Cinq majeur des remplaçants

Cinq majeur des remplaçants

Jamal Crawford - Bill Walton - Lou Williams - Manu Ginobili - Kevin McHale
Qui a dit que le banc c'était nul.

Il est assez difficile de sortir un cinq majeur où tous les postes sont correctement représentés. A l'image du trophée de meilleur défenseur qui reste collé aux statistiques largement en faveur des pivots, le titre de meilleur sixième homme (qui existe depuis 1982) a très souvent fait la part belle aux meneurs, ailiers et arrières de la ligue. Toutefois, voici le 5 majeurs des remplaçants.

  • Meneur : Jamal Crawford

 

Le vieux Phoenix, la caution expérience du côté des Suns lors de la dernière saison, avait fait des débuts plutôt discrets mais intéressants du côté des Bulls. Il finira de prendre son envol lors de sa quatrième année du côté de Chicago avec 17,3 points (41%, 36% à 3pts), 5,1 passes pour 80 matchs dont 73 en tant que titulaire.

Il profite de sa belle année pour rejoindre un projet brillant sur le papier chez les Knicks, mais qui sur le terrain s'avère être un cauchemar. A l'instar des performances de New York entre 2004 et 2008, Crawford alterne le bon comme le pas terrible. Il conclut néanmoins son année 2007-2008 avec 20,6 points (41%, 35% à 3pts) avant d'être envoyé aux Warriors au cours de la saison suivante.

S'il le natif de Seattle devient une valeur sûre sur le parquet, apporte stabilité, sang-froid, vitesse et cassage de chevilles, Crawford n'a pas encore connu la moindre minute en playoffs.

C'est finalement en rejoignant les Hawks en 2009 qu'il se transforme en factor X. Il obtient près de 30 minutes de temps de jeu en sortie de banc, termine sa première année avec 18 points (45%, 38% à 3pts), 3 passes et remporte son premier titre de meilleur sixième homme. Il jouera également ses premiers playoffs. Après un premier tour compliqué face aux Bucks, les Hawks se font sweepé par le Magic. Crawford termine sa première post-season avec 16,3 points (36%, 36% à 3pts), 2,7 passes. Malheureusement, la saison suivante ne sera pas aussi flamboyante.

Il fait une pige aux Blazers qui ne confirme que le déclin aperçu la saison précédente et c'est finalement en arrivant aux Clippers en 2012 où il retrouve un vrai rôle dans le jeu ultra-offensif proposé alors. Lors de sa deuxième saison à Los Angeles, il cumule 18,6 points (42%, 36% à 3pts), 3,2 passes en 30 minutes de jeu. Il remporte ainsi son deuxième titre de meilleur facteur X de la NBA malgré ses pépins physiques.

Ses pépins physiques se répéteront l'année suivante, entachant légèrement mais logiquement son rendement sur le parquet. Finalement, durant l'exercice 2015-2016, il se maintient en forme pour enchaîner 79 matchs pour 27 minutes de jeu et 14,2 points (40%, 34% à 3pts), et prend un troisième titre de meilleur sixième homme à 35 ans. Il effectuera par ailleurs ses meilleurs playoffs... d'un point de vue statistique uniquement. Ses triples manqueront au Staples Center. Il finit ce premier tour avec 17,3 points avec 38% aux tirs, dont un terrible 19% derrière l'arc. 

Après son épopée aux Clippers, Crawford joue les mentors à commencer par les Wolves puis aujourd'hui les Suns. 

On ne retiendra que ses 3 titres de meilleur remplaçant ? Non, on retiendra surtout un meneur/arrière très offensif, refléchi qui a su se révéler, se relever aussi et se remettre en question après le naufrage des Knicks au début des années 2000.

 

 

  • Arrière : Lou Williams

 

936 matchs joués dont 110  en tant que titulaire. On peut dire que le banc, Lou Williams l'a bien ciré, surtout à ses débuts avec les Sixers avant que ces derniers ne deviennent la machine à tanker que l'on a malheureusement vu. Il a surtout connu la D-League à son grand regret. Il faudra attendre le départ d'un certain Allen Iverson pour voir Williams prendre du temps de jeu et de l'importance.

Il jouera ses 7 premières saisons à Philly ponctuées par une dernière à 14,9 points (41%, 36% à 3pts) et 3,5 passes. Mais l'ancien pensionnaire de South Gwinnett High School filera du côté des Hawks en 2012 où les blessures le limitent à 39 matchs puis 60 la saison suivante. Il sera transféré aux Raptors. Vécu certainement comme une punition, Williams saura renaître de ses deux années hachées pour revenir avec 80 matchs joués pour 15,5 points (40%, 34% à 3pts), 2,1 passes, toujours en sortie de banc. Pourtant, il ne parviendra pas à hausser le ton en playoffs (sweepé par les Wizards), mais remporte son premier titre de meilleur sixième homme. C'est au Canada que Williams remporte son premier titre de sixième homme.

Il s'envole aussitôt pour les Lakers (3 ans pour 21 millions de dollars), alors en reconstruction totale et qui cherche l'après Kobe Bryant. Alors qu'il réalise la meilleure saison de sa carrière chez les Angelinos en 2017 (18,6 points, 3,2 passes), il est envoyé aux Rockets qui a déjà Eric Gordon en facteur X. Ce dernier en sera d'ailleurs récompensé en fin de saison.

Il finit tout de même par revenir à LA, mais sous la tunique des Clippers et dans le transfert retentissant de Chris Paul

Sous les ordres de Doc Rivers, Williams effectue les plus belles saisons de sa carrière. L'année dernière, il remporte de nouveau le titre de meilleur sixième homme avec 22,6 points (44%, 36% à 3 pts) et 5,3 passes pour 79 matchs joués dont 19 en tant que titulaire. La saison dernière, il termine de nouveau meilleur factor X avec 20 points (43%, 36% à 3pts), 5,4 passes pour 75 matchs joués (1 titulaire) et seulement 27 minutes de jeu de moyenne.

Particulièrement impressionnant lors des deniers playoffs avec 21,7 points, 7,7 passes et 2,8 rebonds, Lou Williams, 32 ans, a encore la possibilité d'aller chercher un nouveau titre de meilleur 6e homme, d'autant que les Clippers ont construit un effectif qui permet aux seconds couteaux de faire mal. La preuve : deux clippers étaient présents pour le titre de meilleur homme du banc en 2019. Et n'est-ce pas sous les ordres de Rivers que Crawford a remporté son 3e titre ? 

 

 

  • Ailier : Manu Ginobili

 

Ok, ce n'est pas vraiment son poste, mais il faut bien faire une place au Spur. Floppeur pour certains, insignifiant pour d'autres, El Manu c'est surtout un incroyable joueur. Malgré la perte de ses cheveux, sa lecture du jeu, son style de dribble et son euro-step, il ne les a jamais perdus durant ses 16 ans sur le sol NBA.

C'est une des pièces maîtresses dans les 4 titres des Spurs de 2003 à 2014.

L'Argentin flambe en Europe avant de rejoindre les Texans. 57e choix en 1999, il débarque en 2002 où il fera parler son expérience du vieux continent. Il gagne des minutes et les stats suivent. Mais au cours de l'épopée glorieuse de 2007, il va connaître un nouveau rôle : celui de 6e homme.

Gino accepte le deal et ça fonctionne. Au cours de la saison 2007-2008, il sort du banc mais avec 31 minutes de jeu dans les jambes et sa meilleure saison en carrière : 19,5 points (46%, 40% à 3pts), 4,5 passes et 4,8 rebonds. Il sait tout faire, mais les Spurs manquent la dernière marche pour aller en finale NBA. C'est dans une nouvelle rotation, avec une nouvelle répartition des rôles que Manu reçoit le titre de meilleur sixième homme de la saison.

L'Argentin continuera son bonhomme de chemin et à éblouir par son jeu peu académique mais efficace. Il connaîtra aussi les blessures, et les rechutes. 

C'est alors qu'il est en déclin et en délicatesse avec ses chevilles et ses genoux, que Gino fait parler de lui. Malgré une finale NBA perdue en 2013, Manu se révèle encore plus en 2014 pour aller chercher le saint Graal. Limité à 20-25 minutes par rencontre entre 2011 et 2018, El Manu sait se rendre efficace et faire briller son équipe.

Il sort par la grande porte et surtout aura marqué son empreinte chez les Spurs, mais surtout en NBA. 

 

 

  • Ailier-fort : Kevin McHale

 

Un des tous premiers gagnants du trophée de meilleur sixième homme et surtout un des plus prolifiques. Lauréat en 1984 avec 18,4 points (56%), 7,4 rebonds, 1,5 contres et en 1985 avec 19,8 points (57%), 9 rebonds et 1,5 contres, le Hall of Famer a été une des figures du retour des Celtics sur le devant de la scène, aux côtés de Larry Bird. Dès sa première saison, il remporte le titre NBA. Déjà, il montre toute sa palette en attaque avec seulement 20 minutes de jeu (10pts par match), mais aussi son sérieux en défense. Cette défense lui vaudra aussi d'être un des plus violents à son poste.

Lors de sa 6e année chez les Verts où il glane le 16e titre NBA des C's (1986), McHale est davantage intégré dans le 5 majeur. Les douleurs se font de plus en plus sentir et les Verts ne parviennent plus à jouer les têtes d'affiche à l'Est. Il retrouvera son rôle de 6e homme au cours de la saison 1989-1990, l'année qui l'a vu décliné petit à petit.

En 1992, alors qu'il sort d'une saison galère à Boston avec "seulement" 56 matchs joués pour 13,9 points (51%), 5,9 rebonds, à cause de son pied, McHale sent que la fin se rapproche à l'image de Bird qui sort sous les ovations avant de rejoindre le Dream Team 92. 

Pour McHale se sera le cas en 1993. Son numéro 32 trône fièrement au-dessus du Garden. S'il a fait des vagues sur les parquets, il a retrouvé le banc en tant que coach, mais l'expérience a tourné cours avec les Wolves et plus radicalement avec les Rockets, alors que le Celtic avait soutenu son équipe lorsqu'il avait perdu sa fille.

 

 

  • Pivot : Bill Walton

 

On reste à Boston puisque le seul vrai pivot des meilleurs remplaçants, c'est bien Bill Walton. Alors que son parcours à UCLA, avec deux titres NCAA en poche, devait tout naturellement envoyé le natif de San Diego dans la meilleure franchise de Californie, Walton a finalement pu commencer sa carrière NBA avec les Blazers.

D'ailleurs en parlant de Blazers, Cliff Robinson aurait pu aussi être le pivot des meilleurs remplaçants, mais Walton a fait quelque chose d'unique à l'époque.

Le Baron rouge fait vite sensation dans la raquette des Blazers en cette année 1974. Pour sa première année, il termine en double-double avec 12,8 points et 12,6 rebonds et 2,7 contres. Il ne jouera toutefois que 35 matchs et ce n'est que le début d'une carrière sur les parquets gâchée par les blessures.

Lors de sa troisième année dans la ligue, il enchaîne 65 matchs pour 18,6 points, 14,4 prises et 3,2 contres par rencontre. Mais surtout, il s'offre son premier titre NBA pour ses premiers playoffs où il cumule 18,2 points, 5,2 rebonds, 5,5 passes et 3,4 blocks. Il sera également MVP de la saison 1976-1977.

La saison suivante, malgré son record de point par match en carrière (18,9 points), il est limité une nouvelle fois avec 58 matchs et observera une saison blanche lors de la saison 78-79.

Il reviendra dans sa ville natale de San Diego avec les Clippers, mais sa première saison s'arrête au bout de 14 matchs et il ne jouera pas la moindre seconde les deux saisons suivantes. Il revient sur le devant de la scène les deux années suivantes, en alternant banc et 5 majeur avec une moyenne cumulée satisfaisante malgré 76 absences : 12,9 points, 9,1 rebonds, 3,4 passes et 2,4 contres.

Walton déménage avec les Clippers à Los Angeles. Il jouera 67 matchs (37 titularisations) mais affichera sa plus mauvaise ligne de stats depuis ses débuts : 10,1 points pour 9 rebonds, 2,1 contres.

Malgré sa volonté de rejoindre les Lakers, il va signer chez l'ennemi : Boston. Il y jouera deux saisons, même si sa dernière année à Boston, et en NBA, sera seulement de 10 matchs. Mais lors de sa première année en vert, il parvient non seulement à jouer 80 matchs, avec simplement 2 titularisation. Avec une moyenne de 19 minutes par match, il assure 7,6 points, 6,8 rebonds, 1,3 contres. En back-up superbe de Robert Parish, le digne héritier de Bill Russell, il retrouvera les playoffs avec Boston. Avec 18 minutes, il cumule 7,9 minutes pour 6,4 rebonds et remporte sa deuxième bague de champion. Cette année-là, il devient le premier joueur à être MVP puis meilleur sixième homme. James Harden fera la même chose 26 ans plus tard, mais à l'envers.

La saison suivante, il quitte prématurément les C's mais revient en playoffs où il ne jouera en tout et pour tout que 102 minutes sur 12 matchs.

La question que certains fans des Verts se posent : va-t-on un jour retirer le 5 pour Bill Walton, le meilleur 6e homme et champion NBA, ou Kevin Garnett, meilleur défenseur et champion NBA également ?

 

 

Mention spéciale bien sûr pour des remplaçants qui ont marqué leurs saisons. Nous avons abordé le cas Robinson ou encore Harden, mais nous pouvons souligner le double titre de l'Allemand Detlef Schrempf, la touche venue d'Europe avec Toni Kukoc, le sniper de l'ombre Jason Terry, ou encore des recompensés qui ont coulé juste après : Lamar Odom, J.R Smith, Ben Gordon ou encore Danny Manning et Darrell Armstrong.