Le soleil se lève #2 : Une catastrophe offensive et la peur s'installe

Le soleil se lève #2 : Une catastrophe offensive et la peur s'installe

Phoenix Suns - Devin Booker - Chris Paul - Deandre Ayton - Jae Crowder - Monty Williams
Crédit photo : CBS Sports

Pour leur premier match de playoffs à l’extérieur depuis 11 ans, les Suns ont perdu le Match 3 face aux Lakers. Ils voient ainsi le doute s’installer dans leurs mémoires à l’heure où toutes les certitudes de la saison régulière ont disparu dans un fiasco indigne du niveau attendu en playoffs.

Attention danger ! Après un match 1 sous le signe de l’euphorie à Phoenix avec un public chauffé à blanc et une victoire prometteuse, la dure réalité des playoffs a rattrapé ces Suns insouciants en l’espace de 4 jours seulement. La blessure de Chris Paul, liée à une baisse de régime collective, a permis aux Lakers de remporter le Match 2 et 3, et ainsi de prendre le contrôle de la série la plus tendue de ce premier tour à l’Ouest. La nuit dernière, les nostalgiques du Basket des années 90 en ont eu pour leur argent dans un match très fermé, voir même vérouillé, où les défenses ont pris le pas sur des attaques trop peu percutantes. A ce petit jeu, les Lakers ont pris le meilleur sur les Suns bien aidés par ce retour à domicile, derrière le réveil de LeBron James (21 points, 9 passes, 6 rebonds) et Anthony Davis (34 points, 11 rebonds) en mode diesel. L’occasion de faire une petite autopsie de ces Suns, qui n’ont été que l’ombre d’eux même à cette occasion.

 

Pour expliquer la catastrophe offensive produite par les Suns la nuit dernière, il est impossible d’éviter l’éléphant dans la pièce, à savoir la blessure de Chris Paul. Torturé par une épaule douloureuse depuis le Match 1, le meneur n’est plus que l’ombre de lui-même et il est difficile d’en faire abstraction. Les Suns ont bien essayé de miser sur un repos salvateur, mais rien n’y fait. Chris Paul a mal, il a beau être matinal il a mal, et il ne peut pas organiser le jeu comme il le fait habituellement, et la défense des Lakers se désintéresse totalement de lui sur de très nombreuses séquences. Ainsi, sa présence affaiblit aussi l’impact d’un joueur comme Devin Booker, plus lourdement défendu lorsqu’un Chris Paul inutile offensivement est en sa compagnie sur le parquet.

 

 

La blessure n’est peut-être pas profonde, mais elle empêche Chris Paul d’être à la hauteur de l’évènement, et c’est tout ce qui doit importer dans la future rotation de Monty Williams. Depuis deux matchs, le coach des Suns s’entête à titulariser son meneur comme si de rien été, avant de constater les dégâts. Pour ne plus agir dans l’urgence, et prévenir plutôt que guérir, Williams doit accepter de laisser CP3 sur la touche tant que celui-ci est diminué. Cela signifie de pousser Cam Payne titulaire au poste de meneur, lui qui semblait dans les Matchs 2 et 3 le seul joueur un minimum concerné par la défaite qu’étaient sur le point de subir les siens. La décision est dure à prendre, mais nécessaire, le temps est compté comme dirait Blacko.

 

La conséquence principale de ce Chris Paul défaillant malgré lui est la maladresse chronique des autres extérieurs de Phoenix depuis 2 matchs. Pourtant, tout n’est pas explicable sous ce prisme simpliste, au contraire. Devin Booker, convaincant lors de son premier match de playoffs en carrière, s’est depuis écroulé. Son Match 2 à 31 points est un trompe-l’œil, puisqu’il a marqué l’essentiel de ses points dans le Garbage Time, grâce à des arbitres complaisants l’envoyant systématiquement sur la ligne des lancers-francs de façon très aimable. Pire encore, Devin Booker a complètement raté sa partition lors du Match 3, et les Suns peuvent lui en vouloir. Il termine à 6/19 au tir, avec 4 pertes de balle, et n’a jamais été dans le rythme pour inquiéter une défense bien prévenue du danger potentiel. Alors, il s’est frustré, il a forcé ses tirs, puis a fini par craquer en fin de match. Tout ce qu’on ne veut pas voir dans une série de playoffs où cette guerre des nerfs sera le nerf de la guerre. Disparu dans le money time du Match 2, et médiocre dans un Match 3 où il était le seul capable de stopper l’hémorragie, Devin Booker va vite devoir faire preuve de leadership au-delà d’un simple match.

 

Dans une moindre mesure, le charismatique Cam Payne a vécu le même destin la nuit dernière. Héroïque en vain lors du Match 2, le pyromane n’a pas retrouvé sa folle réussite, bien que son impact en sortie de banc soit toujours aussi satisfaisant comparé à ses coéquipiers. C’est aussi ça l’histoire des playoffs, l’histoire de role players qui peuvent éclater au grand jour le temps de 7 matchs. En l’absence d’un Chris Paul à 100%, c’est maintenant que Cam Payne doit absolument briller, pour libérer de l’espace à Devin Booker sur les extérieurs, et faire vaciller une nouvelle fois le cœur des fans. Déterminé à gagner, habité par une rage indescriptible, il est la clé dans un effectif trop amorphe après 2 défaites, là où Payne a toujours multiplié les appels à la révolte.

 

Mais désigner Devin Booker comme seul coupable de la déroute subie Jeudi soir serait un peu trop facile. Avec lui, on a également vu Jae Crowder couler de façon assez inexplicable. Héros de Miami en Finales NBA l’an passé, il n’arrive pas à retrouver son sang froid pourtant attendu face à des Lakers qu’il connait par cœur. Ainsi, l’équation devient presque insoluble si 3 titulaires sur 5 ne sont pas du tout performants à Phoenix. Jae Crowder a tiré à 2/20 sur la série, inacceptable pour un vétéran de son importance. Même défensivement, il est en partie coupable des errances des Suns à l’intérieur la nuit dernière, et la façon dont LeBron James l’a littéralement humilié dans le quatrième quart-temps a dû piquer au réveil. Il est largement responsable, mais pas seul puisque parmi les autres ailiers des Suns, aucun n’a su compenser cette perte d’apport offensif et défensif. Le mal est profond à Phoenix, et une telle déroute collective ne devra pas arriver une seconde fois. Pas en playoffs, pas comme ça, pas maintenant, oh non pas ça Zinédine.

 

Alors face à une telle catastrophe collective, il fallait bien un rayon de soleil à compter parmi ces tristes Suns. S’il n’est pas encore le sauveur désiré, Deandre Ayton profite de cette série de playoffs pour jouer le meilleur basket de toute sa carrière. Depuis 3 matchs, il ne cesse d’impressionner. Il a jusque-là dévoré la raquette des Lakers avec 3 doubles-doubles à plus de 20 poins et 10 rebonds, pour ses 3 premiers matchs de playoffs en carrière ! Avec ce succès individuel, il devient le troisième joueur sur les 50 dernières années à réaliser pareil exploit, en compagnie de David Robinson et Paul Pierce ! Son efficacité en tant que finisseur émerveille les fans des Suns, qui pour certains avaient perdu espoir de le voir dominer à ce point un jour. Il a tiré à 32/39 dans la série jusque-là, et il ne lui manque plus qu’encore plus de concentration défensive pour complètement annihiler les véhémences offensives des Angelinos.

 

Le problème et vous l’avez bien compris, c’est que Deandre Ayton ne peut certainement pas assumer le scoring tout seul dans une série de playoffs aussi serrée. En dehors du bahaméen, les Suns ont tiré à 24/67 dans le Match 3 ! Un scandale à ce niveau-là, qui ne résulte pas seulement de Lakers qui ont haussé le ton défensivement, mais aussi de Suns fragiles mentalement pour leur première post-season à L.A, sans aucun esprit de révolte. Certes, LeBron James a retrouvé ses standards en termes d’agressivité et de drive féroces ce jeudi soir, mais ces Lakers au-delà de leurs deux franchises players ne sont pas invincibles. Ces Lakers ont même échoué comme les Suns offensivement dans ce Match 3 (4/18 dans le deuxième quart-temps, comme Phoenix) , simplement portés par leurs franchise players.

 

 

Leurs role players continuent de balbutier, et leur défense peut être mise à mal avec un peu plus d’adresse extérieure et un troisième joueur venant soutenir le duo Booker-Ayton au scoring. Sans ces menaces offensives essentielles, alors les Suns peuvent en effet déjà brandir le drapeau blanc et réserver leurs vacances. Mais personne ne veut de ce triste destin dans le vestiaire têtu qu’a bâti Monty Williams. Personne ne peut non plus accepter l’humiliation reçue en fin de Match 3, avec un LeBron James en démonstration, accompagné par son clown Andre Drummond sur le bord de la touche. Enfin, personne ne peut donner raison à tous les autoproclamés spécialistes qui annonçaient une défaite des Suns au bout de 5 matchs maximum. Les Suns ont encore tout à prouver, mais on peut affirmer sans trembler que cette saison régulière phénoménale n’était pas qu’un feu de paille. Avec ou sans Chris Paul, ces Suns sont capables de bien mieux, tellement mieux, beaucoup mieux. Devoir de réponse dimanche, à 21h30 heure française.