Le soleil se lève #4 : Des Suns en maîtrise devant une foule incontrôlable !

Le soleil se lève #4 : Des Suns en maîtrise devant une foule incontrôlable !

NBA Playoffs - Phoenix Suns - Denver Nuggets - Devin Booker - Chris Paul - Nikola Jokic

Toujours aucun nuage à l’horizon dans votre série printanière consacrée au retour des Suns en playoffs, après 11 ans d’échec. Débarrassés des Lakers, les Suns n’ont pas décéléré depuis la semaine dernière pour mener 2-0 face à des Nuggets étouffés. C’est avec une confiance maximale que les Suns vont partir à la montagne dès vendredi soir.

Au-delà de la victoire des Suns hier soir, c’est bien ce jeune garçon présent dans les tribunes qui a fait le tour des réseaux sociaux après une nouvelle nuit de folie à Phoenix. A lui seul, ce jeune fan résume très bien l’état second dans lequel sont entrés tous les fans de la franchise depuis le début des playoffs, une communauté portée comme un seul homme par les performances d’une équipe éblouissante. Les Suns mènent désormais 2-0 face aux Nuggets en demi-finale de conférence, après deux démonstrations offensives. En marquant 122 et 123 points pour commencer la série, Phoenix a déroulé un arsenal inarrêtable, porté par une défense en fer de lance de ce feu d’artifice qui a déclenché multiples tremblements de terre dans la ville au milieu du désert. Cette action lors du Match 1 est à situer à 7 sur l’échelle de Richter, au moins, sources tell Inside Basket.

 

 

Alors comment expliquer la domination prématurée des Suns dans cette série qu’on annonçait comme très serrée sur le papier ? Un premier élément de réponse réside bien sûr dans le duel intérieur, clé essentielle de cette série. Pour l’instant, le fraichement couronné MVP de la saison 2020/2021 vit des moments difficiles face à Deandre Ayton, qui annihile complètement la menace qu’il représente. Les deux hommes ont fait jeu égal dans ces deux rencontres, et c’est bien sûr une très mauvaise nouvelle pour les fans des Nuggets. Alors que le serbe tournait en 33 points par match face aux Blazers, c’est de 10 points que sa moyenne chute, tout comme ses pourcentages de réussite au tir.

 

La faute à un homme : Deandre Ayton. Le Bahaméen prouve si c’était encore nécessaire qu’il n’évolue pas dans la même cour que le fragile Jusuf Nurkic et ce des deux côtés du terrain. Dans la lancée de sa domination des Lakers, ‘’DominAyton’’ fait vivre un enfer à Nikola Jokic. Le Match 1 a vu le Joker tirer à 5/14 lorsqu’il était défendu par lui. De l’autre côté du terrain, Ayton est à 17 points par match pour l’instant, à 76% au tir réel sur l’ensemble des playoffs pour l’instant, soit le leader en compagnie de James Harden (76% également). C’est un Nikola Jokic éreinté par Ayton qu’on a observé jusqu’ici, incapable de proposer les efforts nécessaires en défense pour ne pas être dominé physiquement par cette machine du pick and roll. Pour Denver, une solution pourrait être de forcer Ayton à commettre des fautes comme dans le début du Match 2, mais ils n’avaient pas prévu deux choses.

 

D’abord le retour d’un Dario Saric en grande forme qui n’a pas du tout perdu son duel face à Jokic non plus, puis le gain de maturité du premier choix de la Draft 2018. Dès son retour sur le terrain, le pivot des Suns n’a ensuite plus commis une faute dans le même temps que les Suns effectuaient leur meilleure séquence défensive du match, pas de hasard. C’est ce qu’applaudissait Monty Williams en conférence de presse après le match, la façon dont Ayton est devenu un homme nouveau cette saison, qui a gommé ses irrégularités passées de façon exponentielle à l’heure d’aborder ses premiers playoffs. Il n’est pas tout seul, tant les Suns n’hésitent pas non plus à switcher sur le MVP 2021, et Mikal Bridges parvient alors lui aussi à rendre la vie dure au Joker. Un plan de jeu défensif qu’on doit au coach de l’année 2021. Ah non pardon, l’homme élu coach de l’année est dans une autre équipe de playoffs, ou une équipe éliminée depuis 2 semaines en 5 petits matchs, on ne sait plus.

 

 

Mais résumer les défaites de Denver au seul Nikola Jokic bien contenu serait un peu trop simple. Pour rester dans une analyse bien bête et méchante comme on les aime, ces Nuggets se piègent aussi tout seul dans leur dérive offensive tactique et technique. Si le Joker distribue toujours aussi bien le jeu avec son héliocentrisme habituel, ces qualités sont rendues inutiles par la défaillance collective de son équipe. Les Nuggets s’entêtent à toujours plus tirer à trois points, ils s’enterrent eux-mêmes dans leur propre tombe. Ces role players qui doivent exploiter les espaces offerts par une défense attirée par Jokic manquent les tirs ouverts offerts par la défense de Phoenix, à l’image de Monte Morris et Austin Rivers dans le Match 1 à 3/17 de loin ! C’était pire encore dans le Match 2, avec un naufrage collectif au pire des moments en première mi-temps (4/22). Ainsi, les Nuggets se trompent dans leur plan de jeu et se forcent à tirer de loin même dans des soirs d’échec, tout en manquant d’agressivité, et n’en allant jamais défier Ayton au cercle, Nikola Jokic mis à part. Une conséquence, là aussi, de la domination défensive des Suns et de la force de dissuasion féroce du Bahaméen. Les chiffres vont tous dans ce sens depuis le début des playoffs.

 

 

Mais au-delà des défaillances adverses, c’est bien collectivement et sur leurs qualités que ces Suns si justes poussent autant Denver à la faute. Si on retrouve ce collectif Suns aussi fort offensivement, c’est en grande partie grâce à la rédemption du seul et unique Point God dans ces playoffs ! Après de multiples frayeurs dans la série face aux Lakers, Chris Paul semble enfin être de retour à 100% pour porter les rêves de titre de ses Suns. C’est toute l’attaque qui retrouve des couleurs grâce à lui, avec 4 titulaires à plus de 20 points lors du match 1, et 5 titulaires à plus de 11 points lors du match 2 ! La distribution du scoring est tout simplement parfaite, grâce à la vista légendaire du meneur vétéran.

 

Quand on parle de légendaire, on ne choisit pas nos mots au hasard, tant Chris Paul est en train de faire tomber les records à la pelle. Lors du Match 1, il est devenu le troisième joueur de l’histoire à effectuer un match à plus de 20 points, 10 passes décisives et 5 rebonds à plus de 35 ans, après LeBron James et John Stockton. La nuit dernière, il est aussi devenu le premier joueur à enregistrer 15 passes décisives sans la moindre perte de balle en playoffs depuis… Chris Paul en 2014 ! Une preuve de pérennité incroyable, qui va de pair avec son arrivée à la 14ème place des meilleurs passeurs de l’histoire en playoffs grâce à ces 15 unités lui permettant de dépasser Jerry West. Mais ce n’est pas seulement sa propre personne qu’il fait briller ! C’est le collectif. Dernière statistique sympathique, le trio Paul-Booker-Ayton est le premier à aligner 3 doubles-doubles dans le même match à Phoenix depuis 2007… et les légendaires Steve Nash, Amar’e Stoudemire et Shawn Marion.

 

 

Dans l’ensemble des deux matchs, Chris Paul est venu porter l’estocade d’une domination collective. Le meneur est simplement la touche finale, le dernier coup porté au grand méchant dans un bon James Bond, comme il l’a fait avec ses 14 points (6/8) marqués dans le quatrième quart-temps du Match 1. Le soleil est large, la marge des Suns sur ce début de série est un barrage solide à ces Nuggets en plein naufrage. Deux grandes premières victoires sont venues offrir un quatrième succès consécutif par au moins 13 points d’avance à ces Suns, pour la première fois dans l’histoire de la franchise ! C’est bien simple, on a presque le sentiment que Phoenix n’a jamais connu une équipe aussi dominante. Une chose est sûre, jamais les Suns n’ont connu un collectif aussi déterminé à gagner, aussi déterminé à enflammer un public tout acquis à leur cause, aussi déterminé à prouver au monde entier qu’il avait tort.

 

On a le sentiment après seulement deux matchs que ces Nuggets n’ont aucune solution défensive à apporter. Déjà qu’Aaron Gordon doit passer ses matchs à surveiller Devin Booker comme l’eau sur le feu, avec une réussite moyenne, ces Nuggets n’ont en aucun cas les moyens de limiter les deux arrières All-Star des Suns en même temps, et c’est ainsi que Chris Paul parvient à faire briller tout le collectif. Il sait aussi jouer pour lui-même quand il le sent, comme lorsqu’il a de multiples reprises ciblé Michael Porter Jr, demandant l’écran pour provoquer le switch afin de le jouer en isolation, bingo. De manière générale, l’ailier des Nuggets est complètement perdu dans cette série jusque-là, percutant Millsap dans un système offensif qu’il induit en échec, n’étant que l’ombre du scoreur attendu par Denver. Ses pourcentages merveilleux de la série contre Portland ont totalement disparu, à 34% au tir dont 29% à trois points.

 

Alors, on voit mal comment les Nuggets pourraient survivre dans cette série de playoffs après deux défaites aussi larges. Les joueurs du Colorado ont été dominés dans tous les secteurs du jeu, et le peu de réponses qu’ils pourraient apporter trouveraient toujours une issue à Phoenix qui profite plus que jamais de la profondeur folle de son effectif si bien construit par le GM James Jones. Même quand les Suns ont été en échec dans la première mi-temps du Match 2, en défendant assez mal, ne bénéficiant qui plus est, pas de leurs paniers en transition, les Nuggets n’en ont pas profité du tout. Alors la série n’est pas terminée bien sûr, mais Mike Malone va vite devoir trouver un Plan B pour ne pas enterrer son équipe définitivement. En face, les Suns ont une marge énorme, avec pour preuve dans ce Match 2 aucun titulaire utilisé plus de 33 minutes. Les Suns dominent en ne puisant que peu dans leurs réserves, le scénario idéal. Rendez-vous vendredi en haute altitude pour un rendez-vous déjà décisif, si les Suns prennent 1 match sur 2 à Denver, la série sera sans doute déjà terminée. En attendant, les Nuggets sont en apnée, pendant que les olas du public à Phoenix continuent de brasser l’air frais d’un renouveau victorieux.