Trail Blazers : plus de mouvements et moins de dribbles

Trail Blazers : plus de mouvements et moins de dribbles

Damian Lillard - CJ McCollum - Terry Stotts - Portland Trail Blazers - Jusuf Nurkic
Crédit photo : Getty images

Les Blazers ont subi une sévère désillusion en playoffs la saison passée. Balayés sèchement par les Pelicans au premier tour, ils ne peuvent pas réitérer les mêmes erreurs mais comment procéder ?

S’il y a bien quelque chose qui nous a surpris la saison passée, c’est la défaite de Portland en 4 matchs face aux Pelicans. Quel illuminé aurait pu prédire un tel fiasco pour les hommes de Terry Stotts ? L’effectif n’a pas énormément changé en comparaison avec la saison dernière et ceci nous laisse à penser que le staff des Blazers a dû cogiter tout l’été pour « changer » quelque chose. C’est sur cette problématique que nous allons tenter de réfléchir.

 

  • Shooting off the dribble

 

Avant d’envisager des solutions, il faut tout d’abord identifier les problèmes ! Damian Lillard et CJ McCollum forme l’un des binômes les plus prolifiques offensivement avec une moyenne de 48,3 points par match. Il est a priori difficile de remettre en question ce duo infernal néanmoins il apparaît évident que celui-ci va devoir évoluer pour franchir un cap en playoffs. Collectivement, Portland est loin d’être un modèle puisque les protégés de Stotts crapahutaient à la dernière place du classement des passes décisives l'année passée (19,5). Mais la moyenne de passe n’est pas nécessairement une statistique fiable pour évaluer la réussite d’une équipe puisque Houston tout comme les Blazers ont terminé dans le top 3 à l’Ouest.


Cependant, comment Stotts justifie cette dernière place au classement des assists ?

 

Ceci est dû à des mauvais shoots pris à l’intérieur et en périphérie. Nous allons essayer d’améliorer ça cette saison en diminuant les shoots avec dribble, en faisant circuler davantage la balle et en prenant des bons shoots.

 

A la lecture de plusieurs billets sur différents sites - big up à blazersedge.com by the way- on se rend compte que certaines données nous permettent de mettre l’accent sur les points noirs de l’attaque des Blazers et plutôt que d’alourdir cette analyse en texte, voici un tableau bien plus explicite :

 

Nombre de dribblesBlazers FreqLeague Avg FreqBlazers EFG%League Avg EFG%
041,846,7558,559,84
111,713,453,953,6
210,111,5248,450,68
3-620,518,1451,450,28
+ de 715,810,1521,450

 

A travers ces chiffres, on se rend que ça tricote sévère à Portland ! Tout sauf une surprise pour celles et ceux qui ont pour habitude de visionner les exploits du backourt de l’Oregon. Portland tente 41,8 % de shoots sans dribbler tandis que ce pourcentage est de 46,75 pour la ligue. On constate pareillement que les Blazers tentent 36,3 % de ses shoots avec au moins 3 dribbles contre 28,29 % de moyenne en NBA. Un sacré delta ! Terry Stotts ne ment pas, son roster dribble trop et face à des défenses resserrées, l’étau peut rapidement vous oppresser, vous réduire en miettes avant de vous balayer…

 

On observe aussi cette propension au dribble des Blazers à travers le nombre de touches en moyenne par match - 390,5 - le nombre de passes en moyenne par match - 271 - ainsi que le temps de possession en moyenne par match - 22,1 minutes. Seul OKC et Houston font moins bien, Westbrook et Harden/CP3 rules !



Pour ce qui est de la distance parcourue en moyenne par match Portland se situe dans le ventre mou mais lorsqu’on rapporte cette statistique au backourt, la donne est totalement différente ! En effet, McCollum est le joueur à parcourir le plus de km en moyenne par match avec 4,3 tandis que Lillard se positionne à la 7ème place ce classement avec un peu plus de 4km en moyenne par match ! Toutes ces statistiques sont liées et font écho aux propos de Stotts. Portland ne peut pas repartir sur les mêmes habitudes de jeu que l'année passée au risque de se briser une nouvelle fois les dents en playoffs...



 

  • Better Shots ?


Dans cette catégorie, on peut instinctivement penser à Westbrook dont la mauvaise sélection de shoots crève l'écran. Souvenez-vous de son match 6 face au Jazz lors des derniers playoffs ! Pour ce qui est des Blazers, nous allons nous intéresser une nouvelle fois aux deux dépositaires du jeu que sont Lillard et McCollum. Les deux sont en confiance avec leur shoot et avec leur capacité à prendre le dessus sur vis-à-vis respectif mais attention à l’excès de confiance ! Lillard n’a pas froid aux yeux et il n’hésite jamais à shooter face à son défenseur direct et ce même si la distance entre lui et le joueur adverse est réduite. Plus qu’une constatation, c’est un fait ! Il suffit de se référer aux tableaux statistiques ci-dessous.

 

Distance du défenseur le plus procheNombre de tentativesA 2 ptsA 3 ptsFréquenceFréquence à 2 ptsFréquence à 3 pts
0-60cm10,19,40,712,4 %11,50 %0,09 %
60cm-1,2m29,926,13,836,7 %30,20 %4,70 %
1,2m-1,8m23,813,410,429,2 %16,50 %12,70 %
+ de 1,8m17,64,812,821,7 %5,90 %15,80 %

 

A travers ces premiers chiffres, on constate que les Blazers on prit une quantité importante de shoots lorsque le défenseur se situe à une distance comprise entre 60cm et 1,2m. On ne peut pas parler de shoot ouvert dans ce cas de figure et ceci viendrait appuyer l'idée que les Blazers ne prennent pas suffisamment de bons shoots. C'est ce que Terry Stotts pointe du doigt lorsqu'il parle de bons shoots. Vous pensez bien que le coaching s'est d'ores et déjà emparé de cette problématique et il nous tarde d'ailleurs de voir si les joueurs tiennent compte et appliquent les nouvelles directives envisagées. Lillard et McCollum ont une grosse responsabilité, c'est une certitude et au regard des pourcentages, on s'en aperçoit d'autant plus :

 

Joueurs%age de shoots pris à moins de 1,2 mètreA 2 ptsA 3 pts
Damian Lillard46,9 %33 %13,9 %
CJ McCollum47,7 %39,3 %7,7 %

 

Face aux Pelicans, les Blazers ont bu la tasse et notamment Damian Lillard qui réalisa des performances bien en deçà de ce à quoi il nous avait habitué avec des pourcentages d'adresse indignes d'un go to guy. Une surprise ? Pas tant que ça puisque le playmaker des Blazers a dû se coltiner la défense de Jrue Holiday - membre de la All-Defensive First Team - durant toute la série. Alors forcément lorsque vous entreprenez de shooter à une distance tight du meilleur meneur défenseur 2018, l'exercice devient plus ardu et les conséquences se répercutent sur le pourcentage d'adresse et plus largement sur le rendement de l'équipe dont vous êtes la star. 

 

  • Comment procéder ?

 

Loin de nous l'idée de prétendre être en mesure de révolutionner la façon dont jouent Lillard et plus largement les Blazers ! Ceci étant, les Blazers doivent forcément reconsidérer un système qui a jusqu'ici montré ses limites. Lillard et McCollum peuvent affoler les compteurs toute la saison mais à quoi bon si en définitive vous ne passez pas le 1er tour de playoffs ? C'est au cours de la saison qu'il va falloir façonner le projet de jeu et mettre un terme aux mauvaises habitudes. La saison reprend demain et le coaching staff  a évidemment dû travailler sur ces questions durant la préparation d'avant-saison. Lillard et McCollum doivent chercher à impliquer davantage leurs coéquipiers offensivement. 

 

Ils sont les maîtres à jouer de Portland, ils sont tous les deux capables de se créer des opportunités en attaque mais aussi pour les autres. Leurs coéquipiers ont tous des zones préférentielles où ils sont plus à l'aise, plus adroits et lorsque Terry Stotts évoque un style de jeu plus épuré, plus collectif, il fait certainement référence à ça. On ne compte pas le nombre de statistiques disponibles pour les coachs, ils savent pertinemment quelles sont les zones de confort de leurs joueurs et donc comment les impliquer offensivement.

 

 

A titre d'exemple, on se rend compte avec ces deux shot charts que Maurice Harkless et Al-Farouq Aminu sont plus adroits que la moyenne dans les corners. Ils sont même complémentaires en attaque, Harkless ayant une préférence pour le corner gauche tandis que Al-Farouq Aminu lui est en mesure d'être adroit sur les deux corners. Les arrivées de Nick Stauskas ou encore Seth Curry viennent aussi donner du relief au projet de jeu annoncé par Terry Stotts. Cette saison est importante pour la franchise qui a échoué à deux reprises au premier tour des playoffs lors des deux derniers exercices. Le front office a misé sur la stabilité mais un nouvel échec en fin de saison pourrait s'avérer décourageant et amener les têtes pensantes à redistribuer les cartes.