Chris Paul à Phoenix : Le guide qu'il manquait in The Valley ?

Chris Paul à Phoenix : Le guide qu'il manquait in The Valley ?

Phoenix Suns - Oklahoma City Thunder - Chris Paul - Kelly Oubre Jr - Ricky Rubio - Devin Booker
Crédit photo : Phoenix Suns

La fenêtre des transferts NBA s’est ouverte hier à 18h. Une heure plus tard, les Suns ont dynamité le marché en échangeant Ricky Rubio, Kelly Oubre Jr, Ty Jerome, Jalen Lecque et un premier tour de Draft 2022 à Oklahoma City, contre Chris Paul et Abdel Nader. Aujourd’hui, nous allons observer l’impact sur le court et moyen terme de ce blockbuster trade à Phoenix.

C’est à 19h08 heure française que la première Woj Bomb de l’intersaison 2020 est tombée. Ce sont les Suns qui ont tiré les premiers, car Chris Paul a bel et bien le regard qui tue. Un regard différent sur l’avenir, c’est au moins ce que va apporter le meneur vétéran à Phoenix, dans une franchise qui n’a plus connu les playoffs depuis 10 ans. Caris LeVert avait la fin de la malédiction au bout des doigts en Août dernier dans la bulle d’Orlando, mais son buzzer-beater manqué à bénéficié aux Blazers. 3 mois plus tard, James Jones a donc pris la décision de passer la vitesse supérieure en faisant l’acquisition de Chris Paul. Le meneur All-Star restait sur une saison fantastique à Oklahoma City où il avait emmené son équipe jusqu’en playoffs et un Game 7 perdu contre Houston, un résultat au-delà de toutes les attentes chez les Thunder. Une saison qui a permis de réaffirmer une vérité inébranlable : Chris Paul reste l’un des meilleurs meneurs de la ligue et ce, même à 35 ans.

 

C’est sans-doute cette dernière saison qui a convaincu James Jones d’activer cette piste. En l’obtenant, il décide donc d’opérer un changement de direction à la mène. Ricky Rubio est quant à lui déjà remercié et ce, une saison seulement après avoir signé son contrat dans l’Arizona, avant d’obtenir un titre de MVP de la Coupe du Monde 2019. Pourtant, ce trade n’est en rien un désaveu pour l’Espagnol. Rubio a grandement aidé Phoenix en seulement une saison à quitter les bas-fonds de la conférence Ouest, emmenant les Suns aux portes des playoffs. Son organisation irréprochable du jeu aura fluidifié l’attaque de Phoenix et permis au nouveau coach Monty Williams de trouver en lui le meilleur relais possible à ses idées sur le parquet. Auteur de 13 points et 8.8 passes décisives par match, il a réalisé l’une de ses meilleures saisons en carrière, et aura aidé Devin Booker, Deandre Ayton et les autres grâce à son expérience et son calme olympien. Gracias por todo señor.

 

Ricky Rubio n’est pas le seul joueur majeur à quitter les Suns dans ce transfert. En sa compagnie, Kelly Oubre Jr doit lui aussi faire ses valises en direction d’Oklahoma City (pour l’instant). C’est le départ le plus difficile à encaisser pour la Suns Nation. Depuis son arrivée à l’Hiver 2019, le sourire de Kelly Oubre Jr n’a cessé d’illuminer le cœur des fans. Joueur attachant et charismatique, ses gestuelles sur le terrain (pompes, bisous, signes de la tête) ont apporté un grand bol d’air dans un Arizona en apnée. Mais avant toute chose, c’est son apport sportif qui s’est avéré remarquable. Dès sa première dans un déplacement au TD Garden de Boston, c’est lui qui crucifia l’armée verte sur un trois points décisif à une minute de la fin, accompagné de ses fameux bisous à la foule. La suite fut tout aussi brillante. Sa défense, son scoring et sa capacité à unir un groupe ont impressionné. Avec lui, la marque des ‘’Valley Boyz’’ s’est créée, symbole d’un état d’esprit guerrier retrouvé à Phoenix. Leader spirituel des Suns, il s’en va le cœur lourd après avoir réalisé lui aussi sa meilleure saison en carrière (18.7 points, 6.4 rebonds, 1.3 interceptions par match). The Tsunami Papi will bring his waves in the Thunder. Ou plutôt ‘’Shhh…’’, comme il préfère le dire.

 

 

Avec le départ de Kelly Oubre Jr, les Suns vont très vite devoir retrouver un leader spirituel. L’objectif va être de maintenir un collectif soudé et ce, même après le départ de son plus joyeux luron. On peut penser que Chris Paul a toutes les qualités requises pour récupérer le flambeau. S’il n’est pas aussi haut en couleurs que Kelly Oubre Jr, il va apporter d’autres éléments dont ce groupe de Phoenix a besoin. En premier lieu, l’expérience qu’il amène avec lui va évidemment être un aspect déterminant de son intégration chez les Suns. En attendant l’ouverture de la free agency, Chris Paul est le seul trentenaire présent dans l’effectif des Suns, loin devant Abdel Nader et ses 27 balais. Mieux, il est le seul à avoir une expérience significative des playoffs. Sa connaissance de la post-season ne sera donc pas de trop dans le cimetière indien qu’est Phoenix depuis 10 ans. Si Paul n’a jamais réussi à dépasser les demi-finales de conférence, il sait déjà ce que ce ‘’niveau supérieur’’ requiert. Dans le vestiaire de Phoenix il aura ce rôle de vieux sage pour la jeunesse, un homme qui sera écouté et suivi dans les moments clés. Très peu sont aussi respectés que le président de l’association des joueurs en NBA.

 

 

Chez les Suns, l’arrivée de Chris Paul sonne aussi comme un signal très fort envoyé à Devin Booker, ce dont leur GM James Jones a tout à fait conscience. Déjà présent depuis 2015, ‘’Book’’ n’a connu que la défaite et des saisons sans playoffs depuis qu’il est en NBA. Il n’a cessé de progresser jusqu’à s’élever parmi les tout meilleurs joueurs de cette ligue, mais ce qu’il souhaite désormais : C’est gagner. Très proche de Kelly Oubre Jr, il va lui aussi sentir le vide de l’ailier planer mais pourtant, c’est Booker en personne qui aurait insisté ces derniers jours auprès de James Jones pour que le transfert de Chris Paul se fasse. Sous contrat avec Phoenix jusqu’en 2024, Devin Booker ne compte pas atteindre les 10 ans d’ancienneté dans la ligue pour atteindre les playoffs. Désormais accompagné de Chris Paul dans un roster déjà compétitif, il a toutes les cartes en main pour replacer Phoenix dessus. Le management des Suns réalise lui un mouvement intelligent qui va renforcer la confiance de son franchise player. Les rumeurs cartoonesques d’un éventuel trade de Devin Booker vers Minnesota où il retrouverait ses meilleurs amis Karl-Anthony Towns et D’Angelo Russell sont loin, très loin aujourd’hui.

 

L’autre joueur que l’arrivée de Chris Paul doit ravir est Deandre Ayton. Le premier choix de la Draft 2018 va obtenir le meilleur partenaire extérieur possible et ce à un moment charnière de sa carrière. Le Bahaméen a vécu 2 années en dents de scie à Phoenix où malgré un bon apport et des statistiques très convaincantes (17 points et 10 rebonds de moyenne sur ces 2 saisons), il a eu tendance à frustrer les fans tant il pourrait encore plus maximiser ses qualités sur le terrain. Pour l’aider à franchir un cap, qui de mieux que Chris Paul ? Si Deandre Ayton avait déjà profité de Ricky Rubio, il peut encore changer de dimension en compagnie de celui qu’on surnomme le ‘’Point God’’.

 

 

Très peu de joueurs (aucun ?) excellent comme Chris Paul sur pick and roll, et Ayton s’apprête à connaître le partenaire idéal. Sur son placement offensif et ses tendances balle en main (il peut par exemple trop souvent éviter le jeu au poste pour un tir contesté à mi-distance), on peut être sûrs que Chris Paul va l’encadrer et l’aider à profiter au mieux de ses qualités physiques naturelles. En dehors du terrain, on peut également compter sur le vétéran pour cadrer le jeune pivot toujours très dithyrambique. Chris Paul est l’encadrant idéal pour Ayton. Il a rendu meilleur Tyson Chandler à la Nouvelle-Orléans, Deandre Jordan à Los Angeles, Clint Capela à Houston, et on voit mal pourquoi la magie n’opèrerait pas avec un pivot au potentiel 10 fois plus grand que les noms cités ici. Les bêtises comme sa suspension de 25 matchs la saison dernière pour consommation d’un diurétique interdit par la NBA semblent, elles aussi, lointaines aujourd’hui.

 

Au-delà de ces points spécifiques, les Phoenix Suns peuvent globalement s’estimer heureux des retombées de ce trade sur bien de nombreux aspects. Certes, les 41 millions de dollars que touchera Chris Paul la saison prochaine représentent une somme considérable à payer pour les Suns, mais leur salary cap n’est pas au bord de l’implosion pour autant. En envoyant Kelly Oubre Jr (15 millions), Ricky Rubio (16 millions) ainsi que Ty Jerome et Jalen Lecque (3 millions) dans l’équation, ils se débarassent de 34 millions et l’acquisition du vétéran ne représente plus un excédent abusif. Ricky Rubio avait encore 2 saisons de contrat dans les pattes à un prix important pour son apport. De plus, l’Espagnol possède autant de saisons professionnelles que Paul dans les pattes, ce qui remet en question les doutes relevés sur l’âge du vétéran All-Star fraichement acquis. Tous les fans de Phoenix vous le diront : Ricky Rubio était déjà sur la réserve l’an passé (sortie de coupe du monde) et ce n’est pas lui faire insulte de dire qu’il reste un meneur moins fort que Chris Paul.

 

 

En ce qui concerne Kelly Oubre Jr, bien sûr son départ est un crève-cœur, mais sa présence dans le salary cap de l’équipe représentait qu’on le veuille ou non une sorte de bombe à retardement. Il allait de nouveau se retrouver agent libre à l’intersaison 2021, et aurait demandé encore plus d’argent, conséquence de sa constante progression. Or vaut-il mieux donner cet argent à deux joueurs confirmés, ou à un All-Star ? Chacun aura sa sensibilité sur la question, James Jones a fait son choix. Le GM des Suns a également eu les nerfs solides face au gourmand Sam Presti, en ne cédant qu’un seul premier tour de Draft, lourdement protégé en 2022 et sur les années qui suivront.

 

Enfin, Jones a aussi su serrer la vis et conserver son ailier Cam Johnson, acquis lors de la Draft 2019. Sam Presti a insisté pour l’obtenir mais il n’en sera rien. Johnson a prouvé lors de sa saison rookie et dans la bulle d’Orlando qu’il était un role player de choix en intégrant avec brio le 5 majeur d’une équipe qui a réussi un 8-0 bluffant. Son potentiel offensif et défensif est peut-être plus grand qu’espéré, et Phoenix en a conscience, il est devenu intransférable. En attendant, Chris Paul a prouvé du côté d’OKC comme lors du reste de sa carrière qu’il était un leader. Avec l’âge, il a su purifier son appréhension du jeu et saura se retirer dans l’ombre sans problème pour faire briller Devin Booker et Deandre Ayton, les deux moteurs de l’attaque à Phoenix. Désormais, les grandes échéances vont s’enchaîner dans l’Arizona.

 

Demain, la Draft devrait permettre d’ajouter un nouvel élément plein de potentiel dans le 5 mineur de l’équipe. C’est bien de ça qu’il va être question désormais, les titulaires à Phoenix sont quasiment établis (Chris Paul, Devin Booker, Mikal Bridges, Cam Johnson OU Dario Saric, Deandre Ayton) et le front office de la franchise va devoir offrir le banc le plus compétitif possible à Monty Williams. Les prolongations ou non de Dario Saric et Aron Baynes seront à traiter, tout comme l’acquisition d’un ou plusieurs vétérans supplémentaires pour aider l’équipe. Avec Chris Paul, les Phoenix Suns s’arment de deux All-Stars pour la première fois depuis l’époque Steve Nash-Amar’e Stoudemire. L’espoir se lève de nouveau comme le soleil le fera demain matin dans la Valley, avec en perspective des attentes décuplées. Phoenix possède de nouveau une équipe compétitive qui peut regarder les meilleurs dans les yeux, plus de 10 ans après le départ de Steve Nash. It was about time.