Russell Westbrook pourrait-il être MVP ?

Russell Westbrook pourrait-il être MVP ?

Russell Westbrook - Most valuable player - Stephen Curry - James Harden - Oklahoma City Thunder - Golden State Warriors

La rubrique "Lignes de Fond" : c'est une analyse, statistiques à l'appui, d'un sujet d'actualité NBA. Cette semaine, l'épisode 4 de Lignes de Fond s'intéresse à Russell Westbrook et ses chances d'être élu MVP.

Cette semaine, j'hésitais à consacrer l'épisode 4 de Lignes de Fond aux "stratégies" étonnantes des Sixers ou aux espoirs que je porte dans l'arrivée d'Adreian Payne aux Wolves. Seulement voilà, un joueur évolue dans un autre univers depuis un mois et je ne pouvais pas m'empêcher de me demander quelles sont les chances pour Russell Westbrook de remporter le titre de Most Valuable Player cette saison. Pour ce faire, je prendrai comme point de comparaison les derniers lauréats du trophée ainsi que les deux prétendants les plus sérieux de cette saison 2014-2015, Stephen Curry et James Harden.

  • Bilan statistique

Des chiffres tout d'abord pour poser le décor et parce qu'il est difficile d'obtenir le titre de MVP sans un apport statistique conséquent. Russell Westbrook tourne cette saison à 25,9 points, 6,5 rebonds, 8,0 passes décisives et 2,0 interceptions par match en 43 rencontres. Hormis en passes (il tournait à 8,2 en 2010-2011), il s'agit là de ses meilleurs moyennes en carrière. Le meneur du Thunder tourne également à 43,7% aux tirs, 29,1% à trois points et 83,9% aux lancers-francs. Habitué à perdre beaucoup de ballons depuis le début de sa carrière (comme la totalité des superstars de la ligue amenés à avoir la gonfle dans les mains), il tourne à 3,8 turnovers de moyenne cette année.

 

R.Westbrook   (32,6 MPG)    25,9 PPG  6,5 RPG  8,0 APG  2,0 SPG  43,7%FG  29,1%3pts  83,9%FT  3,8 TOPG
S.Curry           (33,2 MPG)    23,8 PPG  4,6 RPG  7,9 APG  2,2 SPG  48,3%FG  40,4%3pts  90,4%FT  3,0 TOPG
J.Harden         (36,5 MPG)    27,3 PPG  5,8 RPG  6,8 APG  2,0 SPG  45,2%FG  38,7%3pts  86,6%FT  4,0 TOPG

 

Si l'on s'arrête à une analyse purement statistique (ce qui serait absurde), on constate que les trois protagonistes possèdent des atouts différents. Si Curry fait preuve d'une adresse monstrueuse (est-ce vraiment nécessaire de le préciser?), Harden est un scoreur plus prolifique tandis que Westbrook noircit toutes les colonnes statistiques soir après soir. Le meneur en est d'ailleurs à trois triple-doubles cette saison, devant James Harden avec deux et Stephen Curry toujours à zéro. S'il est difficile de comparer l'apport statistique de trois joueurs tant les contextes sont différents, l'évaluation par match (PER) est un excellent outil pour juger de l'impact d'un joueur sur son équipe quelque soit le temps de jeu qui lui est attribué. Et dans notre cas, c'est Russell Westbrook qui tient la corde avec un PER de 29,17 devant Stephen Curry à 28,03 et James Harden à 27,29.

 

S'il est évident que statistiquement, le thunderous Russell Westbrook n'a rien à envier à ses concurrents, rentrons maintenant dans le vif du sujet avec l'aspect le plus important du Most Valuable Player, sa valuability.

  • Assez valuable pour être élu ?

Le trophée de MVP est sensé récompenser non pas le meilleur joueur de la ligue dans l'absolu, mais celui étant le plus valuable, c'est à dire le plus important ou encore le plus utile pour son équipe. Juger de la valeur d'un joueur pour sa franchise n'est pas chose aîsée et un minimum de subjectivité entre inévitablement en compte pour les journalistes chargés du vote pour le MVP.

 

Pour amener un peu d'objectivité à cette partie, je vais prendre appui sur les MVP des dix dernières années. L'un des facteurs essentiels est le nombre de victoires d'équipe. En prenant les dix derniers vainqueurs du trophée, on se rend compte que Russell Westbrook est loin des critères de réussite collective. Sur 10, 6 ont en effet amené 61 victoires ou plus à leurs franchises et tous ont terminé avec un pourcentage de victoire au dessus de 65,9%. Autre point essentiel, tous les MVP ont vu leurs équipes respectives finir dans les deux premières places de leurs conférences depuis 1987-1988 (les Bulls avaient terminé 3ème avec le bilan de 50-32). Compte tenu de ce "devoir" de réussite collective, les chances de voir Russell Westbrook couronné MVP semble mince étant donné que le Thunder est actuellement 8ème de la conférence Ouest à 56,1% de victoires. Il faudrait qu'Oklahoma City gagne 22 de leurs 25 derniers matchs pour finir atteindre les 65,9% de victoires (soit un bilan de 54-28) en sachant que cela ne leur assurera en rien une place dans le top 4 de cette conférence Ouest si relevée.

 

Au delà du résultat collectif, attardons-nous un peu plus sur l'impact des prétendants sur leurs équipes respectives. C'est là que la subjectivité entre en jeu. En début de saison, Oklahoma City orphelin de ses deux stars (Kevin Durant & Russell Westbrook) a squatté le fond du classement, au point de sombrer à la 14ème place de la conférence Ouest juste derrière les Lakers... Les deux compères reviennent enfin et le Thunder entame un come-back vers les Playoffs. J'étais le premier à ne pas y croire mais un mois et demi plus tard, les voilà à la 8ème place avec une forme olympique (7 victoires de suite et 9 victoires sur leurs 10 derniers matchs) malgré de nouveaux pépins physiques de KD. Alors oui, le génie de Sam Presti a oeuvré avec les arrivés convaincantes et prometteuses de Dion Waiters ou plus récemment Enes Kanter et DJ Augustin. Mais, Russell Westbrook pour ne parler que de lui, c'est quand même 29,5 points, 8,2 rebonds et 10,1 passes de moyenne sur le mois de février... Des statistiques hallucinantes et pas étrangères au retour de son escouade.

 

Ses dernières performances lui vaudront sans aucun doute le titre de joueur de mois de Février. Maintenant, le titre de MVP se joue sur une saison, et pas un mois. Même si l'histoire du Thunder cette saison est belle, les deux autres prétendants au trophée de MVP ont également de nombreux arguments, qu'ils tiennent depuis le premier jour de championnat. Stephen Curry et les Warriors sont numéro un de la ligue (44-10) malgré l'arrivée du nouveau head coach Steve Kerr. James Harden quant à lui réalise une saison titanesque avec des Rockets (38-18) pourtant privés de Dwight Howard et peu épargnés par les blessures depuis le début de saison (Terrence Jones, Patrick Beverley).

  • La course au MVP : un vrai marathon

Chaque année, des joueurs entrent et sortent des discussions pour le titre de MVP. Cette saison, c'est Russell Westbrook qui nous offre un spectacle monstrueux et une magnifique histoire avec son équipe du Thunder qui revient au galop au meilleur moment. Seulement voilà, l'histoire le montre, le trophée est décerné aux joueurs qui ont réalisé une année pleine et qui ont su être valuable pour leur équipe tout au long des 82 matchs (sauf lockout) de saison régulière. Avec 14 matchs manqués et un mois de janvier qui fait tâche au milieu de deux mois au plus haut niveau, il faudra sûrement que Russ nous sorte une fin de saison d'extra-terrestre (à l'image de ce qu'il fait en ce moment) pour espérer voler le titre à Stephen Curry ou James Harden. Quoiqu'il en soit, Russell Westbrook est en train de montrer à tout le monde qu'il est l'un des plus gros phénomènes que le basket-ball ait jamais connu et qu'on veuille le nommer MVP ou non, on se régale !

 

Les épisodes de Lignes de Fond :

Episode 1 - Les Pistons en surchauffe
Episode 2 - Les Clippers dans le dur
Episode 3 - Les Rookies 2014 : Partie 1 - Partie 2 - Partie 3 - Partie 4 - Partie 5