L'Australie : Nouvel eldorado du basket mondial ? Les futurs rookies s'y invitent (Episode 3)

L'Australie : Nouvel eldorado du basket mondial ? Les futurs rookies s'y invitent (Episode 3)

Australie Basket - NBL - Boomers - Ben Simmons - LaMelo Ball - RJ Hampton

Cet été, une nouvelle tendance est arrivée dans la planète Basket. Dans une ère où les talents se décentralisent des Etats-Unis de façon croissante, l’Europe se voit désormais concurrencée par un autre pays anglophone aux allures de continent, l’Australie. Trosième et dernier épisode de ce petit dossier de l’été.

Si vous avez manqué les deux premiers épisodes de ce dossier consacré au basket Australien, il n'est pas trop tard pour les découvrir avec le premier épisode ici, ainsi que le second ici !

 

En ayant accumulé les anciens joueurs NBA plus au niveau, l’Australie pourrait finalement avoir des allures de CBA (Chine) améliorée. Mais il n’en est rien. Une idée fut fondamentale pour éviter de suivre ce chemin peu glorieux et compétitif, un programme pour être plus précis. Depuis quelques années, la NBL a lancé un concept appelé le ‘’NBL Next Stars Program’’. Derrière ce nom quelconque, une réelle volonté d’alimenter la ligue avec les meilleurs jeunes du monde entier. Par monde entier, on entend bien évidemment les Etats-Unis, d’où sortent les meilleurs lycéens américains.

 

Avec cette idée en plein développement, le championnat australien espère apporter un nouveau souffle à la NBL pour éviter de tomber dans la case des pays ‘’maisons de retraite’’ pour anciens joueurs NBA n’ayant plus le niveau adéquat. Ainsi, l’objectif sur le long terme est de faire en sorte que l’Australie devienne une vraie alternative à la NCAA. Pour cela, le chemin sera long tant la NCAA est un championnat qui passionne les foules et les joueurs dans une ambiance et un sentiment d’affiliation universitaire unique. Mais cela ne freine pas les ambitions australiennes, comme le CEO des Sydney Kings, Chris Pongrass, l’explique.

 

Le Next Stars Program est une grande idée que la ligue a implantée pour offrir aux équipes la possibilité d’avoir les meilleurs jeunes joueurs ici afin de montrer ce qu’ils valent. Si nous pouvons devenir un accélérateur vers la NBA pour ces joueurs, nous signons tout de suite !

 

Derrière ce discours et ce programme qui peut sembler douteux aux premiers abords se cachent deux signatures qui ont fait sensation aux USA tant elles intriguent par la surprise qu’elles ont déclenchés. En Mai et Juin, deux des rookies américains les plus attendus de la Draft 2020 sont allés à contrecourant de toutes les attentes en prenant la direction du championnat australien. Il s’agit de R.J Hampton... Et Lamelo Ball !

 

Pour le premier, c’est une décision surprenante, tant les meilleures universités et les meilleures équipes de NCAA remuaient des océans pour le signer en coulisses. Annoncé à la 6ème place de la dernière Mock Draft 2020 de ESPN, le meneur dominait largement au lycée avec des moyennes impressionnantes de 30 points, 8 rebonds et 6 passes par match. Loin d’être attiré par la NCAA qui ne l’aurait opposé qu’à des gamins de son âge, R.J Hampton a choisi de partir loin de son pays natal pour s’engager avec les New Zealand Breakers d’Auckland avant de se présenter à la Draft 2020. Il a expliqué qu’il ressentait un besoin de se concentrer uniquement sur le basket, et cela passait par une professionnalisation selon lui. Ce genre de discours est pourtant assez stéréotypé tant les meilleurs sportifs ne sont jamais embêtés pour leurs mauvais résultats scolaires à l’université…

 

Pour LaMelo Ball et sa famille tant médiatisée, le discours est sensiblement le même. On parle aussi de professionnalisation et d’une envie de trouver une ligue compétitive avec les meilleurs coachs pour entraîner un jeune basketteur. Pour rappel, ce n’est pas la première expérience de LaMelo Ball à l’étranger. La saison dernière, il avait accompagné son frère LiAngelo Ball en première division de Lituanie dans le club de Prienai. LaMelo était devenu le plus jeune américain professionnel de l’histoire (16 ans), mais on retiendra surtout une expérience désastreuse et un échec cuisant derrière des statistiques catastrophiques (6 points à 26% au shoot et 2 passes par match). Désormais, le jeune combo guard de près de 2 mètres va apporter ses ‘’talents’’ dans un nouveau pays aux Illawara Hawks, pour le meilleur et pour le pire. Selon le clan Ball, la décision de LaMelo de rejoindre le championnat Australien avait été prise avant la signature de R.J Hampton, et on veut bien les croire.

 

Les enjeux ne sont pas les mêmes, LaMelo Ball n’est annoncé qu’à la 24ème place de la prochaine Draft selon ESPN. Dans ces eaux-là, les incertitudes sur ces talents sont élevées et Ball aurait pu très vite dégringoler dans une saison NCAA moyenne. En Australie, l’arrivée de Hampton est une aubaine pour lui. Si son compatriote brille, et que lui réalise des performances correctes de son côté, les recruteurs auront une valeur comparative sérieuse qui devrait lui permettre de se maintenir au premier tour de la prochaine Draft. Contrairement à Hampton, il faut aussi préciser que Ball n’était pas du tout courtisé par les meilleurs programmes de NCAA. Son caractère réputé ingérable et la médiatisation abusive de sa famille (plus particulièrement celle de son père) rendait son profil indésirable pour de très nombreuses universités qui ne souhaitent jamais faire la une des journaux pour les mauvaises raisons.

 

Alors ces deux signatures stars en entraînent d’autre, c’est l’effet domino. Depuis, on a appris que Terry Armstrong (annoncé à la 40ème place de la Mock Draft 2020 de ESPN) allait lui aussi rejoindre la NBL chez les Phoenix de South East Melbourne. Cet arrière (un de plus) va lui aussi tenter de convaincre la NBA qu’il vaut mieux que ce que les médias américains lui prédisent actuellement. Lui aussi a connu un destin particulier. Né à Scottsdale en Arizona, il était presque acté que Armstrong allait rejoindre la fac du même état dans un choix logique avec une équipe réputée. Sauf que depuis, Armstrong a été confronté à une dure réalité. Ses notes au lycée n’étaient pas suffisantes pour intégrer l’université. Du moins pas de façon traditionnelle puisqu’il devait suivre des cours de rattrapages obligatoires cet été avant que l’admission soit officielle. Une formalité sur le papier. Sauf que c’est à ce moment que Armstrong a reçu une offre venue d’Australie. Il a choisi la solution de facilité.

 

Enfin, la dernière arrivée officialisée en Australie est celle de Marcos Louzada-Silva. Si ce nom ne vous est pas étranger, c’est normal puisqu’il vient d’être drafté à la 35ème position de la Draft 2019 par les Pelicans de la Nouvelle-Orléans. 15 jours après la Draft, on a pourtant appris de façon assez surprenante ici aussi sa signature pour les Sydney Kings où il rejoindra Andrew Bogut. L’explication est pourtant assez simple, les Pelicans ne veulent pas griller les étapes avec le jeune brésilien. De cette façon, ils souhaitent éviter un destin similaire à celui qu’a connu Bruno Caboclo (brésilien lui aussi) depuis 2014. Pas prêt pour la NBA, Caboclo vient d’essuyer 5 années de galères. Pour éviter cela, Louzada-Silva intègre donc les Kings de Sydney via le Next Stars Program. Pour l’Australie, c’est encore une fois une manière de s’inspirer du travail qui est fait en Europe où les meilleurs Européens draftés en NBA restent souvent quelques années de plus sur le vieux continent pour travailler leur jeu à l’image de Bogdan Bogdanovic (Sacramento Kings) récemment. S’il revient dans un an pour s’imposer dans la rotation des Pelicans, ce sera une réussite.

 

Malheureusement, tout n’est pas si rose dans notre monde et si les arguments que l’on vous a rapporté plus haut sont valables, ils ne sont que la face émergée de l’iceberg. Pour R.J Hampton, LaMelo Ball et Terry Armstrong, une envie prédomine, c’est l’argent. En NCAA, aucun joueur n’est salarié (malgré quelques affaires judiciaires et des fraudes connues). Alors pour ces jeunes américains souvent sûrs de leur talent, ce n’est qu’une année inutile. Or en Australie, ces jeunes affamés d’argent vont trouver leur bonheur avec un salaire certes minime comparé à ce qu’ils obtiendront en NBA, mais une belle petite somme tout de même. C’est tout particulièrement le cas pour LaMelo Ball, et son père qui a déjà usé de toutes les techniques pour se faire quelques gros sous sur le dos de ses 3 fils avec une réussite très faible.

 

C'est la fin de notre triptyque Australien ! Merci de l'avoir suivi, l'info continue sur Inside Basket.