Chicago Bulls 2025-2026 : les champions du ventre mou
CETTE NUIT

Chicago Bulls 2025-2026 : les champions du ventre mou

Aurélien Annecca 27/9/2025 à 12h00
Chicago Bulls - Billy Donovan - Coby White - Josh Giddey - Patrick Williams - Nikola Vucevic
Crédit photo : NBA.com

Alors que l'on pensait qu'une reconstruction se profilait enfin du côté de Chicago après le départ d'Alex Caruso, il n'en fut rien. Les Bulls se sont présentés avec un effectif parfait... pour jouer le milieu de tableau. Et cela n'a pas manqué.

  • la saison 2024-2025

 

Un jeu extrêmement rapide, pour une équipe surprenante... Mais qui reste dans la moyenne basse de la NBA. Cela semble être une bonne manière de décrire la saison 2024-25 des Bulls. Un peu avant la mi-janvier, ce groupe est à 18 victoires pour 20 défaites. Alors que des changements majeurs ont été effectuées : Alex Caruso et DeMar DeRozan sont enfin partis ! Place à Josh Giddey et Coby White pour courir, Zach Lavine pour prendre feu et Nikola Vucevic pour essayer de suivre le rythme. Et cela marche ! Enfin, presque : souvent, l'équipe reste dans les matchs pendant longtemps, avant de s'écrouler dans le quatrième quart-temps. Puis, à la trade deadline, un énorme tournant : Zach Lavine s'en va ! Chicago est impliqué dans un échange en triangle avec les Spurs et les Kings, recevant Tre Jones, Zach Collins, Kevin Huerter, ainsi que le contrôle de son choix de draft. Alors que l'on pensait qu'un tank allait gentiment s'installer, il n'en fut rien : après le All Star Game, les Bulls ont un bilan de 17-10 pour finir 9e de la conférence Est ! Une belle fin de saison, mais qui ne paiera pas, avec une large défaite face au Heat lors du play-in. Cette saison a été l'occasion pour Lonzo Ball de retrouver les parquets, malgré un temps de jeu réduit et une faible présence. Mais aussi la fin du projet Patrick Williams, qui a perdu sa place au profit de Matas Buzelis. Le rookie est monté en puissance tout au long de la saison. Cependant, toujours le même problème : une équipe limitée, parfois fun, qui ne peut pas avoir de grand objectif et qui ne peut pas finir trop bas car il y a du talent. Résultat, Chicago a encore fini en milieu de tableau et avec le choix 12 à la Draft. Maigre consolation pour une saison assez éprouvante...

 

  • les mouvements de l'intersaison

 

Draft : Noa Essengue
Arrivées : Isaac Okoro
Départs : Lonzo Ball

 

Décidément, les Bulls ont peur d'appuyer sur le bouton rouge. Après le départ de Zach LaVine en milieu de saison, et la progression de certains jeunes, l'heure aurait pu être au rebuilt. Le Front Office a cependant d'autres plans en tête. En possession du choix 12 lors de la Draft, la franchise a jeté son dévolu sur le Français Noa Essengue. Très jeune (moins de 19 ans), son profil peut faire sens : excellent en défense et athlétique, il devrait se régaler avec ce style de jeu rapide, malgré des problèmes évidents en attaque, pour le moment. Ensuite, est venue la Free Agency... où il ne s'est rien passé d'important. Seul trade dans lequel l'équipe a été impliqué : un swap entre Lonzo Ball et Isaac Okoro. Le premier s'en va après d'énormes soucis de blessures qui ont gâché son passage, tandis que le second essayera de se faire une place en NBA. Très bon défenseur, il a développé un petit shoot de loin qui rentre régulièrement. Même s'il peut s'épanouïr avec la philosophie de Billy Donovan, il ne révolutionnera rien : le plafond de talent au global de l'effectif étant bas.

 

  • l'effectif

 

Point Guard : Josh Giddey/Tre Jones/Jevon Carter
Shooting Guard : Coby White/Ayo Dosunmu/Kevin Huerter
Small Forward : Noa Essengue/Isaac Okoro/Dalen Terry
Power Forward : Matas Buzelis/Patrick Williams/Julian Phillips
Center : Nikola Vucevic/Zach Collins/Jalen Smith

 

Malgré l'été très calme, les Bulls se présentent avec un effectif bien différent de ce que la franchise a proposé un an auparavant. Exit Zach LaVine, remplaçé par Tre Jones et Zach Collins. De bons joueurs de basket mais aucun n'est du calibre de l'arrière, voire d'être de simples titulaires en NBA. Point positif tout de même : ce groupe est profond. Beaucoup de joueurs sont limités et avec un plafond assez bas, mais le plancher est séduisant. Problème, cela ne paye pas : l'idéal dans cette ligue est d'être très mauvais ou très bon. Dans le cas contraire, cela n'engendre que de la frustration. Le Front Office peut malgré tout essayer de bouger : les contrats ne sont pas excessifs, les éléments en place peuvent intéresser des prétendants au titre prêts à ajouter de la profondeur et des profils précis à leurs effectifs. Encore faut-il que les dirigeants n'attendent pas la dernière minute pour accepter de s'en séparer...

 

  • le cinq majeur

 

PG : Josh Giddey
SG : Coby White
SF : Noa Essengue
PF : Matas Buzelis
C : Nikola Vucevic

 

Dans la lignée de ce que les Bulls ont proposé la saison précédente, il est fort probable que Billy Donovan opte pour une équipe qui joue vite. Le duo Josh Giddey/Coby White sera reconduit par assez complémentaire et performant : l'Australien a une superbe vision de jeu et est bon en transition tandis que Coby White est performant offensivement. Nikola Vucevic est une évidence au poste de pivot tant la concurrence est faible. Reste ensuite la question des ailes. Matas Buzelis semble avoir gagné sa place : assez séduit en défense, et surtout au contre, il a très facilement mis de côté Patrick Williams qui confirme année après année qu'il était une erreur de casting. Désormais, qui pour compléter ce cinq ? Le choix se porte sur Noa Essengue. Le Français semble être celui qui correspond le mieux. Il a les qualités pour s'intégrer dans le style de Chicago, il est performant en défense et cette équipe en aura besoin. Puis ses manques offensifs seront masqués car il n'aura pas la pression, d'autres joueurs ayant les responsabilités. Il pourra scorer via les contre-attaques. Ce n'est pas le meilleur starting lineup de la ligue, mais l'équipe pourra gagner des matchs, dans une conférence Est qui sera une nouvelle fois d'un niveau peu élevé.

 

  • le banc

 

Sans être exceptionnel, le banc des Bulls est vraiment intéressant. Sur les lignes arrière, Tre Jones est un bon meneur gestionnaire pour mettre en place les système. Ayo Dosunmu peut jouer les deux postes, en défendant correctement et se montrant efficace. En espérant que les 3 points rentrent. S'il y a besoin de spacing, Billy Donovan pourra compter sur Kevin Huerter qui excelle dans ce domaine. Au poste de pivot, Jalen Smith est capable de contrer mais ne peut jouer que 15/20 minutes, devenant vite problématique si le shoot ne rentre pas de l'autre côté. Zach Collins est mauvais en défense, donc la protection de cercle est à oublier. Patrick Williams possède un impact nul sur son équipe. Les jeunes Dalen Terry et Julian Phillips ont peut-être un coup à jouer, comme Isaac Okoro qui devrait bien s'intégrer dans cette équipe. Mais le cinq majeur aura intérêt à bien fonctionner : le banc sera une grosse faiblesse pour Chicago. 

 

  • le joueur à suivre : Coby White

 

Du côté de Chicago, les bons joueurs ne sont pas légion. Mais depuis quelques mois, un élément se démarque du lot : Coby White. Lors des deux dernières saisons, le guard a été incontournable : 79 puis 74 matchs, en jouant 36 et 33 minutes de moyenne. Le résultat est plutôt séduisant avec 20 points et 5 passes lors de ces régulières. Surtout, il est devenu efficace : l'an dernier, il était quasiment dans la moyenne de la ligue avec un TrueShooting+ de 98 ; cette saison, il était à 104, soit 4% plus efficace que la moyenne. Il provoque plus de lancers francs, shoote toujours autant à 3 points et à réduit les longs mi-distance : le résultat n'en est que plus rentable pour lui et les Bulls. A 25 ans, Coby White ne se transformera peut-être pas en superstar capable de porter une équipe très loin, mais il a réussi à devenir un excellent joueur NBA, qui pourrait se révéler très utile pour une équipe ambitieuse. Cette saison à venir sera déterminante : il entre en contract year. Et il s'agit d'un des meilleurs contrats de la ligue, puisqu'il ne gagnera que 13 millions de dollars. Le joueur est en position de force : en pleine force de l'âge, performant, et avec son destin entre les mains. Vraisemblablement, plus d'argent sera disponible sur le marché l'été prochain. Un timing parfait, pour un joueur qui souhaitera peut-être intégrer une équipe plus ambitieuse. 

 

  • les plus 

 

Un style de jeu cohérent : Billy Donovan a beaucoup de défauts, mais il n'en reste pas moins un coach compétent. Il l'a prouvé avec les Bulls, il s'adapte à son effectif afin d'en tirer le meilleur. Résultat : l'équipe joue vite, dégaine de loin ou attaque le cercle, et se montre efficace. Cette recette permet à Chicago d'embêter pas mal d'adversaires et de rester dans les matchs jusqu'au bout, et de grapiller des wins si la réussite est de leur côté. C'est de cette façon que cet effectif a pu lutter pour une place en Playoffs. Avec les (petits) ajustements effectués cet été, la philosophie restera la même. Comptez sur les Bulls pour courir dès que le coup d'envoi sera sifflé. La moindre équipe qui aura un petit retard à l'allumage devra cravacher pour revenir au score : même si leur effectif est imparfait, les joueurs de l'Illinois resteront fidèles à eux-mêmes. Et si la réussite est avec eux, la victoire risquera de l'être.

 

Du talent à développer : Josh Giddey, Coby White, Noa Essengue, Matas Buzelis... Au premier abord, il n'y a aucune superstar qui semble sortir du lot. Mais il y a déjà des bons joueurs NBA, et deux très jeunes éléments dont le profil colle bien avec ce que leur coach a envie d'installer. Ce sont les principaux noms qui viennent en tête, car sur le banc, il y aura encore quelques joueurs qui ont moins de 25 ans et qui peuvent encore se développer. Dalen Terry ou Julian Phillips, un peu plus utilisés lors des dernières semaines de compétition, auront peut-être un coup à jouer, tout comme Isaac Okoro, dont la défense fera le plus grand bien à cette équipe. Le jeune élément qui semble ne plus avoir de rôle prépondérant à jouer est Patrick Williams. Le choix 4 de la Draft 2020 a perdu sa place en fin de saison dernière au détriment d'un rookie.

 

La conférence Est : Mine de rien, Chicago a terminé 9e de la conférence Est la saison dernière, ce qui a permis à la franchise d'espérer une place en Playoffs. Même si cela aurait conduit à un sweep, ou pas loin, face à Cleveland ou Boston. Pour la saison à venir, cela sera encore un avantage. Cavs et Knicks semblent intouchables. Mais les Celtics et les Pacers ont tous les deux perdus leur meilleur joueur sur blessure, et ils ne reviendront pas de la saison. Cela a impliqué quelques changements dans les effectifs, et peut-être un coup à jouer pour la franchise de l'Illinois pour gratter une place en postseason. En misant sur la continuité, dans un style de jeu cohérent avec le groupe en place, les Bulls pourraient être une belle surprise. 

 

  • les moins 

 

La conférence Est : Un petit facile de mettre la conférence Est dans les moins et les plus, je vous l'accorde. Mais c'est bien un problème : Chicago peut à la fois espérer de belles choses, comme viser le bas. Personne n'est capable de prédire ce qu'il se passera la saison prochaine. Si ça se trouve, une nouvelle blessure majeure touchera une équipe compétente, permettant aux Bulls d'espérer gratter une qualification directe en postseason ! Peut-être seront-ils les victimes de cette mauvaise nouvelle, et la franchise sortira le tank par dépit. Si tout se passe bien dans le meilleur des mondes, Chicago sera facilement top 10 car le fond de la conférence est horrible : Wizards et Nets semblent tanker à nouveau ; Hornets et Raptors ont un projet flou ; quid des Celtics et des Pacers ? Les Bucks ont peut-être le meilleur joueur de l'Est mais l'équipe autour est faible. 

 

Un plafond évident : Même si les Bulls peuvent envisager un parcours de Playoffs plus ou moins long, avec un concours de circonstances favorables, il ne faut pas se faire d'illusion : cette équipe est relativement faible et ne peut, au mieux, passer qu'un tour de Playoffs si les planètes s'alignent. Elle a une identité de jeu claire, et les profils pour ce style, mais le talent ne répond pas présent. Giddey et White sont de bons moteurs offensifs, tout comme Vucevic, mais aucun ne fait partie de l'élite NBA. Autour d'eux, ce sont des jeunes qui ne connaissent pas, ou très peu, la ligue. La profondeur d'effectif n'est pas folle : certains profils peuvent contribuer pour enquiquiner les adversaires. Mais sur la longueur, cela ne tiendra pas la route. 

 

C'est quoi le projet ? : C'est la question que tout le monde se pose. Au début de la décennie, Chicago avait une équipe plus ou moins intéressante, mais le projet à volé en éclat au bout de six mois. Puis, les cadres sont partis... Au compte-gouttes. D'abord Alex Caruso, puis DeMar DeRozan, et enfin Zach LaVine. Surtout, tous sont partis au pire moment imaginable, ou presque : le nouveau champion avec le Thunder n'avait plus qu'un an de contrat ; l'ex Spurs été agent libre et le Front Office a dû monté un sign and trade calamiteux tandis que LaVine l'a rejoint en plein milieu de saison, en échange d'une contrepartie décevante. Désormais, c'est Vucevic qui est en première ligne. Toujours à Chicago, il sera agent libre l'été prochain, aura 35 ans à la reprise de la saison. Sa valeur ne sera jamais aussi haute que celle qu'il a eu cette saison, où il a extrêmement bien shooté. Bonne nouvelle tout de même : les finances sont saines. On ne sait pas quelle direction va prendre l'équipe mais, au moins, elle ne sera pas bloquée financièrement. 

 

  • bilan prévisionnel

 

Comme bien souvent ces dernières années, il est compliqué de prédire ce que les Bulls vont faire. Il y a un niveau plancher qui permettra à cette équipe d'atteindre le play-in... et le plafond ne leur permet pas d'en sortir. Cependant, vu comment la conférence Est est faible, avec des équipes, en théorie largement supérieures à Chicago, qui se retrouvent amputées de joueurs importants (Celtics et Pacers), il est impossible de savoir ce qu'il adviendra : elles peuvent surprendre dans un sens comme dans l'autre. De plus, le Front Office va-t-il (enfin) se montrer actif ? Rien n'est à écarter. Tel quel, cet effectif fonce vers le play-in, avec une réelle chance d'aller en Playoffs. Mais à la moindre blessure, ou transfert, il faudra absolument sortir le tank, au risque de rester les rois du ventre mou..