L'Australie : Nouvel eldorado du basket mondial ? Un moyen de se relancer (Episode 2)

L'Australie : Nouvel eldorado du basket mondial ? Un moyen de se relancer (Episode 2)

Australie Basket - NBL - Boomers - Ben Simmons - Andrew Bogut - James Ennis III

Cet été, une nouvelle tendance est arrivée dans la planète Basket. Dans une ère où les talents se décentralisent des Etats-Unis de façon croissante, l’Europe se voit désormais concurrencée par un autre pays anglophone aux allures de continent, l’Australie. Deuxième épisode de ce petit dossier de l’été.

Si vous avez raté le premier épisode de cette petite série estivale consacrée au basket Australien, cliquez-ici !

 

Dans l’objectif de devenir l’un des championnats les plus réputés au monde, la NBL a signé de nouveaux joueurs lors des derniers mois qui devraient augmenter la visibilité de ce championnat et l’installer sur la carte.

 

D’abord, la NBL a trouvé un moyen de devenir plus compétitive d’une façon assez classique comparable aux méthodes que l’on retrouve en Europe ou en Chine à des échelles différentes. Ainsi, elle a ouvert ses bras dans la seconde moitié de la décennie 2010 aux joueurs NBA en quête d’un nouveau challenge. Par ‘’nouveau challenge’’ comprenez plutôt, à défaut d’avoir trouvé mieux ailleurs. Pour les très nombreux joueurs que la NBA laisse sur le carreau, elle est devenue depuis 5 ans une issue envisageable. Plus que ça, elle est surtout une façon de se relancer, toucher le fond de la piscine pour mieux remonter à la surface d’une certaine façon.

 

Dans cet objectif, l’Australie possède un atout que l’Europe ne possèdera jamais, c’est un pays anglophone. Cela peut paraître dérisoire, mais c’est souvent un facteur important dans la décision de joueurs qui n’ont jamais quitté leur Amérique natale et qui n’ont souvent que très peu envie de débarquer, isolés, dans un pays perdu au fin fond de l’Europe de l’Est. L’Australie possède la langue, mais aussi des métropoles et une culture occidentale similaire à celle que l’on peut retrouver aux USA. Cette méthode employée par d’anciens joueurs NBA essayant de réintégrer la grande ligue par de bonnes performances à l’international a connu une faible réussite en Australie.

 

Marcus Thornton, après avoir été coupé par les Suns à la suite de son transfert de Boston en échange d’Isaiah Thomas, a été l’un des américains précurseurs dans cette ligue en 2015. Il a tenté de rebondir du côté des Sydney Kings, sans vraiment connaître de destin royal. Malgré une bonne saison (12.8 points par match), ce qu’il y a montré était largement insuffisant pour convaincre quiconque en NBA. Depuis entre l’Italie et la Chine, il semble définitivement écarté du circuit américain.

 

Après lui, Bryce Cotton a suivi. Il a lui connu un succès bien plus grand, comme dans ses nombreux périples à l’international. Cotton n’avait plus d’équipe après 23 matchs NBA disputés avec Utah, Phoenix et Memphis. Il débarqua alors chez les Wildcats de Perth en 2016, pour tout simplement devenir la plus grande star du championnat australien. En 3 ans, il y a remporté deux championnats ainsi qu’un titre de MVP derrière des records brisés à la pelle. Ce modèle de réussite en Australie ne lui a cependant jamais permis de réintégrer la NBA.

 

Deux noms bien connus aux Etats-Unis ont pourtant réussi à intégrer la NBA après leur passage par le continent Océanien. Le premier est James Ennis III, actuel joueur important du banc chez les Sixers, qui a marché sur le sol australien bien avant Marcus Thornton, en 2013. Le contexte était pourtant bien différent. Drafté en 50ème place de la Draft 2013, James Ennis n’avait obtenu aucun spot garanti dans un roster NBA lors de l’intersaison qui suivait. Seule une place en D-League (devenue G-League) lui était offerte avec un salaire de 25 000$ à l’année. Sauf qu’Ennis avec son futur contrat devait prendre en charge ses parents ainsi que ses 5 frères et sœurs ce qu’un si petit salaire ne pouvait garantir. Les Wildcats de Perth ont finalement contacté son agent pour lui offrir un meilleur rôle, ainsi qu’une meilleure sécurité financière (sans monter bien haut non plus). James Ennis y a connu une grande saison à 21 points par match. Un bon souvenir puisqu’elle lui a offert une meilleure côte à l’international, avant de revenir en NBA un an plus tard, un pari gagnant.

 

L’autre joueur à avoir soldé son passage en Océanie par un retour en NBA est un homme bien connu du peuple australien puisqu’il s’agit d’Andrew Bogut. Ici encore, sa réussite s’est prêtée à un contexte bien particulier et assez unique. Andrew Bogut est un joueur Australien et même s’il n’avait jamais joué dans son pays natal avant 2017, sa simple nationalité lui conférait forcément un statut particulier. Il n’était même pas considéré comme un joueur extra-communautaire malgré qu’il ait passé toute sa carrière aux USA. Champion NBA avec les Warriors, il avait ensuite connu la remontée des Cavs et une grosse blessure qui l’avait écarté du circuit américain. Il y a un an, il a choisi de revenir chez lui, du côté des Sydney Kings pour rejouer au basket sous une compétition plus simple.

 

Le pivot de 34 ans a expliqué qu’il ne souhaitait plus imposer à son corps les interminables saisons régulières de NBA, et que ce besoin s’alliait à l’envie de se rapprocher de sa famille sans coupure en Australie. En jouant au pays, Andrew Bogut a finalement retrouvé l’envie de jouer au basket dans une équipe où il a ‘’construit quelque chose d’unique’’. Il y a pris tellement de plaisir, qu’il a été élu MVP de la NBL en Février dernier. Par la suite, il tomba en demi-finale face à Melbourne mais l’essentiel était ailleurs. Son niveau impressionnant en NBL a même convaincu les Warriors de lui offrir un dernier run pour les playoffs 2019. Sans remporter un second titre de champion NBA, Andrew Bogut a prouvé qu’un joueur superstar en Australie avait tout pour réussir à l’échelon supérieur, en NBA.

 

Ces histoires aux destins tous bien différents les uns des autres ont alors amenés certains joueurs à tenter l’expérience comme d’autres de leurs compatriotes auparavant. L’intersaison n’est pas encore terminée, mais il est probable que la saison 2019/2020 enregistre un nombre record de joueurs américains en NBL. Pour l’instant, on sait déjà que Shawn Long (18 matchs avec les Sixers en 2017) et le meneur vétéran Aaron Brooks (passé par Houston, Phoenix, Sacramento, Denver, Chicago, Indiana, Minnesota, et bientôt dans votre village natal en Moselle) vont intégrer le championnat Australien. Mais ils vont peut-être se voir rejoints par trois autres joueurs bien connus en NBA.

 

D’abord, on sait que Andrew Bogut retourne à Sydney de façon définitive. Ensuite, les rumeurs indiquent que le pivot français Joakim Noah pourrait lui aussi tenter l’expérience ! En effet, le Defensive Player of the Year 2014 a reçu une offre de la seule équipe néo-zélandaise du championnat, les Breakers d’Auckland. Parmi leurs arguments, le récent parcours d’Andrew Bogut, ou encore leur président Matt Walsh, ami avec le français. Pour l’instant, Noah n’a pris aucune décision mais le temps passe et aucune franchise NBA ne lui a offert une place pour la saison 2019/2020 à l’heure où tous les effectifs sont bouclés ou presque. Joakim Noah risque donc de s’y retrouver faute de mieux comme on vous en parlait tout à l’heure.

 

Enfin, une autre rumeur alimente les médias sportifs australiens. Elle fait état d’une possible arrivée… de Tyreke Evans ! Pour rappel, l’ex-ailier des Pacers vient d’être suspendu deux années par la NBA pour un contrôle anti-dopage positif qui laisse présager le pire pour son futur. O.J Mayo avait connu le même sort en 2016, sans jamais s’en relever depuis. L’agent de Evans aurait alors commencé à travailler en coulisses sans que des discussions plus sérieuses soient engagées. C’est-à-dire qu’il va bien falloir s’occuper (et se faire oublier) pendant deux ans. La drogue, c’est mal les amis.

 

C'est la fin de ce second épisode de notre dossier consacré au développement du basket en Australie. Demain, troisième et dernière partie de notre dossier où nous verrons pourquoi les jeunes américains vont rendre ce championnat attractif.