Les Grizzlies de Brooklyn ?

Les Grizzlies de Brooklyn ?

Brooklyn Nets - Lionel Hollins - Deron Williams - Memphis Grizzlies

Après avoir fait de Memphis un coffre fort résistant aux attaques de l'Ouest, Lionel Hollins voudrait-il faire des vieux Nets une forteresse imprenable ? Possible mais difficile.

Une année dans l'ombre suite à son départ du Tennessee, et revoilà Hollins, cette fois du côté de New York. Si sa réussite à Memphis garantissait qu'on le revoit rapidement en NBA (une saison à 56 victoires et les finales de Conférence Ouest en 2013), son style de coaching laisse présager un temps d'adaptation pour n'importe quelle formation, et surtout les Nets qui sortent d'un exercice qui sentait plus l'improvisation que la préparation.

 

  • Les particularités du système Hollins

 

Le pick-and-roll, une spécialité quasi inexistante l'an dernier à Brooklyn devrait réapparaître progressivement cette saison. Les Nets ont été réticents ces deux dernières saisons à faire appel aux écrans pour développer leurs attaques, et ce quel que soit l'entraîneur sur le banc. Il s'agirait plutôt d'une question de joueurs prêts à utiliser ou non cette technique : Deron Williams n'est clairement pas un adepte du pick-and-roll, préférant faire appel à son fidèle crossover pour passer lui-même son défenseur, redistribuer le jeu où aller jusqu'au cercle. Il aurait ainsi tendance à feinter l'écran pour repartir dans l'autre sens.

 

Ajoutez à cela l'absence prolongée de Brook Lopez et les différentes blessures des vieux Garnett et Kirilenko, et on peut comprendre que les écrans aient été peu employés par manque de grands gabarits dans la raquette.

 

S'il y a bien une chose que le nouvel entraîneur ne privilégie pas dans ses schémas tactiques, ce sont les tentatives à trois points, sans doute pour des questions d'efficacité. En lien ou à cause de cette stratégie, Memphis n'a d'ailleurs jamais eu de grand shooteur longue distance du temps de Lionel Hollins. Pourtant les snipers sont clairement plus nombreux chez les Nets, entre les lubies de Joe Johnson, Deron Williams ou Mirza Teletovic. Vont-ils donc fortement baisser leur ratio de tirs à 7,23 m ou le nouvel entraîneur a-t-il prévu un compromis ?

 

La présaison semble indiquer le premier choix : après quatre matchs, les noir et blanc de New York n'ont tenté que 80 tirs à trois points, une stat qui les classe 25ème de la ligue là où ils atteignaient la 10ème place la saison passée. Si ces matchs amicaux ne sont pas forcément démonstratifs du potentiel d'une équipe sur un an de compétition, on peut néanmoins considérer qu'avec 106.8 points inscrits par rencontre, l'efficacité offensive des Nets a clairement moins reposé sur les trois points qu'auparavant. Il faudra bien sûr s'attendre à des exceptions, comme le match de lundi soir contre les Sixers, où Teletovic s'est permis 10 tentatives primées à lui tout seul (pour un total de 28 pour l'équipe), pour en inscrire seulement trois. Mais pas sûr que cela soit vraiment du goût du coach.

 

  • Qui sont les bons défenseurs de cet effectif ?

 

C'est bien la défense qui a fait la notoriété et la réussite d'Hollins plus que ses schémas offensifs (en lien avec ce désintérêt pour les trois points), et c'est clairement pour cela qu'on l'a fait venir à Brooklyn. Si les Nets n'ont pas les jambes pour avoir un ascendant sur leurs adversaires (six joueurs ont plus de 30 ans dont au moins trois titulaires), alors autant leur apprendre à jouer dur.

Faire durer les possessions au maximum, obliger l'équipe adverse à redoubler de feintes et de passes, construire et se fatiguer physiquement et mentalement. Si les Grizzlies de 2013 étaient bons derniers en nombre de possessions jouées par match, ils étaient premiers en nombre de tirs concédés, tirs tentés par l'adversaire, et troisième en pourcentage de réussite des tirs adverses. Évidemment, c'est plus simple à imaginer avec deux molosses comme Marc Gasol et Zach Randolph dans la raquette, et Tony Allen pour jouer les sangsues sur le porteur du ballon.

 

Si Hollins était lui-même bon défenseur pendant sa carrière de joueur (champion 1977 avec les Blazers), il va avoir du mal à trouver des experts en sécurité dans son effectif. Les meilleurs éléments dans ce domaine (KG et Andrei Kirilenko, capable de défendre trois postes) n'ont plus vraiment l'énergie pour suivre même s'ils ont clairement la mentalité pour protéger le panier coûte que coûte. Il faudra donc espérer que Brook Lopez (1.8 contres en 17 matchs l'an dernier) absorbe rapidement les principes de Lionel Hollins et compter sur la progression de Mason Plumlee qui pourrait afficher un double-double de moyenne en fonction du temps de jeu proposé.

 

À l'extérieur, c'est encore plus compliqué : Paul Pierce et Shaun Livingston sont partis, et ni Johnson, ni Williams ou même le nouveau venu Jarrett Jack ne sont de grands défenseurs.Un arrière plus défensif, à l'image d'Alan Anderson devrait donc être plus présent sur le parquet pour compenser cette faiblesse.

 

Encore une fois, cela dépendre si l'effectif prend goût à la mentalité grit-and-grind, dur au mal, du nouvel entraîneur. La bataille des petits détails ne peut que plaire à un Garnett qui va sans aucun doute être le leader charismatique de la défense des Nets. Zach Randolph n'était pas un très bon défenseur à son arrivée à Memphis, mais il s'est adapté aux principes d'Hollins. Cela pourrait se reproduire avec un Lopez ou un Plumlee.

 

  • Les Grizzlies façon Utah ?

 

Mais le nouveau patron n'est pas là que pour imposer, il est aussi là pour optimiser les forces disponibles. L'arsenal offensif extérieur de Brooklyn est assez conséquent pour imaginer une stratégie intermédiaire avec plus de mouvement des joueurs et du ballon, à l'image de ce que Deron Williams faisait... chez les Jazz. Un mélange de solidité défensive et de variété offensive qui convenait parfaitement au jeune meneur et qui pourrait lui redonner confiance comme rarement depuis son transfert sur la côte Est. Les Nets débutent une longue phase d'expérimentation, qui pourrait aboutir à un échec majeur, comme une réussite inattendue si Hollins a (et prend) le temps de faire une recette adaptée aux ingrédients disponibles. Au-delà du talent, il va falloir de la cohésion et des compromis.