L'hebdo de la WNBA : Tout ce qu'il faut savoir pour la reprise

L'hebdo de la WNBA : Tout ce qu'il faut savoir pour la reprise

Elena Delle Donne - Kelly Loeffler - Breanna Stewart - Sabrina Ionescu

C'est le grand retour de la WNBA, ce qui signifie que c'est le retour de l’hebdo de la WNBA sur Inside Basket ! Vu qu'il s'agit d'une année très particulière, un hebdo s’impose dès les camps d’entrainement. Si vous n'avez rien suivi du basket féminin depuis septembre dernier et le titre des Mystics, pas de panique, nous allons vous balayer tout ce qu'il s'est passé depuis.

  • CBA, draft, free agency : (Re)faisons le tour

 

Il s’en est passé des choses depuis janvier dernier et beaucoup de sujets ont été traités sur Inside Basket. En janvier, la WNBA et l’union des joueuses ont signé un nouveau CBA qui mettait en avant une bien meilleure répartition des revenus, dans un modèle qui se rapproche de celui des garçons en NBA.

 

Quelques mois plus tard, vous le savez à moins que vous n’ayez vécu dans une grotte depuis la Saint-Sylvestre, la crise sanitaire du coronavirus a secoué le monde et mis celui du sport entre parenthèses. Ceci a impacté directement les tournois universitaires et le Final Four NCAA a été annulé. Si la déception était visible chez les joueuses qualifiées pour le Final Four, ceci n’a pas empêché de créer une réelle hype autour de la draft et elle n’aura pas déçu, avec bien logiquement Sabrina Ionescu choisie à la première place.

 

 

S’en est suivi une free agency à la fois surprenante et folle. Pas d’article écrit sur Inside Basket, mais cela n’a pas empêché de voir de grosses joueuses, ou alors des joueuses iconiques, changer de franchise. Donc voici une liste non exhaustive des gros mouvements de cet été palpitant :

 

Skylar Diggins-Smith : de Dallas à Phoenix

Dewanna Bonner : de Phoenix à Connecticut

Seimone Augustus : de Minnesota à Los Angeles

Kristi Tolliver : de Washington à Los Angeles

Tina Charles : de New York à Washington

Angel McCoughtry : d’Atlanta à Las Vegas

Courtney Williams: de Connecticut à Atlanta

 

  • Le format de la reprise

 

Nous voici donc en juillet, alors que la saison avait été suspendue indéfiniment. A circonstances exceptionnelles, format exceptionnel. Dans un environnement qui se veut comme une « bulle », se rapprochant beaucoup de ce qu’a concocté la NBA, la WNBA a souhaité mettre l’accent sur deux choses : la santé des joueuses et le combat pour les droits sociaux, notamment au travers du mouvement Black Lives Matter. Deux aspects qui créent déjà la polémique malgré tout, mais nous en reparlerons un peu plus loin dans ce papier.

 

A l’IMG Academy de Bradenton en Floride, les 12 équipes de la ligue vont jouer 22 fois chacune. Une fois cette (courte) saison passée, le format des playoffs sera similaire à ce qu’il se passe en temps normal même si, bien évidemment, il n’y aura d’avantage du terrain pour personne. La saison WNBA sera donc bien raccourcie, mais aura le droit à une belle visibilité en antenne nationale malgré le fait qu’elle se déroulera en même temps que les playoffs NBA puisque par exemple ESPN networks diffusera 24 matchs seulement sur la première moitié de la saison régulière. On notera aussi que la hype autour de Ionescu se voit aussi à travers la programmation, puisque New York sera l’équipe la plus représentée en antenne nationale, ceci malgré des objectifs de résultats bien moins élevés que la plupart des équipes de la ligue.

 

  • Le weekend d’ouverture

 

Marquez la date : 25 juillet. Ce jour-là marquera le début de la saison régulière avec pour match d’ouverture le retour après une saison hors des parquets de la MVP 2018 Breanna Stewart. Le Storm affrontera pour l’occasion la numéro 1 de draft Sabrina Ionescu et le New York Liberty. Toutes les équipes joueront lors du weekend d’ouverture du 25/26 juillet et la ligue nous offre que des belles rencontres. Un choc de prétendantes entre les Sparks et le Mercury, une rivalité naissante entre les Aces et le Sky, un duel de beau jeu entre les Lynx et le Sun, et un intrigant duel de probablement bas de tableau entre le Dream et les Wings. Même le seul match paraissant déséquilibré sur le papier, Mystics-Fever, pourrait réserver de belles surprises tant les ces deux équipes ont connu du mouvement en l’espace d’un an.

 

 

  • Les absentes

 

Cette saison WNBA sera marquée par de grandes absences, mais pas pour cause de blessure. Certaines joueuses ont décidé de ne pas venir pour se concentrer sur le combat des droits sociaux aux Etats-Unis, d’autres n’ont pas fait le voyage pour préserver leur santé. Voici une liste des joueuses concernées par l’une de ces deux choses :

 

Rebecca Allen (Liberty)

Liz Cambage (Aces)

Natasha Cloud (Mystics)

Asia Durr (Liberty)

Tiffany Hayes (Dream)

Jonquel Jones (Sun)

Renee Montgomery (Dream)

Chiney Ogwumike (Sparks)

LaToya Sanders (Mystics)

Kristi Tolliver (Sparks)

Cecilia Zandalasini (Lynx)

 

En plus de tout ça, plusieurs joueuses étrangères comme la française Marine Johannès ont vu leur contrat suspendu en raison de la situation exceptionnelle liée au coronavirus. Ceci signifie que ces joueuses sont coupées à titre provisoire et pourront réintégrer leurs effectifs la saison suivante.

 

  • Les problèmes

 

Malgré tous les moyens mis par la WNBA pour reprendre la saison, la ligue n’a pas fait parler qu’en bien ces dernières semaines. Deux affaires font de plus en plus parler et il parait urgent pour la ligue de réagir de la bonne manière si elle ne veut pas se coller une mauvaise image sur cette saison.  Les polémiques tiennent en deux noms : Elena Delle Donne et Kelly Loeffler.

 

Commençons par le nom le plus connu, la MVP et championne en titre, Elena Delle Donne. EDD est atteinte par une maladie chronique, la maladie de Lyme, depuis 2008. Delle Donne explique que l’on ne connait que très peu de chose à propos de cette maladie. Néanmoins, elle sait que cette maladie affecte grandement son système immunitaire et qu’elle doit prendre 64 (!) pilules par jour, non pas pour guérir, mais simplement pour se sentir mieux. Dans une période de crise sanitaire, où l’on ne sait encore pas non plus grand chose à propos du coronavirus, on peut comprendre que la championne soit très anxieuse à l’idée de faire ses bagages pour la Floride, Etat qui compte un nombre de cas qui monte en flèche avec un pic à 15 000 nouveaux cas sur la seule journée du 12 juillet. D’autant plus que les personnes dont le système immunitaire est plus faible sont considérées comme des personnes à haut risque.

 

C’est pourquoi la joueuse ne souhaitait pas se rendre à Bradenton. Pour suivre le protocole mis en place par la ligue, elle a créé son dossier incluant un rapport de son médecin traitant, spécialiste de la maladie de Lyme. Le rapport du médecin des Mystics, qui lui n’est pas qualifié à propos de cette maladie, confirmait juste que le système immunitaire de Delle Donne était diminué à cause de cela. L’affaire devait être vite réglée, comme il en a été pour Liz Cambage par exemple. Mais non, le corps médical de la WNBA a rejeté sa demande sans même consulter le médecin d’Elena Delle Donne. Ce refus laisse un choix terrible à la MVP : jouer tout en risquant sa vie, ou ne pas être payée. Se sentant trahie par une ligue pour laquelle elle a tout donné (vraiment tout, puisqu’elle ne joue pas à l’étranger comme beaucoup d’autres joueuses en dehors de la saison WNBA), EDD a pris la plume et écrit dans The Player’s Tribune pour expliquer son cas. Ceci a énormément fait parler et pour cause : Delle Donne n’est pas une personne qui s’exprime beaucoup dans les média, et elle s’est ici livrée sur sa maladie, quel impact cela a sur elle, et ce qu’elle ressent suite au refus de la WNBA. Et quand une joueuse avec l’aura d’une MVP parle, on écoute d’autant plus.

 

 

Cette lettre a mis un réel coup de projecteur sur le cas EDD lors des 24 dernières heures et la WNBA se retrouve dans une situation délicate. Doit-elle camper sur ses positions et mettre son image en péril ? Ou doit-elle revoir son jugement, ce qui remettrait ouvertement en cause le protocole qu’elle avait mis en place ? A un peu plus d’une semaine de la reprise, la ligue ne peut pas se permettre d’attendre trop longtemps.

 

Passons maintenant au deuxième cas, celui de Kelly Loeffler. Ce nom vous parle sûrement moins qu’Elena Delle Donne, il s’agit de la propriétaire du Dream d’Atlanta. Et Loeffler dérange, à tel point que l’union des joueuses, la WNBPA, clame ouvertement que la WNBA devrait se débarrasser d’elle. Si nous en sommes là, c’est parce que Loeffler est une sénatrice républicaine aux opinions se rapprochant beaucoup de celles de l’actuel président des Etats-Unis Donald Trump : pro-armes, anti-LGBT, opposante au mouvement Black Lives Matter, etc. Bref, cette personne a des idées aux antipodes de ce que montre la WNBA sur les dernières années. Pourtant, Loeffler n’est pas propriétaire du Dream depuis hier et jusque-là personne ne la pointait du doigt. Si l’attention est portée sur elle depuis quelque semaines, c’est bien parce qu’elle le cherche puisque cette dernière est devenue très vocale dans les média depuis notamment l’émergence du mouvement BLM. Et si cette attitude donne un réel sentiment de malaise, c’est aussi parce qu’on fait très vite le parallèle avec l’affaire Donald Sterling qui avait fait surface il y a quelques années du côté des Los Angeles Clippers.

 

 

Donc que faire maintenant ? La ligue ne peut malheureusement pas faire grand-chose. Pour revenir sur l’affaire Sterling, l’ex-propriétaire des Clippers avait tenu des propos ouvertement racistes, pas cachés derrière un discours politique bien ficelé. Et même malgré ça, la NBA n’avait pu donner qu’une amende maximale et une interdiction d’entrer dans les lieux affiliés à la NBA. Mais elle ne pouvait pas imposer à Sterling de vendre l’équipe, et c’est seulement la pression médiatique et les offres alléchantes qu’il recevait qui l’ont poussé à le faire. Pour Loeffler, la pression et les offres sont bien plus faibles, disons même qu’elle s’en moque presque. Tout ce qu’a pu faire la WNBA, c’est publier un communiqué confirmant que Loeffler n’est plus concernée par les décisions quotidiennes de la franchise depuis plusieurs années déjà. Si ceci parait faible, il faut bien se rendre compte que la WNBA ne peut pas faire grand-chose de plus pour l’instant et qu’elle a eu au moins le mérite d’être très réactive à propos de cette affaire. Reste à savoir comment les choses vont évoluer, mais il est probable que l’on n’ait pas fini d’entre parler de Loeffler.