Bilan des frenchies : Evan Fournier, un déménagement et des incertitudes

Bilan des frenchies : Evan Fournier, un déménagement et des incertitudes

FFBB - Evan Fournier - Orlando Magic - Boston Celtics - Jeux Olympiques - Jayson Tatum
Crédit photo : USA Today

La saison régulière 2020/2021 touche à son terme. Cet exercice, plus court, nous a de nouveau offert une place de choix à certains de nos compatriotes basketteurs. En cette année Olympique, les performances de nos frenchies étaient plus scrutées que jamais. Qui a brillé ? Qui a déçu ? C’est l’heure du bilan. Notre huitième épisode est consacré à Evan Fournier.

  • LE CONTEXTE : L’APOGéE

 

On a tendance à l’oublier, mais Evan Fournier ne cesse de progresser, doucement mais surement, depuis quelques saisons. Lors du dernier exercice NBA, il avait encore repoussé un peu plus loin ses limites personnelles pour atteindre une moyenne de 18.5 points par match, sa meilleure marque en carrière. Certes, le Magic semblait plus que jamais empêtré dans une dynamique terrible, où elle ne pouvait ni prétendre sérieusement à jouer les troubles fêtes parmi les fortes têtes de l’Est, ni reconstruire avec assez de talent pour accrocher les playoffs chaque saison. Evan Fournier représentait bien ce plafond de verre, en étant le meilleur marqueur malgré lui d’une équipe en manque de stars. Toujours exemplaire dans la maison bleue de Floride, il a décidé d’activer son option jouer l’été dernier, pour rester une saison de plus à Orlando au cœur d’une intersaison incertaine. Une décision sage, qui pouvait ouvrir à toutes les théories dans le champ des possibles cette saison pour le français.

 

  • L’ANNéE DU FRANÇAIS : WOJ BOMB !

 

Pourtant, tout avait (presque) bien commencé pour Fournier cette saison ! Sur la même dynamique que la saison passée, il a réussi à s’affirmer encore un peu plus comme l’une des rares certitudes de cet effectif passable, en repoussant encore ses limites. Après sa meilleure saison en carrière, il avait cette fois décidé de s’approcher de la barre symbolique des 20 points par match ! En mars dernier, il comptabilisait au bout de 27 matchs un total de 19.7 points par match à 46% au tir, dont 38% à trois points ! Du haut de ses 28 ans, Evan Fournier a véritablement atteint ce qu’on appelle vulgairement son prime, lui permettant de s’exprimer mieux que jamais, et de prouver une nouvelle fois (si c’était nécessaire) son talent de marqueur à haut volume naturel. Puis, son téléphone a sonné le 26 mars dernier).

 

Woj Bomb, le Magic appuie sur le bouton rouge ! Comme c’était pressenti, et ce depuis plusieurs saisons, le front office à Orlando a pris la décision la plus logique, à savoir plonger pour mieux remonter d’ici quelques saisons. Toutes les décisions radicales nécessaires ont été prises. Ainsi, Evan Fournier a accompagné Nikola Vucevic et Aaron Gordon vers la sortie, priés d’aller trouver leur bonheur ailleurs. Le français a été envoyé du côté de Boston, où Danny Ainge a choisi d’utiliser son énorme trade exception de 27 millions sur le scoreur tricolore. Un choix contesté dans un environnement difficile où rien n’allait être offert à Fournier.

 

En toute logique, ses débuts ont été très compliqués. Après avoir passé 7 ans dans le même environnement, devenu une zone de confort pour lui, on ne peut pas s’adapter en un claquement de doigts à une toute nouvelle vie. Qui plus est dans un contexte aussi électrique que celui des Celtics ! Son premier match chez les verts a donné le ton : 0 points à 0/10 au tir en 33 minutes. Un manque d’adresse qui l’a suivi durant quelques matchs, avant qu’il ne règle la mire en Mai. Désormais embarqué dans un play-in tournament de tous les dangers, Evan Fournier vient d’essuyer une saison de transition difficile à juger.

 

  • LA PERFORMANCE DE LA SAISON : LE SANG BLEU

 

On va considérer qu’Orlando fait aujourd’hui partie du passé pour Evan Fournier, et on va donc ici se concentrer sur sa meilleure performance depuis son arrivée à Boston. Comme un clin d’œil du destin, c’est contre le Miami Heat que le français a réalisé sa meilleure prestation avec les Celtics jusqu’à aujourd’hui. Sept années en Floride ça ne s’oublie pas, comme la rivalité qui l’a opposé au Heat durant tout ce temps ! Ce match lui tenait alors à cœur, et il a brillé de mille feux ! Le 9 mars dernier, il claque 30 points au TD Garden, sa première pointe au-delà des 30 points à Boston, la deuxième de sa saison. Le rôle convaincant qu’il a montré ce soir là peut s’avérer être une belle promesse d’avenir s’il reste à Boston après l’intersaison 2021. Son importance dans la distribution du jeu (8 passes décisives) a aussi étonné ce soir-là, pour lui qui n’a jamais été un grand passeur dans sa carrière. Enfin, son efficacité en spot up shooteur (7/11) à trois points pourrait elle aussi dessiner ce qui fera les beaux jours de Boston sur le moyen terme. En attendant, c’est avec ce genre de performances que Evan Fournier a, une nouvelle fois, terminé meilleur marqueur français en NBA cette saison.

 

 

  • QUEL FUTUR POUR LE FRANÇAIS : AINGE A-T-IL RéUSSI SON PARI ?

 

L’intersaison dernière était importante pour le français, mais celle à venir sera sans doute la plus déterminante de la carrière d’Evan Fournier ! Le choix de Danny Ainge à la Trade Deadline a été critiqué de part et d’autre dans le Massachussets, bien que le GM ait voulu bien faire en améliorant à tout prix un effectif en échec cette saison. En effet, utiliser une trade exception aussi exceptionnelle sur un joueur qui, malgré toutes ses qualités, n’a pas la carrure d’un All-Star par exemple, était un pari risqué. La balle est désormais dans le camp du français. Agent libre sans restriction cet été, il peut d’abord choisir de continuer l’aventure avec la franchise qui lui a fait confiance en effectuant le trade. Certes, Boston sort d’une saison chaotique, mais l’effectif reste l’un des plus solides de la ligue, et de légers ajustements pourraient changer la donne en vue de la saison prochaine. La question est de savoir quel rôle sera promis à Fournier, celui d’un 6ème homme qu’il a eu du mal à adopter dans un premier temps, ou celui d’un titulaire, bien mieux taillé pour lui, avec de l’espace aux côtés des stars que sont Jaylen Brown et Jayson Tatum.

 

Autrement, Evan Fournier sera libre de s’engager dans la franchise de son choix si l’offre de Boston, dans son salaire ou dans son rôle, ne lui convient pas. On peut affirmer sans trop douter que plus d’une franchise sera prête à lui offrir un rôle de titulaire assorti d’un salaire proche des 20 millions la saison. Fournier a prouvé durant 7 saisons à Orlando qu’il était on ne peut plus fiable dans ce rôle, et as côte reste au beau fixe dans la grande ligue américaine. Alors, c’est sans doute la somme mise sur la table pour s’attacher ses services qui pourrait faire la différence. Evan Fournier sera-t-il gourmand ? Réponse début août !

 

  • JEUX OLYMPIQUES : FAIS-NOUS RÊVER VAVANE !

 

Sous le maillot de l’Equipe de France, on avait quitté Evan Fournier sur une victoire au goût amer face à l’Australie, lors du match pour la troisième place du Mondial 2019 en Chine. Evan Fournier avait été le leader charismatique et diablement efficace de ces bleus qui ont vaincu Team USA en quarts de finale, avant de craquer à l’étape suivante contre une équipe d’Argentine pourtant prenable. Cette déception, cette rage même, avait hanté Evan Fournier. Dégouté au plus profond de son caractère de vainqueur, il en avait presque refusé la médaille de bronze à l’heure du podium protocolaire. Cet épisode tumultueux fait désormais partie du passé, et on ne doute pas que le leader offensif de l’équipe de France a su se nourrir de cette haine très vive, pour travailler deux fois plus dur, et revenir plus déterminé que jamais en vue de l’Olympiade Japonaise. Il sera à n’en pas douter la pièce maitresse de Vincent Collet, qui doit d’ailleurs secrètement apprécier les défaites inattendues de Boston. Cela signifie qu’il aura un Fournier frais et disponible pour l’intégralité de son stage de préparation.