Rudy Gobert est-il l'oublié de la course au défenseur de l'année ?
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Rudy Gobert est-il l'oublié de la course au défenseur de l'année ?

Aurélien Annecca 26/12/2025 à 16h35
Minnesota Timberwolves - Rudy Gobert
Crédit photo : Robert Edwards-Imagn Images

Plus discret et peu mis en avant cette saison, le pivot français n'en reste pas moins élite en défense. Une nouvelle fois, il est légitime pour remporter le titre de défenseur de l'année et pourrait obtenir le statut de légende si cela arrive.

Sans faire trop de bruit, les Wolves réalisent un excellent début de saison. Après un passage à vide en novembre, où l’équipe a perdu des matchs dans le clutch alors qu’elle aurait dû gagner, elle est passée à la vitesse supérieure : 10 victoires en 13 matchs. Aujourd’hui, Minnesota est bien ancré dans la lutte au top 4, et n’est qu’à quatre matchs des Spurs, deuxièmes de l’Ouest. 

 

Sans surprise, le point fort des Wolves est la défense. Avec un defensive rating de 113, l’équipe a le septième meilleur de la ligue, et pourrait très rapidement monter sur le podium, l’écart n’étant que de quelques dixièmes. Pour être dans l’élite de ce côté du terrain, un protecteur de cercle intraitable est, souvent, nécessaire. Minnesota a peut-être le meilleur avec Rudy Gobert

 

  • Sa meilleure saison défensive ?

 

Le Français a joué tous les matchs depuis la reprise. Avec 1,6 contre par match, le pivot est dans le top 10, que ce soit en moyenne ou en chiffre brut. Mais, au-delà des contres, il y a l’aspect dissuasif : encore aujourd’hui, nombreux sont les joueurs à refuser d’aller au cercle lorsqu’ils voient le quadruple DPOY sur le chemin. Certains osent y aller mais ils en payent le prix : l'accès est interdit. 

 

En moyenne, le pivot défend six tirs au cercle par match depuis le reprise. Pour quel résultat ? Une perte d’efficacité de 16,5% ! En d’autres termes, les joueurs ont une baisse de réussite de 16% lorsque Rudy Gobert est dans la raquette. A l’aube de 2026, c’est une moyenne supérieure à ses années de DPOY, où il infligeait une perte d’efficacité de 10 à 12%. D’un point de vue collectif, sa présence à un impact monumental : lorsqu’il est sur le terrain, les adversaires ont un offensive rating de 108 en moyenne ; lorsqu’il est sur le banc, il monte à 121 !

 

Patron d’une défense bien organisée, il la dirige d’une main de fer et assure un second rideau parfait quand des Mike Conley, Rob Dillingham ou encore Bones Hyland sont sur le terrain et dépassés. Même lorsqu'il s'agit de switcher sur des plus petits, le pivot tient le coup et a beaucoup progressé sur sa mobilité pour n'avoir aucune faiblesse défensive.

 

  • une lassitude face à l'excellence ?

 

Pourquoi son nom n’est pas mentionné dans les discussions (précoces) des prétendants au trophée ? Première raison : certainement car il en a déjà remporté quatre. Si jamais il venait à en gagner un autre, ce serait le premier à obtenir le DPOY à cinq reprises ! Ensuite, il faut dire qu’il y a des phénomènes. Victor Wembanyama est le premier à venir en tête. Quand il est présent il est impressionnant, mais aussi encore plus dissuasif que son compatriote. Avec 14 rencontres loupées, Wemby pourrait très rapidement devenir inéligible par manque de matchs. Chet Holmgrem est un autre monstre dans la course. Le Thunder a la meilleure défense de la ligue, et de très loin, où le pivot est l’élément central. L’an dernier, il fut souvent absent ; si son corps tient, il sera, indéniablement, sur le podium. Cependant, nombreux sont les défenseurs d’élite à OKC : une dispersion des voix (vers Luguentz Dort, Alex Caruso, Cason Wallace) pourrait lui être préjudiciable. Les Pistons, Warriors et Raptors ont aussi des défenses très solides. Isaiah Stewart est phénoménal et aura quelques votes, mais son temps de jeu limité va l’empêcher de remporter ce titre. Draymond Green est toujours un des meilleurs, mais le bilan collectif de Golden State pourrait lui jouer des tours, tout comme Scottie Barnes du côté de Toronto. 

 

L’absence de Rudy Gobert dans la discussion semble démontrer que l’excellence finit par être banalisée. Défenseur d’élite depuis quasiment une décennie, il s’est imposé comme le meilleur protecteur de cercle de NBA depuis de longues années… Et même un des meilleurs de l’histoire. Si le Français continue sur ce rythme et que les Wolves performent, au point d’être top 3 de la conférence Ouest, son nom devra, obligatoirement, finir sur le podium, voire plus si affinité.