WAS 108 (4-20)
IND 89 (6-20)
CHA 119 (8-18)
CLE 111 (15-12) PR
PHI 117 (14-11)
ATL 120 (15-12)
MIL 82 (11-16)
BKN 127 (7-18)
SAC 103 (6-20)
MIN 117 (17-9)
NOP 114 (5-22)
CHI 104 (10-15)
LAL 116 (18-7)
PHX 114 (14-12)
GSW 131 (13-14)
POR 136 (10-16)
Cela fait plus de 10 ans que ça dure. Plus de 10 ans qu’on compare « his Airness » Michael Jordan à Kobe Bryant ou bien Lebron James plus récemment. La comparaison pourrait sembler plus proche entre Jordan et Bryant tant ce dernier réalise les mêmes moves que l’homme aux 6 bagues. Le King, quant à lui, est comparable dans l’impact médiatique qu’il suscite et tant il domine la NBA.
Ces comparaisons illustrent aussi deux époques du basket très différentes et qui font débat. Il y a ceux qui regrettent les années 90 lorsque rivalités, défense et rugosité faisaient bon ménage et les autres qui préfèrent l’avènement du King James, un jeu plus propre et moins “gangsta” qu’auparavant.
Il est très dur de dire si c’était mieux avant ou maintenant tant le basket et la ligue américaine sont très différentes à chacune des époques. Lorsque Michael Jordan arrive dans la Ligue, la NBA perdait de sa magnificence et avait un grand besoin de changement ; lorsque Kobe a commencé à être le Black Mamba, la NBA sortait d’une période de règne de 10 ans de Michael Jordan qui cachait les nombreux défauts apparents de la ligue américaine.
La génération Jordan a vu des basketteurs hors pair faire passer un cap à la NBA avec les Larry Bird, Magic Johnson, David Robinson ou Karl Malone, pour ne citer qu’eux. Elle a été marquée par la rivalité Lakers/Celtics, les bad boys de Detroit avec Isiah Thomas puis le règne de Jordan. Ces rivalités étaient synonymes d’un jeu très défensif et basé sur l’isolement, avec des big men qui dominaient la raquette. Quand vous citez des joueurs comme Robinson, Olajuwon, Ewing ou Mutumbo, vous citez des joueurs avec des records incroyables et des statistiques jamais vues depuis. Ces quatre joueurs font partie des 10 joueurs ayant la plus grande moyenne de contres par match en carrière, Olajuwon étant le troisième avec 3,1 contres en carrière et un record à 4,6 durant la saison 90. Ces tours dans la raquette vous empêchaient de passer. Mais ils ne faisaient pas que prendre des rebonds ou défendre la peinture, ils scoraient énormément. Actuellement, ce sont les arrières qui mènent le scoring. Auparavant, les pivots étaient dominants en attaque également.
Parlons statistiques. Durant la saison 1995, sur les 7 meilleurs marqueurs de la Ligue, 6 étaient des intérieurs avec O’Neal, Olajuwon et Robinson en tête. Alors que seul Larry Sanders dépasse les 3 contres/match, 4 joueurs les dépassaient. Mutumbo approchait même les 4 contres avec 3,9 blocks/match. En terme d’interceptions, Scottie Pippen menait avec près de 3 int/match avec cinq autres joueurs dépassant les 2 interceptions ; maintenant, CP3 mène avec 2,37 et seuls deux joueurs sont au-dessus de 2 interceptions. Actuellement, le pivot marquant le plus est seulement 15ème. Il s’agit de Brook Lopez, auteur de 19,7 pts de moyenne mais seulement 7,1 rbds, faible pour un joueur de 2m13. Le meilleur rebondeur est Dwight Howard avec 12,4 rbds, encore bien loin de Dennis Rodman qui a pris jusqu’à 17 rbds par match en saison. Certes, Kevin Love n’a pas joué de la saison ou presque mais ses 15,2 rbds en 2011 sont encore loin.
Les statistiques ne font pas tout, certes, mais elles montrent le gouffre entre le basket d’avant et celui d’aujourd’hui. La Ligue était bien plus portée sur la défense avec des pivots très dominants et très grands. Les big men étaient très recherchés. Il aurait été impossible d’imaginer un vote pour le All Star Game sans bien distinguer le poste de pivot des autres intérieurs. Les « posters » étaient plus importants et impressionnants car lorsque Jordan dunkait sur un Mutumbo ou un Mourning, il dunkait sur les meilleurs contreurs de l’histoire. Blake Griffin dunkant sur Mozgov est moins marquant, sans manquer de respect à Mozgov. Ce jeu basé sur une défense et un jeu en isolement a été mis en évidence avec le départ de Jordan. Son charisme, sa domination et son talent ont masqué une NBA qui n’évoluait plus et restait dans un même style de jeu fermé. Suite à ça, la NBA a décidé de changer les règles et d’élargir le jeu afin de privilégier la défense de zone et donc d’amener le jeu rapide.
L’agressivité était aussi très présente. Les conflits entre Jordan et Miller ou bien contre les bad boys de Detroit ne choquaient personne. Les joueurs n’hésitaient pas à utiliser les pires méthodes pour arrêter le meilleur joueur adverse. Afin de stopper Olajuwon, Bill Cartwright, pivot des Bulls à l’époque, avait mis un coup de coude dans l’œil de ce dernier. Les rivalités entre Celtics et Lakers étaient bien plus présentes, même en saison régulière. Si on se réfère au présent, les matchs avec un semblant de tension sont très rares en saison régulière. Seuls les joueurs proches de la retraite font preuve d’agressivité. Garnett ou Bryant font partie des derniers héritiers de cette génération qui se forgeait dans le combat. Il aurait été inconcevable que des joueurs se concertent pour gagner un titre ou que Michael Jordan puisse s’amuser avec Barkley.
Les règles ont bien changé depuis. Tenue correcte exigée, conférence de presse obligatoire sous peine d’amende ou sanction pour “flopping”, c’est un autre genre de basket. Le sifflet est bien plus sensible qu’auparavant. Tout ou presque était permis, ce qui permettait d’avoir droit à des images extraordinaires de compétiteurs. Lorsque Reggie Miller s’est pris le chou avec Spike Lee lors de son match magique en finale de conférence en 1994 au Madison Square Garden, on était dans l’ordinaire. Maintenant, il aurait reçu une belle amende.
Les joueurs recevaient et mettaient des coups sans que cela soit toujours sanctionné. Il en était de même pour le “trash talking”, omniprésent dans les années 90. Kobe Bryant reproche d’ailleurs cela à Lebron James, de ne pas répondre à ses provocations. Ces rivalités manquent énormément, car ce sont elles qui marquent l’histoire. On ne se souviendra pas du duel entre Durant et James plus tard, car il n’y a pas de réelle rivalité entre eux. Il y a presque trop de respect entre les joueurs. Cela peut être critiqué mais ce qu’a fait Kobe lors du dernier All Star Game, c’est à dire à défier Lebron, c’est le basket qui manque depuis quelque temps. Les bagarres de bar ne sont pas requises comme nous le rappelle souvent Garnett, mais les matchs comme Indiana-Miami en demi-finale de conférence l’an dernier nous enthousiasment bien plus. La finale entre les Mavs et le Heat restera t-elle dans l’Histoire ? C’est loin d’être sûr.
La principale différence entre ces deux périodes – et les JO de Londres ont été là pour le rappeler – c’est l’apparition de la Dream Team en 1992. Cette année-là, un déclic s’est produit dans le monde du basket. Réunir tous ces joueurs ennemis ensemble et dominer le basket mondial de cette façon devant tout le monde, a tout changé. A l’époque, la NBA était un monde à part que peu d’internationaux avaient réussi à intégrer. L’exemple de Kukoc est frappant. Arrivant d’Europe et ayant signé un contrat plus onéreux que Pippen, Kukoc avait été pris en défense par Pippen puis Jordan lors de la finale olympique d’Atlanta en 1996, afin de lui montrer combien il ne méritait pas d’avoir son contrat alors que les trois seraient coéquipiers après les JO. Voir des européens jouer voire dominer la NBA était dur à imaginer. De fait, lors de l’arrivée de plusieurs d’entre eux, le jeu a, en conséquence, évolué.
Désormais, Nowitzki est élu MVP de la saison puis MVP des finales comme Tony Parker 4 ans avant lui. Les Spurs possèdent actuellement 8 étrangers dans leur effectif dont nos trois frenchies (Parker, Diaw & De Colo). A l’époque, seuls les joueurs de l’ex-Yougoslavie tels que Divac ou Petrovic s’expatriaient de l’autre côté de l’Atlantique. Désormais, tous les matchs peuvent être vus dans le monde entier et un match de saison régulière a même eu lieu à Londres en janvier dernier (Detroit-New York). Le désir de David Stern était de s’ouvrir au monde et d’avoir plusieurs équipes en Europe, mais cela risque d’être compliqué tant les infrastructures européennes sont loin des Américains. Cette génération de Barcelone a permis à la NBA d’évoluer dans ce sens. Les comparaisons ont fusé cette année, entre les Team USA de 1992 et 2012. C’est incomparable tant la NBA était différente à ces deux moments. D’un côté, une NBA dominée par les pivots, de l’autre par les arrières. D’un côté un jeu très défensif, de l’autre un jeu spectaculaire et rapide. D’un côté, des adversaires n’ayant pas joué en NBA, de l’autre des adversaires y jouant pour la plupart. Les deux équipes ne peuvent être comparées.
L’aspect financier a également évolué. Ce n’est plus possible de former des équipes à gros salaires avec le salary cap qui a constamment évolué au fil du temps. Le financier était déjà important comme le prouve l’exemple cité précédemment de Pippen et Kukoc. Mais la fidélité au club était plus fréquente. Les joueurs y restaient bien plus longtemps. Michael Jordan n’aurait pas mis en place « The Decision » après 6 années sans titre… Sachant que Jordan avait des joueurs moins bons autour de lui que Lebron à Miami et à Cleveland. David Robinson a fait toute sa carrière chez les Spurs comme Duncan le fera. Patrick Ewing et Hakeem Olajuwon sont restés plus de 15 ans dans leur franchise jusqu’à partir un an avant la fin de leur carrière.
Voir LeBron James ou Carmelo Anthony partir comme c’est décevant. Certes, Barkley avait fait pareil mais exister sous le règne de Jordan était bien plus difficile. Les exemples actuels sont Paul Pierce et Kobe Bryant, qui sont restés dans leur franchise de toujours malgré des périodes difficiles notamment pour Pierce. Le titre NBA ne semble plus être une priorité pour les joueurs, comme Harden l’a montré cette année. Privilégier le contrat à un titre NBA, cela peut être critiqué. Cette mentalité se répercute également en playoffs. Les matchs à intensité se font très rares si on enlève les demis et les finales de conférence du Heat de Miami l’an passé par exemple. La dernière finale NBA avec une intensité équivalente à celle des années 90 est celle remportée par les Lakers contre les Celtics en 2010. Ambiance de feu, compétiteurs, tout était présent pour une vraie finale NBA.
Avant, l’intensité était au summum dès les quarts de finale de conférence. Les joueurs ne baissaient pas la tête comme peuvent le faire certains, Lebron en tête il y a deux ans. L’important était de se battre pour gagner et les finales NBA étaient somptueuses. Jazz-Bulls, Knicks-Rockets ou Pistons-Bulls, des finales avec une intensité et un niveau de jeu invraisemblables. Les joueurs ont tendance à trop laisser faire les adversaires et accepter leur supériorité. A quoi bon se laisser faire de cette façon. Il ne faut peut-être pas reprendre les méthodes d’avant mais au moins montrer un minimum de motivation et de compétitivité. Depuis l’année 2000, seules deux finales NBA se sont disputées jusqu’au match 7, avec qui plus est un “sweep” des Spurs de TP sur les Cavs de James.
Pour résumer, le jeu actuel est plus spectaculaire avec des joueurs physiquement plus impressionnants mais est terni par une intensité bien moins élevée. Les écarts de comportement ne sont plus d’actualité mais il reste encore quelques spécimens de cette génération dorée. Etat d’esprit, arbitrage, sanctions de la Ligue ? Les raisons sont multiples pour expliquer ce changement d’attitude. Une personne est en tout cas au milieu de toute cette évolution et aura permis de faire évoluer la NBA dans le monde actuel, c’est Michael Jordan. Il aurait été très intéressant de voir MJ à son apogée en ce moment…