Kyrie Irving est-il surcoté ?

Kyrie Irving est-il surcoté ?

Kyrie Irving - Cleveland Cavaliers - luol deng

Cleveland est actuellement dixième à l'Est. Est-ce la faute du jeune meneur qui ne parvient toujours pas à mener son équipe en playoffs ?

 

  • UN NAUFRAGE COLLECTIF 

21 victoires pour 45 défaites en 2011/2012, 24v-57d en 2012/2013 et 26-42 lors de l'exercice actuel. Les trois bilans de Cleveland depuis l'arrivée d'Irving ne plaident pas en sa faveur. Certes le joueur est jeune mais on est en droit de se poser la question de savoir si le all star est capable de faire gagner son équipe. Chaque année on attend les cavs en playoffs et chaque année le soufflet retombe. Placée dans la division centrale, l'équipe a bien sûr subi de plein fouet l'ascencion fulgurante des Pacers de Paul Georges depuis trois ans. Néanmoins, elle n'a pas su bénéficier des blessures à répétition ayant frappé Chicago et de la faiblesse des Bucks et des Pistons. 

Lors de l'épisode The decision, Dan Gilbert, le propriétaire des cavaliers, avait promis que l'équipe de l'Ohio gagnerait le championnat avant Miami. Raté. Doublement raté. Peut-on blâmer le meneur scoreur des cavs pour cela ? 

  • DES EXCUSES DE PLUS EN PLUS DIFFICILES A TROUVER

Impressionnant statistiquement dès sa première saison, Irving a impressionné. Son équipe ne gagnant pas, certains contestataires ont commencé à estimer qu'il n'était pas un franchise player. Il y a peu, un scout allait même jusqu'à déclarer que Kyrie était une sorte de Marbury 2.0 : 

Je pense que Kyrie est comme Stephon Marbury. Marbury était un grand talent aussi mais il n’a jamais gagné. Kyrie n’a pas le même caractère et est  plus intelligent. Je pense vraiment qu’il n’est qu’un scoreur tout comme l'était Stephon.

À l'image de ce scout, beaucoup de ses détracteurs lui reprochent d'être un meneur scoreur. Ses défenseurs ont répondu en affirmant qu'il devait scorer car personne autour de lui ne pouvait l'aider à gagner. Cet argument mérite d'être étudié. S'il est vrai que lors de ses deux premières saisons, le rookie of the year 2012 n'était pas entouré, il dispose depuis cette année d'un roster compétent avec Dion WaitersTristan ThompsonAndrew Bynum (au début de la saison) et Luol Deng ! Beaucoup d'observateurs avaient même placé Cleveland en playoffs au début de la saison dans leurs prédictions. L'argument ne tient donc plus

  • QUAND LA MAYONAISE NE PREND PAS

L'effectif de Cleveland ferait des envieux (Bucks, Jazz et même Lakers...). Néanmoins les joueurs ne parviennent pas à jouer ensemble. Irving n'est pas un meneur gestionnaire mais il n'est pas le seul responsable de la déroute des Cavs. En effet le GM fait des choix plus que douteux depuis trois ans. Tout d'abord il a décidé de drafté, la même année qu'Irving, Tristan Thompson au 4e rang. Certes le joueur a du talent mais il n'était pas attendu aussi haut dans la draft. Rappelons d'autant plus qu'un joueur comme Valenciunas était encore disponible. Toujours avec le 4e choix, Cleveland a sélectionné l'année suivante Dion Waiters qui était jusqu'alors sixième homme à Syracuse. Il était lui aussi attendu plus bas dans la draft. C'est un bon joueur mais il est, à l'instar de son meneur, un scoreur. La cohabitation entre les deux en faisait douter plus d'un. Cela s'est confirmé depuis. Enfin l'an dernier, avec le premier choix les cavs ont confirmé leur mauvaise habitude de sélectionner des joueurs attendus plus bas en choisissant Anthony Bennett. Ce dernier n'est pas parvenu à s'intégrer à la NBA dès le début de la saison et alors qu'il reprenait des couleurs, il a rejoint l'infirmerie. 

Si le choix de recruter Luol Deng pour apporter de l'expérience et de la défense était plutôt judicieux, il ne s'est pas avéré payant puisque les cavs n'iront probablement pas en playoffs. De plus, l'aillier all star qui est free agent cet été risque fortement de quitter l'Ohio pour rejoindre un ciel plus bleu ailleurs. 

  • IRVING PLUS FORT QUE DRAGIC ? 

Que vient faire cette question dans le débat ? Une stat va y répondre. Irving tourne cette saison à 21.2 pts, 3.6 rbs et 6.2 pds à 42.8% dont 36.7% à trois points. Le meneur des suns compile quant à lui 20.4 pts, 3.2 rbs et 6 pds à 51% et 41.6% à trois points. Le Slovène est plus adroit et à des stats similaires. 

Cependant si l'on faisait un sondage pour savoir quel meneur vous souhaiteriez avoir dans votre équipe, Irving arriverait en tête largement. Les arguments seraient son âge et son talent intrinsèque. La question mérite tout de même débat. Avec un effectif plus pauvre que celui des cavs, les suns ont un bilan largement positif et Dragic n'y est pas pour rien. Alors pourquoi Irvingall star cette année contrairement à Goran, est-il plus reconnu que son homologue ? 

Une des raisons est l'image publique de l'ancien meneur de Duke. Depuis sa campagne Uncle Drew, il a acquis une popularité et une sympathie énorme. En outre, il a bénéficié des nombreuses blessures des meneurs all star de l'Est (RoseRondo) pour s'imposer comme starter au match des étoiles. Il est à noter qu'il a aussi gagné le concours de 3 points l'an dernier et le trophée de Rookie de l'année lors de sa première saison. 

Toutes ces récompenses ne seraient-elles pas l'arbre qui cache la forêt ? L'image qu'il dégage ne lui permettrait-elle pas d'échapper aux critiques et d'être considéré comme un meneur fantastique ? Irving est il victime de la hype ?

 

  • DES STATISTIQUES INQUIETANTES 

Si les stats individuelles du meneur sont assez impressionnantes pour son âge, des statistiques collectives ne plaident pas en sa faveur. Tout d'abord lorsqu'il est sur le terrain, l'équipe adverse marque en moyenne 110 points sur 100 possessions. Quand il est sur le banc, elle n'inscrit "que" 102 points. 

De plus, contre les "grosses équipes", le meneur n'est pas flamboyant. En deux matchs face à Indiana il tourne à 9/26 au tir. Même combat contre les Clippers (2 matchs, 6/20 au shoot), Miami (2 matchs, 12/35) et Portland (2 matchs à 16/42). En matière de pourcentage, cela signifie qu'il tourne à 34.9% au tir. Un pourcentage qui est loin d'être rassurant. Uncle Drew est donc en difficulté contre les grosses écuries ce qui n'est pas un avantage lorsqu'on est censé être le franchise player de son équipe. On ose à peine imaginer ses statistiques si les Cavs allaient en playoffs... 

Qui plus est bien qu'il tourne à 21.2 pts et 6.2 pds, il s'avère que sur 100 possessions il est à l'origine de 109 points. À titre de comparaison, Damian Lillard a des sats similaires (21.3 pts et 5.6 pds) mais permet à son équipe de marquer 116 points sur 100 possessions. Le meneur sophomore est donc plus collectif. Et lui, il fait gagner son équipe. 

Enfin, une dernière information intéressante : dans les cinq dernières minutes d'un match, il perd en moyenne autant de ballons qu'il ne fait de passes décisives. Dès lors peut-on parler de joueur clutch 

 

Le meneur est un joueur bourré de talent. Néanmoins on ne peut plus dire qu'il est seul dans son équipe : Kyrie Irving est bien entouré mais pas avec des joueurs correspondant à son profil. Si Cleveland veut construire autour de lui, il faut recruter des joueurs adaptés à son profil de jeu. Il faudra aussi que le joueur joue plus collectif. C'est là la seule solution pour que Cleveland tutoie de nouveau les sommets de la conférence Est.