Tony Allen, le Grindfather

Tony Allen est sans doute l'un des meilleurs défenseurs de la NBA, si ce n'est le meilleur. Il le prouve face au Thunder actuellement. L'occasion pour nous de retracer son parcours.

Tony Allen fait beaucoup parler de lui dans ce premier tour des playoffs. En effet, l'arrière de Memphis est l'un des grands partisans de la bonne série des Grizzlies contre le Thunder. Très bon défenseur, il fait douter Kevin Durant. Inside Basket vous propose aujourd'hui de revenir sur le parcours d'Allen, celui qu'on surnomme Gucci ou le Grindfather pour sa mentalité et ses capacités défensives incroyables.

Le joueur de 32 ans est originaire de Chicago où il pose ses sneakers sur les premiers terrains de basket. Au lycée, il joue à Crane Tech, à l'Ouest de Chicago. Dans ce quartier, la violence n'est jamais très loin et elle a souvent frappé le lycée de l'intérieur. Mais elle est aussi connue pour son équipe de basket. Durant ses années de lycéen, Allen va jouer pour l'équipe de basket du lycée aux côtés d'un certain Will Bynum (aujourd'hui à Detroit). 

 

A l'université, il rejoint d'abord pour un an Butler Community (Kansas) où il réalise une belle saison avec 16,5 points, 6,1 rebonds, 3,3 passes et 2,8 interceptions. La saison suivante il revient dans l'Illinois au Wabash Valley College et joue dans le championnat de la National Junior College Association. Une année puis il s'en va à nouveau pour rejoindre Oklahoma State University pour les deux ans qu'il lui reste. Son départ va lui permettre une meilleure visibilité nationale et beaucoup d'observateurs reconnaissent que c'est un très bon transfert pour Allen et pour Oklahoma State.

 

 

Sa première saison est bonne (14,4 points, 5,4 rebonds) mais son année senior va réellement le mettre en valeur : avec plus de 16 points, 5,5 rebonds et 3,1 passes, il emmène les Cowboys jusqu'au Final Four.  Il est nommé dans le Big 12 de l'année. Côté études, il reçoit son diplôme d'éducation. Après 4 ans passés en université, il est temps pour Allen de faire le grand saut.

 

Nous sommes en 2004. Allen est choisi en 25ème position par Detroit qui l'envoie directement à Boston. Cette année-là, les Celtics tentent de construire un roster intéressant. Exit Antoine Walker, Mike James, Boston reçoit Allen de Detroit, Delonte West de Dallas et drafte Al Jefferson. L'arrivée d'Allen se fait plutôt discrète et les observateurs dressent un portrait peu flatteur du joueur : il pourrait avoir du potentiel, mais il perd trop de ballons et son shoot est relativement mauvais. 

Sa saison rookie est plutôt discrète avec 6,4 points et 2,9 rebonds. Pourtant, il se fait déjà repérer pour sa capacité à défendre et à intercepter le ballon. Il est 3ème de la ligue dans les steals. Il est de ce fait sélectionné pour le match des rookies durant le All-Star Game. Mais l'été suivant sa saison rookie ne va pas être de tout repos. Il va être blessé au genou (ce qui lui fera manquer la première partie de sa saison sophomore) et il se retrouve impliqué dans une sombre histoire à Chicago. Il est accusé d'être dans une histoire à la sortie d'un restaurant où un homme de 29 ans s'est fait tirer dessus. Même s'il n'est pas identifié comme le tireur, il passera quelques jours en prison (il faudra attendre 2007 pour qu'il soit reconnu non coupable). Il ne jouera que 51 matchs pour sa seconde saison avec des statistiques quasi-identiques à sa saison rookie.

 

 

Alors qu'il entame sa 3ème année avec une palette offensive plus fiable (11,5 points, 3,8 rebonds), il se blesse grièvement au genou en janvier 2007. Il doit se faire opérer et sa saison est terminée. 9 mois plus tard, il est de retour et l'équipe de Boston a beaucoup changé puisque Ray Allen et Kevin Garnett arrivent avec un seul objectif gagner le titre. Si les statistiques de Tony n'évoluent pas, il prend son rôle de défenseur très au sérieux et il sera déjà un artisan important du titre 2008.

La saison régulière puis les playoffs et le titre de 2008 ont mis en lumière le talent d'Allen. Il est intéressant aussi de noter que le regard des observateurs change. Après l'avoir considéré comme plutôt inutile offensivement, il est défini comme un role player, un solide back-up et surtout un joueur capable d'imposer une défense rarement égalée dans la ligue. Vous en connaissez beaucoup des joueurs comme ça ? Offensivement, on reconnaît ses qualités athlétiques, sa vitesse, sa force. Excellent rebondeur des deux côtés du terrain, sa mentalité de rageux est appréciée. Long, tenace, rapide sur ses appuis latéraux, il est dès lors considéré comme l'un des meilleurs défenseurs de la ligue. Fort de ses qualités défensives, Boston choisit de lui offrir un nouveau contrat de 2 ans et 5 millions de dollars. Mais ces deux saisons vont avoir un goût amer. Son temps de jeu ne va pas évoluer et il va rester dans l'ombre du Big Three des Celtics.

 

 

En 2010, il choisit donc d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs et signe à Memphis (3 ans de contrat et 9,7 millions). Dans cette équipe, il va rapidement apporter par ses qualités défensives et son caractère. Il ne lâche rien, c'est un vrai chien de garde, il devient le Grindfather. Quelqu'un va déjà en faire les frais : Kevin Durant. En plus de défendre durement sur la star du Thunder, il va scorer 27 points. Pas mal pour un joueur que l'on disait pauvre offensivement 

 

 

En 2011, il est nommé dans la meilleure seconde équipe défensive. La saison suivante (2012), il continue d'apporter par son talent défensif et en réalisant toujours quelques bonnes performances offensives si besoin. Il est enfin reconnu à sa juste valeur puisqu'il est nommé dans la première équipe défensive de l'année. A l'heure actuelle, il n'a toujours pas reçu le titre de meilleur défenseur de l'année. Ce ne sera pas pour cette année non plus puisque c'est Joakim Noah qui l'a obtenu. Allen est-il snobé ? On peut se poser des questions. Il reste malgré tout un joueur de l'ombre. Sans doute faudrait-il donner deux trophées, l'un pour les intérieurs, l'autre pour les arrières. A coup sûr, Allen serait gagnant.

 

Allen ne sera peut-être jamais le meilleur défenseur de l'année en NBA (officiellement). En tout cas, il a la confiance de Memphis qui lui a proposé l'été dernier un nouveau contrat. A 32 ans, Allen a aussi prouvé que le talent offensif ne faisait pas tout. Beaucoup d'équipes aimeraient avoir un joueur comme lui capable d'effacer et de faire douter Kevin Durant. Il restera l'un des joueurs les plus sous-évalués de la ligue. En retraçant son parcours, c'est notre façon de remercier le Grindfather !