WAS 108 (4-20)
IND 89 (6-20)
CHA 119 (8-18)
CLE 111 (15-12) PR
PHI 117 (14-11)
ATL 120 (15-12)
MIL 82 (11-16)
BKN 127 (7-18)
SAC 103 (6-20)
MIN 117 (17-9)
NOP 114 (5-22)
CHI 104 (10-15)
LAL 116 (18-7)
PHX 114 (14-12)
GSW 131 (13-14)
POR 136 (10-16) Grant Hill a pris sa retraite le 1er juin dernier, quittant ainsi l'actualité de la NBA pour rentrer directement dans sa légende. Pour ceux qui l'ont vu jouer ces dernières années, il était un joueur élégant, certes, mais âgé, un peu lent et fragile, ne disputant qu'une poignée de rencontres pour les Clippers lors de son ultime saison. On a alors du mal à imaginer à quel point Hill fut un joueur dominant dans la seconde moitié des années 90. Mais n'allons pas trop vite en besogne : Grant Hill était déjà un joueur renommé avant d'entrer dans la ligue.
Acte I : March Madness
En 1990, il faisait partie des meilleurs lycéens du pays, sélectionné dans la All-American Team. C'est donc assez logiquement qu'il put rejoindre dans la foulée la place forte du basket universitaire qu'est Duke. Associé au dreamteamer Christian Laettner et Bobby Hurley, les Blue Devils remportèrent alors deux championnats coup sur coup, en 1991 et 1992. La contribution de Hill à ses succès est symbolisée par une action restée dans les annales de la NCAA. Opposée à Kentucky lors des quarts de finale du tournoi 92, Duke venait d'encaisser deux points et était menée 102 à 101, à 2,1 secondes de la fin de la prolongation.
Chargé de la remise en jeu, Hill balança une passe de 60 mètres à Christian Laettner, qui la reçut dans la raquette adverse, se retourna et inscrivit le panier de la victoire. Grant Hill hissa son équipe à nouveau en finale en 1994, mais les Razorbacks d'Arkansas, supportés par Bill Clinton himself, l'emportèrent. Pour Hill, après quatre années brillantes à la fac, le temps de la draft était venu. Sélectionné en troisième position, derrière Glenn Robinson et Jason Kidd, il fit ses bagages pour le Michigan et la bonne ville de Detroit.
Acte 2 : Mister Nice Guy and the Bad boys
Pour les fans des Pistons, autant dire que Grant Hill était le Messie. Les Bad Boys, champions en 1989 et 1990, n'étaient alors plus qu'un bon souvenir (pour eux), et leurs successeurs venaient de conclure une saison à 20 victoires pour 62 défaites. Hill ne déçut pas. Nommé Rookie de l'année 1995, conjointement avec Jason Kidd, il aligna des statistiques vertigineuses, avec 19,9 points, 6,4 rebonds et 5 passes décisives par match. Cela lui valut également la première de ses sept sélections au All-Star Game. Il parvint même à devancer Shaquille O'Neal aux votes, avant de réitérer l'exploit devant Michael Jordan la saison suivante.
L'immense popularité de Grant Hill à cette époque est le produit de plusieurs facteurs. Tout d'abord, il arriva en NBA lors de la première éclipse de Sa Majesté Jordan. Et puis, Hill, c'était le gendre idéal : le sourire ultra-bright, la bonne bouille, les réponses aimables, mettant l'équipe en avant quand en fait il était tout seul. Les marques, notamment Sprite, avaient d'ailleurs bien compris le potentiel commercial du jeune homme, et en firent une de leur tête d'affiche préférée. A une époque où les séries Knicks-Bulls avaient une odeur de sang, où Reggie Miller, John Starks et Vernon Maxwell aboyaient sur tout ce qui bougeait et où les pivots régnaient en maître (Hakeem Olajuwon, David Robinson, Patrick Ewing, Shaq...), l'ailier des Pistons était une bouffée d'air frais. Pour ne rien gâcher, le garçon savait jouer au basket. En six années aux Pistons, Grant Hill s'affirma comme un joueur dominant, alignant les triple-doubles et excellant à un poste de point forward que Scottie Pippen avait déjà contribué à définir.
Trois saisons durant, Hill fut le leader des Pistons aux points, aux rebonds et aux passes, rien que ça ! Ses 21,4 points, 9 rebonds et 7 passes par match en 1997/1998 sont des moyennes que l'on n'avait pas vues depuis Larry Bird, et que l'on n'a pas revues depuis, n'en déplaise aux fans de Lebron James. Il culmina à 26 points par match en 1999/2000, terminant troisième meilleur marqueur de la ligue derrière O'Neal et Allen Iverson. Mais si Achille avait un talon, Grant Hill avait une cheville. La gauche. Le 15 avril 2000, il se la tordit méchamment lors d'une rencontre face aux Sixers. Il continua à jouer jusqu'aux playoffs, qui commençaient une semaine plus tard, aggravant la blessure. Il ne s'en remit jamais.
Acte 3 : Walking in the Valley of Sun (Florida-Arizona-California)
Grant Hill fut échangé lors de l'été 2000 contre Chucky Atkins et Ben Wallace et envoyé à Orlando. Ce qui fut alors considéré comme le bug du Millenium pour Joe Dumars, l'ancien coéquipier devenu président des opérations basketball à Detroit, fut en fait une des pierres fondatrices de l'équipe des Pistons championne en 2004. Pour Hill, tout allait bien, puisqu'il retrouvait en Floride une autre superstar, Tracy McGrady, et leur association promettait de faire des étincelles. Hélas, Hill ne pouvait désormais plus se défaire de ses blessures à la cheville. Il ne disputa ainsi que 4 matchs sa première année à Orlando, 14 la deuxième, puis 29, avant de devoir manquer toute la saison 2003/2004.
Son retour sur les parquets en 2004/2005 était tellement attendu qu'il fut à nouveau choisi par les fans pour débuter le All-Star Game. Ses 20 points de moyenne montraient que Hill n'avait pas tout perdu de son fond de jeu. Mais les années suivantes ne confirmèrent pas cette embellie. En 2007, les Magic ayant été encore une fois éliminés prématurément des playoffs (par les Pistons...), Grant Hill se retrouva face à la perspective d'un nouveau changement d'adresse.
C'est bien connu, les vieux (il avait alors 35 ans) aiment le soleil, surtout quand ils y ont déjà goûté.
Fort logiquement, Hill rejoignit donc les Suns, où il profita pendant cinq ans des passes de Steve Nash. Son jeu avait changé, bien sûr, et on le voyait souvent se placer à l'aile, attendant que la balle ressorte pour planter un corner three. Son influence n'était pas négligeable, et dépassait largement son apport statistique. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fut nommé co-capitaine de l'équipe, avec Nash, dès son arrivée à Phoenix. Son contrat expira en 2012. Courtisé par plusieurs équipes, Hill continua son exploration de la Sun Belt et signa avec les Clippers. Blessé lors de la pré-saison, il ne put guère participer à la meilleure saison de l'histoire de la franchise, se contentant de 29 matchs, et tira sa révérence deux jours avant son camarade de promo, Jason Kidd.
Epilogue : Let life start !
Un proverbe dit « Quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle ». On pourrait l'adapter à la situation en affirmant qu'avec la retraite de Grant Hill, c'est un playbook qui s'envole en fumée. Mais ne doutons pas qu'il saura faire profiter les jeunes générations de sa science du jeu, d'une manière ou d'une autre. S'il ne coache pas, Grant Hill pourra toujours s'occuper de sa collection d'art afro-américain, de sa fondation pour aider les étudiants en difficulté ou, pourquoi pas, de politique.
Très lié au Parti Démocrate, il s'est déjà impliqué dans les campagnes de Barack Obama, et il pourrait suivre une carrière à la Bill Bradley (ancien joueur pro, devenu sénateur). Une chose est sûre : il faudra qu'il garde un peu de temps pour aller faire un discours à Springfield, Massachussets, pour son introduction au Basketball Hall of Fame.