- Un parcours universitaire complet et couronné
Né à Roxbury, un quartier de Boston, Shabazz Napier décide tout naturellement de jouer pour l’université du coin, les Huskies de Connecticut. Si l’université avait déjà un solide palmarès avant l’arrivée de Napier notamment en basket-ball féminin, le meneur va sérieusement placer les Huskies sur la carte NCAA.
Lors de son année freshman, Connecticut remporte la March Madness face à Kentucky. Back up d’un certain Kemba Walker, Shabazz a contribué dès sa première année freshman avec des stats significatives lui permettant de figurer dans la Big East Rookie All-Team en compagnie de son coéquipier de l’époque, Jeremy Lamb. Napier continue son cursus et ne cesse de progresser sous les ordres de Jim Calhoun, coach emblématique de cette équipe de Connecticut (de 1984 à 2012). Durant son année sophomore, Bazz enregistre son premier triple-double (22 pts, 12 rebonds et 13 passes). Malheureusement, les Huskies échoueront aux portes du tournoi. A la suite de cela, Jim Calhoun décide de tirer sa révérence. Une décision qui pousse Napier à penser à un transfert mais le petit meneur restera finalement dans le Massachussets, à raison.
C’est l’assistant Kevin Ollie qui prend la relève de Calhoun. Napier continue d’augmenter ses stats (17,1 points, 4,4 assists, 4,4 rebonds agrémentés de 2 steals par match). Courtisé par la NBA, Shabazz Napier décide de terminer son parcours universitaire et d'effectuer une dernière pige en NCAA. Senior et leader de son équipe, Napier va ramener son équipe au Final Four de la March Madness, comme en 2011 pour un remake de la finale gagnée face aux Wildcats de Kentucky. Les chats sauvages emmenés par un James Young aujourd’hui porté disparu (drafté en 17e place en 2014 par les Celtics) ne pourront rien faire face à la maturité et le niveau de jeu de Napier qui finira en tête des principaux points statistiques de son équipe (22 points, 5 rebonds et 3 passes). A l’issue du tournoi, Shabazz sera nommé MOP (Most Outstanding Player) et figurera dans le 5 majeur du Final Four aux côtés de ses compères du back-court Ryan Boatright et DeAndre Daniels. Désormais tourné vers la NBA, Bazz espère bien pouvoir suivre la même route que ses glorieux prédécesseurs avant lui que sont Kemba Walker, Ray Allen ou encore Rip Hamilton, tous passés par l’université de UConn. A l’approche de la draft 2014 qui s’annonce riche, Napier est annoncé en fin de 1er tour.
- Une arrivée hypée en NBA
« With the twenty-four pick in the two thousand fourteen NBA Draft, the Charlotte Hornets select Shabazz Napier, from Connecticut » Oui mais non Adam Silver puisque le petit meneur sera vite échangé et atterira à Miami, en échange d’un 1er tour de draft 2015 et de money. Pourquoi Miami ? Parce que Lebron James qui on le rappelle est à la fois joueur, coach, GM, porteur de serviettes et j’en passe, avait légèrement poussé sa franchise de l’époque à drafter l’ex joueur des Huskies en tweetant ceci :
À aucun moment tu ne prends un autre meneur de jeu dans la lotterie avant Napier (Lebron James Twitter)
On pourra peut-être donner raison au King à l’avenir puisqu’il faut bien avouer que cette cuvée 2014 ne fut pas folle en terme de point guard. Les seuls Marcus Smart et Elfrid Payton furent draftés avant lui, même si le Celtic est un élément confirmé en NBA qui pourrait bien demander le max cet été (coucou Danny Ainge).
- Des débuts difficiles
Revenons-en à nos bases et c’est donc au Heat que Napier fera ses premières armes. Il n’aura malheureusement pas la chance de pouvoir jouer avec LBJ puisque que celui-ci décidera de partir lors de la free-agency et de retourner dans sa terre natale, Cleveland. Opposé à une concurrence forte mais pas insurmontable sur le poste 1 (Goran Dragic fraîchement arrivé des Suns et le top 10 meneur all-time Rio Chalmers), les débuts de Bazz sont plus ou moins satisfaisants et le rookie possède du temps de jeu (9 pts de moyenne en 23min).
Au cours du mois de décembre, il est envoyé dans l’équipe de G-league (ex D-league) du Heat, les SkyForce de Sioux Falls. A partir de ce moment-là, le natif de Roxbury fera l’ascenseur permanent entre NBA et G-League. Au final, Napier (qui se trouve également être une ville en Nouvelle-Zélande) jouera 51 matchs dont 10 en tant que starter avec une performance notable au Madison Square Garden (18 points, 7 rebonds et 6 passes).
Napier aurait pu profiter du temps d’adaptation de Dragic pour s’imposer en tant que 3ème meneur mais l’apprentissage est difficile pour le rookie qui se fera même devancer dans la rotation par Tyler Johnson en fin de saison, ce dernier qui n’a même pas été choisi le soir de la draft 2014. Shabazz Napier ne semble plus être dans les plans d’Erik Spoelstra et le management décide de le trader contre un second tour de draft chez le voisin floridien du Magic.
Vous l’aurez compris, Napier débarque à Orlando et espère y trouver du temps de jeu. Comme au Heat, Napier gratte quelques minutes en début de saison en tant que back up d’Elfrid Payton a.k.a la mèche rebelle. Il aime décidément se confronter aux franchises mythiques puisque le 11 novembre 2015, il inscrira 22 points et effectuera 3 assists dans une victoire face aux Lakers de Kobe. Cependant, Napier est en difficulté avec son shoot, qui était pourtant sa principale force en NCAA. L’histoire se répète et son temps de jeu diminue au fil des semaines jusqu’à être quasi inexistant lorsque Brandon Jennings débarque à la trade deadline en échange de Tobias Harris qui part pour Detroit. Sa fin de saison se résume à regarder ses coéquipiers depuis le bout du banc ou à rentrer en jeu lors du garbage time. Lors de l'été 2016, Napier est envoyé à Portland contre une compensation financière où il connaîtra son 3ème club en 3 ans.
- Un rôle et une place désormais reconnue en NBA
A Portland, Napier va être confronté à la concurrence la plus forte qu’il ait jamais rencontrée. D’un côté, Damian Lillard, le franchise player et three times All Star. De l’autre, le MIP 2016 C.J McCollum qui évolue en tant que combo-guard et porte souvent la balle lorsque Lillard se repose sur le banc. Cela n’augure rien de bon pour Shabazz qui devrait encore se contenter des miettes laissées par ses nouveaux coéquipiers. Sauf qu’avec un coach comme Terry Stotts, l’optimisme est de mise.
En effet, l’ancien joueur du championnat de France à la Chorale de Roanne notamment et aujourd’hui coach de Portland depuis 2012, adopte un système où tout le monde peut s’y plaire et y trouver son compte. C'est simple, dès qu’un joueur est ouvert, il doit prendre sa chance. Jeu basé sur le tir extérieur et le jump-shoot à outrance, il y a tous les ingrédients pour que Shabazz s’éclate dans l’Oregon. Logiquement, son début de saison est délicat, avec peu de temps de jeu. Oscillant entre des parties à 20min et des séries de 10 matchs sans que Terry Stotts ne fasse appel à lui, l’histoire semble se répéter à nouveau pour le meneur. Il trouvera tout de même le moyen de réaliser son career-high lors de l’avant-dernier match de la régulière avec une pointe à 32 unités agrémentée de 5 rebonds et 6 passes face aux Spurs. Par petites bribes, Shabazz Napier a pu nous montrer tout le talent qui lui a permis de briller à l'université de UConn. Jamais installé avec des minutes sérieuses ou un temps de jeu régulier, sa carrière n’a pour le moment pas débuté et commence à stagner. Mais Shabazz Napier se plaît en Oregon et va continuer de travailler pour gagner sa place la saison prochaine comme il l'expliquait lors d'une conférence de presse en avril 2017 :
"Je pense que c'était génial pour moi de venir ici. Je l'ai dit en début de saison : pouvoir jouer, m'entraîner contre Cj et Dame chaque jour. J'ai beaucoup appris, plus que ce que j'ai déjà appris au cours de mes deux dernières années. Etre entouré de ces gars-là, être dans cette équipe, être avec ce coach c'est génial."(OregonLive)
Cette saison, son utilisation reste parcimonieuse durant les 10 premiers matchs de la saison avec seulement 6 minutes de moyenne. C’est à partir de cet instant que Shabazz va avoir des responsabilités sur un temps de jeu conséquent lui permettant de montrer de quoi il est capable. Plus de 20 minutes de moyenne sur le mois de novembre jusqu’à 25 pendant les fêtes de fin d’année et des stats nettement à la hausse avec presque 14 points, 3 rebonds et 2,5 passes le tout à 50% au tir s’il vous plaît. Un soir de novembre 2017, lors de la venue de son ancienne équipe le Magic d’Orlando au Moda Center, il fit mordre la poussière à son ex-franchise qui n’a pas su voir l'avenir en lui (même si le management a changé depuis son départ avec l’arrivée de John Hammond en provenance de Milvaukee pour remplacer Rob Hennigan) en scorant 18 points sur la truffe d’Elfrid Payton dont un joli 5/5 du parking. Le joueur et rappeur Dame DOLLA fera d’ailleurs les louanges de son coéquipier après le match au micro de Jen Beyrle de Oregon Live :
"Je pense que moi et CJ, nous avons tous deux bien joué offensivement, mais la plus grande différence était Bazz. Je pense que ce qu’a fait Bazz en sortie de banc a donné le coup d’envoi de notre énergie." a expliqué Damian Lillard avant de rajouter : "Il nous donne une étincelle." (OregonLive)
Quand votre franchise player vous félicite d’une telle manière en sortie de rencontre, vous ne pouvez qu’être fier de vous. Plus tard dans la saison, Napier profitera d’ailleurs de l’absence de Dame pendant une dizaine de matchs pour starter et prouver à tous ses détracteurs que le garçon a le niveau pour jouer dans la Grande Ligue. Il alignera même trois rencontres d’affilée au-dessus des 20 points ! (21, 23 et 21 points respectivement face aux Lakers, Sixers et Hawks). Shabazz semble enfin avoir trouvé sa place et s’éclate dans ce groupe de jeunes Blazers en quête de playoffs. Il a désormais prouvé et affirmé sur le terrain qu’il avait les atouts pour être une solide rotation dans la second unit d’une équipe NBA. Dans sa 5ème année de son contrat rookie, Portland devrait activer la qualifying offer du joueur pour le garder un an de plus à bas prix.
Quand on connaît l'état des finances dans l’Oregon, c'est une aubaine et on souffle du côté du management en se disant qu’au moins, il n’y aura pas de contrat à négocier. En tout cas, pour l’été 2018, car le joueur deviendra agent libre sans restriction lors du prochain en 2019. Le joueur d’origine porto-ricaine aspire toujours à plus et veut désormais emmener son équipe en playoffs pour y connaître les joies des demi-finales de conférence et plus si affinité, après deux campagnes de playoffs stoppées dès la première étape. Star universitaire couronnée à deux reprises, on sait que la bascule entre NCAA et NBA n’est pas toujours évidente et qu'un très grand joueur en université ne devient pas obligatoirement un All-Star, (n’est-ce pas Trey Burke ?) Shabazz Napier a su attendre, bosser dans son coin et saisir l’opportunité quand elle se présentait à lui. Fermement attaché à son rôle de 2ème meneur, il compte bien continuer de bosser et progresser pour pourquoi pas prétendre à une place de titulaire dans les années à venir, à Portland ou ailleurs.