Les Cavaliers seraient champions ! Nombreux sont ceux qui pensent que Cleveland aurait remporté les finales NBA si Kyrie Irving n'avait pas subi une fracture de la rotule lors des playoffs. Une blessure synonyme de victoire des Golden State Warriors ? Certes, l'absence de celui qui se fait surnommé Uncle Drew a été énormément préjudiciable, de là à faire des Cavaliers les champions NBA de la saison dernière... Voilà un pas difficile à franchir. Quoiqu'il en soit, le retour a priori en janvier du produit de Duke fait de la franchise de l'Ohio un des candidats les plus sérieux au titre. Du moins s'il décide de se faire violence en défense.
- Un joueur surcôté ?
Du haut de ses 23 ans, Kyrie Irving est l'archétype du meneur moderne : scoreur, rapide, flashy et pour saupoudrer le tout il est doté d'un handle de folie. Offensivement, le natif de Melbourne est un surdoué du ballon orange. Joueur attractif dont l'arme fatale est le crossover, Uncle Drew fait partie de ces joueurs capbales de faire sauter de son fauteuil n'importe quel spectateur. Même s'il est loin d'être le plus athlétique des joueurs, son handle diabolique lui permet d'éliminer ses adversaires et de se frayer un chemin jusqu'au cercle pour finir dans toutes les positions. À l'instar des meneurs en vogue en NBA, Kyrie Irving est un meneur scoreur explosif et rapide capable de dégainer à tout moment à longue distance. Auteur de 21,7 points (dont 41,5% à trois points), 5,2 passes décisives et 1,5 interceptions au cours des 75 matchs de saison régulière, le meneur de Cleveland devrait se situer autour de ces standards la saison prochaine. Et le problème est bien là comme en atteste ce tableau :
| Saison | Minutes/match | Points/match | Passes décisives/match | % au shoot | % à trois points |
| 2011-2012 | 30,5 | 18,5 | 5,4 | 46,9% | 39,9% |
| 2012-2013 | 34,7 | 22,5 | 5,9 | 45,2% | 39,1% |
| 2013-2014 | 35,2 | 20,8 | 6,1 | 43% | 35,8% |
| 2014-2015 | 36,4 | 21,7 | 5,2 | 46,8% | 41,5% |
Certes Uncle Drew a du talent à revendre et peut se targuer d'avoir des lignes de statistiques reluisantes au cours de ses quatre premières saisons NBA, mais dans quels domaines a-t-il progressé ? Évidemment, de nombreux joueurs aimeraient stagner comme Kyrie, cependant il n'en demeure pas moins que le meneur de 23 ans a du mal à franchir un cap dans la Ligue.
Trop sévère avec ce jeune bourré de talent me diriez-vous. Mais regardons de plus près l'apport de Kyrie Irving à Cleveland depuis son arrivé sur les parquets NBA. Dès qu'il a revêtu le maillot des Cavs, l'enfant prodige, le futur Midas de l'Ohio s'est imposé parmi les superstars de la Ligue et régale les fans avec ses exploits offensifs sensationnels. À quel prix ? 65 victoires pour 116 défaites... Avant le retour de King Lebron James dans son fief, Uncle Drew avait beau régaler les parquets NBA et les spots publicitaires, son équipe tournait néanmoins à 35% de victoires. Évidemment, Kyrie Irving n'est pas le seul à blâmer, mais son impact de superstar s'est toujours fait attendre lors de ses trois premières saisons. La venue de Lebron en 2014 entretient sa hype en valorisant son rôle de lieutenant tout en camouflant les lacunes criantes de son CV.
- Une défense Casper
S'il semble stagner - de belle manière - statistiquement parlant, Kyrie Irving reste un piètre défenseur pour rester poli. En effet, le meneur des Cavs est un scoreur prolifique à la défense léthargique. Avec Kyrie sur le parquet, la défense de Cleveland concède 101,7 points en 100 possessions. Sans lui, les Cavaliers n'en concède que 93, ce qui en ferait la meilleure défense de toute la NBA durant la saison régulière ! Irving est un plot, une plaie pour son équipe quand il s'agit de défendre, et ce même durant les playoffs. Le meneur est incapable de contenir ses adversaires : sa défense est synonyme de réussite pour les meneurs adverses. À mi-distance, ses rivaux en profitent pour gonfler leurs statistiques et shooter à 59,8% face à un Kyrie peu pressant sur le porteur de balle et quasi inexistant s'il se fait poster. Que ce soit à deux ou à trois points, ses adversaires tournent à 46,6% (soit 3% de mieux qu'à l'accoutumé) lorsque Casper Irving défend sur eux comme en témoigne le tableau ci-dessous. Quand on voit la progression de Stephen Curry dans ce domaine, un joueur au physique similaire, on se dit que Kyrie se doit de faire beaucoup mieux.
| Catégorie défensive | Matchs joués | Matchs | DFGM | DFGA | DFG% | FG% | Différence en % |
| Général | 74 | 74 | 5,2 | 11,2 | 46,6% | 43,7% | 2,9% |
| 2 points | 74 | 68 | 1,4 | 3,8 | 37,6% | 34,9% | 2,8% |
| 3 points | 74 | 74 | 3,8 | 7,4 | 51,2% | 47,6% | 3,6% |
| Moins d'1 mètre 80 | 74 | 68 | 1,8 | 2,8 | 64,6% | 59,1% | 5,5% |
| Moins de 3 mètres | 74 | 71 | 2,5 | 4,1 | 59,8% | 53,5% | 6,3% |
| Supérieur à 4 mètres 60 | 74 | 74 | 2,4 | 6,0 | 39,2% | 36,7% | 2,5% |
Matchs : Nombre de matchs au cours desquels l'adversaire de Kyrie Irving enregistre un shoot dans la catégorie correspondante.
DFGM (Defended Field Goals Made) : Nombre de paniers que l'adversaire marque quand Kyrie Irving défend sur lui.
DFGA (Defended Field Goals Attempted) : Nombre de shoots tentés quand Kyrie Irving défend sur son adversaire
DFG% (Defended Field Goals %) : Pourcentage de l'adversaire contre Kyrie Irving défend sur lui.
FG% (Field Goals %) : Pourcentage habituel du joueur sur lequel défend Kyrie Irving.
- Le Big Three réuni, rendez-vous en Finales NBA ?
L'absence à confirmer de Kyrie Irving jusqu'au mois de janvier est évidemment préjudiciable pour l'équipe de Cleveland qui reposera encore une fois sur les épaules du cyborg Lebron James. Néanmoins, la venue de Mo Williams à la mène et de Kevin Love dans la raquette devraient pallier sans trop de difficulté l'absence de Kyrie et permettre aux Cavs de truster les premières places de la Conférence. Son retour constitue assurément une nouvelle positive et fait de la franchise de l'Ohio construite autour de son Big Three une des menaces les plus redoutables pour s'accaparer le titre final.
Dans l'optique des playoffs, sa présence du meneur est indispensable si l'équipe de Cleveland veut aller au bout, surtout face aux mastodontes de la Conférence Ouest. Néanmoins, Kyrie Irving a du pain sur la planche s'il veut que sa défense ne soit pas continuellement son point faible et ne devienne pas celui de son équipe. Aussi talentueux soit-il, il doit se faire violence pour véritablement avoir un impact sur son équipe et enfin justifier toute cette hype qui l'entoure depuis son arrivée en NBA.