Preview : il est temps de s'emparer du trône

A partir du 19 avril, certaines franchises seront en mission. Les playoffs démarreront et ce sera le début de saison pour de nombreuses équipes. Car si les Bobcats et les Mavs sont heureux de retrouver les phases finales, d’autres franchises attendent ce jour depuis un an avec une seule idée en tête : le titre de champion. En effet, malgré 16 équipes participant aux playoffs et donc potentiellement 16 vainqueurs différents, toutes n’ont pas le même statut. Et nous ne parlons pas de favoris. Mais de concurrents et de prétendants. Le premier décrit une franchise dont l’objectif sera d’aller le plus loin possible dans la compétition, tandis que l’autre représente celles dont un autre résultat que la victoire finale serait synonyme d’échec. Profitant des duels du premier tour des playoffs, la rédaction d’ISB débat de ces statuts et délivre son verdict. Alors, Oklahoma City… Concurrent ou prétendant ?

Bilan : 59-23 Classement :

2e à l’Ouest

Joueurs clés : Kevin Durant, Russell Westbrook, Serge Ibaka, Reggie Jackson

Chiffres clés : 106,2 points inscrits par match (5e meilleure attaque), 6,1 contres par match (2e de la NBA).

Robin Foucault : depuis 2010 et la première apparition d’Oklahoma City en playoffs, suite au déménagement d’une franchise anciennement implantée à Seattle, le Thunder n’a cessé d’évoluer, de grandir et de progresser. D’un point de vue individuel, les trois hommes forts de l’équipe - Kevin Durant, Russell Westbrook et Serge Ibaka - semblent être dans leur momentum. Le premier réalise une saison digne d’un grand MVP, le second est porté par un état d’esprit aussi bien irréprochable que revanchard, et le troisième a franchi un palier significatif en attaque. Collectivement parlant, l’effectif n’a connu que le transfert de James Harden vers Houston à l’intersaison 2012 comme mouvement d‘envergure.

Demain soir, l’ouverture des hostilités à la Cheasapeake Arena face à Memphis sonnera comme la cinquième campagne consécutive du Thunder en postseason. OKC dispose donc d’un vécu collectif important auquel nous pouvons ajouter un effectif considérable, aussi bien d’un point de vue qualitatif que quantitatif. En effet, le cinq de départ est complémentaire : Kendrick Perkins et Thabo Sefolosha imposent un rythme défensif élevé, Durant et Westbrook alimentent le scoring et Air Congo sert de point d’ancrage offensif comme de tour de contrôle défensive. Mais Scott Brooks peut également compter sur un banc de touche bien fourni : des éléments comme Reggie Jackson, Steven Adams ou encore Jeremy Lamb sont susceptibles de conserver un tempo intense tandis que d’autres joueurs comme Derek Fisher ou Caron Butler connaissent par cœur le chemin menant au trophée Larry O’Brien. Tous ces ingrédients font d’Oklahoma City un adversaire redouté de tous.

Néanmoins, le coaching de Scott Brooks lors des fins de matches serrées peut laisser dubitatif. Cette saison, OKC a perdu plusieurs rencontres qui semblaient pourtant largement à sa portée, la faute à des séquences bien trop prévisibles lors du money time. Aussi grandiose soit-il, un joueur de la trempe de Kevin Durant ne pourra pas systématiquement faire gagner son équipe à lui seul lorsque d’âpres confrontations se dresseront sur la route du Thunder. Il en est de même pour Westbrook, que l’on a vu trop souvent s’acharner sans succès, en prenant des tirs décisifs compliqués alors qu’il n’était pas spécialement dans un grand soir.

Au cours des éditions 2010, 2011 et 2012 des playoffs, Oklahoma City a toujours échoué face aux futurs vainqueurs de la compétition. D’abord au premier tour face aux Lakers de Kobe Bryant (2-4), puis en finale de conférence contre les Mavericks de Dirk Nowitzki (1-4), et enfin face au Heat de LeBron James (1-4) lors des finales NBA en 2012. La saison dernière devait donc sonner comme l’année du succès pour le Thunder. Que nenni, les dieux du basket en ont décidé autrement, envoyant Westbrook sur la table d’opération et l’obligeant ainsi à abandonner prématurément ses partenaires après une saison régulière de haute volée terminée en première position de la conférence ouest. C’était un soir de premier round face aux Rockets du robuste Patrick Beverley. Demain, ce sont les Grizzlies du stratège Mike Conley qui se dresseront face à la bande à Russell. Mais si OKC avait déjà laissé passer son heure ?

Manu P : si le Thunder doit gagner un titre, c’est bien cette année. Commençons par Kevin Durant : il réalise une meilleure saison que le meilleur joueur de la planète, et pour cela il a sorti des statistiques que personne n’avait atteint dans l’Histoire de la NBA : 32 points de moyenne, 50 % aux tirs, 39 % à trois points, 87 % aux lancers-francs. Ajoutez 7,4 rebonds et 5,5 passes décisives, et vous obtenez la fusion de Larry Bird et de Michael Jordan, un monstre offensif adroit d’absolument partout !

Pendant deux mois, KD et ses acolytes ont su compenser l’absence d’un Russell Westbrook qui, le reste de l’année, a tourné à 21,8 points, 5,7 rebonds et 6,9 passes décisives en seulement 30 minutes de jeu ! Serge Ibaka a encore fait un pas en avant, il s’est montré omniprésent en attaque, et reste un des tous meilleurs défenseurs du championnat (premier aux contres encore cette saison). Reggie Jackson s’est révélé au poste de meneur, doublant son temps de jeu et ses stats. Déjà bien expérimenté, ce groupe s’est adjugé les services de Caron Butler. C’est d’ailleurs la grande force d’Oklahoma City : avoir un effectif jeune et pourtant déjà vétéran, ils ont la sagesse et les jambes. Un avantage sans équivalent qui fait qu’ils peuvent battre tout le monde (ils sont d’ailleurs la seule équipe à l’avoir fait cette saison).

Eliminé prématurément l’année dernière en grande partie à cause de l’absence de Westbrook, la franchise du Midwest a la rage. Marre d'être deuxième derrière LeBron James, marre d'être le meneur jugé parce qu'il shoote trop, marre que tout le monde applaudisse San Antonio, marre qu'on ressasse toujours le départ de James Harden. OKC a appris à perdre, il est temps de s'emparer du trône.

Robin Foucault : personne n’est mieux placé que le principal intéressé pour répondre à cette question. Mais certains éléments peuvent nous permettre de nous faire notre propre idée. Dans la catégorie des « pour », notons que Russell Westbrook joue toujours avec le même impact et la même agressivité depuis son retour à la fin du mois de février. D’un point de vue statistique, l’explosif meneur du Thunder a conservé ses standards tout en voyant son temps de jeu légèrement diminuer. Car mieux vaut prévenir que guérir, ce qui explique aussi pourquoi Westbrook n’a jamais pris part à deux matches consécutifs. Lors d’un back-to-back, Scott Brooks a toujours laissé son joueur au repos sur l’une des deux rencontres afin de le préserver au maximum dans le cadre des playoffs.

Mais les faits sont là, et en l’espace d’un an, le ménisque de Westbrook a énormément souffert. Depuis son retour sur les parquets, il s’est déjà fait quelques frayeurs lors de petits chocs avec Kyle Lowry et Patrick Beverley, encore lui. L’intensité des phases finales n’a rien à voir avec celle de la saison régulière, et certains observateurs demeurent sceptiques quant à sa capacité à tenir sur plusieurs séries accrochées. Eliminer Memphis sera une chose, puis se défaire des Clippers ou des Warriors une autre. Mais arriver en finale de conférence et affronter San Antonio ou Houston sera une toute autre paire de manches, et le Thunder aura besoin d’un effectif dans la plénitude de ses moyens physiques pour espérer atteindre les finales NBA. Car Westbrook n’est pas le seul à être revenu de blessure cette année, et Sefolosha (mollet) comme Perkins (aine) devront eux aussi surveiller leur organisme.

Manu P : Russ n'a disputé que 46 matchs cette saison, le temps de voir son équipe clairement rééquilibrée autour de KD. Son retour fin février a pendant quelques matchs déréglé le système mis en place par Scott Brooks mais il est resté lui-même, toujours aussi rapide et explosif. Avec un temps de jeu légèrement réduit pour éviter une nouvelle blessure, il signe des statistiques équivalentes à celles de 2013. Pas de raison de s'inquiéter donc.

Oui mais voilà Westbrook en est à sa deuxième grosse blessure en moins d'un an. On ne peut pas lui reprocher sa volonté mais son style de jeu sous-entend des risques. Il va forcément vouloir plus en faire pendant la postseason. Fin mars, il avait du passer une IRM pour vérifier qu'il n'avait pas endommagé son genou après un choc avec Kyle Lowry. Il ne faut pas oublier qu'il a déjà subi trois opérations à ce ménisque. Il n'est pas à l'abri d'un mauvais contact dans la défense des Clippers par exemple.

Si Russell venait à se blesser à nouveau, le Thunder a déjà prouvé qu'il pourrait s'adapter mais il lui manquerait clairement une seconde arme d'attaque. Si Durant est inaccessible, qui prend le dernier shoot  ? OKC a tout intérêt à gagner facilement ses premiers matchs de playoffs pour préserver la santé de Westbrook s'il veut espérer aller jusqu'au bout.

 

Preview rédigé par Manu et Robin