Retour sur la fin de Thunder/Wolves : Le ciel est tombé sur la tête des loups !

Retour sur la fin de Thunder/Wolves : Le ciel est tombé sur la tête des loups !

Oklahoma City Thunder - Minnesota Timberwolves - Karl Anthony Towns - Dennis Schroder - Steven Adams - Chris Paul

Hier soir à la Chesapeake Arena d’Oklahoma City, la NBA nous a offert un scénario dont elle seule a le secret. Récit d’une fin de match totalement folle qui a vu le Thunder enfin remporter un match dans le money-time sur des Wolves qui se demandent encore comment ce match a pu leur échapper.

On peut légitimement considérer ce Thunder nouvelle génération comme l’une des bonnes surprises de la saison dans la conférence Ouest. En profitant de la chute de certaines précédents outsiders (Golden State, Portland, San Antonio), la bande désormais emmenée par Chris Paul et Steven Adams a trouvé le bon équilibre entre défense solide et jeu offensif efficace bien que parfois peu inspiré. Résultat, ils ne se sont jamais éloignés du Top 8 après 6 semaines de compétition, bien qu’ils n’aient jamais réussi à l’intégrer. La faute à une défaillance majeure : Leur gestion des fins de matchs. Lors de 7 matchs cette saison, le Thunder a perdu dans le money-time ce qui a considérablement plombé leur bilan. Un bilan qu’on peut donc considérer comme peu représentatif du bon basket développé par Oklahoma City jusqu’à présent. Hier soir en accueillant les Timberwolves, ils ont obtenu une opportunité de se rattraper.

 

Comme souvent avec le Thunder cette saison, ce match nous a emmenés vers une fin de match serrée. Dans ces moments-là, le manque d’une vraie star s’est souvent fait ressentir pour les fans de la Chesapeake Arena, causant le manque de lucidité dans les moments cruciaux et les défaites. Karl-Anthony Towns a bien cru pouvoir répéter cette fâcheuse habitude. Dans les dernières minutes, c’est lui qui a pris les clés du match en enchaînant un gros shoot du parking, puis un drive sensationnel pour un joueur de son envergure. Les Timberwolves avaient le match en main à plus de 30 secondes de la fin.

 

 

Les fans de basket les plus assidus le savent, 30 secondes, cela peut durer une éternité dans notre sport si unique. Ce match n’a pas dérogé à la règle. Après cette action, c’est Dennis Schroder qui tente de prendre les choses en main pour OKC avec la volonté d’aller chercher un panier rapide. En duel contre Josh Okogie, il va parfaitement déborder le Nigérian pour obtenir un lay-up facile qu’il va manquer pour son plus grand désespoir. Sur l’action qui suit, les Wolves doivent remettre en jeu après un temps-mort pour tranquillement aller gagner ce match sur la ligne des lancers-francs. Mais vous le savez, rien ne se passe jamais comme prévu. Okogie envoie une passe un peu trop suicidaire sur Shabazz Napier à l’autre bout du terrain, mais le petit meneur va complètement manquer la réception. Il n’en fallait pas plus à Lugentz Dort, le rookie costaud d’Arizona State, pour se jeter sur le ballon et récupérer une possession inespérée. Dort jouait son premier match de NBA la nuit dernière, autant vous dire qu’il avait la rage au ventre.

 

 

Avec une nouvelle chance d’égaliser, le Thunder mise cette fois sur Chris Paul. Bien aidé par l’écran de Steven Adams, il se retrouve contre Karl-Anthony Towns avec le mismatch en tête de raquette. Paul effectue un petit side-step et tire à mi-distance… Manqué ! En contestant le tir, Towns entre dans le cylindre du meneur All-Star et touche son bras mais comme souvent dans ces fins de matchs tendues, les arbitres ont avalé leur sifflet. Le Thunder avait de quoi se sentir lésé si le match s’était terminé là-dessus. Mais après ça, c’est sur Jordan Bell que la faute volontaire est commise alors qu’il reste 4 secondes sur l’horloge. Une bonne nouvelle tant le champion NBA avec les Warriors n’est pas un spécialiste des lancers-francs. Le premier lancer-franc est raté.

 

Un détail nous interpelle à ce moment-là. Le Thunder va laisser Chris Paul au rebond en face de Steven Adams de façon assez inexplicable. Billy Donovan ne possédant plus de temps-mort, il voulait sans doute faire en sorte que son meneur obtienne la balle dans les mains le plus rapidement possible. Mais le placer en protection du tireur de lancer-franc aurait sans doute été plus logique, avec un autre big-man en face de Steven Adams pour assurer la prise. Résultat on ne peut plus prévisible : Un Josh Okogie bien plus athlétique arrache le rebond à Paul, très mauvais protecteur sur cette séquence, pour crucifier Oklahoma City. Il ne reste qu’une seule seconde à jouer et les Timberwolves n’ont qu’à remettre la balle en jeu pour gagner. Karl-Anthony Towns obtient la gonfle et va devoir finir le match sur la ligne des lancers à son tour.

 

Mais cette fois encore, stupeur, Karl-Anthony Towns manque le premier lancer-franc et laisse son adversaire en vie une fois de plus dans un match qui traîne dangereusement en longueurs. C’est là que se produit le tournant du match. Ryan Saunders fait vite entrer en jeu Jordan Bell pour protéger le rebond et se préserver de tout scénario catastrophe. Le changement, anodin en apparence se produit. Tout d’un coup, Chris Paul commence à crier dans tous les sens, il a vu quelque chose. En effet Jordan Bell est entré en jeu sans ‘’bloquer le bas de son maillot’’ sous son short, ce qui est considéré comme un retardement du jeu dans les règles NBA. Au bout de deux retardements dans la même partie, l’équipe coupable offre un lancer-franc à l’adversaire. Devinez-quoi ? Chris Paul connaissait parfaitement cette règle obscure et les Timberwolves avaient déjà été sanctionnés pour cette pratique plus tôt dans le match. Sous le regard ahuri de toute la meute à Ryan Saunders, Danilo Gallinari va donc marquer un lancer-franc qu’on peut penser anecdotique. Pendant ce temps, le coach des Wolves lance un sourire jaune à Chris Paul, symbolique d’une action invraisemblable.

 

 

Après ça, Karl-Anthony Towns possède toujours un lancer-franc avec 1 seconde à jouer, et le Thunder n’a toujours plus de temps-mort. Logiquement, KAT doit rater son lancer-franc pour relancer le chrono et enfin terminer cette fin de match chaotique. Mais les dieux du basket avaient décidé que Minnesota ne devait pas gagner hier soir. Le destin s’acharne et la planche fait marquer à Karl-Anthony Towns un lancer-franc qu’il voulait manquer. Steven Adams a alors le temps de remettre en jeu le ballon et de laisser un partenaire tenter un dernier shoot. Dennis Schroder gallope jusque dans l’arc de cercle adverse, Adams le voit parfaitement et tel Tom Brady, lui envoie une passe de quater-back. Avec une précision d’orfèvre, il trouve l’Allemand. Dennis Schroder aura été génial puisqu’il aura eu l’intelligence de ne pas s’intéresser au ballon mais à son défenseur Jeff Teague. Ainsi, il crée le décalage nécessaire, réceptionne la passe magique de son pivot et n’a plus qu’à finir sur un lay-up complètement ouvert. Oklahoma City vient d’égaliser, la foule est en délire et les Timberwolves n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

 

 

Mais comment les Timberwolves ont-ils pu perdre ce match ? Nul doute que ce matin, Ryan Saunders avait tout sauf envie d’en rire. Si le coup de pute BARRER génie de Chris Paul est à souligner tant il symbolise cette fin de match folle, ce sont bien les Wolves qui se sont tiré une rafale de fusil dans le pied. Rater 3 lancers-francs dans les 4 dernières secondes, et mettre dedans le seul lancer que vous souhaitiez manquer, ça s’appelle vouloir jouer avec le feu, taquiner le destin et tout simplement vouloir perdre. Le manque de concentration de Jordan Bell fait évidemment très mal aussi. Enfin, le manque de QI Basket de Jeff Teague avant le buzzer-beater de Shroder est aussi à souligner. Contrairement à l’Allemand, il ne se préoccupe pas de son adversaire direct mais du ballon et laisse ainsi la brèche se créer dans une action où il ne pouvait y en avoir avec, encore une fois, un minimum de concentration et de professionnalisme. Tant d’éléments qui expliquent comment 12 minutes montre en main après le dunk de Karl-Anthony Towns à 30 secondes de la fin, Oklahoma City envoyait ce match en prolongation. Le basket est un sport irrationnel.

 

Pour le Thunder, ce match fou pourrait bien être le début d’une aventure magnifique. Si le destin leur a tendu la main à la fin du quatrième quart-temps, il faut aussi souligner leur prolongation irréprochable où ils auront su porter le coup de grâce à des Timberwolves déjà sortis du match mentalement de façon assez compréhensible. Une prolongation où la jeune star du Thunder Shai Gilgeous-Alexander a marqué 11 des 17 points de son équipe pour terminer le travail entamé par ses coéquipiers. Ce match pourrait donc bien être le tournant de la saison pour OKC, qui vient d’arracher une victoire en prolongations, comme pour se défaire de la malédiction qui les hantait lors des money-time depuis 6 semaines. Ils peuvent en grande partie remercier l’expérience de Chris Paul, qui a reconnu après le match qu’il connaissait parfaitement la règle du delay of game. Sacré CP3 !