Vend future star état neuf

Vend future star état neuf

Andrew Wiggins - Kevin Love - Minnesota Timberwolves - Cleveland Cavaliers - Chris Webber - Penny Hardaway - Kobe Bryant - Ray Allen - Stephon Marbury - Pau Gasol - Vince Carter - Antawn Jamison

Si Andrew Wiggins fait comme prévu des merveilles chez les Wolves, il rejoindra une jolie sélection de joueurs majeurs qui n'ont pas joué pour l'équipe qui les a drafté.

  • Penny Hardaway / Chris Webber (Orlando Magic / Golden State Warriors - 1993)

Difficile de trouver un échange plus marquant juste après la draft. On parle quand même du premier et du troisième choix en 1993, le pivot star du Fab Five de Michigan contre l'athlétique couteau suisse des Tigers de Memphis : Chris Webber pour Anfernee « Penny » Hardaway, deux formats bien différents mais tous deux polyvalents et élégants.

 

L'idée était simple pour Orlando : le Magic s'était offert Shaq la saison précédente, et avait encore le first pick cette année pour s'approprier Chris Webber, et construire ainsi un frontcourt ultra-dominateur.

Oui mais Penny voulait jouer avec O'Neal et comptait bien convaincre les Floridiens qu'avoir un arrière-meneur était plus intéressant pour eux. Un match d'entraînement est organisé deux jours avant la draft avec des joueurs d'Orlando et Hardaway plaît suffisamment au staff pour le convaincre de changer de plan : la franchise va sélectionner Webber et le vendre à quiconque choisira Penny.

 

Ce sont les Warriors qui vont faire la transaction : C-Webb part à Golden State en l'échange d'Hardaway plus trois futurs tours de draft. En plus d'une jolie négociation, le Magic vient de s'adjuger le complément parfait pour son jeune intérieur : en trois saisons, Penny et Shaq vont réaliser chaque fois plus de 50 victoires, avec un périple jusqu'aux Finales en 1995.

Hardaway aura tout vécu rapidement : deuxième meilleur rookie (juste derrière Webber), et All-NBA First Team les deux années suivantes, avant qu'O'Neal et que les blessures ne détruisent sa brillante carrière.

Le n°1 de 1993 fera presque l'inverse puisqu'il devra attendre son arrivée à Sacramento en 1998 pour vraiment devenir un des tous meilleurs de la ligue.

  • O.J Mayo / Kevin Love (Memphis Grizzlies / Minnesota Timberwolves - 2008)

Une jolie coïncidence et une erreur. Si Kevin Love chamboule la draft 2014 en s'invitant chez les Cavs, il s'est déjà retrouvé au milieu d'un échange lors de sa propre sélection en 2008.

Une transaction qui l'avait encore une fois placée face à O.J Mayo.

Love et Mayo étaient en compétition à distance en 2007 pour savoir qui était le meilleur lycéen du pays, puis les deux espoirs se sont retrouvés en compétition directe en Californie quand O.J a choisi USC et Kevin s'est engagé à UCLA. Les deux hommes n'ont fréquenté les parquets de la fac qu'une seule année, le temps de confirmer leur talent (20.7 points, 41% à trois points pour Mayo, un Final Four pour Love) avant de partir directement pour la grande ligue.

 

L'arrière est choisi en troisième position par Minnesota, l'ailier-fort en cinquième place par Memphis. Le frontcourt est limité chez les Grizzlies depuis le départ de Pau Gasol (et sans savoir ce que va valoir son petit frère) mais ils acceptent pourtant un échange avec les Wolves. Mayo va devenir la deuxième solution offensive dans le Tennessee (membre du All-Rookie First Team) pendant que Love prend le temps qu'on lui donne derrière Al Jefferson pour épater par sa polyvalence.

 

Mais que pendant que Love enchaîne rebonds et trois points et devient le visage de Minneapolis, O.J Mayo se retrouve embourbé dans des soucis personnels, de violations du règlement NCAA en suspensions pour drogue et finit par quitter Memphis. Capable de coups de génie mais souvent irrégulier, sa carrière prend un coup d'arrêt et il se retrouve à jouer chez les Bucks.

  • Vince Carter / Antawn Jamison (Golden State Warriors / Toronto Raptors - 1998)

C'est l'histoire de deux anciens coéquipiers qui se retrouvent échangés par un joli coup de marchandage forcé. North Carolina avait eu la chance d'avoir sous ses couleurs deux futurs franchise players en même temps. Les Tar Heels de 1998 comptaient en effet Vince Carter et Antawn Jamison dans leurs rangs et les ont vu partir tous les deux pour le championnat professionnel.

 

Golden State, cinquième à se servir, voulait absolument accueillir Jamison, qui était à l'époque le meilleur du duo (22.2 points, 10.5 rebonds en 34 matchs pour sa dernière année de fac), et qui pourrait remplacer Latrell Sprewell, banni de la ligue la saison précédente.

Mais Toronto, n°4 cette année là, le savait, et savait aussi que Vince Carter serait le prochain joueur disponible, et qu'il serait forcément sélectionné. Alors les Raptors ont drafté Antawn Jamison dans le simple but de le vendre à l'équipe qui venait après. Les Warriors ont donc servi Carter sur un plateau (et avec compensation financière étant donné le classement dans la draft) aux Canadiens qui ont donc laisser Jamison partir pour la Bay Area.

Une jolie sournoiserie qui allait en plus mettre Toronto sur la carte du basket nord-américain pour la première fois.

  • Stephon Marbury / Ray Allen (Milwaukke Bucks / Minnesota Timberwolves - 1996)

Il est probable que vous ayiez un meilleur souvenir du second que du premier. Parce que Ray-Ray a fait du cinéma, qu'il a le tir longue distance le plus marquant et efficace de la ligue, ou que Miami lui doit la plus fière des chandelles. Et aussi parce qu'Allen a été souvent applaudi là où Starbury a plutôt été critiqué. Mais quand les deux hommes ont commencé leur carrière chez les grands, rien n'était sûr.

Marbury était un meneur scoreur/passeur ultra rapide, la solution si vous n'aviez pas pu avoir Allen Iverson.

 

Le genre de profil dont Milwaukee, en quatrième position lors de la draft 1996, avait besoin. Les Bucks l'ont donc logiquement choisi. Mais les Wolves qui arrivaient juste derrière, se dirent alors qu'ils pourraient facilement créer un combo little-big man entre Marbury et Kevin Garnett, arrivé l'année précédente. Minnesota prit alors le meilleur espoir sur le marché, Ray Allen, et l'échangea avec un futur tour de draft pour récupérer Stephon Marbury.

Minneapolis se mit à rêver du nouveau duo, et le jeune meneur réalisa deux belles premières saisons avant de choisir de partir. Pendant ce temps, Allen eut progressivement le champ libre pour prendre les rennes des Bucks.

  • Kobe Bryant (Charlotte Hornets - 1996)

Et puis il y a l'exemple le plus connu, un coup de poker de Jerry West que peu auraient osé faire pour un gosse de 17 ans. Kobe la sensation lycéenne était arrivé comme une fusée à la draft, un talent certain mais inexpérimenté, un mental d'acier mais adolescent. Dans une promotion très garnie, Bryant l'Italien de Philadelphie trouve preneur à la treizième position, un risque pris par les Hornets mais qui ne sera pas payant pour eux.

 

À l'époque, Charlotte est une formation prometteuse dans une Conférence chargée, qui vient de buter à la porte des play-offs avec 41 victoires pour autant de défaites. L'effectif est plutôt complet, mené par Larry Johnson en ailier-fort, le prolifique ailier shooter Glen Rice (All-Star trois années de suite), Kenny Anderson à la mène, et le vétéran Dell Curry.

En clair, Kobe va surtout apprendre depuis le banc s'il débarque en Caroline du Nord. Problème, le gamin n'a pas trop envie de venir, et n'est pas non plus la priorité n°1 des Hornets, qui cherchent un pivot depuis que Zo Mourning est parti à Miami.

 

Mais le malin Jerry West, alors GM des Lakers est rapidement sur le coup. Il a vu le potentiel de Bryant en workout, et propose le très complet Vlade Divac en échange du rookie. « The Logo » peut se le permettre : il vient tout juste d'acquérir Shaq.

Le 11 juillet, la transaction est effectuée et Kobe devient la nouvelle attraction de L.A. Trois jours plus tard, Larry Johnson quitte Charlotte pour les Knicks.

On pense les Hornets sur la pente descendante, ils vont pourtant réaliser leur meilleure saison régulière avec 54 succès. Kobe aura la carrière qu'on lui connaît mais les frelons n'auront pas eu besoin de lui pour réussir. Du moins le temps que l'ado grandisse.

  • Kawhi Leonard (Indiana Pacers - 2011)

Comme à leur habitude, les Spurs ont vu ce que les autres ne semblent pas voir. De là à anticiper un futur MVP des Finales, il ne faut pas exagérer, mais ils sont su discrètement prendre ce qu'ils voulaient. Les Pacers avaient sélectionné Kawhi Leonard en 15ème position en 2011, un ailier bon défenseur mais qui allait surtout regarder Danny Granger jouer à Indiana.

San Antonio, coincé avec ses deux trentenaires Stephen Jackson et Richard Jefferson, avait besoin de sang neuf au poste trois, et une monnaie d'échange à proposer aux Hoosiers : un meneur nommé George Hill.

 

Le transfert est effectué le soir de la draft et aura finalement été une réussite des deux côtés : Leonard prend progressivement un rôle majeur dans le système Popovich, et George Hill gagne un temps de jeu considérable après le départ de Darren Collison et devient un titulaire incontestable de la belle dynamique des Pacers. Certes, Leonard aurait plus tard eu sa place dans la défense d'Indiana, mais les Spurs l'ont intégré comme personne n'aurait pu l'imaginer.

  • Eric Bledsoe (Oklahoma City Thunder - 2010)

Certains choix semblent n'avoir aucun sens. En 2010, le Thunder qui s'est équipé avec Russell Westbrook puis James Harden les deux dernières années se retrouve avec le ticket n°18 et choisit l'arrière meneur de Kentucky, Eric Bledsoe. Un joueur avec un potentiel intéressant mais qui n'a pas sa place dans l'effectif d'Oklahoma City.

On se dit alors que Bledsoe va pouvoir servir de monnaie d'échange pour un meilleur atout, pourquoi pas à l'intérieur, mais le front office préfère l'envoyer dès le soir de la sélection chez les Clippers contre un simple tour de draft (qui sera d'ailleurs vendu aux Celtics l'année suivante pour faire venir Kendrick Perkins).

 

OKC passe donc complètement son tour pendant que Bledsoe joue les assistants de Chris Paul à L.A et est nommé dans le deuxième cinq des rookies. Pire encore, Bledsoe donne le ton d'une équipe surprise de Phoenix en 2013-14, pendant que le Thunder se demande encore comment remplacer James Harden.

  • Lamarcus Aldridge (Chicago Bulls - 2006)

Pour une fois, c'est Portland qui rit et Chicago qui pleure. Pourtant septièmes à l'Est la saison précédente avec un joli trio Hinrich-Deng-Gordon, les Bulls avaient obtenu des Knicks le deuxième ticket pour la draft 2006. Logiquement, ils sélectionnent un bon gabarit et surtout bon défenseur, Lamarcus Aldridge.

 

Pourtant, ils décident le jour même de l'échanger avec les Blazers contre le quatrième choix, Tyrus Thomas, joueur solide, doué aux contres et qui a atteint le Final Four avec LSU, et Victor Khryapa. L'idée aurait pu être utile si Chicago n'avait pas acheté Ben Wallace à l'intersaison, laissant Thomas sur le banc.

De son côté, Aldridge a tout le temps de grandir (malgré plusieurs soucis de santé) à Portland, et alors que Brandon Roy et Greg Oden doivent mettre leur carrière entre parenthèses, il devient le franchise player de l'Oregon.

  • Luol Deng (Phoenix Suns - 2004)

Mauvaise anticipation du succès ? En 2004, et alors que Steve Nash est sur le pont de révolutionner le jeu des Suns pour les années à venir, Phoenix choisit avec le septième spot de la draft un certain Luol Deng. À 19 ans, il vient tout simplement de mener Duke au Final Four en une seule saison.

 

Les Suns ne peuvent pas se tromper mais ils vont pourtant le faire : en accord avec les Bulls, ils envoient le jeune sud-soudanais à Chicago contre l'oublié Jackson Vroman et un choix en 2005. Certes, difficile de voir l'impact direct de Deng dans une équipe qui possédait déjà Shawn Marion et Amar'e Stoudemire, mais Phoenix aurait pu supposer qu'un joueur à profil défensif pourrait un jour servir. Les Bulls ne l'ont pas gardé dix ans sans raison.

  • Pau Gasol (Atlanta Hawks - 2001)

Nouvelle ville, nouveau départ, nouveaux meubles. C'est ce qu'a du se dire le front office des Grizzlies quand la franchise quittait Vancouver pour Memphis. Alors que la promotion 2001 ressemblait à un fond de placard, Pau Gasol est apparu avec la casquette des Hawks. Le grand Espagnol avait un gros potentiel et les nouveaux habitants du Tennessee avait un moyen de pression : Shareef Abdur-Rahim, star d'une équipe faiblarde, qui pouvait espérer un nouveau départ dans sa Géorgie natale.

 

Alors Atlanta a laissé tomber son plus haut draft pick depuis 1975 pour un joueur déjà expérimenté qui pourrait remettre l'équipe sur la route des play-offs. En vain. Pendant ce temps, Memphis a allié Gasol à un autre rookie, Shane Battier, et en l'espace de trois ans, le sujet de moquerie de la NBA a atteint la postseason à l'Ouest.