Houston ne répond plus

Houston ne répond plus

Houston Rockets - James Harden

Triste est la fin de l’épopée des Rockets cette saison. Comme un symbole, la franchise texane s’est écroulée face aux Spurs, abandonnée par son leader emblématique. James Harden s’est éteint au 4ème quart-temps du game 5 et la flamme ne s’est jamais ravivée.

114-75, si le score est rude, la désillusion l’est encore plus. A deux victoires de la finale de conférence, les Rockets se sont littéralement effondrés chez eux, devant un public abattu par le scénario. Pourtant, le chemin d’un game 7 extraordinaire était tracé. Déjà privé de Tony Parker, les Spurs arrivaient à Houston sans Kawhi Leonard, blessé à la cheville durant le game 5. Sans deux atouts majeurs de sa formation, l’équipe de Gregg Popovich apparaissait largement comme l’outsider de la rencontre. Surtout qu’on attendait une réaction sérieuse de James Harden après sa fin de match complètement ratée lors du match 5.
Mais le rêve d’un match facile s’est transformé en un cauchemar, dépassé dans la raquette, surpassé physiquement, Houston n’a pas répondu présent hier soir et s’est fait écraser par des Spurs jouant avec leurs armes et leurs cœurs.

 

  • Où est passé James Harden ?

 

Méconnaissable, c’est le terme exact pour décrire The Beard cette nuit. Derrière des stats faméliques (10 points à 2/11, 3 rebonds, 7 passes, 6 pertes de balles et 6 fautes), c’est surtout le moral du joueur qui semblait atteint. S’il dit ne pas s’être mis en jambe, le problème semblait plus profond: comment peut-on à ce point passer à côté d’un match pour la survie de son équipe ? Les yeux dans le vide, la barbe semblait même trainer des pieds, jouant à reculons, refusant des tirs ouverts. Impossible de savoir ce qu’il s’est passé dans la tête de l'arrière/meneur, mais sa performance d’hier nous a rappelé des mauvais souvenirs passés, déjà en Playoffs. Il n’a jamais donné l’impression de vouloir réellement rentrer dans son match, prendre les choses en main. Le génie offensif tombait dans l’impuissance mais surtout la suffisance. Parce que merde, quand ton équipe se fait piétiner lors d’un match décisif, tu hausses ton niveau de jeu, ta voix, tu fais au moins semblant de vouloir gagner ce match. Là, James Harden se contentait de s’asseoir sur le banc pendant les temps morts, apparaissant abattu. Il n’a pas tenu son rang de leader, alors qu’il avait toutes les cartes en main pour. Aucun événement n’est venu toucher de près ou de loin le moral du joueur, alors après une fin de match pourrie à San Antonio, il devait tout proposer sauf cette performance.

 

Plus qu’un match raté, qu’une élimination en Playoffs, c’est sa saison qui semble avoir été gachée après ce game 6. Malgré une régulière à 29.1 points (44%), 8.1 rebonds et 11.2 passes, l’histoire retiendra que James Harden a abandonné ses coéquipiers quand ces derniers en avaient le plus besoin. Une équipe n’est rien sans son leader, et hier les Rockets étaient orphelins de leur MVP.

 

  • Où sont passés les shooteurs ?

 

32 % au shoot à 13/40 à longue distance, c’est juste indigne. Indigne par rapport au potentiel montré et exploité tout au long de la saison. Indigne par rapport aux artilleurs d’exceptions présents dans l’équipe. Indigne par rapport au contexte du match must win. Tout simplement indigne. Délaissé par James Harden, ses coéquipiers ne sont jamais rentrés dans leur match, sauf deux, Clint Capela et Trevor Ariza. Pourquoi ? Simplement parce que les gars sont allés au combat, conscient de jouer leur survie. Jouant sur leurs points forts, variant leurs positions, en ne renonçant jamais. Pour le reste, c’était catastrophique. Cela peut se comprendre simplement par l'état d’esprit de leur leader, malheureusement ce soir-là, il fallait aller à l’encontre de celui-ci.

 

Eric Gordon, Lou Williams, Ryan Anderson, trois gâchettes, trois échecs. Aucune variance, à par envoyer des briques longues distance, les 3 n’ont rien su faire d’autre. Aucune réaction, la tête baissée, l’image renvoyée par ces derniers était terrible d’abandon. Comment peut-on accepter la défaite, ne pas se révolter. Comment peut-on produire ce match devant son public. La hargne, symbole de la saison les Rockets a disparu en un claquement de doigts, pour laisser réapparaitre les démons de 2016.

 

Hier James Harden n’était pas un leader, mais les Rockets n’étaient surtout pas une équipe.

 

  • Quel bilan de la saison ?

 

Prendre du recul le lendemain d’une telle branlée est délicat, pénible, quasiment impossible. C’est comme regarder un chef-d’œuvre mais la fin est un navet, au final on en ressort déçu. Et c’est un peu l’impression qu’on a aujourd’hui. Tellement d’espoir se sont fondés durant la saison, que le retour à la réalité est glacial.

Pourtant remettons les choses dans leur contexte, après une saison 2015/2016 mauvaise (et c’est le moins que l’on puisse dire) avec le départ de Dwight Howard, cette saison prenait des allures de reconstruction. Pourtant, le scénario a pris une tout autre direction. La franchise a réalisé que des bons coups. Tout d’abord avec l’arrivée de Mike d’Antoni, qui instaura un jeu, une réelle identité à l’équipe. Ensuite par les trades d’Anderson et de Gordon, deux paris réussis. James Harden devait se relever de saison ratée, et de quelle manière il l’a faite. Sortant une saison de MVP, il a amené avec lui ses coéquipiers pour grimper sur le podium de la Ligue. Et c’est ça qui est terrible, ils se retrouvent là où ne les attendaient pas, et pourtant à la fin des 82 matchs, on les voulaient encore plus hauts, plus forts en Playoffs. Annoncés comme les principaux outsiders des Warriors à l'Ouest, la franchise texane passait en l’espace de quelques semaines de la reconstruction à la confirmation. Il fallait justifier cette saison incroyable, la conclure avec une finale de conférence. Après avoir écarté le futur MVP et son équipe de peintres, les Rockets étaient à une marche de la saison réussie. Le pire, c’est que la marche n’était pas trop haute, mais les Rockets sont sortis de leur série en 6 quart-temps. Alors forcément un lendemain d’élimination, la pilule a du mal à passer. Pourtant, si l’on veut bien prendre la peine de regarder dans l’ensemble la saison des Rockets, on peut sans crainte parler d’une satisfaction, si ce n’est d’une bonne surprise.


Concernant James Harden, les prochains jours et l’intersaison vont être compliqués mentalement. C’est une sacrée claque pour le Barbu mais il n’en ressortira que plus fort. C’est un génie du basket, à lui de travailler son mental désormais. Tous les champions ont perdu, ils se sont tous relever. James Harden à tout pour réussir dans la ligue, moins de nonchalance et plus de niaque feront de lui un futur très grand.