Quand certains joueurs font changer les règles : de légers ajustements (3/3)

Quand certains joueurs font changer les règles : de légers ajustements (3/3)

Mark Jackson - Charles Barkley - Shaquille O'Neal

Comme tout sport, le basket a connu son lot d’évolutions avant de devenir le sport que l’on connait aujourd’hui. Et si les règles continuent d’évoluer, c’est aussi parce que certains joueurs forcent les hautes instances à changer les règles.

Dernier épisode de notre série de dossier sur ces joueurs qui forcent la NBA à changer ses règles. Fini la sur-domination des pivots. Le basket évolue de plus en plus vers les extérieurs, le jeu devient plus espacé et le basket n’opère plus à de grosses évolutions dans ses règles comme on a pu voir dans les premières années de la NBA. Les ajustements faits, année après année, sont surtout faits pour rendre le jeu plus agréable pour les fans sans dénaturer le basket en lui-même.

 

  • Mark Jackson : Rester dos au panier, ça va bien 5 secondes

 

La règle dont nous allons parler ici, certains l’approprient à Charles Barkley mais beaucoup la donnent à Mark Jackson, l’ancien coach des Warriors, de là à l'appeler la "Mark Jackson rule". Ici, pas de question de domination ou quoique ce soit, mais il s’agit plus d’arrêter des séquences interminables dos au panier qui dénaturaient le jeu en lui-même.

 

Mark Jackson

 

Mark Jackson est connu de beaucoup pour sa période où il était coach des Warriors de 2011 à 2014. Mais il ne faut pas oublier que ce dernier a connu une carrière de joueur très honorable de 1988 à 2004 avec 9,6 points et 8 passes. Le meneur de 1,85m pour 81kg n’était pas spécialement plus dominant que les autres à son poste physiquement, mais il avait une façon bien à lui d’utiliser le ballon.

 

 

Sa façon de mener le jeu était tout simplement d’être dos au panier dès qu’il driblait afin de ne pas se faire subtiliser le ballon pendant qu’il driblait. Quand ça ne durait que quelques secondes pourquoi pas, mais ceci pouvait durer la moitié de la possession. Et pour le spectateur, c’est tout sauf agréable à regarder. Même chose dans le cas de Chuck. Ce dernier était quant à lui très mobile avec sa taille et se contentait de se mettre dos au jeu et d’aller jusqu’au panier pour scorer juste en utilisant son popotin. Afin d’éviter que ce genre de façon de jouer se propage, la NBA a mis en place avant la saison 1999-2000 une règle interdisant tout joueur en possession du ballon, d’être dos au panier plus de 5 secondes.

 

Difficile d’évaluer l’impact qu’a eu cette règle sur Mark Jackson lui-même puisque ce dernier ne l’utilisait pas spécialement pour scorer, mais on sait en tous cas qu’elle a empêché d’avoir un jeu répétitif où les joueurs se contentent de faire dos au jeu et d’avancer juste par le physique, ce qui n'est pas une mauvaise chose.

 

  • Shaquille O’Neal : Un seul défenseur n’est pas suffisant, le retour de la défense en zone

 

Après déjà deux saisons exceptionnelles entre 2000 et 2002 pour son arrivé aux Lakers, Shaquille O’Neal semble tout à fait innarêtable. Le colosse avait déjà fait du mal à beaucoup de raquettes lors de son arrivée en NBA à Orlando, et son association avec Kobe Bryant lui avait déjà rapporté deux titres NBA.  Pour pouvoir l’arrêter et éviter une nouvelle domination d’un phénomène physique dans les raquettes, la NBA a remis en place la défense en zone.

 

 

Mais pourquoi la zone avait-elle était mis en place ? En 1947, l’horloge des 24 secondes n’existait pas encore et cela menait à des possessions parfois interminables comme nous avons pu en parler dans le premier épisode de cette série. De plus, les pourcentages au tir étaient très faibles. Pour donner une idée, lors de la saison 1946-1947, aucune équipe ne tirait à plus de 30%. Ces pourcentages étaient dus au fait que la ligne à trois points n’existait pas encore et que donc bon nombre de tirs étaient pris près du panier. Hors contre une défense en zone, il n’est pas évident de marquer de près. Ces deux facteurs amenaient à des défenses qui prenaient trop souvent le pas sur les attaques. Pour inverser la tendance, la NBA a interdit la défense en zone le 11 janvier 1947. Et ceci a eu un impact immédiat puisque dès la saison suivante, seuls les Fort Wayne Pistons ont shooté en-dessous de 30% et la moyenne de points par match est passée de 67,8 à 80.

 

 

Belle trouvaille donc si l’on souhaite avantager les attaques. Mais quand on a déjà changé beaucoup de règles pour contrer certains géants et qu’un autre arrive au début des années 2000, il faut savoir faire machine arrière. D’autant plus que de nos jours, avec la surutilisation des tirs à trois points, on se rend compte maintenant que cette règle a encore moins de raison d’exister. Donc lorsque Shaq arrive à prendre trop facilement position face à un seul défenseur poste bas, il faut trouver un moyen de lui en coller deux sur le dos pour lui rendre la tâche un peu plus compliquée. C’est donc ainsi qu’avant la saison 2001-2002, la ligue autorisera de nouveau la défense en zone, permettant aux équipes adverses de doubler sur Shaq même quand il n’avait pas le ballon.

 

Cette règle n’aura cependant pas vraiment eu d’effet sur la domination d’O’Neal. Puisqu’entre la saison 2001-2002 et la précédente, Shaq aura presque le même nombre de tir pris par match avec le même pourcentage. Car le problème avec les Lakers de cette époque, venir à deux sur le géant qu’il était libérait forcément un autre bon joueur, donc ceci ne s’avérait pas spécialement comme une bonne stratégie.