Derrick, la vie en Rose

Derrick, la vie en Rose

Chicago Bulls - Derrick Rose

Après deux années de galères marquées par de graves blessures au genou, Derrick Rose est enfin revenu à son meilleur niveau durant les playoffs 2015. Un retour surprise au premier plan, qui faisait suite à une saison régulière assez compliquée pour le plus jeune MVP de l'histoire.

Lorsque le 31 octobre dernier, Derrick Rose effectuait son retour sous les couleurs des Chicago Bulls pour l’ouverture de la saison face aux New York Knicks après près de deux ans sans jouer (10 matchs en deux saisons) suite à sa double grave blessure au genou survenue en 2012 et 2013. Personne, hormis la famille Bulls, ne s’attendait à revoir le grand joueur qu’il était, beaucoup s’étaient déjà résignés à l’idée que la belle carrière du joueur de 27 ans semblait derrière lui et qu’il était désormais reparti pour endurer une longue galère avec son corps. Même le joueur avait déclaré en début de saison que désormais, il penserait à son corps avant le basket-ball, ne souhaitant pas finir dans un fauteuil roulant. Une déclaration qui avait eu le don d'éxaspérer Charles Barkley.

 

Et ses performances de début de saison n’auront fait que confirmer cette tendance, avec un Derrick Rose jamais à 100% dans ses moves, sur la retenue lors de ses prise de décisions et qui, par peur de se blesser sans doute, n’apparaît plus que comme l’ombre du joueur qu’il était.

 

On a pu observer notamment chez le joueur une tendance à prendre beaucoup plus de shoots extérieurs cette saison. Pourtant en manque d’adresse, on sent que Rose essaie de changer son jeu, de transformer quelque chose afin de ne plus avoir à utiliser ses genoux sur chaque action. Selon les statistiques de la NBA, le meneur des Bulls a pris en moyenne durant la saison régulière 58,6 % de ses tirs à plus de 3m du panier dont 32,5% à 3 pts pour une adresse globale de 31,3% lorsqu’il shoote à cette distance. On constate également que, sur la saison régulière, Rose prend 6,4 shoots primés par match, pour seulement 28% de réussite. A titre de comparaison, un joueur comme Kyle Korver, qui fait partie des meilleurs shooteurs de la ligue, en prend seulement 6. Quand on sait que le tir à 3pts est le point faible de Derrick Rose, cette stat est l’incarnation parfaite de la peur du joueur à aller au charbon, dans la raquette là où il sait développer son jeu à la perfection grâce à ses moves et la puissance dégagée par ses appuis ravageurs.

 

Les interrogations sur Derrick Rose vont encore s’intensifier de manière assez conséquentes après une nouvelle blessure au genou survenue le 26 février dernier, qui laisse entendre un temps que le joueur sera indisponible pour le reste de la saison, Finalement, après avoir fait le choix de ne pas se faire opérer, Derrick Rose effectue son retour deux semaines avant les playoffs, rongé par les doutes autour de son genou après une saison marquée de hauts et de bas et où il n’aura jamais été dans la discussion pour le all star malgré des stats tout de même correctes (17,7 pts à 40%, 4 ast) mais bien loin de ses capacités. Finalement, son seul vrai fait d’armes à l’issue de cette saison aura été ce game-winner face aux Warriors le 28 janvier dernier, sur lequel il offrira la victoire aux Bulls. Rose a tout simplement perdu, au profit de Pau Gasol et Jimmy Butler, son statut de leader de franchise avant l’entame des playoffs 2015, et personne n’espère grand chose de lui, si ce n’est de ne pas subir une nouvelle blessure.

 

  • Finalement, Rose cloue les becs de ses détracteurs

 

Et pourtant, contre toute attente, Derrick Rose est de retour à un très bon niveau dès la première rencontre des playoffs face aux Bucks, au cours de laquelle il inscrit 23 pts à 9/16, retrouvant ses moves ravageurs pour transpercer la défense très rugueuse de Milwaukee.

 

Quatre jours plus tard, il enchaîne une nouvelle perf’, inscrivant 34 pts et délivrant 8 passes décisives dans le match 3 remporté en prolongation. Rose aura également enfin montré un atout clutch peu vu cette saison. Malgré une fin de premier tour assez moyenne au final avec notamment un match 4 complètement raté -ses mauvais choix en fin de rencontre et son erreur de marquage sur Bayless auront coûté la victoire aux Bulls-, D-Rose semble avoir retrouvé son jeu et sa confiance, notamment dans ses appuis qui semblent enfin lui obéir malgré les trois blessures subies lors des dernières années. On sent chez lui une volonté permanente d’attaquer le cercle, comme il le faisait déjà en 2011, devenant un bourreau pour tous ses adversaires.

 

Au second tour se dresse désormais LeBron James, son adversaire le plus coriace qui l’avait déjà empêché d’atteindre les finales NBA en 2011.

 

Bien déterminé à enfin battre le King, Rose démarre d’entrée avec un gros match pour terminer avec 25 points et permettre aux Bulls de prendre les devants. Son véritable chef-d’œuvre sera sans doute effectué dans le match 3 de ces demi-finales de conférence, sans doute l’un des plus grand matchs de la carrière de Rose en playoffs : 30 points au compteur avec en prime le tir de la gagne au buzzer. Il se mue une nouvelle fois en leader et semble être complètement redevenu au sein de la franchise avec des joueur acquis à sa cause, comme cela avait été le cas en 2011. Son match 4 sera encore exceptionnel, avec 31 pts inscrits et un duel interminable avec LeBron James qui aura finalement le dernier mot après un shoot improbable inscrit au buzzer qui redonne l’avantage aux Cavs. Les deux derniers matchs seront ensuite remportés par Cleveland, qui s’est qualifié pour la finale de conférence, LeBron éliminant une nouvelle fois Derrick Rose. Ce dernier a été loin d’être bon sur les derniers matchs ou il s’est fait largement dépasser par James, à l’image de cette action dans le le money-time du Game 6 ou LeBron l’aura envoyé au tapis sur un contre monumental.

 

Qu’importe, l’essentiel est ailleurs : Derrick Rose est revenu à un excellent niveau durant ces playoffs 2015, affichant des stats de 20,3 pts et 6,5 ast par match. Bien sûr, ces statistiques sont bien inférieures à celles proposées en 2011 notamment (27,1 pts, 7,7 ast), mais après toutes les galères subies par le joueur depuis trois ans, ce retour au plus haut niveau apparaît presque comme un miracle.

 

  • Rose peut-il être plus fort qu'avant ?

 

Certains spécialistes semblent penser que Derrick Rose est meilleur que lors de sa saison de MVP. Cette affirmation pourrait surprendre mais c’est pourtant presque notre avis. On a vu notamment par moments le manque d’expérience de Rose, notamment lors des finales de conférence 2011 face au Heat. Il avait eu du mal à se montrer décisif et son âge à l’époque (24 ans) semblait en être la raison principale. Cet année, même si on a pu entrevoir une irrégularité chronique, notamment sur l’adresse à travers les matchs, Derrick Rose nous est apparu plus mûr et plus confiant, plus serein, un vrai leader. Il a également sorti des performances exceptionnelles comme ses deux matchs à 30 points face aux Cavs, trouvant absolument toutes les solutions face à la défense des Cavaliers, ce qu’il n’avait pas su faire en 2011. On a également pu le voir en phase avec son shoot extérieur, bien mieux qu’en 2011. Il s’affiche désormais à 35% avec 2 paniers réussis par match contre 28% en 2011 et seulement 1,5 paniers primés réussis. Si on prend également en compte l’argument des blessures, combiné au peu de temps de jeu disputé cette saison, Derrick Rose ne devrait pas tarder à retrouver son meilleur niveau, à condition d’être plus régulier et surtout, d’être épargné par les blessures.

 

Le MVP 2011 aura donc finalement parfaitement su rebondir, malgré beaucoup de réticences, et profiter notamment du soutien incroyable que lui offre sa franchise des Bulls pour progressivement revenir à son meilleur niveau. Désormais, avec ce que Rose a laissé entrevoir en playoffs, il peut espérer retrouver le All Star Game et pourquoi pas, si son corps le laisse enfin tranquille, se mêler une nouvelle fois au trophée de MVP.  La Bonne saison des Bulls laisse également entrevoir de belles choses pour la saison prochaine, où la franchise de l'Illinois semble être la seule capable de rivaliser avec les Cavaliers à l'Est. Entouré d'excellents joueurs tels Jimmy Butler, Pau Gasol, Nikola Mirotic, qui restent tous sur des performances très satisfaisantes durant l'exercice 2014/2015 puis de l'euroBasket pour les deux Espagnols, Derrick Rose évoluera sans aucun doute avec le meilleur effectif depuis son arrivée à Chicago.  La venue de Fred Hoiberg en tant que Head Coach devrait également bonifier le jeu des Chicago Bulls, avec une mise en place désormais beaucoup plus basé sur l'attaque et le jeu collectif, ce qui était loin d'être la force des Bulls sur les trois dernière saisons.

 

Chicago peut donc légitimement se positionner en outsider crédible pour le titre la saison prochaine, emmené par un Derrick Rose qui n'a sans doute pas fini de surprendre après avoir été couronné en 2011, plus jeune MVP de l'histoire.

 

On espère néanmoins que les récentes accusations de viol prononcés contre lui n'auront pas d'effet sur ses performances et s'arrêteront la. Pour l'instant, Rose semble se montrer rassurant sur ce point, on l'espère pour lui...