Prospect Draft 2021 : Jonathan Kuminga, froide maturité chez un prématuré

Prospect Draft 2021 : Jonathan Kuminga, froide maturité chez un prématuré

Draft - G League - Jonathan Kuminga - Jalen Green - Daishen Nix - Isaiah Todd

La Draft NBA, c’est reparti ! Seulement 7 mois après la cuvée 2020, c’est une nouvelle génération du rookie qui s’avancera sur le devant de la scène, le 29 juillet prochain. Cette édition sera marquée par un nombre important de prospects, peu à peu libérés de leurs craintes vis-à-vis du Covid-19 et de restrictions en workout. Aujourd'hui, on quitte la NCAA pour la G-League et l’expérience grandeur nature de Jonathan Kuminga !

  • LA BIOGRAPHIE

 

Équipe : G-League Ignite

Âge : 19 ans

Taille : 2m03

Poids : 95 kg

Envergure : 211 cm

Poste : Ailier / Ailier-Fort

Comparaison actuelle : Pascal Siakam

Statistiques 2020/2021 : 15.8 points (38%), 7.2 rebonds et 2.7 passes décisives en 32 minutes par match.

 

Alors qu’on s’approche du Top 5 de la Draft dans notre série de profils, on s’intéresse aujourd’hui à un joueur du genre pressé, qui était attendu pour la classe de 2022. Jonathan Kuminga avait en effet surpris tout son monde l’an passé, en choisissant de renoncer au reste de son éligibilité universitaire pour directement plonger dans le monde professionnel. Dans son antichambre du moins. En effet, le congolais fait partie des frondeurs qui ont inauguré la nouvelle G-League Ignite Team lancée par la NBA cette saison, pour chiper les meilleurs prospects à la NCAA en échange d’un gros chèque (de 500 000 dollars pour Kuminga). Il a fait partie de la première Ignite Team, destinée à former les futurs meilleurs espoirs de la Draft, en compagnie de Jalen Green, Daishen Nix et Isaiah Todd, qu’on retrouvera tous lors de la Draft 2021. Un choix de carrière financier donc, mais aussi motivé par un intérêt tout sauf nul de se former contre des professionnels endurcis dans des conditions d’entraînement optimales. Cette expérience a plutôt fait chuter la côte de Kuminga, qui était un prétendant au premier choix avant la saison NCAA, mais pourrait se révéler très formatrice à l’avenir. L’enfant de Goma au Congo aura aussi un rôle générationnel à tenir s’il se révèle aussi talentueux que prévu, dans une région de l’Afrique qui adore le basket. Pourquoi Jonathan Kuminga mérite-t-il l’attrait d’un choix dans le Top 10 de cette Draft ? Présentation.

 

  • LES PLUS : IL CONNAIT Ses FORCEs

 

Malgré une saison décevante en G-League d’un point de vue individuel, Jonathan Kuminga n’a pas pour autant démérité dans le potentiel que son jeu a pu exprimer à seulement 18 ans contre des adultes aguerris, anciens professionnels ou quasi-joueurs NBA. Il est rare d’observer un jeune homme aussi accompli physiquement, puisqu’il n’a quasiment pas de secteur à travailler sur son corps. Très sec, le congolais est explosif, possède un très bon jump, de la vitesse et surtout de la puissance qu’il déploie partout sur un parquet. Cette puissance lui a permis de scorer avec régularité en G-League, et ce surtout dans la raquette, domaine le plus rémunérateur pour lui à l’instant T. Kuminga se sert bien de son corps pour se diriger vers le drive, pas forcément avec technique ou vitesse, mais tout en maitrise dans ses mouvements, avec force et gestion de l’espace contre des athlètes pourtant eux aussi déjà accomplis en G-League, et plus matures ! Mais l’expérience n’est rien face au talent, et Jonathan Kuminga en a à revendre, avec une verticalité extrêmement intéressante près du cercle, où ça et ses longs bras pardonnent son dribble encore moyen pour aller chercher des paniers en douceur, au toucher. Quand on parle d’un joueur qui maitrise son corps, on parle aussi d’une technique relativement déjà bien fournie à mi-distance et au poste, où l’ailier congolais s’est montré très prometteur dans ses feintes, ses spin moves et tous ses petits mouvements au poste. Le fait qu’il soit par ailleurs, déjà un rebondeur fiable qui peut récupérer la balle et lancer les transitions, pour trouver les joueurs ouverts ou ceux qui coupent, est un autre signe évident du potentiel créateur athlétique qui se cache en lui.

 

  • LES MOINS : AUCUN TIR POUR L’INSTANT

 

En revanche, malgré tout le potentiel de créateur athlétique puissant et très fort dans le contrôle du jeu intérieur qu’on lui voit, Jonathan Kuminga n’a pour l’instant pas les atouts nécessaires pour s’écarter. C’est le dernier point offensif qu’il lui manque pour dominer en NBA. En termes d’efficacité, sa saison de G-League s’est révélée atroce à 38% au tir. On peut expliquer ces pourcentages par la difficulté d’une transition du lycée vers la G-League et ses athlètes niveau NBA, mais ça ne pardonne pas tout, avec un Kuminga définitivement pas à l’aise au tir aujourd’hui. On peut expliquer ces échecs par son âge certes, mais certains signes plus inquiétants laissent penser que son tir pourrait mettre énormément de temps à se développer. C’est particulièrement vrai à trois points, où il n’a tiré qu’à 24% (!) sur 13 matchs de G-League. Le souci principal est qu’avec une mécanique correcte, Kuminga n’est pas fiable du tout, et a même très souvent raté le cercle de loin, des tentatives atroces qui font froid dans le dos aux recruteurs. Alors il pourrait progresser dans sa position, notamment dans le bas du corps et le placement des pieds (aléatoire), mais pas sûr que sa maladresse ne soit que due à des détails. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour que le congolais trouve son rythme. Sa maladresse balle en main est l’autre défaut principal de son jeu à l’heure actuelle. Pour un joueur voué à devenir un mâle alpha, qui porte énormément la balle, il se doit de trouver de la régularité à la passe. Son équipe de G-League Ignite lui a par exemple beaucoup proposé de pick and roll, mais ces séquences étaient très peu rémunératrices avec lui en porteur. Kuminga ne peut pas sanctionner de loin si la défense passe sous l’écran, et n’est pas à l’aise non plus à la transition où il a du mal à lire les lignes de passes basiques.

 

  • LE MEILLEUR FIT : OKLAHOMA CITY THUNDER (6ème choix)

 

Quels autres mots que projet peuvent nous venir en tête à l’heure d’évoquer l’avenir de Jonathan Kuminga ? Très peu. Après une dizaine de matchs plein d’enseignements en G-League, où il aura appris l’intensité du monde professionnel à vitesse grand V, l’ailier congolais arrive dans cette Draft comme un OVNI qui pourrait rapporter très gros. Alors qu’il n’a que 18 ans (second joueur le plus jeune de la Draft pour 7 jours), on sent déjà chez lui une grande maturité dans sa lecture du jeu balle en main, et une certaine confiance à l’heure de driver. L’utilisation de son corps est déjà impressionnante, et si les défenseurs de G-League n’ont pas réussi à le freiner au drive, pas sûr que les équipes NBA aient beaucoup plus de réussite là-dedans. Défensivement, Kuminga a montré peu de choses, mais avec un physique comme le sien, il est presque impossible de l’imaginer devenir un joueur atroce à cibler absolument, puisqu’il fera toujours le minimum syndical grâce à son physique. Alors reste le chantier du tir, véritable point d’interrogation chez lui qui pourrait progresser avec le temps, ou peut-être pas. Il part de très loin, et on a vu à de nombreuses reprises des projets dans son genre ne jamais régler la mire de loin. Ça ne veut pas dire que Kuminga est un joueur à fuir, simplement qu’il faudra l’utiliser autrement, ce qui limitera son potentiel de scoreur. Alors que le Magic semble partir vers une autre piste, c’est bien le Thunder, malchanceux de la lottery qui pourrait récupérer le gros lot à la sixième position de la Draft. Dans un effectif très jeune qui ne demande qu’à se construire, Jonathan Kuminga apporterait énormément de promesses, et un profil différent et intrigant à allier à Shai Gilgeous-Alexander. On aimerait par exemple beaucoup le voir employer sur pick and roll, juste pour savoir où un rôle de petit intérieur off-ball pourrait l’emmener. Néanmoins, c’est bien avec la balle entre les mains que Kuminga va grandir, et il a tout ce qu’il faut pour devenir à l’avenir un All-Star en puissance de cette cuvée, tant le potentiel de scoreur à haut volume est évident.

 

 

  • DRAFT 2021

 

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