Kobe et les Lakers mis au pilori : une mauvaise habitude
LUN 15 DEC

Kobe et les Lakers mis au pilori : une mauvaise habitude

Mathias Gau 28/10/2013 à 23h20

 

 

Kobe Bryant est un joueur à part, de par son talent, sa personnalité, son jeu, il ne laisse pas indifférent. Une nouvelle fois, il a été question de lui dans l´actualité à la suite d´un classement sorti par ESPN et d´un très bel article dans Sports Illustrated. Kobe provoque toujours le débat, et réussit à faire monter ses fans et ses détracteurs dans les tours ce qui nuit souvent à la pertinence des discussions. C´est pourquoi j´ai envie de revenir sur quelques moments de sa carrière lors desquels il a pu se faire attaquer puis défendre par les suiveurs du basket nord-américain. Aussi, outre Kobe, son équipe également est une franchise à part, dans une ville à part. Les Lakers sont depuis toujours ou presque l´équipe à abattre. Nous sommes donc en présence d´un joueur pas ordinaire dans une franchise qui ne l´est pas non plus. Soit vous les adorez, soit vous les haïssez.

 

  • 1225

Ces derniers jours, même blessé, Kobe Bryant a fait l´actualité. Rapidement voici les principaux éléments qui ont alimenté les débats. Il y a eu le pronostique du classement des Lakers à l´Ouest par ESPN : 12e et donc pas de Playoffs. Ensuite, il y a eu le classement des joueurs les plus influents de la saison à venir. Kobe est classé 25e par ESPN encore… Ces prédictions ont clairement plu au Mamba à en juger par la photo son compte Twitter. En plus de cela, les réactions qu´ont engendrées ces pronostiques ont relancé les discussions sur la place de Kobe dans l´histoire. Difficile à classer selon moi, encore une fois il est le joueur qui suscite le plus de discussions, surtout depuis que LeBron répond enfin aux attentes qui avaient été placées en lui au début de sa carrière. Beaucoup de sujets donc, et encore, je ne m´attarde pas sur l´éternelle comparaison Jordan-Kobe.

 

  • Difficile de se prononcer sur la saison à venir

A propos de la saison qui débute mardi, je ne sais pas trop à quoi m´attendre pour les Lakers. Selon moi; la saison va être difficile, et accéder aux Playoffs parait compliqué. Cependant, je ne suis pas certain que les joueurs soient à blâmer pour la  situation actuelle des pourpres et ors (coucou Jim Buss). Concernant Kobe, c´est également un véritable point d´interrogation. Peut-être sera-t-il mauvais ou du moins en dessous de ce qu´il a pu nous montrer durant sa carrière. Cependant, ce n´est pas une raison pour négliger tout ce que lui et les Lakers ont pu faire depuis 1996 et la draft du joueur de la Lower Merion High School.

Par conséquent, je vais revenir dans les sections suivantes sur les éléments ressortant le plus souvent lors des débats concernant Kobe Bryant et les Lakers.

 

  • Les Lakers de 1996 à 2004, la relation de Kobe avec Shaq

Beaucoup d´encres a coulé à propos de cette époque. Je ne souhaite pas en faire couler davantage (du moins pas beaucoup), mais je considère que le point de vue dominant concernant cette période nécessite des commentaires. Outre le threapeat, le sujet préféré des media et des suiveurs de la NBA en général fut la relation mouvementé – pour le moins – entre Shaquille O'Neal et Kobe. A l´époque Shaq était le joueur qui dominait la ligue de la tête et des épaules. Seulement c´était uniquement quand il le souhaitait. Ainsi, Kobe, qui est un affamé de victoires et de gloire, avait du mal à accepter ce leadership dilettante. La gloire revenait au Big Shaq car il était présent lors des fins de saisons, là où les titres de MVP (de la saison régulière et des Finals) sont décernés. Kobe de son côté jouait toujours à 100%, survolant même les Playoffs 2001 mais Phil Jackson ne jurait que par le pivot originaire du New-Jersey, son arme ultime. Difficile de lui donner tort. Kobe rongeait donc son frein, et un épisode, lors de la saison 2002-03 symbolise à mon sens sa frustration. Alors que les Lakers viennent de remporter leur troisième titre d´affilé, Shaq doit se faire opérer du gros orteil. L´hippopoShaq décrète que l´opération attendra le début de la saison car Monsieur ne souhaite pas être opéré durant son temps de vacances. Il reviendra donc en cours de saison, en surpoids évidemment. Les Lakers ne seront pas champion cette saison, ni la suivante (malgré les renforts de Malone et Payton). Les 2 alpha dogs ne peuvent clairement plus jouer ensemble, et O´Neal est transféré à Miami.

 

 

  • Scoring machine

Les premières années de Kobe aux Lakers sans le Shaq sont très compliquées. Alors qu´O´Neal remporte le titre en 2006, Kobe se retrouve dans une franchise moyenne. Les observateurs s´acharnent sur lui, reprochant sa boulimie de shoots. Sa moyenne de points par match lors de la saison 2005-06 en atteste d´ailleurs : 35,4. Le symbole de cette période est évidemment son match à 81 points. Il croque dur. Mais au fond, que pouvait-il faire d´autre à cette époque ? L´effectif  était pauvre, très pauvre. Les titulaires aux postes 1 et 5 étaient Smush Parker et Kwame Brown. Ça donne une idée du chantier. Les Lakers n´ont- ils d´ailleurs pas gagné ce match contre Toronto au cours duquel Kobe a inscrit ses 81 points en janvier 2006 ? La réponse est oui, et croyez-moi, sans un Kobe exceptionnel ce jour-là, jamais LA n´aurait remporté la victoire.

 

  • Le transfert qui change tout

Cette période désertique en terme de compétitivité collective, les Lakers y mettent fin en 2008 en acquérant lors d´un échange Pau Gasol. Les Lakers étaient déjà redevenus efficaces, poussant notamment les Suns de Mike D´Antoni dans leurs derniers retranchements la saison précédente. Cependant, l´addition de Pau Gasol à cet effectif changea tout. Andrew Bynum, qui explosait cette saison-là, se blessa, laissant le poste de pivot à Kwame Brown. Pas rassurant. Pau Gasol est donc arrivé dans l´effectif des Lakers comme la pièce manquante. Son intelligence de jeu lui permit de s´intégrer à la perfection dans le système complexe de Phil Jackson. Kobe, qui depuis quelques temps était déjà plus enclin à lâcher la gonfle, trouvait à merveille l´intérieur catalan. Les Lakers disputeront dans la foulée 3 finales NBA, en remportant 2.

D’aucun se sont insurgés, et continuent à s´insurger à propos de cet échange, le qualifiant de cadeau suicidaire de Memphis (l´équipe avec laquelle les Lakers ont réalisé le trade) pour les Lakers. Selon moi, ce n´est pas faire preuve de bonne foi ni de recul que de défendre cette position. En effet, pour analyser cet échange, il faut déjà comprendre la situation des Memphis Grizzlies à l´époque.  Elle était mauvaise, et ils avaient besoin de reconstruire sur le long terme, et donc pour ce faire, échanger son leader qui faisait preuve de défaillance au sein du système des Grizzlies était compréhensible. Aussi, ces derniers n´ont pas échangé Pau Gasol sans contrepartie. En plus de Kwame Brown (que l´on peut considérer comme presque rien face à Pau Gasol, je le concède), les Lakers ont envoyé les droits du frère de Pau, Marc Gasol dans le Tennessee… Aujourd´hui, Memphis est une franchise qui compte (finale de conférence à l´Ouest) dont le fer de lance n´est autre que… Marc Gasol ! Echange gagnant pour toutes les parties donc, et pas uniquement pour les Lakers. Les 2 titres des Lakers de 2009 et 2010 n´ont pas étés offert par les Grizzlies.

 

 

  • Titres de MVP des finales

Autres critiques envers Kobe uniquement cette fois, ses titres de MVP de Finals. Nombreux sont les observateurs, ou haters, blâmant la NBA et les votant pour avoir décerné les 2 titres de MVP à Kobe, et non à Pau Gasol, le 2e particulièrement. Il est vrai que Pau Gasol avait été énorme contre les Celtics, et que Kobe avait peiné durant le game 7. Oui mais, Kobe était le leader de cette équipe, celui qui donnait les impulsions, qui remotivait Pau Gasol lorsque l´ibère perdait en agressivité (ce qui lui arrivait souvent). Il ne faut pas négliger cet aspect. Le boss, le sheriff, c´était Kobe et lorsqu´il s´est enfin mis en route lors du money-time de ce game 7 contre Boston, c´en était terminé des Celtics.

 

  • Loin d´être parfait

Enfin, malgré toutes les nuances apportées aux critiques traditionnelles sur Kobe et les Lakers, il n´en reste pas moins que ni Kobe ni sa franchise ne sont parfaits. Kobe a commis de nombreuses erreurs. On se rappelle tous de ses airballs face au Jazz durant les Playoffs 97, des finales 2004 lors desquelles il ne fut pas au niveau mis à part son extraordinaire shoot au buzzer à la fin du game 2. On peut également penser à ses déboires privés, ou même à sa carrière de rappeur (!!!!). Globalement, on peut lui reprocher son côté croqueur ainsi que le fait qu´il n´atteindra jamais le niveau de Jordan, son objectif. Pour autant, Kobe est bien conscient de tout cela. Il en rend compte dans l´article de Sports Illustrated  du 21 octobre où il reconnaît lui-même ses défauts et ses erreurs (sa relation avec Shaq, sa propension à beaucoup shooter, son côté intransigeant, manichéen), il revient sur tout, et nous l´explique. Par exemple, dans l´article de SI, Kobe relate des paroles qu´il a tenues à Rick Fox en 2001 :

Parfois je shoot trop. Ce n´est pas parce je te vois ouvert et que je ne veux pas te faire la passe. Je ne te vois pas du tout. Mon esprit est conçu pour marquer des paniers. C´est une faiblesse. Donc, si tu es ouvert, dis quelque chose, fais le moi savoir.

En fait, en analysant l´article, on se rend compte au fur et à mesure, que chacun de ses défauts, chacun de ses échecs, ou de ses erreurs, Kobe les a par la suite ré-analysé et ré-interprété afin de les transformer en force intérieure… A l´extérieur cependant, ses défauts et autres échecs apparaissent toujours comme tels, mais Kobe a besoin de ça pour avancer. Sa motivation infaillible lui vient de là, et lui donne une confiance inhumaine et exagérée. A tel point qu´il a même essayé de remettre son tendon d’Achille avec ses doigts lorsqu´il se l´est rompu le 12 avril…

 

Kobe et les Lakers, c´est tout cela, une anormalité, une chose extraordinaire, que l´on devrait cesser de comparer tellement il a eu une carrière à part. Arrêtons également les spéculations sur son niveau à son retour de blessure et réjouissons-nous plutôt de la chance que nous avons d´assister aux derniers dribbles d´une véritable légende.