Toronto a-t-il besoin de DeRozan ?
MER 24 DEC

Toronto a-t-il besoin de DeRozan ?

Manu P. 30/12/2014 à 17h00
Toronto Raptors - DeMar DeRozan - Kyle Lowry -

La franchise canadienne est toujours bien calée en haut de la Conférence Est, , et ce malgré l'absence de son shooteur star depuis un mois. De quoi se demander quel est l'impact de DeMar DeRozan sur un système très bien huilé.

Identique. Quand DeMar DeRozan a du quitter ses coéquipiers pour une vilaine blessure à l'adducteur gauche, son escouade affichait un bilan comptable de 13 victoires pour seulement trois défaites. Un mois plus tard, Kyle Lowry et sa bande ont enregistré 11 succès pour quatre échecs, et siègent toujours en haut du classement de l'Est. Certes, la compétition n'a pas été des plus solides, mais les Raptors ont confirmé qu'ils pouvaient aussi gagner contre l'Ouest, à la maison comme à l'extérieur.

 

Les raisons de ce status quo ? Rien qu'on ne savait pas déjà : le banc de Toronto est un des plus complets et efficaces de la ligue (Lou Williams en sniper, Patrick Patterson en stretch 4, James Johnson en couteau suisse, Greivis Vasquez en deuxième meneur), et Kyle Lowry est le chef multi-tâches de l'orchestre façonné par Dwane Casey. Rapide et trapu, le point guard est un exemple de solidité en défense et de versatilité offensive, et sa capacité à être à la fois chef d'orchestre et finisseur en font clairement un MVP, au moins de ce côté là du pays.

 

  • Réussite collective, difficultés individuelles

 

La situation actuelle est limpide : DeRozan n'est pas déterminant dans le succès de Toronto. D'un point de vue statistique, le début de saison du n°10 peut apparaître décevant. Si son équipe cartonne, il n'a pas vraiment rempli avec brio son rôle de premier attaquant. 39% d'adresse aux tirs avec plusieurs copies quasi blanches (3/17, 4/16, 4/15, 1/8, 0/8...) qui étonnamment n'ont pas trop eu d'incidences.

 

Dans le système le plus efficace en attaque de la NBA (115.8 points inscrits pour 100 possessions) et n°2 en volume (108.5 unités par match), DeRozan avec ses 103 points pour 100 actions est loin derrière Lowry, Patterson, Valanciunas, Williams ou les deux Johnson, tous à plus de 117 en ratio offensif. Selon ces critères, on estime que la présence de l'arrière sur le parquet fait « perdre » 2.3 points pour 100 possessions aux Raptors. Grand amateur de tirs à mi-distance, DeRozan a eu jusque là beaucoup de mal à trouver ses automatismes. Pourtant, il n'a jamais été question de le mettre en retrait.

 

  • L'homme qui pose des pièges

 

DeRozan est un spécialiste pour pousser les défenses adverses à la faute, et nombre de succès des Raptors ont été liés à sa capacité (en pus de celle de Lowry) à provoquer des coups de sifflets et des lancers-francs dans le quatrième quart-temps.

 

Sur les quatre défaites de Toronto depuis fin novembre, trois l'ont été face à des adversaires directs, à savoir deux fois Cleveland puis Chicago. Et dans les deux derniers cas, les Raps étaient clairement en situation de gagner à l'extérieur et menaient après 36 minutes de jeu. Puis l'adresse aux tirs s'est évaporée, et malgré de belles phases offensives, l'incapacité à calmer la fougue des Cavs et Bulls en ralentissant le jeu, en cherchant à obtenir au moins des tirs bonus, a été fatale.

 

DeRozan prend sur lui des responsabilités offensives qui permettent d'ouvrir des espaces à ses partenaires. Lui qui a plusieurs fois dit s'être inspiré du footwork et du jeu en tête de raquette de Kobe Bryant, se retrouve souvent dans des situations similaires à son homologue des Lakers. Il doit prendre des risques, tirer profit de ses mismatchs offensifs, mais tout en sachant que ses coéquipiers sont là pour assurer le coup. (Un rôle plus adapté à un joueur de 25 ans que de 36)

 

Heureusement pour la franchise canadienne, Lou Williams était prêt à reprendre le fardeau. Mais le joker de luxe n'a pas la responsabilité de tenir 33 solides minutes sur le parquet. Il n'est d'ailleurs jamais devenu titulaire, le ticket dans le cinq majeur ayant été partagé entre Vasquez, James Johnson et Landry Fields. Le coach Casey n'a pas voulu chambouler sa hiérarchie en l'absence de son principal artilleur. DeRozan n'est peut-être pas un franchise player, mais reste un arrière indispensable qui garantit l'équilibre de l'effectif.

 

Toronto fait tout pour se mettre dans la meilleure situation possible pour avril, quand les talents de DeMar DeRozan seront indispensables pour se sortir d'une Conférence très ouverte. Il ne sera sans doute pas All-star cette saison mais son ambition est sans doute ailleurs.