7,6 points à 56,8% au shoot, 5,9 rebonds et 1,5 passe décisive en 23,7 minutes de jeu. Des statistiques plus que quelconques pour Amir Johnson me direz-vous. Si la feuille de stats du joueur des Celtics est digne d'un Roy Hibbert, son impact est néanmoins considérable pour sa franchise. Allergique aux feux des projecteurs, le californien de naissance est loin de truster les gros titres et pourtant son arrivée inaperçue dans le Massachusetts est inestimable pour une franchise qui gravit les échelons au fil des mois avec Brad Stevens. Dans la plus grande indifférence, l'officier Amiral Johnson exerce son autorité sur la raquette des Boston Celtics et fait partie des fondations cachées du navire de Boston. Focus sur un joueur dont l'apport mérite d'être loué !
- Une recrue judicieuse
Loin de la saga LaMarcus Aldridge ou de la signature de Greg Monroe aux Milwaukee Bucks, Amir Johnson a quitté cet été la ville estampillée Drizzy pour rejoindre les Boston Celtics. Un transfert inutile pour certains et passé inaperçu pour la plupart. Une honte tant son impact se fait ressentir dans la franchise mythique. Cet intérieur rugueux aguerri aux joutes NBA est la recrue parfaite pour les jeunes pousses prometteuses mais inexpérimentées de Boston. En effet, âgés en moyenne de 23 ans, les Kelly Olynyk, Jared Sullinger, Tyler Zeller ou Jordan Mickey ont trouvé un grand frère irréprochable, un energizer qui ne rechigne jamais à effectuer le dirty work et à se coltiner les joueurs les plus talentueux des équipes adverses. Son énergie, ses fondamentaux défensifs et sa dimension athlétique en font le défenseur d'élite de la raquette des Celtics.
S'il manque clairement de consistance et de régularité pour être une menace offensive, Amir Johnson remplit son rôle à la perfection comme en témoigne la défense imperméable des Celtics au cours de cette saison. L'année dernière, Boston encaissait 104,5 points en 100 possessions par match et occupait ainsi la 12ème place de la ligue dans cette catégorie. Cette saison, la défense de la franchise mythique est la 2ème meilleure de la NBA devant les Golden State Warriors avec une defensive rating de 97,8 points par match. Il peut paraître réducteur de couronner Amir Johnson pour cette baisse significative de points encaissés, mais il n'en demeure pas moins que l'impact du nouveau venu se fait ressentir comme en témoigne son on/off court. En effet, quand il est sur le terrain, les Celtics marquent plus de points et en encaissent moins (103 marqués pour 97,3 encaissés, soit un différentiel de +5,7). Quand il ne foule pas les parquets, Boston marque 99,9 points en 100 possessions et en concède 98,3.
- L'Amiral de la raquette du Massachusetts
Dans un article prodigieux, Jesus Gomez analyse en détails la défense suffocante des Celtics pour mettre en exergue trois points qui la caractérisent : Boston défend remarquablement sur pick-and-roll sans pour autant concéder des tirs longue distance ouverts, ils sont excellents en transition et créent de nombreuses pertes de balle. Si le journaliste souligne à juste titre l'impact des joueurs extérieurs des Celtics à l'instar de Jae Crowder, Avery Bradley et Marcus Smart, malheureusement, il passe lui aussi sous silence le travail de sape effectué par Johnson. Pour s'en rendre compte, jetons un oeil à son tableau de bord défensif :
| Catégorie défensive | Matchs joués | Matchs | DFGM | DFGA | DFG% | FG% | Différence |
| Général | 31 | 31 | 4,7 | 10,8 | 43,4% | 46,2% | - 2,8% |
| 3 points | 31 | 23 | 0,8 | 1,7 | 44,2% | 35,9% | 8,6% |
| 2 points | 31 | 31 | 3,9 | 9,0 | 43,2% | 49,3% | - 6,1% |
| Moins d'1 mètre 80 | 31 | 31 | 2,3 | 4,3 | 52,6% | 59,7% | - 7,1% |
| Moins de 3 mètres | 31 | 31 | 2,6 | 5,9 | 44,8% | 54,8% | - 9,8% |
| Supérieur à 4 mètres 60 | 31 | 29 | 1,6 | 3,8 | 41,9% | 37,8% | 4,1% |
Matchs : Nombre de matchs au cours desquels l'adversaire d'Amir Johnson enregistre un shoot dans la catégorie correspondante.
DFGM (Defended Field Goals Made) : Nombre de paniers que l'adversaire marque quand Amir Johnson défend sur lui.
DFGA (Defended Field Goals Attempted) : Nombre de shoots tentés quand Amir Johnson défend sur son adversaire.
DFG% (Defended Field Goals %) : Pourcentage de l'adversaire contre quand Amir Johnson défend sur lui.
FG% (Field Goals %) : Pourcentage habituel du joueur sur lequel défend Amir Johnson.
Mis à part à 3 points où il éprouve quelques difficultés, Amiral Johnson règne dans sa raquette et exerce son autorité face à ses adversaires. En effet, ses légers soucis pour contester le drive du meneur ou de l'arrière adverse sont compensés par des défenseurs extérieurs quatre étoiles évoquées précédemment. Néanmoins quand il s'agit de protéger son territoire, Amir est un monstre, un joueur de l'ombre qui effectue un travail incommensurable et qui oblige les stars adverses à mériter chaque point lorsqu'ils osent s'aventurer à le "raquetter". En effet, comme le souligne le tableau, Amir Johnson effectue un chantier monstrueux près du cercle en diminuant les pourcentages adverses de 6 à 10% (là où Blake Griffin voit le pourcentage de ses adversaires augmenter de 4,4%). À cet égard, son impact est significatif pour la défense des Celtics, notamment pour les shoots pris entre 1 mètre 80 et 3 mètres. L'année dernière, les adversaires de Boston tournaient à 41,3% dans cette zone, ce qui faisait de la défense des C's la 26ème dans cette catégorie. Cette saison, ils arrivent à maintenir leurs adversaires à seulement 36% pour être la 3ème meilleure défense entre 1 mètre 80 et 3 mètres. La présence d'Amir Johnson est loin d'être anecdotique tant sa présence dans la raquette du Massasuchetts est dissuasive.
- Un duo dévastateur avec Marcus Smart
Avec cette recrue bien sentie, Boston s'est doté d'un intérieur défensif capable d'épauler des jeunes Celtics affamés après une saison 2014-15 surprenante. Et le retour de Marcus Smart ne peut être que bénéfique pour des Celtics en difficulté en ce moment tant son association avec Amir Johnson est fructueuse dans tous les domaines. En effet, lorsque les deux acolytes sont sur le parquet, Boston marque 18,3 points de plus que ses adversaires sur 100 possessions grâce à une défense suffocante et étouffante. Pour preuves les 6 interceptions provoquées en plus ou les 7,7 pertes de balles engendrées qui permettent à Boston de marquer plus de paniers. Complémentaires au possible avec un savant mélange entre défense extérieure et bétonnage de raquette, ce duo dévastateur fait saliver les aficionados des Celtics et met enfin en lumière le rôle de l'ombre occupé par le soldat Johnson.
Série Silent Killer :