Stephen Curry : le bon, la brute et le truand !
SAM 13 DEC

Stephen Curry : le bon, la brute et le truand !

Pierre Raczynski 7/11/2015 à 14h00
Stephen Curry - Golden State Warriors

Depuis plus d'un an, Stephen Curry bouscule l'hégémonie de la NBA et révolutionne la planète basket. Décryptage du véritable phénomène de sa génération.

La Nouvelle-Orléans s'en souvient encore. Ça s'est passé le 31 octobre 2015, un soir d'Halloween supposé être comme les autres, avec des jeunes déguisés en Freddy Krueger et Michael Myers, ces deux célèbres personnages de films d'horreur, parcourant les rues pour effrayer les enfants et hanter les soirées étudiantes. Mais cette nuit là, rien ne s'est déroulé comme prévu. Toute une ville a été traumatisée, toute une nation a sombré dans la peur. La faute à un seul homme se faisant appeler le Baby Faced Killer et dont la violence et le sadisme, ont fait passer Freddy Krueger et Michael Myers pour des Télétubbies. 

 

Une balle en main et un soupçon d'espace, voici les deux armes nécessaires au psychopathe Stephen Curry pour abattre de sang-froid ses rivaux et terroriser une ville toute entière. 28 points dans le troisième quart-temps. 53 points à la fin du match à 17 sur 27 dont 8 sur 14 à 3 points, 9 passes décisives et 4 interceptions. Un massacre sanglant de Pelicans ! Cependant le tueur shooteur en série n'est pas encore rassasié et inscrit 179 points lors de ses cinq premiers matchs (40, 25, 53, 30 et 31 points). Il est le premier joueur depuis sa majesté Michael Jordan à réaliser un tel exploit ! À seulement 27 ans, le meilleur shooteur de l'histoire de la Ligue fait partie de ces joueurs capables de faire sauter de son fauteuil n'importe quel spectateur. Ce n'est pas le premier et c'est loin d'être le dernier me diriez-vous. Néanmoins, Stephen Curry est une véritable source d'inspiration pour les nouvelles générations grâce à sa palette de jeu unique dans l'histoire de ce sport. Il bouscule l'hégémonie athlétique de ses rivaux et révolutionne le monde du ballon orange en réinventant ce sport qu'est le basket. L'ère des athlètes n'est pas révolue en NBA cependant, le meneur des Warriors met à mal l'influence sans partage des monstres physiques, pour déjà inscrire au panthéon de la Ligue ses exploits (pour l'instant) atypiques. 

 

 

  • Le bon

 

"La présence de Stephen Curry provoque la cohue dans un centre commercial de la baie de San Francisco". Loin d'être une exception, le meneur de Golden State ne cesse de faire les gros titres à chacune de ses apparitions sur et en dehors des parquets. Aux oubliettes LeBron James, la NBA s'est trouvé une nouvelle coqueluche du nom de Warden Stephen Curry II. Le journaliste de ForbesKurt Badenhausen, en fait d'ailleurs la star la plus attrayante et la plus influente de la NBA, selon un sondage et une analyse de données de l'agence Repucom. S'il reste dans l'ombre du King ou encore de Kobe Bryant aux yeux du grand public, les afficionados de la Ligue de basket nord-américaine en font leur nouvelle icône. Stephen Curry arrive en tête des votes pour le All-Star Game 2015 et devient le joueur qui vend le plus de maillots lors des playoffs devant un certain LeBron James et un autre Derrick Rose.

 

Stephen Curry, alias le nouveau visage de la Ligue, a réussi à introduire dans le monde de la NBA son sponsor Under Armour, qui cartonne au rythme des succès croissants de son poulain signé en octobre 2013. Ses Curry One n'ont cessé de booster les ventes de la marque dont les sneakers montent en flèche notamment avec un bond de 40% lors du second trimestre de cette année. De quoi se frotter les mains pour le vice-président du Global Brand et Sports Marketing Peter Murray :

 

Stephen est un véritable phénomène de sa génération. Il s'entraîne dur et croit en lui sur le terrain, ce qui lui permet de changer le jeu et être apprécié par autant de fans à travers le monde. 

 

Baby Faced Killer a connu une ascension fulgurante depuis sa draft en septième position en 2009 pour devenir le meilleur meneur de la planète et l'un des rares joueurs capables de changer le visage même de la NBA. 

 

  • La brute

 

Si Stephen Curry est si populaire, c'est parce qu'il réinvente la recette du basket à sa sauce. À l'instar d'un Allen Iverson jadis, le meneur originaire d'Akron est en train de marquer de son sceau une génération entière. Plus humble et moins sulfureux que son prédécesseur, Stephen est la vitrine parfaite pour une NBA de plus en plus en vogue. Le gendre idéal. Il ne crée pas de polémiques, ne fait pas la une des tabloïds, son jeu atypique se suffit à lui-même pour en faire une attraction à lui tout seul. Dribbles dévastateurs, passes dans le dos, shoots impossibles, le MVP à la tête de bambin se croit dans la cour de récré et donne une leçon tous les soirs à ses adversaires médusés. À cet égard, la déclaration dithyrambique de Shaquille O'Neal témoigne de l'ampleur du phénomène Curry qui écrit l'Histoire sous nos yeux et, qui demeure l'un des rares joueurs que l'ancien Laker prend un plaisir incommensurable à voir jouer :

 

J'adore regarder jouer Stephen Curry car c'est quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant. Je n'avais jamais vu un petit arrière dominer comme il le fait. Nash le faisait de temps en temps mais Stephen Curry domine vraiment le jeu. Je l'ai vu il y a quelque semaine à New York et, sans vouloir lui faire offense, il ressemble à un petit bébé. Il n'a pas de muscles au bras ni à la poitrine.

 

En une déclaration le Shaq a tout résumé : son attractivité, sa domination au poste le plus compétitif de la Ligue actuellement et sa carcasse. Trop petit, trop frêle et pas assez athlétique, voici des critiques que le jeune meneur a entendu toute son enfance. En effet, l'ascension du joueur vers les sommets NBA doit s'apprécier à son parcours atypique. Né le 14 mars 1988, le meneur est originaire d'Akron dans l'Ohio, la ville rendue célèbre par LeBron James. Contrairement au King dont les éloges et les exploits étaient narrés aux quatre coins des États-Unis dès son plus jeune âge, Stephen Curry n'a jamais eu de cesse de devoir faire ses preuves pour que la NBA s'intéresse à lui. Et c'est désormais chose faite, la NBA et le monde entier attendent chacune de ses sorties avec impatience. 

 

Le MVP en titre compilait la saison dernière 23,8 points, 7,7 passes décisives, 4,3 rebonds et 2 interceptions de moyenne en 32,7 minutes de jeu. Ces pourcentages sont d'ailleurs ahurissants comme en témoigne notamment son effective field goals pourcentage de 59,4% (ajustement du pourcentage de réussite au shoot en comptabilisant les 2 et 3 points de manière différente). Mais si la saison dernière il tournait à 48,7% aux shoots dont 44,3% à 3 points, cette année il affiche des chiffres encore plus hallucinants avec 57,4% de réussite globale dont 51,9% à trois points. Une ligne de statistiques très propre qui lui permet de faire partie du cercle très fermé des joueurs capables de tourner à plus de 20 points et 7 passes décisives dans la Ligue aux côtés de LeBron James, James Harden et Russell Westbrook. Ces statistiques sont loin d'en faire le meilleur meneur de l'Histoire, mais les chiffres ne disent pas tout. 

 

Baby Faced Killer donne cette sensation que rien ni personne ne peut l'arrêter, tel un certain Michael Jordan. Impossible de défendre trop près sous peine de perdre ses chevilles et tout espace est sanctionné par une pluie de trois points. Tous les efforts semblent futiles face au meilleur meneur de la NBA. Stephen est le cauchemar de toutes les défenses : peu importe sa position, que ce soit en catch and shoot, en pénétration, après des dribbles chaloupés, le meneur dégaine avec succès de partout. Et que dire de son handle venu d'une autre planète ? Ses actions d'éclat contre les Clippers et notamment Chris Paul témoignent de son génie qui dépasse l'entendement. 

 

  • Le truand

 

À l'image d'un célèbre révolutionnaire argentin, Steph Curry, l'un de ces rares joueurs NBA à qui le succès en tant que superstar semblait proscrit, combat l'hégémonie et l'impérialisme des athlètes grâce à une science du shoot jamais vu. Face aux stars bodybuildés et ultra-athlétiques de la NBA, Baby Faced Killer est la preuve vivante qu'un corps de truand surmonté d'une tête de bambin peut dominer et marcher sur la Ligue grâce à son talent et à un travail acharné de longue haleine. Un exemple ? Au lycée, il a dû reconstruire toute sa mécanique de tirs pour pouvoir rivaliser avec des joueurs plus grands et bien évidemment plus athlétiques que lui. 

 

Il se trouve qu'il a sûrement la meilleure coordination entre les mains et les yeux que n'importe qui dans la Ligue, affirme son entraîneur Steve Kerr. C'est sa rapidité d'exécution (qui le rend spécial), surenchérit Reggie Miller, peu importe si le défenseur est proche.

 

 

Considéré déjà par beaucoup comme le meilleur shooteur de l'histoire alors qu'il est loin de la retraite, Che Curry Guevara résiste aux afronts des athlètes grâce à une science du shoot qui dépasse l'entendement. Le journaliste Ben Cohen du Wall Street Journal s'est intéressé à cet arme létale au sein de la Ligue en interviwant Eric Goff. Le physicien à l'Université de Lynchburg a analysé les missiles longue distance de Baby Faced Killer pour en conclure qu'ils entraient dans le panier aux alentours de 46 degrés. Un shoot mathématiquement parfait selon John Carter de la clinique Noah Basketball dont la technologie dernier cri a determiné l'angle idéal d'entrée d'un trois points à 45 degrés. Cependant le truand n'est pas en reste et continue à perfectionner son geste et sa mécanique avec son coach personnel Brandon Payne afin de corriger "une hanche droite qui tourne trop vite". 

 

Talentueux et travailleur acharné, Stephen Curry ne cesse d'écrire l'histoire sous nos yeux en réinventant le basketball et son poste de meneur à l'instar d'un Magic Johnson à son époque. De jour en jour, le MVP en titre se révèle être le phénomène de la NBA et une source d'inspiration pour les futures générations. Pour preuve la draft de D'Angelo Russell à Los Angeles. Il y a quelques années auparavant, les Lakers auraient sauté sur leur deuxième pick pour sélectionner Jahill Okafor et ainsi bétonner leur raquette. Cependant le bon, la brute et le truand est passé par là. Même si les camps d'entraînement ont bien évidemment eu leur importance, les Angelenos, en draftant le petit meneur d'Ohio State, ont succombé au style de Baby Faced Killer et ne semblaient pas vouloir passer à côté d'un éventuel Stephen Curry.