Draft 2021 : Surprises, gagnants, perdants, notre analyse du premier tour

Une fois n’est pas coutume, la Draft 2021 s’est révélée pleine de surprises avec des joueurs arrivés pour certains très loin de la place qui leur était prédite, dans un sens comme dans l’autre. Analyse à chaud de tout ce qu’il fallait retenir du premier tour de cette cuvée.

 

Jusque-là, tout allait bien ! Dans une ère où les spoilers sont devenus monnaie courante le soir de la Draft, cette édition a battu tous les records. Dès 19h, Adrian Wojnarowski avait dévoilé l’identité des trois premiers sélectionnés, à savoir Cade Cunningham, Jalen Green et Evan Mobley. Rien de surprenant puisque c’est en effet la tendance qui était annoncée depuis de nombreuses semaines maintenant. Les Pistons n’ont bien évidemment pas transféré un premier choix en or massif pour sélectionner un meneur au potentiel immense, à l’excellente polyvalence offensive et défensive effrayante. Cade Cunningham sera le visage de la franchise dès le premier jour de la saison prochaine à Detroit. Idem pour Jalen Green, choisi par des Rockets qui ont préféré son profil explosif et les garanties offensives qu’il représente. Enfin du côté de Cleveland, on s’est donc rabattu sur le meilleur joueur disponible avec un Evan Mobley qui va venir parfaitement compléter la jeune garde des Cavs. Parfait pour compléter Colin Sexton et Darius Garland offensivement, il pourrait aussi très vite devenir l’arme défensive numéro 1 à Cleveland tout en bonifiant les performances des autres joueurs comme Isaac Okoro de ce côté-là.

 

 

C’est finalement dès la quatrième place de cette Draft que les positions établies se sont vues chamboulées. Alors que le consensus médiatique attendait Jalen Suggs chez les Raptors pour opérer un renouvellement à la mène et devenir le jeune leader d’une équipe déjà talentueuse, c’est finalement Scottie Barnes de Florida State qui a été appelé dans le Canada, à la plus grande surprise du public venu garnir les gradins du Barclays Center. Les Raptors ont fait un choix surprenant mais pas idiot pour autant. Ils auraient eu de très bonnes relations avec l’ailier sur le processus de Draft, et seraient tombés sous le charme de son éthique de travail irréprochable. Avec lui, les Raptors souhaitent prendre le temps de développer un nouveau freak athlétique, comme ils l’ont fait avec Pascal Siakam et OG Anunoby ces dernières années. Tant pis pour le renouvellement espéré à la mène, où les responsabilités seront réparties sur Fred VanVleet et Malachi Flynn, en attendant un hypothétique retour de Kyle Lowry.

 

 

Délaissé par les Raptors, c’est donc du côté d’Orlando que Jalen Suggs va débuter sa carrière NBA, là où on annonçait le Magic justement prêt à sélectionner Scottie Barnes ! Faute de disponibilité, les floridiens se sont donc tournés vers le meilleur talent encore disponible, et c’est presque une aubaine. Jalen Suggs est un meneur générationnel au leadership incontestable des deux côtés du terrain. En NCAA, il avait fait de Gonzaga une équipe invincible en faisant briller les autres, prenant volontairement moins de responsabilités pour lui-même. Néanmoins, ça ne veut certainement pas dire qu’il ne va pas devenir un leader offensif capable de garder une forte efficacité avec une utilisation à haut volume. Suggs est le joueur le plus sous-estimé de la Draft selon nous, et aura de quoi le prouver à Orlando dans une équipe où il sera attendu comme le leader de la reconstruction.

 

 

Cette Draft 2021 nous aura aussi offert le spectacle d’une lottery très mouvementée où les choix surprenants n’ont cessé d’être annoncés, rien ne s’est passé comme prévu ! Tout a commencé avec l’échange de places entre Jalen Suggs et Scottie Barnes, mais ce n’était qu’un avant-goût de la soirée. Dès le 6ème choix, c’est le Thunder qui a surpris tout son monde avec Josh Giddey, sur qui on reviendra plus tard dans cet article. Trois choix plus tard, à la 9ème position, ce sont les Kings de Sacramento qui ont effectué un choix très surprenant aussi en la personne de Davion Mitchell. Ce meneur de presque 23 ans dont la côte était en chute libre va atterrir en Californie dans une équipe dont on se demande bien ce qui lui est passée par la tête. Alors certes, on ne drafte pas au fit dans le Top 10 d’une Draft, mais ça n’empêche pas de réfléchir un petit peu quand même. Ici, on parle d’un joueur de 23 ans qu’il ne faudra donc pas développer dans l’ombre mais responsabiliser immédiatement ! Hors avec la présence de De’Aaron Fox, Tyrese Haliburton et Buddy Hield sur la ligne arrière, Mitchell ne bénéficiera que d’un faible temps de jeu. Défenseur extrêmement discipliné avec une vitesse de jambes incroyable, il aura la lourde tâche de créer du jeu pour lui-même en sortie de banc, en gardant la même efficacité folle qu’à Baylor. Mais que ce sera difficile dans une franchise aussi mal gérée, qui choisit dans le Top 10 des futurs remplaçants comme si elle était aux portes de la Finale NBA.

 

Dans un tout autre style, l’immense surprise de cette lottery est venue de San Antonio, qui a effectué le choix le plus inattendu de toute la soirée, et de très loin ! A l’image de James Jones en 2019 avec Cam Johnson, les Spurs ont poussé le bouchon encore plus loin en sélectionnant à la 12ème place de la Draft Joshua Primo, le très jeune meneur d’Alabama. Un espoir intéressant seulement connu par les spécialistes acharnés de l’univers Draft. Avec lui, les Spurs se sont tournés vers un Canadien de 18 ans, plus jeune candidat de la Draft 2021. On a du mal à comprendre le projet ici aussi pour des Spurs en manque de talents à fort potentiel, qui ont décidé de se renforcer sur un poste où Dejounte Murray ne cesse de monter en puissance et devrait prendre la majorité des minutes au poste sur le très long terme. Primo est lui un meneur longiligne au potentiel intéressant en défense et au catch and shoot, mais il fut si peu responsabilisé pour sa seule saison NCAA qu’il est difficile de savoir ce qu’il va apporter à San Antonio. Encore très récemment, de nombreux observateurs pensaient que Joshua Primo allait retourner en NCAA tant il n’était pas prêt pour le monde professionnel. Il a finalement cru en sa bonne étoile, pour bénéficier du pétage de câble de la soirée chez des Spurs qui ont choisi en 12 un joueur que personne ne voyait sélectionné dans le premier tour de la Draft. Au-delà de l’incohérence sportive, on ne comprend pas non plus pourquoi ces Spurs n’ont pas essayé de trade down pour récupérer Primo, avec d’autres renforts, contre un choix 12 qui aurait intéressé de nombreuses équipes avec des joueurs bien plus talentueux encore disponibles.

 

 

D’un côté à l’autre du Texas, le plus grand gagnant de cette Draft 2021 se trouve sans doute à Houston où les Rockets ont récité une partition parfaite cette nuit. Ils ont d’abord choisi le leader de leur reconstruction en la personne de Jalen Green, un choix sûr, qui va leur apporter un leader extérieur sur la ligne arrière capable de très vite tourner à plus de 20 points par match grâce à son efficacité derrière la ligne à trois points comme près du cercle. Mais les Rockets n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin ! Après ça, ils sont allés chercher le choix 16 du Thunder en échange de deux futurs premiers tours de Draft, pour récupérer un joueur attendu dans la lottery que beaucoup considèrent comme l’un des plus grands potentiels de cette Draft : Le turc Alperen Sengun ! Ce pivot très vertical élu MVP de la Ligue Turque cette saison à seulement 18 ans pourrait bien devenir l’intérieur du futur sur qui de nombreuses équipes vont regretter de ne pas s’être jetées. Très technique balle en main avec une vision de jeu au-delà de la moyenne, ce sera un projet à développer sur le long terme, surtout en défense, mais qui pourrait rapporter gros !

 

Alors avec les choix 23 et 24 dont Houston était déjà propriétaire avant la Draft, les fusées sont venues compléter leur mise à feu d’une bien belle manière. D’abord avec le jeune espagnol de 19 ans, Usman Garuba, actuellement aux Jeux Olympiques de Tokyo avec la sélection ibérique. Monstre athlétique capable de défendre tous les profils à l’intérieur, Garuba est un profil très brut qui demandera du temps, mais qui arrive avec des certitudes défensives et une expérience du monde professionnel au plus haut niveau de l’EuroLeague au sein du Real Madrid. Enfin, le dernier coup de poker des Rockets se nomme Josh Christopher ! Si d’autres extérieurs à fort potentiel étaient encore disponibles, c’est bien vers le joueur d’Arizona State que Houston s’est tourné. Encore incertain dans sa compréhension du jeu et son utilisation off-ball, Christopher est un artiste balle en main aux qualités athlétiques explosives, qui pourrait devenir un joueur au profil similaire à Kevin Porter Jr déjà présent dans l’effectif, avec un sens du jeu et une efficacité dans le tir à mi-distance qui pourrait faire exploser son potentiel.

 

 

Quand on évoque une équipe en reconstruction comme Oklahoma City, il est difficile d’évoquer avec certitude le bilan d’une Draft ratée, mais disons que les choix effectués par Sam Presti se sont avérés…aussi étranges que Mr Anderson. En ne choisissant finalement qu’à deux reprises dans ce premier tour pour accumuler toujours plus de choix futurs, le GM du Thunder n’a lui non plus pas choisi selon son effectif, mais selon les profils qui l’ont le plus séduit. Avec le 6ème choix de cette Draft, tous les regards étaient braqués sur Jonathan Kuminga et James Bouknight à Oklahoma City, longtemps décrits comme les deux espoirs qui intéressaient le plus la franchise. Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu puisque c’est vers l’Australien Josh Giddey que Presti s’est tourné. Un choix sans doute fait sur un coup de cœur, pour ce meneur aux mensurations intrigantes, grand et très frêle, avec une vision de jeu incroyable qui sort d’une saison professionnelle en Australie (comme LaMelo Ball en 2020). On espère que le Thunder a bien réfléchi ce choix, car il ne va pas être très complémentaire avec les jeunes déjà en place dans leur effectif, là où un arrière (Bouknight) ou un ailier (Kuminga) auraient été faciles à intégrer.

 

L’effet de surprise s’est alors intensifié plus tard dans la soirée, lorsqu’avec le choix 18, le Thunder s’est de nouveau tourné vers un meneur ! Cette fois, c’est Tre Mann de Florida qui a eu les faveurs de ce front office. Le meneur haut en couleur des Gators sort d’une saison NCAA fantastique où il a été fabuleux dans le tir à longue distance et le maniement de la balle. Son handle et son style flashy feront de lui un futur chouchou des fans, mais quel temps de jeu lui sera-t-il réservé ? Avec la présence de Shai Gilgeous-Alexander, Théo Maledon, et Josh Giddey sur ce poste, tout le monde ne pourra pas s’épanouir pleinement. D’autant plus qu’à l’exception de Maledon, tous ces meneurs ont besoin d’avoir la balle en main pour exister. La nuit dernière, on d’ailleurs appris que Kemba Walker pourrait rester à OKC pour mentorer les jeunes à l’image d’un Al Horford la saison passée, ce qui va encore grignoter de grosses minutes à ces espoirs qui nécessitent du temps de jeu. Entre choix incohérents et valises de futurs choix un peu vaine, on a l’impression que le Thunder se perd peu à peu dans sa stratégie de reconstruction, tournant à la caricature un projet sans vraie ligne directrice.

 

 

La Draft NBA est souvent une question d’opportunisme, et ça les Hornets l’ont très bien compris. Dans un esprit totalement opposé au cirque qu’a proposé San Antonio la nuit dernière, les Hornets ont avancé leurs pions à visage masqué, pour ensuite récupérer des joueurs talentueux de façon inattendue. Alors qu’on les pensait prêts à récupérer le pivot Kai Jones avec leur 11ème choix, ces Hornets ont eu le bonheur de constater que l’arrière très talentueux James Bouknight était encore disponible à cette place ! Sans hésiter, on a donc sélectionné à raison le meilleur joueur disponible, à savoir un potentiel All-Star capable de marquer avec efficacité sur toutes les zones du terrain. Et ce n’est pas tout ! Avec un flair remarquable, les Hornets ont ensuite vu Kai Jones glisser dans la Draft, jusqu’au moment où ils ont pris le taureau par les cornes. Chez des Knicks qui ne voulaient pas de deux rookies au premier tour, on a récupéré le choix 19 pour obtenir le pivot bahaméen… 8 places après la place où il devait initialement rejoindre les Hornets ! Comme prévu avant la Draft, Charlotte a donc renforcé sa raquette avec Kai Jones, mais ce n’est pas tout puisqu’en addition, James Bouknight débarque également en Caroline du Nord en étant un des potentiels meilleurs scoreurs de cette Draft. Son association avec LaMelo Ball sur la ligne arrière sera spectaculaire, on en salive d’avance !

 

 

 

Enfin, une des équipes les plus surveillée dans le premier tour de la Draft 2021 était à n’en pas douter les Warriors. Propriétaires des choix 7 et 14, on les imaginait sélectionner des joueurs expérimentés et NBA Ready (comme Davion Mitchell ou Corey Kispert), mais Bob Myers a pris à contre-pied toutes les prédictions ! Il a suivi les conseils de Draymond Green comme vous pouvez le voir dans la vidéo plus haut, mais il a surtout eu la chance de voir ces joueurs très attendus glisser face aux prédictions faites avant la Draft. Finalement, Myers a choisi de faire confiance au congolais Jonathan Kuminga à la septième place de la Draft, avec un joueur annoncé plus haut qui représente un pari ultime, mais qui arrive dans un environnement très sain où l’expérience des trois All-Stars multiples champions NBA devrait l’aider à se professionnaliser, après 1 an de galères en G-League. Sa personnalité impétueuse pourra elle se confronter à un Draymond Green sans doute déjà prêt à la confrontation.

 

Avec le choix 14, c’est donc tout heureux que les Warriors ont eu le bonheur de sélectionner un autre joueur de 19 ans avec Moses Moody d’Arkansas. Profil très athlétique comme Kuminga, Moody apportera bien plus de garanties dès son premier jour dans la grande ligue puisqu’il dispose déjà d’un tir à trois points efficace qui va parfaitement s’implanter dans le collectif des Warriors. Grande chance pour lui, cet athlète très puissant devrait profiter ici aussi d’un joueur comme Draymond Green pour peaufiner son sens de la défense, autre force majeure de son jeu. Enfin, il possède également un vrai potentiel pour un jour devenir un arrière-ailier scoreur capable de se créer son propre tir, et c’est en ça que les Warriors ont peut-être obtenu un énorme steal avec ce choix 14. Kuminga et Moody n’aideront peut-être pas immédiatement Stephen Curry, Klay Thompson et Green dans leurs rêves de dernier titre NBA, mais ils pourraient en revanche assurer la compétitivité des Warriors sur le long terme si ces paris s’avèrent gagnants.

 

C’est la fin de notre analyse du premier tour de la Draft NBA. Pour retrouver tous les choix effectués lors de la Draft 2021, retrouvez notre article récapitulatif en cliquant ici.