Kyrie Irving, un assassin masqué à Boston

Kyrie Irving, un assassin masqué à Boston

Kyrie Irving - Boston Celtics

Avec 16 victoires lors des 16 derniers matchs, les Celtics sont au sommet de la Conférence Est. Et ils peuvent remercier leur meneur qui est l'auteur d'un début de saison en boulet de canon.

Et si la blessure de Gordon Hayward était un mal pour un bien ?

 

Après un été très mouvementé dans le Massachussets qui a vu les Celtics faire exploser leur roster, les fans ne s'attendaient sûrement pas à un début d'exercice aussi réussie. En effet durant l'intersaison, exit les Avery Bradley, Jae Crowder, Amir Johnson et autres Isaiah Thomas qui étaient le visage et l'âme de la franchise. Au total ce sont quatre titulaires sur cinq qui ont quittés le navire au cours de l'été. Une refonte importante de l'effectif qui peut poser question quand on sait que la saison passée Boston a fini à la première place de la Conférence Est et n'a été éliminé qu'en Finale de Conférence face aux Cavaliers de LeBron James. Mais les dirigeants verts estiments qu'il faut changer quelque chose afin de pouvoir accéder aux Finales NBA et décident de miser sur deux jeunes talents : Gordon Hayward et Kyrie Irving. Si le premier arrive lors de la Free Agency en provenance d'Utah, le second est quand à lui au coeur du blockbuster trade de l'été qui implique deux des meilleurs meneurs de la ligue (Isaiah Thomas et Irving). L'échange a même failli capoter lorsque Cleveland demande une contrepartie supplémentaire après avoir eu accès au dossier médical de Thomas en s'estimant lésé par la durée de son absence. Mais le deal a finalement lieu et Irving rejoint Boston pour en devenir le nouveau visage. 

 

Si le jeune meneur a choisi la mythique franchise Celte c'est avant tout pour pouvoir travailler avec un coach qu'il admire, Brad Stevens

 

Sa première saison à Boston, je crois qu'ils finissent à 25 victoires. Puis il les emmène en Playoffs l'année suivante, et on les joue. Deux ans plus tard on se recroise, mais en finale de conférence. Il commençait donc à gagner en notoriété, mais il n'en faisait jamais une tonne car il savait que le plus important n'était pas lui-même ou le fait de gagner le respect des autres en tant qu'entraîneur, c'était plutôt le travail de coach en lui même et prendre soin de sa famille. Et quand vous avez quelqu'un qui affirme tout cela avec transparence, sur ce qu'il est vraiment, vous avez envie d'être proche de ces personnes. Et c'est quelque chose que je recherchais vraiment dans ma carrière. Donc Brad était parfait en ce sens, car c'est un intellectuel, sur comme en dehors du terrain, et sa connaissance du jeu n'est pas du tout équivalente à son jeune âge. 

 

On attend encore les mêmes éloges à l'égard de Tyronn Lue. Plus sérieusement, cette déclaration montre qu'Uncle Drew ne veut pas seulement quitter l'ombre de LeBron, ce qu'il cherche c'est un entraîneur capable de le faire grandir et de développer son potentiel au maximum. Il voit en Stevens l'occasion de finir sa formation de basketteur, ce qu'il n'a pas eu l'occasion de faire à Duke avec Coach K ou pendant ses années à Cleveland. C'est la chance pour lui de pouvoir se poser et construire un projet durable. On aurait donc pu penser qu'Irving aurait eu besoin de quelques semaines minimum pour s'intégrer entièrement au projet. Que neni ! Après 18 matchs il s'est totalement imposé comme le patron, le vrai franchise player, n'en déplaise à Al Horford.

 

Une des raisons qui explique cette intégration éclaire peut être la blessure de Gordon Hayward. En effet, si Boston a dû bouleverser son effectif, l'horrible blessure de l'ex-joueur du Jazz a complètement changé la donne et quelque peu forcé le meneur à prendre ses responsabilités. Car derrière l'absence de l'ailier c'est toute l'équipe qui doit se réorganiser. Le rookie Jason Taytum entre dans le cinq quand Jaylen Brown devient le titulaire du poste 2. Et même si les deux joueurs assument plutôt bien ce changement de statut, (notamment Tatum qui impressionne les observateurs) il faut qu'Irving monte d'un cran et devienne la capitaine du bateau Celte. 

 

Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il répond présent. Si ses statistiques sont un tout petit peu en baisse par rapport à la saison dernière (22 pts à 46%, 3 rbds, 5 pds contre 25 pts à 47%, 3 rbds et 6 pds), son impact sur le jeu au sein du collectif huilé des Celtics est flagrant. Il est moins soliste, c'est un nouveau joueur, plus complet. Cette évolution lui a d'ailleurs paru essentielle : 

 

J'avais l'impression que je devais m'ajuster, c'était probablement la chose la plus importante en venant à Boston. [...] Ils sont très axés sur le collectif et il y a une vraie culture, donc je devais m'ajuster afin que mon talent individuel profite au groupe. 

 

Il reste toujours ce merveilleux attaquant capable de faire danser tous les joueurs de la ligue (coucou Steph Curry) mais il est devenu un réel playmaker. Il est la plaque tournante de l'attaque verte, et est même devenu plus solide en défense. Une version 2.0 du joueur qu'il était en quelque sorte. 

 

Une chose est sur, ce qui n'a pas évolué dans son jeu c'est sa capacité à tuer un match, à prendre les gros tirs (et les mettre). Il est même le joueur le plus clutch de la NBA dans les 5 dernières minutes et que l'écart est de moins de 5 points. Cette saison il est le joueur le plus prolifique avec 5.9 points à 60% au tir. Et en détail c'est encore plus effrayant, sur cette année cela donne : 38 minutes de jeu, 65 points avec 24/39 au tir et 13/16 aux lancers, 11 fautes provoquées, 32 points dans la raquette, 10 passes décisives, un +/- de +40 et surtout 0 pertes de balle. Tout simplement hors-normes.

 

Le dernier exemple en date est le match contre Dallas. Une performance XXL pour le meneur avec 47 points à 16/22 au tir, le premier Celtic depuis 1989 et Larry Bird à mettre au moins 45 points dans un match à 70% de moyenne. Pas mal pour un joueur qui est la depuis peu ! Surtout ce qui a marqué les esprits c'est son importance dans les moments décisifs. Il vole un ballon en fin de match pour offrir l'égalisation à Tatum mais surtout il inscrit 10 des 14 points de son équipe en prolongations dont les 8 premiers à 4/4. Un patron on vous dit. 

 

Derrière lui c'est toute l'équipe qui marche sur l'eau comme en témoigne cette série de 16 victoires d'affilées (le record de franchise est de 19). La question qui reste en suspens est peut être le rôle que joue le collectif de Stevens dans ce début de saison d'Irving. Si il entre en effet dans la discussion pour le MVP, on peut se demander si cela n'est pas à mettre au bénéfice du groupe entier. Cependant on peut remarquer qu'Uncle Drew a changé une chose, il gagne désormais les matchs serrés et cela sans LeBron. Alors, avons nous droit à la naissance d'un nouveau joueur, moins soliste mais réel pierre angulaire d'une franchise tournée vers le titre ? Ou profite il tout simplement d'un collectif hors du commun, mené par un coach que beaucoup considèrent déjà comme le meilleur (ou presque) de la NBA ?