La tortue ou le lièvre ?

La tortue ou le lièvre ?

All Star Game

Fini le All-star break, il faut maintenant terminer la saison régulière en beauté en vue des play-offs. Mais un coup d'oeil en arrière montre que ceux qui finissent forts ne sont pas forcément champions, et l'inverse.

Kyrie Irving peut ranger son trophée de MVP du All-Star Game, il doit maintenant remettre Cleveland dans le bon sens. Tout comme pour les Cavaliers, il reste plus ou moins 30 matchs à chaque franchise pour déterminer son avenir après avril. À la même période l'année dernière, Miami avait marqué l'histoire de la ligue en réalisant un incroyable bilan de 30 victoires pour seulement deux défaites, le meilleur total qu'on ait jamais vu après le match des superstars dans l'histoire de la NBA. Une performance qui avait mis les champions en titre dans une dynamique qui les a mené jusqu'à un deuxième titre consécutif en juin.

Historiquement, bien terminer les 82 face-à-face avec le reste de la NBA est un avantage certain pour envisager les play-offs. On retrouve ainsi de nombreux champions et finalistes parmi les meilleurs finisseurs : les Utah Jazz de 1997 et 98 (31-4, puis 31-5, chaque fois en Finales), les Lakers de 1985, 87, et 2000 (respectivement 27-4, 30-5 et 30-4, couronnés les trois fois) ou encore les Bulls de 1996 et 98 (30-5 et 28-5, champions).

Mais on voit aussi quelques surprises : les Spurs de 1995, auteurs d'un 32-5 qui les fera passer de la quatrième à la première place de la conférence, mais éliminés aux portes des Finales par Houston, et surtout les Nuggets de 2005 et 2013 (25-4 et 24-4), disparus chaque fois au premier tour.

Le cas de Denver est révélateur d'un phénomène récent : ce ne sont pas forcément les favoris voire les futurs vainqueurs qui concluent le mieux leur saison régulière. En 2012, Miami et Oklahoma City avaient été plutôt moyens (19-13 pour le Heat, 20-12 pour le Thunder). Idem pour Dallas en 2011 (17-9), ou les Lakers en 2010 (16-12). Et ce alors que les Spurs (26-6 en 2012) et les Bulls (24-4 en 2011) sprintaient pour finalement pas grand chose.

  • Plein de victoires ou le trophée ?

Finir sa saison régulière à plein régime dépend en fait de différentes données. Il y a déjà la difficulté du calendrier. Le Heat avait été bien aidé en 2013 par un programme avantageux : seulement trois rencontres contre l'Ouest en 32 matchs, 20 adversaires qui n'ont pas été jusqu'aux play-offs. De quoi préparer tranquillement la suite et d'économiser ses forces.

Car une équipe qui vise le titre doit protéger ses stars et faire avec le manque de fraîcheur de l'effectif. La réussite de San Antonio ces dernières années par exemple est liée au temps de jeu limité d'un Tim Duncan. Et avec la récurrence des blessures, il vaut mieux éviter de prendre des risques juste avant le moment fatidique. Alors on fait jouer le banc, qui n'a pas forcément tous les automatismes par manque de pratique, et on laisse filer certains matchs. Personne n'a envie d'un triple overtime contre les Kings à quelques jours des play-offs.

Les risques, on les prend quand on ne peut pas faire autrement. C'est pour ceux dont l'avenir n'est pas déterminé, entre la draft et la tête de la conférence. Comme les Rockets de 2008, partis d'une dixième place à l'Ouest fin janvier, qui après 22 victoires de suite arracheront une cinquième position. Mais eux aussi seront sortis au premier tour. Car les victoires sans prestige de fin de saison ne sont finalement là que pour le moral : arrivés aux playoffs, les retardataires ne sont pas devenus meilleurs que ceux qui sont bons depuis le début.

  • Qui pour le grand final 2014 ?

Qui pourrait faire une fin de saison spectaculaire ? Difficile d'imaginer revoir le Heat à un tel niveau, il faut reposer les joueurs vieillissants, et le niveau général de la Conférence Est laisse peu de probabilité qu'une équipe enchaîne une vingtaine de victoires sur les quelques 30 matchs restants … excepté peut-être Indiana. Les Pacers veulent surtout sécuriser leur première place à l'Est, leur calendrier est abordable et l'effectif en forme. Reste à savoir quand ils commenceront à économiser leurs forces pour la post-season.

À l'Ouest, la compétition est serrée comme tous les ans : pour la première place, pour la division, pour l'avantage du terrain, ou tout juste pour le spot numéro 8. Mais tout le monde a une douzaine de matchs contre une équipe avec un bilan positif, et au moins 17 face à un représentant de la Conférence Ouest. Les effectifs jeunes s'en sortiront mieux, mais attention à ne pas cramer comme Denver l'année dernière.

Golden State a la jeunesse, beaucoup de concurrence, et un calendrier légèrement plus gérable ; Memphis doit cravacher pour rattraper Dallas et Phoenix. Houston et les Clippers pourraient aller chercher San Antonio, si les Spurs fatiguent, et OKC a les moyens d'enclencher une vitesse supérieure si Russell Westbrook revient sous peu. Mais le Thunder a toujours l'élimination prématurée de l'an dernier en tête, et ne va pas surxploiter son meneur dès son retour.

La dernière ligne droite sera encore spectaculaire cette année, mais la tortue devrait encore une fois s'en sortir mieux que le lièvre.