Bilan de mi-saison des Grizzlies : des ambitions déjà enterrées ?

Bilan de mi-saison des Grizzlies : des ambitions déjà enterrées ?

Memphis Grizzlies - Mike Conley - Marc Gasol

Nous voilà rendus à la mi-saison et la belle dynamique s’est déjà faite la malle. La place de leader de l’Ouest du mois de novembre est oubliée et s’est substituée à une position nettement moins confortable au fin fond de la conférence.

À mi-parcours, Memphis affiche un bilan de 19-22 dans une moyenne légèrement plus haute que les projections de l’été… mais pouvait espérer nettement mieux. Un premier quart de saison réussi, un coup de moins bien pour finir sur une dynamique très mauvaise avec une série de six défaites de rang, les Grizzlies sont passés par toutes les émotions lors de ces deux premiers mois de compétition. À mi-parcours, il est l'heure de faire un petit état des lieux de la franchise du Tennessee. 

 

  • LES TOPS

 

Il est l’heure : Jaren doit prendre le flambeau

 

C’est la véritable satisfaction de cette première partie de saison : les Grizzlies ne se sont pas trompés lors de la dernière draft en allant chercher Jaren Jackson Jr. L’un des plus jeunes rookies de la promo 2018 – il n’a que 19 ans – réalise une entame de carrière bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer d’un tel profil. Ses statistiques personnelles sont bonnes (13 points, 5 rebonds, 1 interception et 1,5 contre de moyenne à 52% au tir) mais c’est surtout son impact qui laisse entrevoir de très belles choses pour son avenir.

 

Maintenant que les Grizzlies semblent avoir laissé passé le wagon des Playoffs en grillant déjà trop de jokers, il est peut-être temps de revoir les ambitions à la baisse et d’avoir une vision à moyen-terme en développant son jeune joueur, afin d'en faire la future figure de la franchise. Son utilisation a parfois soulevé des questions : benché dans les fins de matchs, sevré de ballons en attaque, Triple J n’a pas toujours été mis sous le feu des projecteurs. Cela devrait pourtant être l’une des priorités pour la seconde moitié de saison.

 

Son impact défensif ne fait déjà plus débat mais la surprise positive c’est qu’il a aussi montré qu’il pouvait déjà peser en attaque. À sa draft, les scooting-report faisaient état d’un joueur à la technique limitée, mais en quelques mois, Jaren démontre que s’il est bien utilisé, il est capable de finir proprement près du panier. On compte sur le coaching staff pour l’installer progressivement au cœur de son jeu pour la quarantaine de matchs à venir.

 

  • LES FLOPS

 

Une attaque à la rue, une défense qui ne suffit plus

 

Plongé en pleine crise de résultats depuis maintenant plusieurs semaines, Memphis est à la peine. Les ingrédients qui avaient permis de réussir une belle entame de saison se sont effrités et il convient d’en identifier les causes. Premier constat : la défense a perdu de sa superbe et la troupe de Marc Gasol n’est plus aussi imperméable qu’elle a pu l’être… mais reste néanmoins parmi les top-teams de la ligue (6ème au defensive-rating).

 

Le problème est qu’aujourd’hui cette défense ne permet plus de cacher les graves errements offensifs. Une adresse au tir longue distance médiocre (24è), un rythme très lent (30è au pace) et donc un volume de tirs par match très faible (30è en nombre de tirs tentés) : l’attaque des Grizzlies est trop peu productive. C'est d'ailleurs le pire offensive-rating de la ligue sur la série des 11 derniers matches. Maintenir ses adversaires sous la barre des 100 points est une bonne chose mais encore faut-il réussir à franchir ce seuil en attaque, chose que les Grizzlies ne parviennent plus à faire. La variété du jeu manque cruellement, les systèmes peu variés et presque exclusivement centrés sur des combinaisons de jeu à deux entre Gasol et Mike Conley ne surprennent plus personne. Avec un roster composé de joueurs d’expérience et recrutés pour leur intelligence de jeu, il y a peut-être mieux à proposer. L’axe d’amélioration est clair pour JB Bickerstaff et son équipe.

 

Marc Gasol : les instincts ne remplacent pas les efforts

 

Il avait été l’un des artisans principaux du premier quart de saison. Big Spain avait retrouvé le sourire, il était redevenu le chef d’orchestre, le leader défensif d’une top-team de NBA au point d’être considéré comme un candidat potentiel dans la course au défenseur de l’année. Mais depuis quelques semaines, lui aussi a connu un petit coup de mou. Beaucoup moins agressif offensivement, c’est surtout son manque d’effort sur le plan défensif qui s’est fait remarquer.

 

L’Espagnol n’a jamais été un monstre athlétique et n’a jamais usé de ses capacités physiques pour dominer, alors il garde un impact défensif par ses simples instincts et sa science du placement. Mais en basket comme dans le sport, rien ne remplace les efforts. Et Memphis a besoin d’un Gasol pleinement concerné pour être une équipe crédible dans la ligue. Le dernier match face à San Antonio a montré qu’il pouvait toujours jouer avec intensité, reste à voir s’il saura faire perdurer ce niveau d’envie et de motivation sur la longueur.

 

Mike Conley rate le virage du All-Star Game

 

Son grand retour sur les parquets après une année de blessure était très attendu dans le Tennessee. Mike Conley avait tenu ses promesses, celles de transformer une équipe plongée dans le tanking en une franchise de nouveau compétitive capable de retrouver les Playoffs. Un bilan positif, une place dans le top 8 d’une conférence Ouest ultra-compétitive et des statistiques personnelles bien garnies : tout semblait réuni pour que le meneur des Grizz puisse enfin connaître les joies du All-Star Game.

 

Malheureusement pour lui, ce poids de la non-sélection risque de peser au moins une année de plus sur ses épaules. Moins en vue depuis l’ouverture des votes, Conley a vu son impact diminuer, ses pourcentages baisser et n’a surtout pas pu empêcher la descente aux enfers de son équipe. Déjà en tant que playoffable la lutte pour l’un des derniers spots aurait été compliquée, avec cette actuelle quatorzième place, il est presque impossible de croire à une sélection par les coaches. Il lui reste une petite quinzaine de jours pour tenter de faire pencher la balance, mais la barre est haute, seule une grosse série collective ponctuée de matches références de sa part pourrait lui entrouvrir une voie vers le match des étoiles à Charlotte.

 

Dillon Brooks out pour la saison

 

Il avait disputé les 82 matches de sa saison rookie en se révélant comme une vraie belle surprise de sa promo de draft. La saison sophomore de Dillon Brooks est beaucoup plus délicate. Déjà absent pendant un mois et demi suite à une drôle de blessure due à une glissade sur le ballon, le Canadien venait de faire son retour sur les parquets et voilà qu’il doit déjà retourner à l’infirmerie. Touché à l’orteil, il vient de se faire opérer et la franchise a officialisé qu’on ne le reverrait plus de la saison. Un vrai coup dur pour la second-unit qui comptait beaucoup sur sa folie pour apporter un peu de scoring en sortie de banc.