Steve Clifford, le choucas

Steve Clifford, le choucas

steve clifford - charlotte hornets - new york knicks
Crédit photo : Fox Sports

Inside Basket vous propose de découvrir des acteurs parfois inconnus du grand public : les coachs. Aujourd'hui : Steve Clifford, le gourou des Hornets.

Le choucas est un drôle d'oiseau qui s'appelle en réalité "clochard à bec jaune". Ce petit corvidé passe son temps à planer en se faisant passer pour un autre. Question présentation, c'est du même tonneau que Steve Clifford, le coach des Hornets qui déambule dans les lignes suivantes. Lorsqu'il bondit sur le bord de la touche, même vêtu d'une cravate, une manière d'atténuer l'austérité, Clifford a tout d'un choucas. Un petit qui vit au milieu des grands. A contre temps.... comme ces lignes.

 

  • La halte 

 

Les Hornets occupent la 8ème place de la conférence Est, et ce malgré trois défaites consécutives dont la dernière a pris l'effet d'une gifle contre Detroit à domicile (106-78). Pour compenser l'absence de nombreux cadres (Kemba Walker, Bismark Biyombo et Michael Kidd-Gildchrist), l'équipe doit défendre durement. Les Hornets doivent piquer en vol et planer sur les rebonds. Ils doivent devenir désagréables. Comme la présence inopinée d'un corbeau sur la pelouse de votre jardin.... vous regardant noir. Comme vous fixe Clifford quand il  parle à Tom Sorensen du Charlotte Observer :

Nous avons une équipe qui peut être un bonne équipe, capable de se qualifier pour les Playoffs. Une formation qui peut même être usante pour ses adversaires sur une série de 7 matchs.

Un pas devant Brooklyn, deux pieds derrière Miami, Charlotte fait du surplace. Après le match, Clifford a passé plus de temps que d'habitude dans le nid des joueurs pour les rassurer. Une sorte de becquée bienveillante devait leur être donnée, eux qui triment depuis quatre mois sans halte. Eux qui migrent d'aéroports en aéroports pour faire face à de sacrés oiseaux. Ce soir-là, Steve ne les a pas engueulés, au contraire, il leur a donné congé jusqu'au 18 février en leur promettant un nouveau venu : Mo Williams.

 

  • L'attaque

 

 

Deux mois plus tôt.... Supposé meilleurs que la saison dernière, les Hornets peinent et Clifford se sait sur un siège éjectable. Ils vient de rater 10 fois ses proies. Autant de chutes qui le déplument. D'autant qu'il benche Lance Stephenson pendant les 4èmes quarts et que l'équipe ne gagne pas. Charlotte sombre même contre Atlanta en étant mené 64 - 28 à la pause.... Mais il y a un an, Charlotte avait également tardé pour son envol (15-23 après une défaite face aux Bulls en Janvier) avant de terminer sur un record de 43 victoires pour 39 défaites. Pire, en 2005, assistant aux Rockets, il couve Yao Ming et Tracy Mc Grady (6-11) pour terminer en flèche  avec 51 victoires pour 31 défaites. Alors, fier, Clifford piaille aux journalistes :

 Lance Stephenson n'est pas une star. C'est un mec avec beaucoup de talent mais dans cette Ligue, vous n'êtes une star qu'après plusieurs superbes années.

A l'époque, le record des frelons se résume à 4 graines contre 15 épis. Ce jour, il est de 22 - 30. Alors, Steve fait le paon : il est fier... et il connait l'histoire de la NBA par coeur. Sur les 10 dernières années, le spot 8 de la Conférence Est est attribué à une franchise ayant un record négatif après 20 rencontres. En outre, 15 des 19 rencontres des Hornets se sont faites contre des équipes avec des records positifs, difficile carnet de vol donc.

 

( 2013-14 Hawks 38-44 / 2012-13 Bucks 38-44 / 2011-12 Sixers 35-31 / 2010-11 Pacers 37-45 / 2009-10 Bulls 41-41 / 2008-09 Pistons 39-43 / 2007-08 Hawks 37-45 / 2006-07 Magic 40-42 / 2005-06 Bucks 40-42 / 2004-05 Nets 42-40 )

 

  • Les courants ascendants

Bien avant... Clifford a toujours plané à des altitudes de subalternes. Comme le Choucas, comme ses postes d'adjoint qu'il occupe aux Knicks, aux Rockets (2003-2007), au Magic (2007-2012) puis aux Lakers (2013). Là, il vole avec Jim Boeheim, Stan et Jeff Van Gundy. D'ailleurs, il voue sa vie au coaching. Né dans le Maine en 1961, son père Gerald le pousse hors du nid, lui le coach d'une équipe de Basket de la North Country Union High School de Newport dans le Vermont). Aussi, Steve connaît son destin :

Je ne me souviens pas d'une journée ou je ne me suis pas dit : tu ne seras pas coach de basket ! Je suis né pour ce job. Depuis le début. D'ailleurs, j'allais admirer mon père à la salle.

Cela fait d'ailleurs 31 ans qu'il voue sa vie à faire cela même s'il fut un temps prof. Autant vous dire qu'il n'y a aucune chance qu'il fasse atterrir sa vie sur une île grecque dont on sait qu'elles sont infestées par les chats, lui le volatile. Il y perdrait ses ailes. Steve voyage de branche en branche. Il a juste attendu la bonne heure pour prendre la direction de Charlotte où niche Michael Jordan. Habile voilier, Clifford sait profiter du moindre courant ascendant pour se déplacer sans effort. Et croyez moi, cela va durer.

 

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Dans la même série sur les coachs :

Mike Budenholzer, le rapace

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