Orlando Magic 2020-2021 : Play'in ou Playoffs ?

Orlando Magic 2020-2021 : Play'in ou Playoffs ?

Orlando Magic - Evan Fournier - Nikola Vucevic - Aaron Gordon - Markelle Fultz
Crédit photo : Getty Images

Sans renfort de poids à l'intersaison ou de blockbuster trade pour modifier son roster, le Magic va s'en remettre à ses jeunes talents pour accrocher un spot en playoffs.

  • LA SAISON 2019-2020

 

Invité surprise des playoffs 2019, le Magic avait pour ambition de grimper un peu plus dans la hiérarchie de la Conférence Est, notamment en misant sur une certaine continuité. Cette stabilité qui devait leur permettre d'attaquer l'exercice pied au plancher a finalement joué en leur défaveur. Au All Star Break, Orlando affichait un bilan de 24 victoires pour 31 défaites. Décevant par rapport aux attentes fixées en début de saison. Des résultats à contrebalancer toutefois avec un calendier particulièrement hardcore sur cette partie de saison avec des oppositions contre les cadors de l'Ouest et des road trips chez les ténors de l'Est. Le bilan de 22 victoires pour 8 défaites contre les équipes en négatif prouve que le Magic a fait le job sur les matches à sa portée. En plus, pour ne rien arranger, l'effectif a été énormément touché par les blessures : 7 matches pour Aaron Gordon, 11 pour Nikola Vucevic, 16 pour DJ Augustin, sans parler des forfaits pour l'année de Al-Farouq Aminu et Jonathan Isaac.

 

Un calendrier et des absences qui ne justifient pas l'attaque pitoyable proposée par Orlando sur les premiers mois de compétition : 95.8 points en octobre, 102.6 points en novembre, 105.1 points en décembre. Avant le Match des Etoiles, le Magic flirtait avec le bonnet d'âne de la Ligue dans ce domaine (29ème Offensive Rating avec 103.9 points inscrits sur 100 possessions), mais compensait heureusement avec une défense élite (1er Defensive Rating avec 105.4 points encaissés sur 100 possessions). La mutation post-All Star Game est d'autant plus incompréhensible. Après la pause de février, Steve Clifford a complètement inversé ces chiffres : meilleure attaque de la Ligue (119.8 points) et 26ème défense (118.2 points). Une transformation qui peut s'expliquer par un tempo beaucoup plus rapide - de la 28ème à la 12ème Pace en NBA - et une adresse enfin décente : le Magic est passé de 43,4% aux tirs (28ème) à 48,7% de réussite (4ème). Un changement tactique qui a porté ses fruits avec un bilan positif après le All Star Break et des victoires références sur le parquet des Rockets ou des Grizzlies. Et puis le Covid-19 est passé par là...

 

Après une pause de plus de quatre mois, le Magic n'a jamais retrouvé son élan du mois de mars dans la bulle : 114.6 points inscrits pour 116.0 points encaissés. Alors que les Nets sont arrivés avec un effectif complètement décimé, Orlando avait pour objectif de passer Brooklyn au classement et s'emparer de la septième place à l'Est. Mais, les hommes de Clifford ont enchaîné cinq défaites de suite, dont une, en opposition directe contre les Nets. Un revers synonyme de huitième place et d'un affrontement contre le leader NBA en saison régulière, les Bucks de Milwaukee. L'opposition la plus déséquilibrée sur le papier de ces playoffs qui n'a pas empêché le Magic de faire sa spéciale : une victoire surprise dans le Game 1 - comme sur le parquet des Raptors en 2019 - grâce à un match de mammouth de Nikola Vucevic : 35 points, 14 rebonds et 4 assists ! La suite s'est transformée en cavalier seul de la bande à Giannis qui a resserré son étau défensive. Complètement mis sous l'éteignoir, les shooteurs floridiens ont rivalisé de maladresse (35,1% pour Evan Fournier, 34,3% pour James Ennis ou 39,1% pour DJ Augustin) et laissé passer leur chance de qualification.

 

  • LES MOUVEMENTS DE L'INTERSAISON

 

Arrivées : Dwayne Bacon (Charlotte)

Départs : DJ Augustin (Milwaukee), Wesley Iwundu (Dallas)

 

  • L'EFFECTIF

 

PG : Markelle Fultz, Cole Anthony, Michael Carter-Williams

SG : Evan Fournier, Dwayne Bacon

SF : Terrence Ross, James Ennis, Gary Clark, Jonathan Isaac (blessé)

PF : Aaron Gordon, Al-Farouq Aminu, Chuma Okeke

C : Nikola Vucevic, Mo Bamba, Khem Birch

 

  • LE CINQ MAJEUR

 

Sur le backcourt, Orlando repartira avec Markelle Fultz et Evan Fournier. Le premier a gagné rapidement ses galons de titulaires au détriment du vétéran DJ Augustin. Moins gestionnaire que son aîné, l'ancien First Pick 2017 s'est racheté une crédibilité après deux années de déboires à Philadelphie. Même s'il est encore en dessous de ce que l'on peut attendre d'un premier choix de draft, Fultz a montré qu'il avait les capacités pour driver une équipe. Des pénétrations incisives en transition, des fixations pour ressortir le ballon, le meneur est un feu follet sur jeu rapide. A lui, maintenant de progresser pour gérer plus naturellement le tempo du match. A ses côtés, Vavane a réalisé une saison de patron avec ses meilleurs chiffres en carrière au scoring : 18.5 points à 46,7% de réussite. En choisissant d'activer sa player option à 17 millions pendant la free agency, le Tricolore a joué la sécurité et sera, sans aucun doute, motivé pour aller chercher un gros contrat l'été prochain... à Orlando ou ailleurs.

 

Le forfait de Jonathan Isaac laisse le poste 3 orphelin. Sa rupture des ligaments croisés survenue dans la bulle a mis un terme à son progression spectaculaire. Pour le remplacer, difficile d'imaginer Terrence Ross prendre sa place dans le Starting Five. Le shooteur est taillé pour le rôle de sixième homme. Steve Clifford devrait donc réitérer sa confiance à James Ennis. Arrivé à la trade deadline de février, l'ancien Sixer a fait le taf dans le costume du 3 and D : 8.5 points à 45,1% d'adresse. Ennis a même prolongé l'aventure en Floride en signant la Mid Level Exception de 3.3 millions.

 

Enfin, le frontcourt du Magic sera composé du duo Aaron Gordon et Nikola Vucevic. Dans les rumeurs de trades avant la free agency, le voltigeur d'Orlando est finalement resté à quai. Plus consistant en défense, Gordon est encore trop irrégulier en attaque avec une sélection de shoots qui peut laisser perplexe. Son contrat étant dégressif, il ne serait pas étonnant de le voir partir en cours de saison. A 25 ans, l'hélicoptère floridien pourrait enfin développer son potentiel dans un autre environnement. Cela ne devrait pas être le cas du Vooch. Un poil décevant après une saison de All Star, le pivot reste l'ancre offensive du Magic. Il est monté en température au fur et à mesure de l'exercice pour finir avec des chiffres dignes de son statut en playoffs : 28.0 points, 11.0 rebonds et 4.0 assists. Le Monténégrin représente la valeur plancher de l'équipe. S'il se maintient à son niveau de All Star, les Floridiens seront dans la course aux playoffs à l'Est.

 

  • LE BANC

 

Pas grand chose à se mettre sous la dent côté recrutement pendant l'intersaison. Seul nouveau membre de la second unit, l'ancien Hornet Dwayne Bacon tentera de se relancer après une année catastrophique au niveau de l'adresse : 5.7 points à 34,8% aux tirs. Il sera en concurrence avec Gary Clark, arrivé en cours de saison dernière en provenance de Houston et re-signé pour une bouchée de pain en novembre. Auteur de playoffs très corrects - 7.4 points, 5.6 rebonds et 1.4 assist - il est l'une des rares satisfactions de la bulle. Autre prolongation intéressante celle de Michael Carter-Williams qui apporte une dimension athlétique à la défense du backcourt. Utilisé la plupart du temps au poste 2, MCW est devenu le pitbull de Steve Clifford grâce à son activité de ce côté du parquet (2.9 steals sur 100 possessions). Pour l'épauler sur la ligne arrière, le rookie très attendu Cole Anthony apportera du punch en attaque et devra dès sa première saison créer pour les autres et pas seulement pour lui.

 

Sur le frontcourt, Chuma Okeke aura à coeur à faire oublier sa saison rookie blanche et démontrer ses talents défensifs. Dans la section blessure, la recrue estivale de 2019, Al-Farouq Aminu est lui aussi en quête de rachat. Après des débuts timorés sous ses nouvelles couleurs - 4.3 points et 4.8 rebonds en 21 minutes - le Chief a rejoint l'infirmerie au bout de 18 matches pour se faire opérer du ménisque. Son leadership et son expérience ne seront pas de trop dans cette second unit. Enfin dans la raquette, on attend toujours l'envol de l'albatros Mo Bamba. Sur ses deux premières saisons, son impact est quasi nul sur le jeu, à part sur de très courtes séquences. Blessé en 2019 et 2020, l'intérieur a raté les deux campagnes de playoffs du Magic ce qui lui aurait permis de s'aguerrir un peu plus. Bon protecteur d'arceau grâce à son envergure, Bamba fait chuter le pourcentage de ses adversaires directs de 14,6% quand il les défend de près. Une force qui doit lui permettre de gagner la confiance de Clifford et obtenir plus de minutes pour se développer.

 

Enfin, le leader du banc floridien sera une nouvelle fois, Terrence Ross. Le shooteur a toujours cette capacité à changer le cours d'un match lorsqu'il prend feu derrière l'arc. Ce n'est pas un hasard si la meilleure période offensive d'Orlando l'an dernier après le All Star Break correspond à l'embellie de Ross. Sur ce run de 16 matches, Human Torch tournait à 19.3 points et 43,1% longue distance. Dans le roster, les shooteurs ne sont pas légions et l'adresse de Ross est bien souvent le facteur X de l'attaque du Magic.

 

  • LE JOUEUR À SUIVRE : markelle fultz

 

Arrivé à Orlando avec une étiquette de bust, Markelle Fultz a rapidement rassuré les fans floridiens. Débarassé de ses problèmes à l'épaule, le meneur s'est racheté une confiance aux tirs : 12.1 points à 46,5% de réussite aux shoots et 73% aux lancers francs. Des chiffres pas époustouflants pour un First Pick, mais Markelle se lance dans un marathon et non un sprint ! Avec seulement 72 matches dans les pattes, ce n'est encore que la partie visible de l'iceberg. Le plafond réel de Fultz reste inconnu. Après s'être remis dans le droit chemin en Floride, le plus dur est à venir pour lui : confirmer et progresser ! Dans les schémas offensifs assez conventionnels de Steve Clifford, l'ancien Sixer est l'un des rares électrons libres à pouvoir improviser sa partition. Un rôle qu'il doit absolument garder pour rendre l'attaque du Magic moins prévisible. S'il n'est toujours pas une menace de loin, Fultz est allé chercher un tiers de ses points près du cercle. Sa capacité à finir ses drives en transition en fait une force de frappe qui n'a pas d'équivalent de le roster. Le fit à Orlando semble parfait pour lui dans une équipe où le poste de meneur cherche depuis longtemps une star providentielle.

 

  • LES PLUS

 

- Des jeunes à développer : Le Magic peut miser sur les débuts de deux nouveaux prospects très intriguants. Cole Anthony est un guard bien tanké qui peut devenir le complément idéal de Markelle Fultz sur le backcourt. Fils de l'ancien pro Greg Anthony, le gamin est déjà capable de se créer son propre shoot. Si la mayonnaise prend, il peut vite monter dans les rotations de Clifford. Le second rookie, Chuma Okeke va vite marcher dans les traces de Jonathan Isaac, blessé pour toute la saison. Sa versatilité en défense va combler pas mal de trous sur les postes 3 et 4.

 

- L'expérience : Qualifiés pour les playoffs deux saisons de suite, le groupe de Steve Clifford connaît désormais le chemin pour tamponner son billet post-season. Dans une conférence où les prétendants directs se sont armés sur le marché des agents libres, l'expérience des Floridiens peut être le petit plus qui fait pencher la balance.

 

- Le socle défensif : Steve Clifford a réussi à remettre Orlando sur la carte des playoffs grâce à sa défense. 8ème Defensive Rating en 2019, 10ème en 2020, le Magic reste une équipe délicate à manoeuvrer. Même sans Isaac, les Floridiens pourront compter sur quelques spécialistes du genre sur plusieurs postes. De Carter-Williams à Aminu en passant par Bamba ou Okeke, le roster est équipé pour bétonner.

 

  • LES MOINS

 

- La blessure de Jonathan Isaac : Trois blessures sérieuses en autant de saisons NBA, cela commence à faire beaucoup pour l'ailier du Magic. Les progrès évidents des deux côtés du parquet qu'il affichait début 2019 semblent bien loin désormais. Avec 1.6 steal et 2.3 blocks par match, Isaac incarnait le freak du futur en Floride, mais avec une saison potentiellement blanche à venir, son destin apparaît de plus en plus en pointillés dans la Ligue.

 

- Les rumeurs : Annoncé sur le départ depuis plusieurs mois, Aaron Gordon et Evan Fournier ne sont pas certains de terminer la saison à Orlando. Si l'équipe ne performe pas, le front office pourrait décider de changer les choses à la trade deadline. Une certaine forme d'instabilité qui peut peser dans les vestiaire en cas de mauvaise passe.

 

- Le manque de spacing : Le problème récurrent des Floridiens ! Hormis Vavane qui sanctionne à 39,9% longue distance, aucun membre du Starting Five ne dépasse les 35% de réussite. Et sur le banc, c'est guère mieux. Mis à part Terrence Ross, il n'y a pas le moindre spécialiste des tirs du parking pour désengorger la raquette.

 

  • L'AVIS DE LA RÉDACTION

 

Avec des cadres chevronnés comme Nikola Vucevic, Evan Fournier ou Terrence Ross, le Magic s'assure une valeur plancher évidente dans la Conférence Est. Mais, le plafond en termes de talents reste limité. Si Orlando veut viser haut, il faudra que ses jeunes - Fultz, Anthony ou Bamba - passent un palier. Sinon, le rendez-vous est pris pour le play'in. Avec un tournoi qualificatif qui va de la 7ème à la 10ème place, le Magic risque fort de se retrouver à la lutte dans ces matches à élimination. Et dans ce scénario, l'expérience acquise lors des dernières saisons est une plus-value par rapport aux nouveaux prétendants de l'Est.

 

  • LE PRONOSTIC

 

35 victoires pour 37 défaites et une 9ème place de la Conférence Est