La free agency est souvent très attendue par l’ensemble des passionnés de basket NBA. Certaines signatures font grand bruit comme lors de la dernière intersaison avec les acquisitions de LeBron James ou DeMarcus Cousins. D’autres passent inaperçues mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas y prêter attention. Et c’est ce que nous avons décidé de faire en nous penchant sur la signature de Kyle Anderson chez les Grizzlies.
- Back to the basics
Dans un microcosme NBA où le tir à 3-points est devenu parole d’évangile, les Grizzlies n’ont jamais été conviés à la table. Classé 24ème au nombre de tentatives par match la saison passée, Memphis n’envisage pas de résolution et compte bien préserver cette ligne directrice du grit and grind. Et dans cette optique, l’arrivée d’un ailier polyvalent non démuni de basketball IQ est une aubaine. La lecture du jeu se veut également défensive et dans ce domaine, l’arrivée d’un joueur comme Anderson matche parfaitement avec les intentions du staff des Grizz'.
Anderson n’est assurément pas le plus athlétique des ailiers NBA mais ses attributs physiques lui ont permis d’être précieux sous les ordres de Gregg Popovich, en témoignent les propos Rudy Gay, ancien coéquipier chez les Spurs :
Les gens le voient comme un joueur lent et pensent qu’il s’agit d’un joueur de basket léthargique. Mais c’est un joueur très intelligent. Défensivement, il est très gênant.
Coach Pop ne l’a pas préservé mais reconnaît les qualités de l’ailier de 24 ans, c’est d’ailleurs lui qui l’avait qualifié de « star » suite à sa solide défense face au « future hall of famer » James Harden. L’impact de Kyle Anderson n’est donc pas à négliger et ses 2,22 mètres d'envergure s’intégreront parfaitement au système défensif de Memphis. Ce n’est pas innocemment que nous évoquions son basketball IQ un peu plus haut puisque Kyle Anderson possédait le second meilleur plus-minus défensif (DPM) chez les ailiers la saison passée ainsi que le 16ème meilleur plus-minus défensif de toute la ligue.
Sa réputation n’est pas usurpée, nombreux sont les joueurs offensifs ayant tenté de déborder le tentaculaire Anderson ! Nombreux sont ceux à s’être fait rattraper par la patrouille ! Sur 48 minutes, il est le 6ème meilleur intercepteur de la ligue avec 2,79 ballons volés par match. Un bon intercepteur n’est pas nécessairement un bon défenseur mais cette statistique a du sens lorsqu’on la rapporte à son DPM d’autant plus, qu'en parallèle, l’intéressé était classé 9ème parmi les meilleurs ailiers contreurs de la ligue la saison dernière. Petit florilège…
- "SLOW MO" MAIS PAS DU CERVEAU !
Sa polyvalence risque de cimenter le collectif des Grizzlies déjà composé de Mike Conley Jr et Marc Gasol. On imagine déjà l’ancien membre des Spurs se fondre dans cette équipe. Son sens de la passe, ses mains sures et sa dextérité balle en main vont offrir davantage d’options à J. B. Bickerstaff. L’absence de Leonard lui a profité en 2017/2018 et malgré un temps de jeu en berne face à Golden State, KA a réalisé ses meilleures statistiques en carrière. On retient qu’il détenait le second meilleur offensive rating (114) du starting five, ainsi que la 6ème meilleure moyenne de passes décisives sur 48 minutes (4,9) et le troisième meilleur ratio passes décisives/pertes de balle (2,15) chez les ailiers. Avec de telles aptitudes et de telles facilités, on ne doute pas une seule seconde que sa présence harmonisera la circulation de balle en attaque.
Anderson a tout pour créer du liant dans cette équipe et c’est un rôle qui lui sied à merveille. Il peut jouer à la fois small ou power forward, voire arrière dans une configuration « big » ou five dans une configuration « small » tout dépendra du matchup. KA est l’un des joueurs les plus atypiques en NBA et son apport à Memphis risque de rapidement se faire ressentir comme le souligne J. B. Bickerstaff :
Il sera utilisé sous son meilleur profil, à savoir la polyvalence. Il peut jouer à de multiples positions. Il est capable d’impacter le match des deux côtés du terrain. Je suis impressionné par son intelligence et par la manière d’interpréter facilement le jeu. C’est très rare qu’il se situe mal sur le terrain. Offensivement et défensivement, il fait toujours quelque chose pour aider ses coéquipiers. Je pense que l’apport de gars comme ça est inestimable. Il est capable de jouer du poste 1 au poste 4, tu peux le mettre à n’importe quelle position sur le terrain.
Le staff des Grizz' devrait donc y trouver son compte avec la multitude d'options que va lui offrir Anderson. Bickerstaff ne cache pas son contentement et il apparaît évident qu’il tentera de tirer le maximum du "cérébral" Kyle Anderson.
- Jouer avec ses valeurs
Bickerstaff veut mettre un terme à cette propension à faire copain-copain avec l’adversaire. A en croire ses propos, cette tendance ne sera pas de rigueur à Memphis où il entend bien instaurer d’autres standards ! Outre cette parenthèse bien sentie, le head coach de Memphis compte miser sur l’intelligence de ses joueurs :
Nous avons plusieurs gars qui savent comment penser le jeu et si vous êtes capables de lire le jeu, vous pouvez compenser certaines des choses qui nous manquent. Si vous regardez notre équipe, et j’espère que je n’offenserai aucun de vous, nous ne sommes pas l’équipe la plus rapide. Mais nous devons être capables d’utiliser notre cerveau.
On comprend toute l’importance de la venue de Kyle Anderson. Il verra ses responsabilités grandir au sein d’une équipe dont le projet de jeu semble taillé pour lui. Orphelin de Gregg Popovich, il sera attendu au tournant car nous gardons – tristement en mémoire - le dernier investissement à l’aile de la franchise du Tennessee. Mais dans cette quête du succès, Memphis pourra également s'appuyer sur le retour de Mike Conley Jr, la draft de Jaren Jackson Jr, la rédemption de Marshon Brooks et sur l'arrivée de vétérans tels que Shelvin Mack et Omri Casspi.