Celtics - Wizards, un match vu de l'intérieur
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Celtics - Wizards, un match vu de l'intérieur

Joris Hardouin 16/3/2018 à 14h00
Boston Celtics - Washington Wizards
Crédit photo : Joris HARDOUIN

Les résumés de matchs, tous les sites de basket en proposent, il y a aussi les comptes, fan-made, twitter de franchise en français qui propose leurs fameux lives tweet, mais de l'intérieur, ça donne quoi ?

Avoir le résumé factuel d'un match est aujourd'hui une chose facile. Je vais, au travers cet article, tenter de vous faire vivre ce que c'est que d'être un journaliste qui couvre la NBA. 

 

En tout premier lieu, n'ayant pas une accréditation annuelle, je dois en demander une pour tous les matchs que je souhaite voir. Une fois enregistré dans leur base de donnée, cela se fait en quelques clics, mais il y a toujours le doute de que l'accréditation soit refusée pour diverse raisons (trop de demandes, pas assez de productions liées aux précédentes accréditations, etc). Généralement on reçoit le mail de validation une petite semaine avant le match. 

 

On a donc le loisir de préparer le match et les interviews si l'on souhaite en faire, et que c'est possible le jour même bien sûr. Ce jour là, pour la réception des Wizards, j'avais en tête de poser quelques question à Ian Mahinmi. Malheureusement, pour l'instant, la NBA et les articles ne sont qu'un hobby, et mon activité principale m'a récemment demandé beaucoup de temps. Je n'ai donc réussi qu'a me prendre 45min à 1 heure le jour même pour coucher quelques questions, demander à Wizards France (l'un des nombreux compte twitter, géré par quelques fans absolus, à suivre l'actualité de la NBA et des franchises au quotidien) s'il avait des questions qu'il aimerait poser à Ian dans le cas où c'est possible et préparer le match en regardant les statistiques individuelles des joueurs, le classement des franchises, leurs évolutions, etc.  

 

L'arrivée au TD Garden se fait par une entrée spéciale pour les personnes qui travaillent ici, les médias et autres personnes autorisées. Une fois le contrôle d'identitée, le portillon de sécurité et la fouille des sacs passée, nous voilà enfin dans l'antre des Celtics.

 

Le TD Garden. Salle mythique s'il en est. 

 

Il faut se rendre au 3ème étage pour avoir accès aux différentes infrastructures. Une accréditation NBA donne un accès à quasiment toute la salle, c'est-à-dire : la salle de conférence du coach (Brad Stevens), au restaurant des médias, aux vestiaires, au terrain ainsi que divers autres endroits. Par habitude, je dépose mes affaires dans la salle de conférence où il a un vestiaire pour les journalistes, puis armé de mon appareil photo, je rejoins le terrain pour immortaliser la salle (et particulièrement les fans les plus fous si possible) ainsi que les joueurs pendant leur échauffement et session de shoot.

 

Il m'arrive de capter quelques moments sympathiques entre les joueurs et leurs fans. Notamment Marcus Morris qui n'hésite jamais à prendre des selfies et à plaisanter avec ses fans, ou bien lorsque Kyrie Irving décide, à la fin de son échauffement, d'aller donner ses chaussures à une fan (qui a eu du mal à s'en remettre). Il est d'ailleurs impressionnant de voir à quel point Irving est LA star chez les Celtics. Où que vous soyez dans la salle, vous ne pourrez pas rater son entrée ou sa sortie pour l'échauffement. Pendant toute la durée de celui-ci, les jeunes l'appellent en espérant capter son attention, avoir un sourire voire un autographe. De confidence de stadier, lors de son échauffement pour son premier match à Boston, les personnes l'appellaient tellement, qu'il a dû arrêter et leur demander de se calmer pour qu'il puisse travailler correctement.

 

Environ 30 minutes avant le match, la majorité des joueurs arrête de s'échauffer pour aller faire un dernier point technique avec leur coach et leur staff. C'est aussi le moment que nous choisissons pour aller manger. Ici pas ou peu de junk food, et tout le monde est logé à la même enseigne, que vous soyez d'ESPN ou bien d'Inside Basket, c'est buffet et boisson à volonté. C'est le moment où on se retrouve entre confrères de site français ou bien étrangers, on partage un moment et discutons (principalement basket bien sûr) avant le début du match. Quelques minutes avant le match les cheerleaders s'étirent dans le couloir, puis, quelques minutes avant le début du match, lancent des cris pour se motiver. C'est un signal pour nous qu'il faut qu'on se dépêche à gagner nos places si on ne veut pas rater l'entre-deux. 

 

Nos places ne sont, malheureusement, pas courtside. Elles se trouvent, pour les petits médias comme nous autres, tout en haut du TD Garden. Au dessus même des places les plus hautes. Mais le confort n'est pas le même. L'emplacement et la vue sur le terrain permet de facilement analyser le jeu et de bien voir les mouvements des joueurs, les systèmes et autres placements défensifs. Beaucoup mieux que les places proches du terrains qui sont, paradoxalement, trop proches pour avoir une vision globale du jeu et réussir à bien l'analyser. De plus on a une sorte de paillasse qui nous permet de poser nos effets personnels ainsi que nos ordinateurs pour pouvoir travailler (NDR : n'essayez pas d'entrer au TD Garden avec un sac ou un ordinateur, cela vous coûtera $10 pour le mettre en consigne au Sullivan's, le bar du coin). La NBA nous fournit les stats de chaque quart-temps, ainsi que du match en général. Nous sommes vraiment dans des conditions idéales de travail. 

 

Tip-off.

 

Pour ce match, la salle avait beaucoup d'attentes. Celtics contre Wizards. Deux des meilleures équipes de l'Est. Irving contre Wall. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Wall est blessé, et les Celtics sont décimés. Irving, Horford, Brown, Smart, Theis et bien sûr Hayward sont out pour le match qui parait perdu d'avance. Pourtant la salle est pleine et bouillante. 

 

Les locaux prennent une rapide avance et comptent jusqu'à 20 points d'avance, emmené par un Morris des grands soirs (qui joue d'ailleurs ce soir là contre son frère). Les Wizards reviennent quelques peu avant la mi-temps reveillant la salle, qui pousse ses héros du soirs à ne rien lâcher de leur bel effort du début de match. Bien sûr, lors de la mi-temps on a droit aux différents shows que la NBA est capable de proposer : Matchs d'enfants, danses, dunkeurs sur trampoline, etc. Mais pour les journalistes, eux, sont bien occupés. Relire ses notes et les modifier si besoin, analyser les stats, discuter avec les autres médias internationaux présents (Israël, Chine, France, etc) ou bien redescendre au réfectoire et aller chercher des snacks et des boissons pour la seconde mi-temps. On est pas aux USA pour rien. L'ambiance y est à la fois studieuse et décontractée.

 

La seconde mi-temps reprend et les deux équipes se neutralisent jusqu'au milieu du 3ème quart-temps où les Wizards fournissent un effort supplémentaire et reviennent à égalité, puis passent devant. Encore une fois le TD Garden joue parfaitement son rôle de 6ème homme et les Celtics mènent sur la quasi totalité du dernier acte de ce match. Jusqu'aux dernières secondes. Les hommes de Brad Stevens ont trois petits points d'avance. La voie est grande ouverte pour Otto Porter jusqu'au cercle. Mais le joueur des Wizards, au lieu de chercher les deux points qui auraient scellé le destin de son équipe, décide au dernier instant de ressortir dans le corner pour un 3 points de Jodie Meeks. Les quelques 18 000 personnes retiennent leur souffle. Suivent cette balle des yeux. Ficelle. Meeks, qui n'avait jusqu'alors quasiment rien fait du match devient l'ennemi de tout le Garden. Il reste 2 secondes à jouer, mais la tentative désespérée de Marcus Morris depuis sont camp est vaine. 

 

Overtime !

 

C'est la première fois que j'ai l'occasion de vivre un match en overtime. J'avais déjà assisté au buzzer beater de Al Horford contre les Blazers un mois plus tôt. Toujours dans une ambiance surchauffée. Sur ce tir de Meeks, les journalistes présents sont devenu fous. Avant d'être fan d'une franchise (pour ceux qui sont fans des Celtics parmi les journalistes) on est avant tout fan de basket. Et une overtime est toujours synonyme de grosse intensité.

 

Ce match qu'on pensait perdu d'avance pour les Celtes s'est finalement révélé bien surprenant. La salle est en feu, malgré les quelques spectateurs partis avant la fin du temps réglementaire. La prolongation en elle même est à l'avantage des Wizards, mais cette fois Tatum égalise d'un lay-up à 3 secondes de la fin. Pendant toute la période j'ai mon appareil photo en main et j'essaie de suivre tant que je peux le jeu pour essayer d'avoir les meilleures photos possible. La salle a littéralement explosé lors du layup de Tatum...

 

Le TD Garden peut devenir réellement très bruyant, au point où ça peut déranger les plus sensibles. Imaginez vous près de 20 000 personnes retenant leur souffle, qui, soudainement explosent de joie exactement au même moment. Le rookie des Celtics a provoqué une faute de Gortat et va donc profiter d'un lancer-franc. Il s'avance vers la ligne. Le TD est redevenu (relativement) silencieux. Rien ne doit perturber l'ancien Blue Devil. Et malgré ça, il ratera son lancer franc. On a donc le droit une deuxième fois à du rab ! La salle semble hésiter entre l'excitation d'une deuxième prolongation et la crainte de voir son équipe s'incliner après un tel scénario. 

 

De notre côté, dans notre perchoir, c'est l'excitation absolue. Tout le monde discute avec tout le monde. Chacun donne sa prédiction sur l'issue du match, avançant tel ou tel argument pour justifier son choix. La mienne est une victoire des Celtics, grâce au coaching de Stevens, à la volonté de bien faire des joueurs qui sont habituellement dans la rotation et qui ne seraient pas forcément sur le terrain, et surtout grâce à l'énergie du TD. Tatum fera passer les Celtes devant pour la dernière fois du match après une minute de jeu. Immédiatement après, Porter lui répond d'un 3 points. Morris enfoncera un peu plus les Celtics d'un autre panier de loin, avant que Beal enfonce le clou scellant la victoire des Wizards face aux locaux. Le 3 points de Rozier n'y changera malheureusement rien. 

 

La salle se vide rapidement, forcément déçu de cette défaite au bout du suspens. Les journalistes restent encore quelques minutes pour prendre leurs dernières notes. Puis direction la salle de conférence de presse pour entendre Brad Stevens après ce match. Lors d'une question sur l'apport de Guershon Yabusélé (dont c'était la première titularisation en NBA), il a gentiment botté en touche et balançant quelques banalités. 



C'est l'heure de se diriger vers les vestiaires. J'hésite toujours à faire mon interview de Ian Mahinmi (qui a été très en vu pendant ce match avec 14 points, 11 rebonds à 6/9 aux tirs, et surtout une véritable énergie sur le terrain), n'ayant pas réellement eu le temps de la préparer. N'aimant pas faire les choses à moitié, je préfère me diriger vers le vestiaire des Celtics. Très logiquement l'ambiance n'est pas vraiment au beau fixe, malgré une très belle performance de "l'équipe B". Les journalistes sont amassés devant un mur à fond noir, chacun jouant des coudes pour tenter d'avoir la meilleur place possible pour l'interview des joueurs qui vont se présenter. Les caméramens sont quant à eux un peu derrière, sont juché sur de petits escabeaux, leur permettant d'arriver approximativement à la hauteur des basketteurs. Il faut maintenant attendre les joueurs qui vont se présenter. Morris, auteur d'un match impressionnant (31pts 9rebs) est le premier à venir. Alors que l'interview se déroule, Jayson Tatum se présente derrière nous, n'entendant pas très bien ce que dit Morris, je me dirige donc vers Jayson pour me concentrer sur ses déclarations. Lui aussi s'est contenté de quelques formalités, et on peut le comprendre. Répondre à des questions après avoir joué pendant 46 minutes, et perdu d'un point après 2 prolongations ne doit pas être la chose la plus agréable. 

 

Je sors du TD Garden à quasiment minuit, il est temps de rentrer chez moi et de commencer l'écriture de l'article pour vous le proposer au plus tôt. 

 

Quelques photos prisent lors du match.