Clippers, les raisons d'une déroute

Clippers, les raisons d'une déroute

Los Angeles Clippers - Kawhi Leonard - Paul George - Doc Rivers

Grands favoris pour le titre en début de saison, les Clippers n’ont une nouvelle fois pas dépassé les demi-finales de conférence. Explications.

Steve Ballmer avait annoncé la couleur lors de la présentation de Paul George et Kawhi Leonard. Les Clippers veulent le titre. Il est vrai que l'équipe construite par le front-office de la franchise californienne avait, sur le papier, une sacrée gueule.

 

Exit les Danilo Gallinari et Shai Gilgeous-Alexander pour laisser place à Paul George et Kawhi Leonard. Ajouter Lou Williams et Montrezl Harrell (les deux derniers meilleurs sixièmes hommes de la ligue), les expérimentés Reggie Jackson et Marcus Morris. L'irrégulier mais précieux Landry Shamet. Dans la raquette le besogneux et efficace Ivica Zubac, et le polyvalent JaMychal Green rejoint pour la deuxième partie de saison par un leader expérimenté en la personne de Joakim Noah. Les roles player Patrick Patterson, Rodney McGruder, Terance Mann, Johnathan Motley, Amir Coffey, Mfiondu Kabengele. Sans oublier le chien de garde de ce joli troupeau, l'homme de Chicago, Patrick Beverley. Une équipe solide, équilibrée, avec des shooters, des intérieurs, des joueurs polyvalents, parmi eux 2 All Stars, 3 All NBA Defensive Team (Leonard, George, Beverly). Un coaching staff de premier ordre avec d'anciens champions NBA Sam Cassell et Tyronn Lue, un Éxécutif compétent, Lawrence Franck, récompensé pour son travail.

 

Coach Doc Rivers avait tous les ingrédients pour bâtir une équipe compétitive. Alors qu'est ce qui n'a pas fonctionné ?

 

  • Les blessures

 

Durant la saison régulière, l'équipe n'a que très rarement évolué au complet. Les allers retours vers l'infirmerie sont presque devenus un exercice d'entrainement. Bilan : seulement 11 matchs joués au complet sur les 72 de la saison régulière, bulle inclus. Difficile de créer une véritable cohésion dans ces conditions. Le basket est un sport collectif et pas seulement une somme de talents individuels. Connaitre ses équipiers, leur façon de jouer, leur qualité, leur défaut est primordiale à la bonne santé ''baskeballistique'' d'une équipe de haut niveau. Du coup Doc Rivers a dû s'adapter sans cesse.

 

2ème de la division Pacifique et de la conférence Ouest, 49v-23d. Le bilan n'était finalement pas si mauvais compte tenu des imprévus. Seulement 4 défaites de plus que les Lakers. Pourtant durant la bulle et particulièrement les playoffs, les physiques semblaient esquintés, trop justes, pas au niveau. Pas de jambe, pas de shoot. Certains n'ont probablement pas fait le boulot durant le confinement.

 

  • Les égos

 

Depuis la débâcle subite face aux Nuggets, quelques dossiers ont commencé à sortir. Les langues pendues se nourrissent de la défaite c'est bien connu. L'attitude de Paul George a été pointée du doigt pour son état d'esprit négatif dans la bulle. Les traitements de faveur de Kawhi Leonard sur le load management, le fait qu'il habite à San Diego, ses retards à l'entrainement et son arrivée tardive dans la bulle n'ont pas été du goût des anciens, Lou will, Pat Bev et Harrel en particulier. Pourtant ces trois-là savent mieux que personne que la NBA est un business ou les stars ont toujours un avantage, sur comme en dehors du terrain. N'étant pas dans l'intimité du vestiaire, on ne pourra jamais réellement vérifier ces bruits de couloir, mais un malaise existait bel et bien.

 

  • Le manque de leadership

 

Ce qui a surtout manqué à cette équipe, c'est un vrai leader. Niveau leader technique, avec PG, Kawhi ou Sweet Lou, la franchise de L.A est équipée. Non, ce qui leur a fait défaut durant ces playoffs et notamment lors de la série contre Denver, c'est un leader vocal, un aboyeur, un fédérateur, un thermostat. Un mec capable de te remotiver après une série de shoot ratés ou une perte de balle. Un équipier qui va t'épauler en défense, venir t'encourager si besoin, te recadrer si nécessaire. Un joueur sur qui tu peux te reposer quand plus aucune solution ne fonctionne. Bref, un patron.

 

Kawhi n'a pas ce genre de personnalité. Sa capacité à mener une équipe au titre a probablement été surévaluée suite au sacre avec les Raptors. Ces derniers ayant profité de l'avalanche de blessures côté Warriors. Néanmoins Kawhi est un top joueur, mais plutôt genre Mister Robot du basket. Il rentre sur le terrain, il fait son taf et rentre chez lui. Il pèse sur le jeu avec son impact, ses statistiques mais n'est pas une valeur sûre comme le démontre son 6/22 du match 7 face à Jokic and Co. De même pour PG ou Lou Will trop introverti. Pat Bev pouvait endosser le costume, mais le kid du Michigan est surtout un aboyeur en défense. Son apport offensif est trop limité pour incarner la fonction. Il manque à ce roster un vrai meneur, un leader ou pourquoi pas les deux. Un Rondo, Chris Paul, Dragic ou Rubio. Un organisateur, un coach sur le terrain.

 

Les Clippers menaient 3-1 face aux Nuggets et lors des trois défaites consécutives qui ont précipité leur chute, 3 fois ils ont mené de plus de 10 points sans pour autant pouvoir conclure la série.

 

Pour atténuer un peu la déroute, il ne faut pas oublier la composante Bulle. Dans une série de playoffs classique, le soutient et la pression du public aurait forcément joué un rôle dans chaque série. Mais chaque équipe a été confrontée au même vide.

 

À déception immense, choix brutal. Pendant que les colocataires du Staples Center soulevaient un nouveau trophée, Doc Rivers était remercié et Tyronn Lue signait pour 5 ans.

 

Une équipe se construit sur la durée, comme les relations humaines ou sportives. Avant de gagner il faut savoir perdre ensemble, rester soudés et repartir au combat. La saison prochaine les Clippers seront attendus et leur vécu sera leur meilleure recrue. Nul doute que Coach Lue sait quel message véhiculer pour la saison prochaine.