de la raquette grâce à un Deandre Ayton survolté, le tir extérieur revenu au fil de la série, et le jeu extérieur avec la domination d’un Devin Booker bien aidé par un Cam Payne dans la forme de sa vie. Cette série a été la confirmation encore une fois que dans la NBA en 2021, l’équipe gagnante est souvent celle qui tire le mieux de loin. Les Suns ont retrouvé leur adresse au meilleur moment tout au long de la semaine après des débuts timides. N’ayant pas dépassé la barre des 10 tirs primés dans les deux premiers matchs, Phoenix a terminé les Matchs 5 et 6 avec 14 et 18 tirs à 3 points réussis, record historique de la franchise lors de ce dernier match. Ainsi, les Suns se sont même permis le luxe de peu utiliser le monstrueux Ayton à la conclusion de la série, tant sa domination n’était même plus essentielle au succès des siens.

 

Les Suns ont aussi encore une fois prouvé que pour vaincre LeBron, il faut venir à bout de ses coéquipiers qui, s’ils sont laissés sans espace, laissent le King seul face à lui-même. Seul face à Mikal Bridges et Jae Crowder dans cette série surtout, à savoir deux défenseurs élite qui ne lui ont jamais rendu la vie facile même lorsqu’il tentait d’active son ‘’playoffs mode’’. Si on peut admettre que les rôle players des Lakers n’ont pas été bons du tout, on peut aussi féliciter le groupe des Suns pour ne jamais leur avoir donné la moindre fenêtre de tir, ne jamais les avoir laissé respirer, ni espérer tout simplement d’ailleurs. Oui, le roster des Suns dans sa globalité a fait la différence dans cette série, beaucoup plus que la blessure d’Anthony Davis. Dans ce duel marqué par les blessures de Chris Paul et Davis, nous avons tout simplement aperçu quel effectif était capable de survivre sans sa star, et lequel était loin du compte, incapable de défendre dignement, encaissant run sur run, humiliation sur humiliation dès que AD a quitté les siens.

 

Pour conclure, le fan des Suns qui se cache derrière ces mots a envie de vous dire que les irrespectueux Lakers sont sortis, récoltant la monnaie de leur pièce. Le tournant de la série a sans-doute eu lieu lors du Match 3 à Los Angeles, où le trashtalking outrancier et ridicule du banc des Lakers en fin de match a été ressenti comme une humiliation à Phoenix. Derrière les idioties de Andre Drummond, aussi ridicule sur le parquet que sur le banc dans cette série, une rage intense s’est réveillée dans le cœur de ces Suns, qui ont par la suite terminé le travail sur trois victoires consécutives. L’attitude des Suns lors des deux derniers matchs a d’ailleurs été une réponse directe à ce moment avalé de travers. Même avec 30 points d’avance, les Suns n’ont jamais baissé la garde, ils n’ont jamais trop célébré non plus, en évitant le air basket débile au bord du terrain par exemple. Non, même avec 30 points d’avance, les Suns étaient déterminés, déterminés à faire mordre la poussière à ces Lakers insolents, un peu trop habitués à recevoir toutes les faveurs de la NBA, cachés derrière les hommes en gris sur le parquet, ou ceux en costard cravate dans les bureaux d’Adam Silver.

 

Les Suns n’ont jamais accepté le mépris des médias à leur égard avant et pendant cette série, et n’ont jamais oublié non plus l’attitude petite, au bas mot, de LeBron James au fil de leurs échanges. Quand après une légère poussette de Devin Booker, ce roi déchu a déclaré que le numéro 1 des Suns n’avait ‘’pas fait du basket’’, l’écho a terriblement raisonné sur la suite de la série. Terriblement raisonné sur des Lakers agressifs, jouant systématiquement avec les limites du légal, multipliant les fautes flagrantes. S’il a fait le travail d’un point de vue statistique, LeBron James a pourtant été moins dominant que jamais dans cette série, se contentant de multiplier les tentatives ratées à 3 points dans un style méconnaissable venant de lui, en déclenchant peu de drives agressifs, provoquant peu de lancers-francs, son secteur de prédilection pourtant.

 

En réalité ce qui n’a pas été du Basket dans cette série, c’est de partir à 5 minutes de la fin du match un soir, avant de partir sans saluer l’adversaire une fois éliminé, à la manière des tant décriés Detroit Pistons des années 90. Un acte irrespectueux en playoffs, que l’accolade très médiatisée avec Devin Booker 1 heure après la rencontre ne viendra pas excuser. LeBron James n’aura pas le même traitement médiatique que les Bad Boys, pourtant il a été mauvais, mauvais pour ses oublis défensifs (replis…) répétés, ou dans ses jérémiades évitables. Le coup du ‘’je me blesse, mais je me relève, pour retomber là où les joueurs en train de se chauffer avaient attiré l’attention’’ n’aurait même pas convaincu au casting d’une série B sur France 3.

 

Alors oui face à ce genre de comportements, les Suns avaient la rage. Oui, Jae Crowder avait envie de danser le Zumba Cafeuw à la manirère de Soso Maness pour finir les Lakers quitte à être expulser à 30 secondes de la fin. Oui, Devin Booker avait envie de regarder LeBron James droit dans les yeux quand celui-ci avec Dennis Schroder, a jugé son dunk à 40 secondes de la fin anti-sportif. L’image de la série, à n’en pas douter. Bientôt il faudra s’arrêter de jouer au milieu du quatrième quart-temps si la victoire est acquise c’est ça ?

 

 

Cette victoire des Suns, avec la manière, c’est le résultat d’une rage accumulée de longue date, en particulier chez Devin Booker. C’est le résultat de toutes ces années de mépris, de cette saison 2020/2021 All-Time dans l’histoire des Suns où les champions de la division pacifique ont terrassé ces Lakers méconnaissables comme une évidence. Pour construire ce succès, Devin Booker a d’ailleurs bien écouté les conseils d’un vrai grand monsieur de l’histoire des Lakers en la personne du regretté Kobe Bryant. Lors de leur dernier affrontement en 2016, Kobe a demandé à Booker d’être légendaire. Le jeune homme l’a écouté, et c’est à lui qu’il pensait, victorieux, en conférence de presse la nuit passée. Booker a dit qu’il a senti sa présence dans ce match, sa fierté également, une fois le buzzer final atteint. Maintenant que les Suns ont appris le respect à ces champions fantomatiques, la route va continuer dès dimanche soir face à Denver. Une autre paire de manches pour les Suns, une autre occasion d’être légendaire pour D-Book.