Un game 7 des NBA Finals. La série n'a pas été brillante, très loin de là. Entre les mauvais gestes, les scandales concernant l'arbitrage, et le niveau de jeu calamiteux de l'une ou l'autre des équipes, le spectacle était jusqu'ici plutôt décevant. Sauf que ce soir, c'est le match de l'année. C'est la chance de se rattraper pour les deux équipes, de nous montrer ce qu'elles sont capables, de nous proposer une fin de saison en apothéose. L'occasion de briller, alors que tous les projecteurs sont braqués sur vous.
Pour un joueur de basket, c'est le rêve de toute une carrière, voire de toute une vie. Stephen Curry n'est pas différent. Tout au long de sa carrière, il a surpris les gens et a dépassé les attentes. Sortant d'une petite fac, il est drafté 7ème à la draft de 2009. Lors de sa saison rookie, Monta Ellis, la star de l'époque, le prend déjà en grippe. Trois ans plus tard, ce dernier est échangé pour faire de la place au petit meneur. Arrivé au deuxième tour de playoffs en 2013, on se dit qu'il est arrivé à l'apogée de sa carrière : Babyface décroche le titre de MVP deux saisons plus tard. Le joueur n'est cependant pas considéré comme le meilleur joueur de la ligue et "bénéficie de l'appui d'une excellente équipe" : il double la mise cette année, devenant le premier MVP élu à l'unanimité.
Aujourd'hui, Curry déçoit. C'est la toute première fois de sa carrière. Ces playoffs n'ont pas été une sinécure pour lui: blessé à la cheville, puis au genou, puis à l'épaule, il a du mal à gérer ses déplacements latéraux et ses changements de rythme si dévastateurs. Malgré tout, ce n'est pas une excuse que l'on peut accepter de la part d'un double MVP en titre. Alors que LeBron James marque la série de son empreinte, et survole chaque minute de ces deux derniers matchs, le leader des Warriors est aux abonnés absents. 23 points, 5 rebonds, 5 passes à 41% sont des chiffres convenables; cependant, son influence sur le jeu et sa défense sont tout simplement invisibles.
Ces Finals ne sont pas une simple opposition entre deux équipes. La NBA a mis un point d'honneur à les vendre et à les promouvoir comme elle sait le faire. Mettre en avant les stars, au-dessus du collectif. Cette finale, c'était Stephen Curry vs LeBron James. Le MVP de la ligue, face à son meilleur joueur. La nouvelle image de la ligue, contre sa figure historique. Ce sont deux approches différentes du jeu, deux images, deux personnalités différentes. Les deux natifs d'Akron, confrontés pour décider qui est le meilleur. Un coup de génie marketing, qui tourne mal au fur et à mesure que la série avance.
Mais, ce soir, c'est l'occasion pour le meilleur joueur de la saison de sauver l'honneur. Alors qu'il a pour habitude de mettre en avant ses coéquipiers, Steph n'ignore pas la pression qui se trouve sur ses épaules. Impossible pour lui de décevoir.
J'ai besoin de jouer le meilleur match de ma saison, si ce n'est de ma carrière, compte tenu des enjeux. Ca ne veut pas dire marquer 50 points, mais contrôler le tempo du match. J'ai besoin d'être agressif, mais quand je veux essayer d'emballer la rencontre, je dois le faire sous contrôle. Le faire dans le cadre du plan de jeu et des schémas dont nous avons l'habitude. Me concentrer sur les détails, des deux côtés du terrain. Toutes ces choses entrent en ligne de compte pour réussir un gros match, et c'est ce que je veux. Nous sommes tous conscients de l'opportunité qui se trouve en face de nous.
LeBron James, lui, préfère éluder la pression :
Tous les matchs de playoffs sont importants. Il n'y a pas vraiment de pression supplémentaire parce que c'est un Game 7. C'est le dernier match de la saison, donc il est important de tout donner. Il n'y a pas de prochain match. Donc voilà, j'attends le défi avec impatience. C'est un Game 7, oui, mais je ne me mets pas de pression en plus.
Dans ce match, peu importe le score, peu importe la performance. LeBron a simplement montré qu'il était le plus dominant, sur cette série, et sur la NBA en général. Dans les matchs 5 et 6, l'ailier des Cavs s'était transformé en Michael Jordan. Il est évident que le King a dominé ces playoffs de la tête et des épaules, ajoutant un peu plus à la légende. Steph, lui, n'a simplement pas eu de performance hors du commun. Pour l'individu, pour le franchise player, gagner le match ne sera pas suffisant. On attend de lui qu'il domine, qu'il nous éblouisse. Qu'il tienne son rang, tout simplement. De Stephen Curry dépendra le sort de la partie, et de la saison. Ce Game 7 est son heure de gloire, qu'il brille de mille feux.