Et si on foutait la paix à Kyrie Irving ?

Et si on foutait la paix à Kyrie Irving ?

Kyrie Irving - Brooklyn Nets

Suite à la visio-conférence de joueurs NBA qui s’est déroulée hier, la polémique gonfle autour de Kyrie Irving et du rôle qu’il y a tenu. Mais cette fois, le meneur des Nets mérite-t-il un tel acharnement ?

C’est sans doute le début d’un raz-de-marée médiatique qui s’est déclenché la nuit dernière Outre-Atlantique. Comme on vous l’annonçait hier, une visio-conférence de joueurs NBA s’est déroulée pour discuter de la reprise NBA, et des conséquences qu’un retour au jeu aurait dans le climat social très tendu actuellement aux États-Unis. 150 à 2000 joueurs étaient initialement attendus au rendez-vous, mais c’est apparemment 80 joueurs qui se sont réunis pour débattre. De nombreuses stars étaient présentes telles que Russell Westbrook, Chris Paul ou encore Carmelo Anthony.  Des joueuses de la WNBA étaient également présentes.

 

Dans cette réunion à distance, un joueur est présenté comme le leader des débats en la personne de Kyrie Irving des Brooklyn Nets. Le meneur All-Star s’est clairement positionné contre un retour de la NBA. Selon lui, le combat contre le racisme qui se déroule aux États-Unis est primordial et doit être soutenu par la NBA, à majorité afro-américaine. Selon lui, jouer n’aurait pas de sens et placerait sous silence la cause raciale défendue par les manifestants au profit de quelques matchs de basket. Néanmoins, tout le monde aurait eu son mot à dire et les opinions se seraient échangés dans la plus grande écoute commune. Un mot d’ordre est sorti de cette réunion : Quoi qu’il arrive, les joueurs NBA agiront ensemble dans l’intérêt et le bien de tous.

 

 

C’est là que le rôle des médias entre en scène, dramatiquement. Comme c’est leur rôle, les journalistes du pays entier ainsi que ceux d’ESPN se sont emparés de l’information pour la diffuser dans leurs médias respectifs. Cependant, ces derniers ont choisi une ligne éditoriale pour le moins culotée. Le titre choisi par Adrian Wojnarowski parle pour lui, Kyrie Irving est introduit comme ‘’le perturbateur’’, rien que ça. C’est une prise de position dangereuse qui pose question sur la neutralité journalistique dont doit répondre ESPN comme n’importe quel autre média. Ici, le journaliste accuse sans ambiguité Irving d’être un fauteur de trouble contre le retour du Basket. Il est présenté comme le grand méchant de l’histoire, sans même que son opinion et la parole qu’il défend soit entendue.

 

C’est l’occasion de rappeler que ESPN est un média détenu par le groupe Disney. On ne peut se permettre de spéculer sur le rôle qu’a eu Disney sur la prise de position du média, mais l’indépendance de son opinion peut être remise en cause. Nous ne sommes pas dupes. On ne demande pas à ESPN de se positionner contre un retour de la NBA et donc la perte d’un profit considérable pour sa propre entreprise, mais simplement de rester neutre dans un sujet aussi lourd que celui du combat identitaire que mènent des millions d’américains à travers le pays. Enoncer les faits, sans se positionner, ne causerait aucun tort au géant du divertissement qui les emploie. C’est bien beau de faire de grands communiqués pour défendre la cause raciale mais appuyer ses propos par des actes serait un geste bien plus significatif.

 

 

Dans ce débat, la prise de position de Kyrie Irving est légitime. Par le passé, la superstar a souvent défrayé la chronique par des opinions étranges sur diverses questions et méritait les critiques mais aujourd’hui, il ne fait qu’unir des acteurs pour discuter d’une cause juste. Il n’est pas non plus le tyran décrit par ESPN. En effet il a déclaré qu’il n’était pas favorable à reprendre la compétition, mais il ne fait pas du tout campagne contre la NBA. Au contraire, différentes sources comme Chris Haynes de chez Yahoo Sports déclarent que Kyrie Irving suivra la décision du groupe et ce, même si le choix de jouer est effectué. Il donne simplement son avis et invite à la réflexion. Il y a en effet un problème de racisme institutionnel aux États-Unis et quoi qu’on en pense, les basketteurs (acteurs majeurs de l’économie américaine) ont le droit à la parole dans cette prise de conscience planétaire.