Je ne suis pas un fan de LeBron, ni de Cleveland et encore moins de Miami. Je ne suis qu'un gars aux plaisirs simples et c'est pour cette raison que je supporte les Bulls. Alors vous savez, l'hystérie passionnelle qui entoure James m'indiffère au mieux, m'irrite au pire. Pourtant, je dois bien avouer que LeBron James est le meilleur joueur qu'il m'ait été donné de voir. Il est même, selon moi, le meilleur joueur de tous les temps.
- Ma problématique
D'abord, sachez que je suis né en 1987 et me suis intéressé à la NBA qu'à partir de 2001 - en emménageant au pays de l'oncle Sam. A ce titre et dans mon esprit : Wilt Chamberlain n'est qu'une image en noir et blanc ; Magic Johnson n'est qu'un concept vidéos sur Youtube et Michael Jordan n'est qu'un (quasi) quarantenaire évoluant chez les Wizards. Aussi, LeBron James est le meilleur joueur de tous les temps car il s'agit du seul joueur capable d'y prétendre à mes yeux. Le seul joueur dont je peux matérialiser la grandeur dans et en dehors des terrains.
Platini était-il un plus grand meneur que Zidane ? J'en sais rien. Je pense que non, mais mon Père dira que oui. C'est un peu le mythe de la poule et de l’œuf. Je pense qu'au final, nous devrions être assez pragmatiques et admettre que chaque génération de fans a "son" meilleur joueur de tous les temps. "Sa" star inégalée et inégalable. Admettons-le et gagnons du temps.
Personnellement, j'ai pour seule prétention d'affirmer que LeBron James est, en toute objectivité, le meilleur joueur de "ma" génération de fans. En glanant ce titre, il est donc "notre" meilleur joueur de l'histoire, devant Michael Jordan en personne.
- Statistiques, mon amour
27.5 points, 7.2 rebonds, 6.9 passes décisives, 1.6 steals, 1.5 tirs à 3 points réussis, 49.7% d'adresse au shoot et 74.7% aux lancers-francs. Voici les standards herculéens fixés par LeBron James en moyenne par match. Après 10 ans passés dans la ligue, entre Cleveland et Miami, où il n'a jamais raté plus de 7 matches dans la même saison. Des statistiques qui lui permettent de compter à ce jour :
- Deux titres de champion NBA
- Quatre titres de MVP
- 8 présences dans le meilleur cinq de l'année
- 5 présences dans le meilleur cinq défensif
- 10 présences au All Star Game
- 27 titres de joueur du mois
- 45 titres de joueur de la semaine
- 325 double-doubles
- 49 triple-doubles
- Deux médailles d'or aux JO
Ces seules statistiques pourraient s'avérer suffisantes pour vous convaincre mais ce serait minimiser l'influence du joueur sur le basket 2.0. Un basket plus physique aux saisons plus longues, au niveau plus homogène et à la compétition sans doute plus rude que par le passé. Jordan a su populariser le basket dans le monde entier, transformant la NBA en marque interplanétaire. La performance de LeBron est d'avoir permis à la NBA de demeurer au "top de l'entertainment" mondial en faisant évoluer son ADN. Or, comme dirait Coluche : "le plus dur n'est pas d'arriver au sommet, mais d'y rester". Dans ce contexte, LeBron a créé un nouveau prototype de joueur : la star 5.0.
- 5 comme le nombre de postes où le King sait évoluer
Wikipedia, qui est capable de détecter avant tout le monde une épidémie de grippes affirme que LeBron James possède "les qualités de passes et la vitesse d'un meneur de jeu avec un physique de pivot, ce qui en fait un joueur très complet, capable de réaliser des performances abouties dans chaque zone de jeu. Ses qualités athlétiques lui permettent de pénétrer souvent et de conclure près du panier, soit par un dunk, soit par un double pas. Il a aussi un tir de champ et un tir à trois-points fiables. Par ailleurs, il est capable de jouer, face et/ou dos au panier. Il est réputé pour être un bon défenseur, en effet, il peut défendre sur n'importe quel joueur de l'équipe adverse, en outre il domine dans les domaines du contre, des interceptions et des rebonds depuis ses débuts dans la ligue."
LeBron James est le meilleur joueur sur les parquets. Plus complet que les autres superstars que sont Kobe Bryant, Shaquille O'Neal ou Kevin Durant. Suffisant pour rentrer dans la postérité comme plus grand joueur de l'histoire ?
- Un leader à plus d'un titre
Sur les parquets, LeBron James est le leader incontesté de son équipe. Il en est sa seule locomotive. L'équipe joue pour lui et lui même magnifie ses coéquipiers plus que quiconque. Mais c'est bien en dehors des parquets que LeBron gagne ses galons de leader incontesté. Un leader moral cette fois, qui transforme le meilleur joueur NBA de la décennie en plus grand basketteur de l'histoire.
D'abord, laissez-moi vous raconter une petite histoire. En 1990, Harvey Gantt, le candidat noir et progressiste à la municipalité de Charlotte, avait demandé à Michael Jordan de le soutenir face à son adversaire politique Jesse Helms, connu pour son idéologie raciste. "His Airness" s'était alors abstenu de prendre position politiquement (comme beaucoup d'autres, lire par ailleurs) pour la simple raison que les "républicains achètent, eux aussi, des sneakers". Jordan s'était écrasé sans véritables conséquences sur sa légende (Twitter n'existait pas à l'époque).
Alors, lorsque l'affaire Donald Sterling a ébranlé la NBA, LeBron a su prendre la mesure du poids qui pesait sur les épaules des joueurs. Il a su saisir l'opportunité qui se présentait à lui pour prendre le contrôle de la ligue, en affirmant se tenir prêt à boycotter la saison NBA si le propriétaire nauséabond demeurait à la tête des Clippers. Même si il a depuis pris ses distances vis-à-vis de cette déclaration, l'histoire retiendra que ce jour là, James est devenu le King. Le joueur au dessus de la mêlée capable d'exprimer tout haut ce que tous pensaient tout bas.
Être taxé de meilleur joueur de tous les temps nécessite d'élever sa personne au delà de sa seule dimension sportive. LeBron a su rappeler à tout le monde "qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités". Il a pris les siennes dans l'affaire Sterling au contraire des autres. Une porte s'était ouverte dans le cœur des fans et l'histoire du basket. LeBron a su y caler son pied pour qu'elle ne se referme plus jamais...
- Un retour à Cleveland et la boucle est (quasi) bouclée
En rejoignant Cleveland cet été, LeBron tente de refermer la plaie béante qu'il s'était infligé en quittant sa ville pour le soleil de Floride. Une infidélité qui lui a valu le titre officieux de joueur le plus détesté de NBA. Le lycéen d'Akron considéré comme l'élu par ESPN, proclamé Roi à Cleveland, était devenu le mercenaire arrogant de Miami.
Heureusement, l'amour que les américains portent aux rédemptions est plus fort que la haine qu'ils éprouvent pour les infidélités initiales (n'est-ce pas Bill Clinton !). LeBron s'est remis sur le chemin de sa destinée : celui du meilleur joueur de l'histoire souhaitant terminer ce qu'il avait commencé dans la franchise de ses débuts : ramener un titre dans l'Ohio.
- Miami est déjà loin. Sa montagne de polémiques aussi
Au final, je ne suis toujours pas un fan de LeBron James. Il m'agace car en bon français, je favorise généralement la veuve et l'orphelin. Mais je sais reconnaître qu'objectivement, il est le meilleur. Je continuerai donc à regarder volontiers les matches des Cavs en tant que simple spectateur pour apprécier les prouesses d'un homme qui a marqué, marque et marquera encore le basket mondial pour in fine, être souvenu comme le meilleur joueur de tous les temps...