À quand le trois points à Memphis ?

À quand le trois points à Memphis ?

Mike Conley - Tony Allen - Memphis Grizzlies - Jeff Green - Marc Gasol - Zach Randolph
Crédit photo : AP Photo/Brandon Dill

S'il y a bien un domaine où les Grizzlies sont très limités malgré leurs récentes belles saisons, c'est bien le shoot extérieur. Pendant que le Final Four 2015 a fait pleuvoir les missiles longue portée toute la saison, dans le Tennessee, on reste près du panier, en attaque comme en défense. Mais pour combien de temps ?

À lui tout seul, Stephen Curry a marqué plus de 3 points que les Grizzlies : 26 tirs sur 64 pendant qu'en face on atteignait péniblement 25 réussites sur 92 tentatives. Dans la plupart des cas, cela illustrerait une belle raclée infligée par les Warriors. Sauf que cette série a duré six matchs, et que Memphis a même mené 2-1. Encore une fois, la bande à Gasol a montré qu'elle pouvait faire déjouer n'importe qui. Et encore une fois il aura manqué le coup de poing fatal pour compléter une défense ultra serrée.

Les nounours du Tennessee passent le plus clair de leur temps dans la raquette, un système viable mais qui ne permet pas de creuser les écarts. Et à force d'être fier de la solidité de leur système, ils sont en train de rater le train du « nouveau basket ».

  • Oui, on peut écarter le jeu et gagner

Savoir utiliser le tir à trois points n'est plus un atout en NBA, c'est un besoin. À force de voir les snipers trouver leur cible à 40% de moyenne, il est devenu plus rentable d'écarter le jeu, plutôt que de s'obstiner à un tir à deux points (48.5% de réussite sur toute la ligue cette saison). La transition s'est vraiment faite l'année dernière : au-delà des particularités des Splash Brothers, de l'organisation small-ball autour de LeBron James, et la recrudescence des intérieurs capables de shooter de loin, la moitié des équipes enfile désormais au moins huit tirs primés par rencontre.

Avant les formations autant axées sur l'attaque extérieure se comptaient sur les doigts d'une main, et reposer autant sur cette stratégie n'était pas forcément signe de réussite. Les Suns mi-2000 et le Magic de 2009 sont ceux qui s'en sont le mieux sorti. En 2014-15, on tente de scorer d'abord à moins d'1m du cercle (28,8% des tentatives), puis à trois points (26,8%). Sauf quand on s'appelle Memphis et qu'on tente presque autant de long 2 que de tirs extérieurs. L'équipe de Dave Joerger était encore 29e du championnat en nombre de 3 points tentés et inscrits.

  • Il n'y a pas que de déménageurs

Les Grizzlies sont avant tout un duo autour duquel tout s'organise. 50% des attaques passent par eux. On a d'un côté Zach Randolph qui se place dans la raquette, travaille son défenseur, pour aller chercher un lay-up ou un floater. Marc Gasol a lui un arsenal plus important, capable de tirer de 0 à 7m, et de distribuer le jeu depuis la tête de raquette, mais ce n'est pas non plus un joueur de déplacement. Pourtant, avec l'arrivée de Dave Joerger, Memphis a cherché à varier son jeu offensif, multiplier les opportunités autour de la tour Gasol, et créer un jeu plus rapide. Résultat, un début de saison canon, avec une attaque plus rapide et un peu plus d'intérêt pour le tir extérieur. Mais comme à son habitude, l'effectif a fait face aux pépins physiques, ceux de ses snipers principaux, Courtney Lee et Mike Conley, et il a fallu compter sur Vince Carter vieilli et un Jeff Green pas toujours bien integré.

Si les Grizz sont prêts à donner plus de vitesse à leur jeu, et moins compter sur les physiques des bons trentenaires Randolph et Allen, il leur faudrait donc avoir dans son effectif au moins un joueur capable de faire pleuvoir les tirs extérieurs à chaque rencontre tout en assurant a minima le job défensivement. Surtout si Green et Nick Calathes ne portent plus l'uniforme bleu dans quelques mois.

  • On attaque dans la raquette, on défend dans la raquette

Les Grizzlies sont devenus maîtres dans l'art de la défense ultra serrée, et cela dans une Conférence de virtuoses offensifs. Mais il existe un secteur où Memphis ne ressort pas du lot, loin de là : la défense sur les tirs extérieurs. Qu'il s'agisse de shoots réussis, tentés, ou de pourcentage de réussite, cette équipe est moins efficace que la moyenne de la ligue. En regardant les chiffres de ces derniers playoffs, on constate que les adversaires des Grizz rentrent en moyenne 38% de leurs trois points, et tout de même 37.3% quand le tir est défendu. Cela laisse sous-entendre qu'il ne s'agit pas d'un problème de positionnement, que les défenseurs ne laissent pas de joueurs seuls au-delà des 7,23m, mais que cela n'a aucun impact. Peut-être est-ce alors lié au physique des joueurs. Comment empêcher des grands ailiers de tirer quand les meilleurs défenseurs extérieurs sont rapides mais petits ? Tony Allen atteint 1.92m, et huit joueurs sur 15 cette année font moins de 2m. Jeff Green est d'ailleurs le seul homme de l'effectif qui soit vraiment listé comme small forward.

  • Changer l'effectif ou évoluer ?

Il ne faut pas non plus oublier que cette équipe fonctionne très bien avec ses particularités, et qu'elle n'est pas fermée à un jeu plus en mouvement. Son identité de jeu est très affirmée, avec une capacité à être à la fois disciplinée et à prendre des risques (c'est une des équipes qui volent le plus de ballons mais aussi qui commet le moins de fautes). L'enjeu du shoot à trois points semble surtout reposer sur une question de confiance. Conley et Lee ont affiché plus de 38% d'adresse extérieure cette saison, mais on remarque surtout que lors des play-offs, Memphis a tenté 83.4% de ses tirs à deux points. Aucune autre formation ne s'est autant reposée sur le jeu intérieur. Et encore une fois, elle a fait trembler une équipe de Golden State historiquement douée des deux côtés du terrain. Les Grizzlies ne savent pas à quoi s'attendre s'ils bouleversent leur effectif ou leur jeu, alors autant rester eux-mêmes. Ils ne doivent juste pas se fermer des portes.