Une Superteam, c'est quoi ?

Les Warriors détruisant tout sur leur passage, les Cavaliers échouant malgré une équipe taillée pour aller au bout, tout cela pour alimenter le débat sur les "superteams". InsideBasket tente de trouver une définition pour y voir plus clair.

Nous sommes le 13 juin 2017, la soirée est déjà bien avancée, le champagne coule à flot, un peu trop même pour Kevin Durant. LeBron James, lui, se présente en conférence de presse, la dernière de cette longue saison, en couleur sombre, la mine grave. Un journaliste américain met très rapidement les pieds dans le plat :

 

Vous avez fait partie de deux superteams, celle dans laquelle vous êtes actuellement et celle de Miami, en regardant ce que les Warriors ont fait, êtes-vous toujours fan de ce concept ? Pensez que c'est une bonne idée pour la NBA de construire ces équipes comme ils (Warriors) l'ont en amenant Kevin (Durant) ? Vous comprenez ce que je vous demande ?

 

Et LeBron de répondre, quelque peu agacé : 

 

Non, pas vraiment. Je ne crois pas avoir joué pour une superteam. Je ne crois pas que nous avons une superteam à Cleveland. Donc je ne comprends pas... Vous avez d'autres questions car vous n'allez pas me voir pendant un moment.

 

Réponse sèche pour un débat qui a animé toute cette fin de saison en marge de playoffs moins intéressantes sportivement que par le passé. Rappelons le, les Warriors n'ont pas goûté à la défaite avant les Finals quand les Cavs perdaient une seule fois, face des Celtics au grand coeur. Une première dans l'histoire. 

 

 

C'est à ce moment que le débat s'est intensifié. Si l'armada de la Baie d'Oakland ne suscitait pas de controverse, le recrutement des Cavaliers durant la saison les plaçaient comme une équipe équilibrée, expérimentée et taillée pour regarder dans le blanc des yeux les coéquipiers de Stephen CurryKyle Korver, Deron WilliamsAndrew Bogut (arraché à leurs meilleurs ennemis) sont venus prêter main forte au King. Malheureusement, la blessure très rapide du pivot australien a immédiatement redistribué les cartes.

Du côté des têtes pensantes de la NBA, aucune restriction pour le regroupement de star, bien au contraire. Adam Silver, Commissionner, appuie sur la construction longue et efficace de la formation dirigée par Steve Kerr.

 

Les Warriors se sont construits grâce à la draft, sans top picks et avec seulement quelques trades. Golden State était déjà une grande équipe avant l'arrivée de Kevin Durant. 

 

Son argumentaire tourne donc principalement autour de l'outil d'équilibrage des équipes par excellence, la draft. Concentrons-nous sur le trident de base de Golden State. Steph Curry a été sélectionné en 7ème position en 2009, derrière Hasheem Thabeet, Tyreke Evans ou Jonny Flynn, pas vraiment des double MVP en puissance.  Klay Thompson est lui choisi à la 11ème place en 2011 juste derrière Jimmer Fredette... Enfin Draymond Green, coeur des Warriors, n'était même pas présent au premier tour de l'exercice 2012. L'ancien Spartan de Michigan State est 35ème avec la réussite qu'on lui connait maintenant. 

 

 

La subjectivité entre en compte. Comment peut-on définir une superteam ? On l'a vu plus haut, certains journalistes n'hésitent pas à qualifier le Heat de 2012 ou même les Celtics de 2008 de la sorte. Sauf que cette équipe des Warriors a quelque chose en plus que les autres. Une sorte de San Antonio Spurs boosté. En 2014, l'équipe entrainée par Gregg Popovich marchait sur l'eau, développait un basket collectif que toutes les écoles devaient prendre en exemple. Pourtant, pas de notion de superteam. 

Retour à Oakland, Steve Kerr, passé par la formation des Éperons entre 1998 et 2001 puis pour la saison 2002-2003, exporte la force collective sous la bannière des Warriors. En parallèle, Bob Myers peut aisément se comparer à RC Buford, GM historique des Texans, tant son travail a été salué (Dirigeant de l'année en 2015). La Dub Nation dispose donc d'un coach d'envergure, d'une équipe dirigeante plus que compétente et d'un effectif stable et vivant bien ensemble. 

Pas de guerre d'égo, pas de rixes concernant les salaires, pas de prises de bec pour savoir qui prend les tirs importants. Plus impressionnants, malgré les distinctions individuelles (Durant et Curry MVP), les Warriors laissent l'impression d'un collectif inusable où il faut réaliser de véritables exploits pour le faire vaciller.

 

Si le Heat de LeBron et Pat Riley ou les Celtics de Danny Ainge ont inscrit leurs noms dans le livre d'or de la NBA, ce sont des équipes qui peuvent être cataloguées de "one-shot team", tant les gros salaires limitent les possibiltés.

Cette équipe des Warriors est certainement l'organisation la plus aboutie de tous les temps. C'est en cela qu'Adam Silver encourage le reste de la Ligue de s'inspirer de leur modèle, basé sur le collectif, la cohésion et la contruction sur le long terme.

 

Une philosophie reprise par la nouvelle équipe dirigeante des Sixers. Avec Joel Embiid, Ben Simmons, Dario Saric et le petit dernier Markelle Fultz, l'équipe entrainée par Brett Brown coche toutes les cases d'une future grande équipe. Le temps dira si la franchise de Pennsylvanie pourra revenir au premier plan et même au-delà.