Euro Féminin 2019 : La France échoue sur un naufrage en finale

Euro Féminin 2019 : La France échoue sur un naufrage en finale

Euro - France - Espagne - Marine Johannes - Bria Hartley - Sandrine Gruda

Quel tournoi exceptionnel ! Les Bleues auront conquis tous les fans de basket en France avec un groupe de grand talent. Contre l’Espagne, c’était l’heure de la grande finale. La France avait l’occasion d’aller chercher un titre Européen qui lui échappait depuis 2009.

2009, 2013, 2015, 2017, et maintenant 2019. Pour la cinquième fois en 10 ans, l’Equipe de France féminine était au rendez-vous de la finale du championnat d’Europe de basket. Cette année, elle retrouvait l’Espagne, nos meilleurs ennemis. C’était déjà la même affiche lors de la finale 2017 et 2013. Deux finales, et deux rendez-vous manqués par la France. Pire, la France a échoué lors des 3 dernières finales de l’Euro, obligées d’accepter la médaille d’argent à chaque reprise. Cette énième finale contre l’Espagne avait donc des allures de malédiction contre notre pire bête noire. Tout nous donnait perdants, mais ce groupe de 12 joueuses en grande forme depuis 10 jours composé par Valérie Garnier a construit quelque chose de spécial dans cette compétition. Voici le compte-rendu de ce sommet du basket européen.

 

  • PREMIER QUART-TEMPS

 

Le début de match des françaises est catastrophique en défense. 10 points sont offerts aux espagnoles en deux minutes, puis 17 en 4 minutes sur des tirs ouverts inacceptables et des contre-attaques où le repli est absent. Marta Xargay (MVP de l'EuroBasket) n'en demandait pas tant et plante 3 trois points en 3 minutes. L'Espagne prend trop vite le large en imposant une intensité folle à des françaises amorphes. À ce moment, le temps mort de Valérie Garnier va calmer tout le monde et faire du bien. Les bleues reviennent avec de meilleures intentions en calmant le jeu derrière des systèmes bien pensés. Le retour au score passe par l'intérieur avec Sandrine Gruda et Endy Miyem, nos taulières. Mais ce premier quart-temps reste trop mauvais. Nous sommes en retard sur tous les écrans, sur le repli défensif et au score après 10 minutes (32-21). Le naufrage de notre défense est très inquiétant sur des erreurs pourtant évitables.

 

  • DEUXIèME QUART-TEMPS

 

Valérie Garnier essaye alors une défense de zone dès l'entrée du second quart-temps. Un choix étonnant dans un match de ce niveau. Ça a le mérite de surprendre les espagnoles, et les bleues resserrent l'écart avec enfin de meilleures intentions. Preuve que le groupe est solide, c'est les jeunes remplaçantes Sara Chevaugeon et Ornella Bankole qui poussent ce retour. En revanche, nos extérieures Bria Hartley et Marine Johannes perdent beaucoup trop de ballons en attaque sur des passes risquées inefficaces. De toutes façons, notre jeu sans idées laisse le mur Espagnol nous emmène jusqu'au bout des possessions vers des tirs impossibles, on ne peut pas respirer. Tout cela nous mène à un retard de -13 après 15 minutes, symbole du naufrage qui se déroule. Sandrine Gruda va alors terminer la mi-temps en patronne, mais c'est insuffisant face à notre faiblesse collective.

 

  • MI-TEMPS : ESPAGNE 50-36 FRANCE

 

Tout va bien, pour l'Espagne en tout cas. La France s'est faite écrasée par un adversaire en forme mais pas non plus génial. On ne peut s'en prendre qu'à nous même. On laisse aux Espagnoles un nombre incalculable de tirs ouverts, sur des fautes défensives graves. Suivre une joueuse après un écran est quelque chose dont même les basketteuses en NF3 sont capables. Les rebonds ne sont pas assurés non plus et forcément, 50 points sont encaissés ce qui ne peut mener à une victoire sur du basket FIBA. Offensivement, ce n'est pas beaucoup mieux avec 10 ballons perdus en 20 minutes et Sandrine Gruda, héroique, ne pourra pas gagner le titre toute seule...

 

  • TROISIèME QUART-TEMPS

 

"Défense" c'est le mot d'ordre à la mi-temps. L'urgence de la situation se fait alors sentir et les bleues serrent au corps leurs adversaires. La France colle un 8-2 dévastateur, dès le retour des vestiaires. En attaque, Bria Hartley fait parler son génie et trouve enfin Sandrine Gruda sur les pick and roll. L'expression sur le visage de la franco-américaine fait plaisir à voir. Elle prend ses responsabilités, joue avec le cœur et encourage les siennes fortement. Mais ces espagnoles sont redoutables. Elles répondent parfaitement aux nouvelles intentions françaises en profitant de ces espaces réduits pour attaquer le cercle davantage et exploiter notre agressivité en allant chercher des points sur la ligne des lancers francs. De cette façon, l'écart ne faiblit pas. La motivation française baisse elle en régime malheureusement à cause de notre agressivité vaine. Les mêmes espaces sont offerts en défense, et l'Espagne nous le fait payer très cher. C'est incompréhensible de voir nos françaises figurant parmi les meilleures basketteuses d'Europe se faire avoir sur des systèmes aussi simples que des écrans loin du porteur ou du pick and roll. Le banc n'aura pas non plus été présents comme dans le reste de la compétition ce soir, à l'image d'Alexia Chartereau qui réalise son seul mauvais match du tournoi. L'écart est inchangé à 10 minutes de la fin et seul un miracle peut désormais sauver la France (70-56).

 

  • QUATRIèME QUART-TEMPS

 

Marta Xargay poussera même l'écart à +19 sur une bombe du parking exceptionnelle d'entrée dans le dernier quart-temps. Les fautes se sont elles aussi multipliées trop rapidement et le score ne descendra plus en dessous des 15 points dans un dernier quart-temps similaire au match qui s'est déroulé. Contre une Espagne dominante, la France a encore perdu sa finale du championnat d'Europe...

 

  • FIN DU MATCH : ESPAGNE 86-66 FRANCE

 

Les années passent, les finales aussi, et le résultat est toujours le même. Malgré un grand tournoi, la France a encore raté le match le plus important pour finir à la deuxième place et obtenir sa 4ème médaille d’argent Européenne consécutive. Une finale, ça se gagne, mais pas en France. C’est notre quatrième échec consécutif à ce stade de la compétition, le troisième face à l’Espagne, et cette malédiction est décidément dure à briser. Le plus triste finalement, c’est le contenu de ce dernier match qui peut nous frustrer. La différence avait déjà été faite à la mi-temps et malgré un léger mieux par la suite, le mal était déjà fait pour espérer une éventuelle remontée fantastique.

 

Mais comment gagner une finale sans défense ? Comment gagner une finale sans effectuer les replis défensifs ? Comment gagner une finale en laissant autant de rebonds offensifs ? Comment gagner une finale en ne suivant pas les joueuses sur les écrans sans ballon, en passant sous les écrans aux porteuses de balles ? Comment gagner ? Sandrine Gruda (nommée dans le 5 majeur de la compétition) a donné un élément de réponse au micro de Canal + après le match ‘’il faut arrêter de toujours faire les mêmes erreurs’’. Depuis des années, la France se hisse en finale et depuis des années, elle craque dans ces moments sur des fondamentaux du basket où les françaises ne devraient pas se faire piéger.

 

Allez, c’est encore une médaille européenne pour le basket féminin français, la sixième consécutive sur les 10 dernières années (1 en or, 4 en argent, 1 en bronze), mais la frustration domine. Cette équipe est incroyablement talentueuse comme elle l’a encore prouvé depuis sur cette compétition, mais elle doit trouver les ressources mentales pour ne plus craquer au moment le plus important. Hormis Sandrine Gruda et Endy Miyem, ce groupe est encore jeune et avec davantage de lucidité dans ces sommets, peut-être que nos ambitions aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 pourront s’envoler.