Draft 2021 : Français, Cooper, Knicks, notre analyse du second tour

Draft 2021 : Français, Cooper, Knicks, notre analyse du second tour

Draft - Juhann Begarin - Boston Celtics - New-York Knicks - Sharife Cooper - Atlanta Hawks
Crédit photo : USA Today

Une fois n’est pas coutume, la Draft 2021 s’est révélée être un joyeux capharnaüm dans son second tour avec des surprises et des déceptions en pagaille parmi les joueurs non-draftés. Analyse de tout ce qu’il fallait retenir du second tour de cette cuvée.

  • LES FRANÇAIS OUBLIéS

 

Il faut remonter à 2015 pour retrouver une Draft aussi peu ouverte à notre pays. Alors que la NBA s’internationalise toujours plus depuis quelques années, cette cuvée 2021 n’aura fait aucun cadeau à Yves Pons, Joel Ayayi et Olivier Sarr, tous non-draftés. Seul le guadeloupéen Juhann Bégarin a eu le bonheur d’entendre son nom dans le second tour, choisi par les Boston Celtics à la 45ème place. Ce n’est pas aussi bien que certaines prédictions qui l’annonçaient au début du second tour, mais une réussite en soi puisqu’il est le seul représentant francophone à représenter cette fois. De plus, l’ex-joueur du Paris Basketball qui sort d’une saison réussie sur le plan individuel et collectif (montée en Jeep Elite), arrive à Boston dans un contexte intrigant. S’il n’est pas impossible de le voir stash (renvoyé en Europe pour se développer, avec des Celtics qui conserveraient ses droits), il pourrait bien trouver une petite place dans l’effectif de la Green Army. Pour l’heure, seuls Marcus Smart, Romeo Langford, Payton Pritchard et Carsen Edwards sont sous contrat à Boston sur la ligne extérieure et à l’exception de Smart, personne n’est un membre indéboulonnable de la rotation. Ainsi, chez des Celtics sans flexibilité salariale à la Free Agency, on peut penser que Bégarin aurait toutes les cartes en main pour s’imposer en sortie de banc. Il faudra notamment surveiller l’éventuelle prolongation d’Evan Fournier à Boston, qui jouera un rôle important dans un effet de domino sur l’avenir proche de son collègue francilien.

 

Pons, Ayayi et Sarr n’ont quant à eux jamais entendu leur nom appelé lors de cette Draft 2021. Si Olivier Sarr, très loin du compte dans le cœur des recruteurs s’avance vers une carrière professionnelle dans le flou total, Yves Pons et Joel Ayayi ont connu une fin de soirée plus heureuse. Après la Draft, c’est d’abord Joel Ayayi qui a obtenu son two-way contract chez des Lakers en manque de profondeur après le transfert de Russell Westbrook. S’il fait une bonne Summer League, l’occasion d’obtenir une place dans le roster définitif est énorme. Enfin pour Yves Pons, originaire de la région d’Aix-en-Provence, c’est à Memphis qu’il a décroché son propre two-way contract ! Une destination idéale pour lui qui va rester dans son Tennessee chéri où il a déjà bâti sa légende avec les Volunteers en NCAA. Pour sa future place dans l’effectif des Grizzlies, la Summer League s’annonce ici aussi déterminante.

 

 

  • DES CLIPPERS OPPORTUNISTES

 

Que faire quand vous souhaitez viser le titre NBA, que votre effectif actuel n’y arrive pas, et que vous n’avez pas la moindre flexibilité en vue pour la saison prochaine ? Les Clippers avaient bien leur petite idée en arrivant à la Draft ce jeudi soir. Opportunistes, ils sont repartis avec 3 joueurs extrêmement intéressants à intégrer dans leur effectif qui pourrait contribuer sur de courtes séquences sur le moyen terme. En récupérant le 21ème choix à New-York d’abord, les Clippers ont réalisé un pari extrêmement audacieux en récupérant l’arrière athlétique de Tennessee, Keon Johnson ! Annoncé dans la lottery, le joueur des Vols a chuté dans le tableau à cause du long projet qu’il représente offensivement, sans aucune garantie de résultat au bout du compte. Cependant, chez un contender comme les Clippers à la recherche de certitudes, Johnson s’est déjà affirmé comme un défenseur sensationnel, avec un physique taillé pour défendre sur toutes les positions du meneur à l’ailier-fort. Puissant et mobile, il pourrait tout à fait être utilisé en playoffs sur 10 ou 15 minutes, selon l’ampleur de son retard technique en attaque.

 

Dans le second tour de cette Draft, celui qui nous intéresse dans cet article, les Clippers ont continué de flairer les bons coups. Ils ont d’abord fait confiance à Jason Preston de Ohio dès le choix 33 ! Extérieur à l’efficacité impressionnante dans une ligue universitaire mineure, ce joueur pourrait bien surprendre avec une volonté de fer et une technique au tir sensationnelle. Défenseur sous-estimé, il a tout pour devenir un remplaçant à l’apport positif, capable de prendre feu à tout moment derrière la ligne extérieure. De plus, il met dans son jeu toute la bonne agressivité que demande le haut niveau, sans cesse déterminé par une histoire familiale et personnelle très touchante. Enfin, les Clippers ont récupéré un don du ciel à la 51ème place de cette Draft ! Annoncé dans le Top 10 il y a un an, BJ Boston a complétement dégringolé pour arriver à une sélection au fin fond du second tour. Auteur d’une saison difficile à Kentucky, il n’en reste pas moins un grand arrière-ailier capable de se créer son shoot et de devenir un monstre physique et technique difficile à défendre. Aucun risque avec un choix aussi lointain, et ces trois choix intelligents pourraient bien rapporter très gros aux Clippers dans leurs ambitions.

 

  • LES prospects d'auburn chahutés

 

Une remise en question ne s’impose pas forcément dans le programme d’Auburn, puisque leurs talents ont surtout été victimes d’empêchements indépendants de leur volonté (blessures, suspensions), mais les Tigers n’ont pas été à la fête hier soir. Sharife Cooper a sans doute vécu le plus grand cauchemar de cette Draft 2018, en attendant la 48ème place de cette Draft et le choix des Atlanta Hawks pour enfin se lever de la chaise qu’il occupait depuis près de 5 heures. Attendu dans le Top 20 de la Draft, sa petite taille, ses failles supposées dans le tir extérieur, et sa défense inexistante ont fait de lui un prospect persona non grata. On ne peut qu’en vouloir à de nombreuses franchises cependant, ayant préféré des joueurs au talent extrêmement faible, au potentiel maximal proche de la G-League, plutôt qu’un Sharife Cooper qui est un véritable génie balle en main. Intelligent dans sa vision de jeu, esthète du pick and roll avec un drive supersonique et une capacité à encaisse le contact supérieure, il va faire regretter à de nombreuses franchises leur erreur. Désormais membre des Hawks, il va devoir se faire une place derrière Trae Young, bien que ses immenses lacunes défensives pourraient l’empêcher d’être un joueur à l’apport positif. Même constat dans une moindre mesure pour le pivot des Tigers JT Thor, également attendu dans le premier tour de la Draft qui a glissé jusqu’à la 37ème place et le choix des Hornets, où il formera avec Kai Jones un duo jeune au potentiel illimité dans la modernité de leurs profils respectifs.

 

 

  • LES KNICKS MISENT TOUT SUR des guards

 

Comme souvent dans une Draft qui se déroule presque à domicile pour les Knicks, cette cérémonie a été pleine de rebondissements et de choix inattendus… Ou presque. Dès le premier tour, New-York n’aura finalement choisi qu’une seule fois pour faire confiance à Quentin Grimes, combo guard de Houston, programme qu’il a emmené en demi-finale de la March Madness. Leader offensif à l’échelle universitaire, son profil semble indiquer un potentiel limité, mais il reste un joueur à l’attitude déterminée qui apportera quoi qu’il arrive du talent sur une ligne arrière new-yorkaise qui en manque terriblement. La priorité était le secteur extérieur à New-York, et le message a été clairement envoyé dans le second tour également.

 

En échangeant le choix 32 contre les choix 34 et 36, les Knicks se sont offerts 3 rookies au lieu de 2, alors qu’ils avaient plus tôt échangé leurs choix 19 et 21 contre le choix 25 (et de futurs choix), allez comprendre. En attendant, la franchise adorée de Spike Lee a utilisé ces deux sélections supplémentaires toujours sur le même poste, avec un meneur et un arrière. C’est d’abord Rokas Jokubaitis qui a été débarqué, le meneur du Zalgiris. Intelligent, polyvalent avec une bonne vitesse balle en main et un tir extérieur intéressant, ce joueur typique de l’école européenne pourrait s’avérer bien utile dans le futur, mais il est pour l’instant difficile de savoir si il rejoindra New-York sur le court terme. Enfin, Miles McBride est le dernier à rejoindre le navire. Défenseur omniprésent de West Virginia avec un tir à mi-distance intéressant, c’est le plus beau profil dont pouvait rêver Tom Thibodeau. Il va devenir encore plus grand avec un coach autant adapté à son profil, et le potentiel steal est énorme !

 

  • UNE EXPéRIENCE TéLéVISéE HORRIBLE

 

La NBA a beau être une ligue à la pointe de l’innovation dans de nombreux domaines, elle a fait de son émission annuelle consacrée à la Draft un véritable cauchemar à regarder, que l’on soit un fan, un journaliste, un joueur ou un spectateur présent sur place. De 2 heures à 7 heures du matin, les choix s’égrènent comme un long calvaire dont on ne voit jamais le bout. La Draft était diffusée sur ABC pour la première fois cette année, pour un fiasco complet. Au-delà de l’agréable Jalen Rose, on ne peut pas suivre cette Draft décemment avec des transferts pas toujours annoncés, des joueurs qui portent des casquettes de l’équipe qui vient de les transférer… Une confusion perpétuelle à observer. Ainsi, on a vu les fans des Knicks présents sur place se faire berner comme chaque année en se réjouissant sur des choix de Draft qui n’appartenaient même plus à leur équipe (Kai Jones transféré à Charlotte), créant une situation de malaise intense. Pourtant, on a tenté d’innover à l’antenne avec des stars américaines venant interrompre le moment de gloire de chaque prospect, un jeune influenceur en coulisses qui n’apporte rien de plus que des blagues ratées, et des vidéos émotion sur la vie du prospect montées à la va-vite, bref, un fiasco total. C’est à l’heure du second tour que le scandale devient plus intense encore, dans une émission qui passe plus de temps en coupure pub qu’en diffusion réelle du second tour, les retours en plateau ne servant qu’à annoncer les choix effectués pendant la pub, avant de laisser Kendrick Perkins (pourquoi lui et pas l’excellent Jay Williams ?!) se moquer des noms européens. La NBA doit radicalement repenser sa couverture de l’évènement avec les chaînes de télévision américaines.

 

 

C’est la fin de notre analyse du second tour de la Draft NBA. Pour retrouver tous les choix effectués lors de la Draft 2021, retrouvez notre article récapitulatif en cliquant ici.

 

Vous pouvez également retrouver notre analyse du premier tour de la Draft 2021, juste ici !