Pourquoi les Pacers n'y arrivent plus
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Pourquoi les Pacers n'y arrivent plus

Manu P. 4/4/2014 à 16h50
Indiana Pacers - Paul George - Roy Hibbert - Miami Heat

Favori à l'Est durant toute la saison, Indiana a complètement perdu le rythme et vient même de perdre sa précieuse première place au profit du Heat, à deux semaines des play-offs.

Ils veulent être numéro 1 de la Conférence. Les Pacers le répètent depuis la saison dernière, depuis un échec au septième match des finales de l'Est, à Miami. En cas de revanche, ils veulent jouer cette rencontre chez eux. Cet objectif a été leur moteur depuis octobre, quand ils se sont emparés du trône pour ne plus le lâcher. Jusqu'à maintenant.

Après une défaite lourde et symbolique face aux Spurs à domicile, l'équipe de Frank Vogel a perdu son sésame, ou plutôt l'a laissé à un adversaire qui n'en demandait pas tant. La victoire sur Miami le 26 mars devait clore le débat mais les Pacers n'ont pas su enchaîner. Perdre contre San Antonio est presque normal ces temps-ci, mais laisser passer Cleveland, Washington ou New York montre que le problème est plus grave.

 

  • Des faiblesses exacerbées

 

Premier constat : Indiana ne sait plus attaquer, atteignant difficilement la barre des 100 points à peine deux fois en 16 rencontres en mars. Et surtout, la situation empire : excepté le rendez-vous attendu avec le Heat, les Pacers n'avaient pas marqué plus de 78 points depuis six matchs - avant la dernière victoire face à Detroit ! On pourrait questionner la sélection de shoots des joueurs d'Indianapolis, à l'image de Paul George, qui n'a pas rentré plus de 50% de ses tirs lors de dix de ses onze dernières rencontres, mais la recette reste pourtant la même. C'est une question d'efficacité qui est liée au mental.

On voit rarement une équipe favorite dégringoler sans qu'il ne soit question de blessures ou de problèmes relationnels. Indiana a été plutôt épargnée dans le premier cas, alors que dans le second, on voit progressivement les langues se délier. Mardi, on apprenait qu'il y avait eu une altercation verbale entre Lance Stephenson et George Hill, et Roy Hibbert s'est montré plutôt direct au micro de NBA.com après la dernière défaite .

 

Certaines personnes sont égoïstes. J'en ai marre de le dire, ça fait un mois qu'on en parle.

 

Un autre élément à prendre en compte dans la cohésion du groupe concerne les transferts de mi-saison : Andrew Bynum et Evan Turner n'ont pas apporté le boost espéré, et le départ de Danny Granger, visage de la franchise depuis plusieurs années et véritable mentor dans le vestiaire, a joué dans l'équilibre de l'effectif.

On a trop voulu voir en certains joueurs des valeurs sûres alors qu'ils sont encore jeunes. À part David West et ses 10 ans de carrière, aucun homme n'est dans la ligue depuis plus de six saisons ! Paul George et Lance Stephenson n'ont que 23 ans et leur maturité sur le terrain dépend aussi du système dans lequel ils s'intègrent. Des stars en devenir à qui on donne la responsabilité de faire tomber LeBron James. Pas étonnant qu'ils finissent par s'enflammer, et à se décourager en période d'échec.

Indiana a fonctionné à plein régime jusqu'à l'ennui, à force de viser loin et de ne pas voir le bout de la saison régulière arriver. On pouvait penser qu'il y avait eu un déclic après le succès contre Miami la semaine dernière, or l'équipe a perdu trop de rythme et de constance pour donner le dernier coup d'accélerateur qui leur assure leur fauteuil de leader tant voulu.

Autre souci, les Pacers n'ont pas résolu le point faible à cause duquel ils voulaient tellement le homecourt advantage : ils n'arrivent pas à gagner à l'extérieur. 19 victoires pour 18 défaites, c'est loin d'être une satisfaction pour un prétendant au titre. À titre de comparaison, les neuf premiers à l'Ouest ont un meilleur bilan hors de chez eux.

 

  • Redevenir outsider ?

 

Vont-ils perdre les pédales s'ils n'atteignent pas cette première place ? Les poursuivants s'affichent de plus en plus comme de potentiels spoilers, notamment Chicago et Brooklyn. Ce n'est pas la première fois que les Pacers font un départ canon pour perdre cruellement de vitesse en fin de saison : en 2003, l'équipe coachée par Isiah Thomas avait dominé la Conférence jusqu'à fin février avant de perdre les pédales, terminer troisième et se faire jeter au premier tour par les Celtics. En théorie, l'effectif 2013-14 a les ressources et une concurrence assez médiocre pour limiter la casse mais jusqu'à quand ?

Être premier ne fait pas tout, il faut ensuite assurer les différents tours de play-offs. Indiana s'est préparé pour Miami, mais doit faire attention à ne pas se casser les dents sur les premiers adversaires (y compris les Hawks).

Le moment est mal choisi pour avoir un coup de mou, même s'il reste quelques matchs pour se relancer. Les Pacers aussi motivés qu'ils soient ont voulu jouer la course en tête pendant 82 matchs, et se sont imposés ce statut de leader alors qu'ils ont passé les deux dernières saisons en tant qu'outsider. Tout le monde les regarde, tout le monde les attend. Paradoxalement, ce retour du Heat au devant de la scène pourrait être une opportunité pour Indiana, profiter d'un moment de répit médiatique pour se recalibrer. Il ne suffit pas de partir en tête pour être champion NBA.