Phoenix Suns 2025-2026 : transition ou reconstruction ?
CETTE NUIT

Phoenix Suns 2025-2026 : transition ou reconstruction ?

Aurélien Annecca 9/10/2025 à 12h00
Phoenix Suns - Devin Booker - Kevin Durant - Jalen Green - Mark Williams - Bradley Beal
Crédit photo : Joe Camporeale-Imagn Images

Attendus parmi les meilleures équipes de la ligue, les Suns se sont crashés. Malgré un talent indéniable et un excellent coach, rien ne s'est passé comme prévu et la saison tourna au vinaigre. Désormais, presque tout est à reconstruire... Mais pour aller où ?

  • la saison 2024-25

 

Trois stars coachées par Mike Budenholzer, un des meilleurs coachs de la dernière décennie : les promesses étaient belles... Tout comme le début de saison. Après 10 matchs, les Suns sont en 8-2. On se dit que tout va aller pour le mieux et que l'équipe sera compétitive. Finalement, tout s'est écroulé. Jusqu'à fin janvier, les choses se passent relativement correctement malgré des soucis évidents. Déjà, les blessures : Kevin Durant a joué 62 matchs, Bradley Beal seulement 53. Leur défense prend rapidement l'eau, la faute, entre autres, au manque d'un vrai protecteur de cercle. Jusuf Nurkic est un bon joueur de basket mais n'est pas du tout adapté pour le système ; les tensions avec le coach sont grandissantes et le pivot sera transféré à la trade deadline. Et c'est à partir de là que les gros problèmes arrivent. L'ancien des Wizards est ouvertement mis sur le marché par les Suns : son salaire est énorme par rapport au rôle qu'il occupe. Sauf qu'il a une no trade clause ; par conséquent, il bloque tout transfert qui ne lui convient pas. Afin de s'en sortir, Phoenix négocie discrètement un échange... de Kevin Durant. L'ailier l'apprend et là fin de saison sera calamiteuse. Le vestiaire implose et la fin de saison sera longue. Au final, les Suns finiront à 36 victoires et 46 défaites, insuffisant pour jouer le play-in ! L'attaque sera à peine top 10 de la ligue tandis que la franchise a été la troisième plus mauvaise de la ligue. Individuellement, des joueurs ont fait de belles saisons, mais le marasme collectif a plombé l'équipe. Mike Budenholzer en fera les frais et sera le troisième coach viré par Mat Ishbia ! Bradley Beal n'est plus en odeur de sainteté ; Kevin Durant partira, c'est un secret de polichinelle ; quid de Devin Booker, devenu le meilleur scoreur de l'histoire des Suns ? L'intersaison s'annonce mouvementée...

 

  • les mouvements de l'intersaison 

 

Draft : Khaman Maluach/Rasheer Fleming/Jared Butler/Jordan Goodwin Arrivées : Mark Williams/Jalen Green/Dillon Brooks Départs : Bradley Beal/Kevin Durant/Tyus Jones/Mason Plumlee/Monte Morris

 

Cet été, ça a été le grand ménage à Phoenix ! Après la saison catastrophique et l'ambiance nauséabonde du vestiaire, c'était nécessaire. Premier fusible qui a sauté : Mike Bundenholzer, remplaçé par un coach rookie en la personne de Jordan Ott, qui était assistant de Kenny Atkinson. Puis sont venus les énormes mouvements, avec le dossier de l'été qu'était Kevin Durant. Rapidement, le joueur a été envoyé à Houston en échange de Jalen Green, Dillon Brooks et le retour du pick 10 dans les mains des dirigeants. Une faible contrepartie au vu de la valeur de KD, mais un moindre mal : la franchise récupère de la jeunesse et de la flexibilité. Avec ce choix, l'équipe récupère un profil qui lui manquait grandement : un pur pivot, Khaman Maluach ! Présenté comme un 5 défensif, c'est un talent brut qui va devoir travailler son jeu offensif s'il veut s'imposer. Le joueur de 19 ans aura la concurrence de Mark Williams, tout droit venu de Charlotte pour un prix dérisoire. Niveau draft, les Suns sont parvenus à mettre la main sur Rasheer Fleming, un intérieur capable de jouer 4 et 5, capable de produire en sortie de banc, sans être un joueur élite dans un domaine précis. Avec quelques départs peu impactants, le deuxième grand moment de l'intersaison est arrivé : Bradley Beal a été coupé ! Incapable de tranférer le joueur, le Front Office a pris la décision de le couper pour ne plus avoir ce dossier dans les pattes et retrouver un peu plus de marge financière. Au final, l'été des Suns est... Surprenant et intriguant : on peine à savoir quel sera l'objectif pour la saison à venir, et avec quelle équipe.

 

  • l'effectif

 

Point Guard : Jordan Goodwin/Jared Butler

Shooting Guard : Devin Booker/Jalen Green

Small Forward : Dillon Brooks/Grayson Allen/Royce O'Neal

Power Forward : Ryan Dunn/Oso Ighodaro/Rasheer Fleming

Center : Mark Williams/Khaman Maluach/Nick Richards

 

L'effectif des Suns est largement déséquilibré. Sur le backcourt, nous avons deux joueurs dominants, qui aiment avoir le ballon, mais plus portés sur le scoring que la gestion, malgré les progrès de Devin Booker sur cet aspect. Dans les ailes, ce sont de bons 3&D, qui ne peuvent pas faire bien plus, mais dont les profils peuvent plutôt bien coller avec Booker et Green. Quant au secteur intérieur, il est rempli et il semble enfin y avoir des profils intéressants, qui plus est jeunes et à développer. Cependant, dans cette conférence Ouest, il est impossible d'exister avec cet effectif. Il y a du talent, des joueurs qui vont progresser, des éléments de devoir qui ne vont pas nuire au collectif mais ça ne suffira pas pour avoir de grandes ambitions. A moins que les anciens Rockets venus en échange de Kevin Durant se transforment en arrivant dans l'Arizona, ou que Mark Williams deviennent subitement un pivot d'élite, les résultats de Phoenix vont vite se heurter à un plafond.

 

  • le cinq majeur 

 

PG : Devin Booker SG : Jalen Green SF : Dillon Brooks PF : Ryan Dunn C : Mark Williams

 

Difficile de faire un cinq majeur du côté des Suns : il y a des évidences, mais surtout des inconnues. Concernant l'évidence, Dévin Booker, titulaire dans le backcourt, avec probablement Jalen Green à ses côtés. Aucun meneur de métier mais D-Book est capable de créer du jeu. L'ancien Rockets sera certainement aligné à ses côtés puisque les lignes arrière manquent de talent. De plus, il reste jeune et peut encore progresser, surtout si on le met dans un meilleur spacing. Mark Williams sera le pivot titulaire. Il est largement meilleur que Nick Richards et Khaman Maluach ne semble pas prêt pour être titulaire dans l'immédiat. Sur les postes 3 et 4 il y a plusieurs joueurs capables d'être titulaires. On propose Ryan Dunn et Dillon Brooks, deux défenseurs pour s'occuper des meilleurs attaquants adverses. De plus, Brooks peut rentrer des 3 points, malgré une inconstance. L'équipe n'est pas la plus optimale, mais le nouveau coach va devoir jongler avec les profils imparfaits pour avoir une équipe qui tient la route.

 

  • le banc 

 

Le cinq majeur étant imparfait, il en va de même pour le banc des Suns, malgré des choses intéressantes. Sur le backcourt, il devrait toujours y avoir Devin Booker ou Jalen Green sur le terrain ; étant donné les meneurs de l'effectif, c'est une nécessité. Sans leur faire offense, aucun n'a le niveau d'un titulaire NBA : s'ils sont accompagnés par un arrière ball dominant, ils peuvent fournir quelques minutes de qualité. Dans le frontcourt, c'est bien plus intéressants. Royce O'Neal et Grayson Allen sont de bons joueurs pour une rotation NBA, avec une capacité à dégainner de loin, ce qui est idéal à mettre à côté des deux guards titulaires. Pour sa saison rookie, Oso Igodaro a montré des choses prometteuses pour gratter des minutes sur les postes 4 et 5, tandis que Maluach devrait vraisemblablement être le premier big à sortir du banc. Pour Fleming et Nick Richards, il sera plus compliqué de trouver du temps de jeu. Néanmoins, pour le premier, Phoenix est monté à la Draft pour le sécuriser dès l'entame du second tour : peut-être que son rôle sera plus considérable que ce que nous imagions.

 

  • le joueur à suivre : jalen green

 

Pièce majeure obtenue en échange de Kevin Durant, Jalen Green fait face à un moment charnière dans sa carrière. A l'aube de sa cinquième saison, le joueur débarque dans une franchise sans objectif évident, avec une superstar qui joue sur son poste de surcroît. Et pourtant, l'ancien Rockets va devoir passer un cap. L'an dernier, il a tourné à 21, un peu plus de 4 rebonds et 3 passes de moyenne en 32 minutes. Mais deux problèmes : une inefficacité toujours présente (94 de TrueShooting+, quand la moyenne NBA est fixée à 100) et un écroulement en Playoffs, avec un seul coup d'éclat. Le 3 points progresse, il est bientôt au niveau de la moyenne NBA, mais les choix en attaque sont mauvais : un passing pas assez développé, une sélection de shoot catastrophique. A sa décharge, le style de Houston était particulier, avec peu d'espace pour s'exprimer. Il n'empêche, il a échoué et la franchise texane a opté pour un bien meilleur finisseur. Désormais, Green est dans une équipe où il y a plus de shooteurs de grande qualité, dont possiblement plus de facilité pour aller au cercle. Quand bien même Devin Booker est dans l'effectif, et sur son poste, ce dernier peut créer plus de jeu pour lui et les autres ; ainsi, le joueur de 23 ans pourrait en profiter. Néanmoins, quelques inconnues subsistent : quel sera le fond de jeu du nouveau coach, avec quels joueurs sur la durée et pour quels objectifs ? Son contrat rookie étant terminé, Green entame son nouveau deal, qui n'est que de trois ans, dont la dernière en player option : dès l'été prochain, il pourra s'asseoir à la table des négociations. Tout va très vite en NBA, attention à lui pour ne pas finir dans un nouvel échange prochainement.

 

  • les plus 

 

Une superstar : Kevin Durant et Bradley Beal sont tous les deux parties : Devin Booker est de nouveau orphelin. Sauf que depuis ses premières années, l'arrière a bien progressé et est aujourd'hui un des meilleurs joueurs de la ligue. Offensivement, c'est une arme incroyable. Malgré une panne à 3 points la saison dernière, il reste plus efficace que la moyenne NBA. Capable de finir au cercle, létal à mi-distance, devenu un bon passeur... C'est un joueur complet. Défensivement, ça dépend. On l'a vu lors des JO en 2024, quand il est concentré, c'est un excellent défenseur sur l'homme. Problème, il ne montre pas cette facette suffisamment. Cette année, Booker n'aura pas le choix : il a falloir porter l'attaque des Suns, car à côté, c'est bien plus faible. Il y aura beaucoup de jeunes, quelques 3&D intéressants mais aucune star à ses côtés. Pour que la franchise ait un minimum d'ambition, D-Book devra être de retour à un niveau All NBA.

 

Un vestiaire sain : Il fallait que ce vestiaire explose après avoir pourri de l'intérieur. La cohabitation entre les trois stars n'a jamais rééllement fonctionné, le choix Bradley Beal étant mauvais : ce n'était pas le profil à associer à Devin Booker et Kevin Durant. Même Mike Budenholzer n'est pas parvenu à faire fonctionner cette équipe. La défense était horrible, l'attaque pas assez bonne pour espérer quoi que ce soit. Les tensions sont allées crescendos après la tentative de transfert de KD sans lui en parler auparavant, l'ostentatoire mise sur le marché de Beal et les propos du coach sur Devin Booker, qui parlerait un peu trop. Aujourd'hui, Phoenix repart avec un coach rookie, de nombreux jeunes et un projet centré autour de la superstar locale. C'est loin d'être parfait, mais le climat sera bien moins délétère.

 

Plus de flexibilité : Cet été, Devin Booker a prolongé avec un énorme contrat. Même si le tarif semble impressionant, ça fait sens pour les Suns. Là où ils sont gagnants, c'est dans les autres mouvements faits. Kevin Durant était payé une cinquantaine de millions, et en fin de contrat en 2026. Aujourd'hui, les dirigeants sont en possession de deux contrats bien moins considérables, et avec des joueurs qui ont de la valeur. Jalen Green a d'énormes défauts mais seulement 23 ans. D'autant plus qu'il avait signé un deal sur trois ans ; cela permet de le retransférer dans les prochains mois si une belle occasion se présente. Dillon Brooks est plus âge, mais son profil de défenseur dur sur l'homme, capable de rentrer des 3 points peut intéresser du monde, qui plus est quand il est payé 20 millions de dollars. Vous retirez l'énorme contrat de Bradley Beal (qui va rester dans les comptes plusieurs saisons malgré tout), et vous ajoutez les jeunes qui ont rejoint cette effectif, et vous obtenez une franchise qui retrouve une certaine sérénité financière.

 

  • les moins 

 

Un manque de talent : Aussi fort Devin Booker soit-il, et les jeunes prometteurs, les Suns ne peuvent rien attendre de cette saison : trop d'équipes leur sont supérieures. L'an dernier, le groupe était (sur le papier) meilleur que l'actuel, et pourtant, Phoenix n'a terminé qu'à la 11e place de l'Ouest. Pour cette saison à venir, les Spurs risquent de passer un cap avec le duo Wembanyama/Fox, tandis que les Blazers vont continuer à progresser, et que les Pelicans peuvent difficilement avoir pire enchaînement de blessures que ce qu'ils ont vécu en 2024-25. Aujourd'hui, le Jazz semble se diriger vers une nouvelle année de tanking... mais après, est-ce que les Suns ne seraient pas la moins bonne équipe de la conférence ? La question est légitime.

 

Qui sont les éléments sur qui compter ? : Devin Booker a été prolongé jusqu'à la fin de la décennie, quelques jeunes ont été draftés récemment... Mais qui s'inscrit vraiment dans un projet long terme ? Jalen Green et Dillon Brooks sont arrivés en échange de Kevin Durant. Cependant, ce sont des contrats relativement courts et, rapidement, des rumeurs sont apparues quant au futur de l'arrière, qui évolue au même poste que la superstar locale. Grayson Allen, Royce O'Neal sont des vétérans respectés en NBA ; néanmoins, ce sont des profils facilement retrouvables sur le marché. Puis vint le cas Mark Williams : obtenu pour une bouche de pain, est-il considéré comme un élément autour de qui construire, ou simplement comme une opportunité de saisie, qui sera à nouveau échanger dans quelques mois ? Les questions sont nombreuses, d'autant plus que la franchise entame un nouveau cycle.

 

C'est quoi l'objectif ? : En parlant de nouveau cycle, les Suns viennent définitivement d'enterrer tout espoir de titre pour la saison prochaine, à moins d'une nouvelle folie de Mat Ishbia. Dès lors se pose une interrogation : est-ce une simple transition ou la franchise se dirige-t-elle vers une reconstruction ? A aucun moment, il n'a été question de transférer Devin Booker, et lui-même n'a pas souhaité partir. On peut se dire que Phoenix va opter pour une transition, mais pour aller où, avec qui et faire quoi ? La conférence Ouest est ultra concurrentielle : ne vaudrait-il pas mieux transférer tout ce qui a de la valeurs pour récupérer des assets et gratter des choix de Draft ? Peut-être allons-nous être une énième fois surpris lorsque les dirigeants vont se ruer sur la première superstar qui sera disponible. Pour l'heure, difficile de savoir quels seront les prochains mouvements.

 

  • bilan prévisionnel

 

Pour les fans de Phoenix, aucune illusion à se faire : la saison à venir risque d'être très longue et assez dure à suivre. Certes, il y a des jeunes et des vétérans sympathiques pour entourer Devin Booker... Mais dans la jungle qu'est la conférence Ouest il ne sera même pas possible de rêver du play-in avec cet effectif. Par conséquent, une seule question nous vient à l'esprit : est-ce que les dirigeants vont tout faire sauter afin de récupérer un maximun d'assets pour entourer au mieux leur superstar ? Ce serait certainement la meilleure chose à faire. Trop d'équipes sont supérieures aux Suns : à moins de se ruer sur une star si quelqu'un est mis sur le marché, il n'y a aucune chance de voir la franchise de l'Arizona être compétitive. La meilleure chose à faire ? Tanker et transférer les bons joueurs NBA qu'ils ont en leur possession. Ainsi, nous ne serions pas surpris de voir Royce O'Neal, Grayson Allen, Dillon Brooks, voire Jalen Green partir en cours de saison. Malheureusement, c'est le prix à payer lorsque des mauvais choix sont réalisés.