Jaylen Brown : La deuxième vague d'une progression insoupçonnée

Déjà confirmé comme un joueur majeur des Celtics l’an passé, Jaylen Brown semble avoir explosé une fois de plus cette saison. En l’absence de certains cadres à Boston, il en a profité pour prouver qu’il était peut-être le joueur le plus Valuable de cet effectif, atteignant une folle efficacité offensive.

Rien n’était gagné d’avance pour Jaylen Brown. Drafté en 2016 à la troisième place d’une cuvée assez pauvre, les attentes placées en lui étaient haute dans une équipe de Boston qui a toujours été ambitieuse en sa présence. Grâce aux choix de Draft de Brooklyn, les Celtics ont pu avec lui et Jayson Tatum s’offrir deux All-Stars confirmés aujourd’hui tout en adaptant leur effectif. Un temps menés par Isaiah Thomas, puis Kyrie Irving, la transition s’est effectuée en douceur pour permettre aux JayJay’s d’être le monstre à deux têtes aux commandes d’une équipe toujours aussi compétitive.

 

Pour cela, les Celtics n’ont pas hésité à miser très gros sur Jaylen Brown. Après une bonne saison 2018/2019 conclue à 13 points (46%), 4 rebonds et 1 passe de moyenne, Brown commençait à stagner dans cet effectif avec un statut indécis du fait de la présence de Gordon Hayward sur le même poste. Pourtant à l’aube de la saison 2019/2020, Danny Ainge a surpris tout le monde en offrant au jeune ailier un contrat de 115 millions sur 4 ans. Inhabituel de la part d’un GM méticuleux dans sa gestion du salary cap, qui n’avait pas hésité à remercier Isaiah Thomas auparavant pour éviter de payer cher un joueur aussi génial offensivement que fantomatique défensivement.

 

Le message envoyé était clair : Jaylen Brown est une partie intégrante de notre futur, et nous comptons sur lui pour devenir une star supplémentaire capable d’emmener les Celtics vers un titre NBA. Briser le plafond de vert finalement, avec un joueur qui n’avait pas confirmé tous les espoirs. Mais la pression n’a pas touché une seule seconde cet athlète travailleur. Conscient de son nouveau statut, il a atteint les 20 points par match pour la première fois de sa carrière, en montrant des qualités que très peu imaginaient en lui. Pour la première fois, Jaylen Brown a prouvé qu’il n’était pas seulement un two-way player polyvalent capable de coups de chaud, mais une vraie star offensive aussi dangereuse que Kemba Walker et Jayson Tatum dans un collectif solide. Des progrès possibles grâce à son tir avant tout, atteingant de bons pourcentages avec un plus grand volume d’utilisation. En 5 saisons, Jaylen Brown a connu à ses côtés trois meneurs All-Stars différents et une rude concurrence, ce qui n’a jamais empêché sa progression. C’est bien là la preuve qu’il est un joueur imperturbable mentalement.

 

Cette saison, la deuxième vague du virus Jaylen Brown frappe de plein fouet les défenses NBA. Après sa belle progression de la saison passée, il a au bout de 20 matchs prouvé qu’il était capable de passer un cap supplémentaire, s’élevant de star offensive à Franchise Player en puissance. Cette saison, Jaylen Brown a atteint une moyenne de 26 points, 5 rebonds et 3 passes par match. A l’exception du secteur des rebonds, il est en train d’exploser tous ses records en carrière statistiques. En seulement deux saisons, Jaylen Brown est passé d’un joueur prenant 10 tirs par match avec des pourcentages moyens (46% dont 34% à trois points) à un joueur qui en prend le double aujourd’hui ! Et ces 20 tirs par match ne sont pas vains, puisqu’il tire cette saison à 51% dont 42% à trois points ! Il pourrait aisément entrer dans le club des 50/40/90 s’il était moins maladroit sur la ligne des lancers-francs, dernier chantier de son jeu offensif bien que déjà en progrès (76%).

 

Concrètement, comment Jaylen Brown a-t-il réussi à atteindre une telle excellence offensive ? Une excellence qui laisse les Celtics lui offrir 30% de leur taux d’usage en attaque, soit le même pourcentage que les anciens MVP Stephen Curry et Kevin Durant ! C’est d’abord grâce à ses progrès spectaculaires au tir bien sûr, énoncés plus haut. Dans ce secteur, il a compris que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, s’inspirant notamment du duo d’All-Star des Phoenix Suns. Comme Devin Booker et Chris Paul, c’est à mi-distance que Jaylen Brown atteint les sommets dans un style très old-school. Ce même style qui pousse Chris Vernon chez The Ringer à le comparer… à Kobe Bryant ! Une comparaison osée mais étonnamment correcte !

 

Comme The Black Mamba avant lui, Jaylen Brown base une partie de sa réussite à mi-distance sur de la création pour lui-même en sortie de dribble, et des fade-aways. Cette saison, Jaylen Brown tire à 53% sur les tirs à mi-distance (42/79), une statistique encore plus élevée la semaine passée avant 7 jours plus maladroits. Comme toute superstar offensive qui se respecte, Jaylen Brown sait désormais créer pour lui-même sans que cela inspire un taux de déchet trop important. Certes, il perd un peu plus de ballons que l’an passé, mais cela est parfaitement compensé par son application dans ses passes décisives et sa réussite au tir. Un choix gagnant donc. Cette montée en puissance, Jaylen Brown l’a vécue à travers quelques performances majuscules cette saison. On pense à ses deux matchs à 42 points contre Memphis (15/21 !) et Philadelphie, ainsi qu’à 33 points en 19 minutes contre Cleveland par exemple. Lors des absences répétées de Jayson Tatum et surtout Kemba Walker, les Celtics ont pu rester compétitifs grâce à celui qui est devenu un leader naturel de plus dans leur effectif.

 

Ce qui fait de Jaylen Brown une superstar différente des autres, c’est aussi sa dimension défensive. Avant d’être un joueur tournant à 26 points par match, il a d’abord dû passer par les tâches les plus ingrates lors de ses premières années dans le Massachussets. En sortie de banc, il était avant tout un athlète envoyé au charbon sur le meilleur ailier attaquant adverse. Une mission qu’on lui attribuait de par ses qualités physiques naturelles, et il a toujours répondu présent. Depuis rien n’a changé, Jaylen Brown est toujours un défenseur extrêmement solide, ce qui fait de lui une match-up invivable pour le coach adverse. Il s’invite aisément dans la conversation des meilleurs two-way players de la ligue en compagnie de Anthony Davis, Kawhi Leonard ou encore Jimmy Butler. Au-delà de sa personne, ce sont les Celtics qui profitent de son talent, ce qui fait de l’équipe une vraie menace en playoffs là où un autre favori comme les Nets n’a pour l’instant rien montré en défense.

 

 

Depuis quelques jours, Jaylen Brown a vu ses pourcentages insensés faiblir un petit peu et il sera intéressant de voir quel rythme de croisière va adopter l’ailier offensivement, en espérant pour Boston que Jayson Tatum et Kemba Walker manquent le moins de matchs possibles désormais. Seul leader offensif sur le parquet à de nombreuses occasions en début de saison, il va devoir réapprendre à gérer la présence de ces deux All-Stars à ses côtés (problème de riche, oui). En attendant, Jaylen Brown a confirmé lors des derniers mois qu’il était un leader sur le parquet comme en dehors. Très engagé dans le mouvement Black Lives Matter, il est le meilleur exemple qu’un athlète comme lui peut se servir de sa plateforme médiatique pour inspirer ses fans sportivement et intellectuellement. Un exemple à suivre qui pourrait bien chasser les récompenses individuelles cette saison. Le 7 Mars prochain du côté d’Atlanta, il devrait enfin obtenir sa première étoile de All-Star, là où Tatum et Walker lui avaient grillé la priorité la saison passée. Sa progression de 20 à 26 points par match fait aussi de lui un premier favori au trophée de Most Improved Player. Désormais au complet, les Celtics pourraient même le replacer dans la conversation au MVP s’ils leur bilan se rapproche de l’élite NBA…